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TIONS DES

MOD.

raffembla, & les mit en ordre avec le

TRADUC- fecours de Scévole de Sainte Marthe. POET. LAT. M. de Thou ajoute qu'il les aida auffi autant qu'il put pour l'arrangement de ces piéces, qui font, dit-il, comparables pour la pureté, l'élégance, la fineffe & la folidité des penfées, à tout ce que l'antiquité nous a laiffé de plus parfait en ce genre. On ne peut faire un plus grand éloge de ces poëfies; mais je le croirois un peu outré. Elles approchent des meilleurs modéles ; c'est trop dire qu'elles les égalent dans ce que ceux-ci ont de plus parfait.

Un homme d'efprit & de goût me difoit il y a quelque tems que ces poëfies méritoient presque toutes d'être traduites en vers François, & personne ne feroit plus capable de nous faire ce préfent que celui-là même qui tenoit ce langage. Ce que nous en avons déja de traduit eft peu propre à nous fatisfaire, & d'ailleurs je ne connois que deux de ces piéces de M. de l'Hôpital à qui l'on ait entrepris de faire parler le langage de notre poëfie, fon Epître au Cardinal de Lorraine fur le Sacre de François II. & fur la maniere dont ce Prince devoit gouverner fon Royaume ; & l'Epître que M. de l'Hôpital adressa à

fes amis, dans laquelle il fe peint luimême, & qui paroit avoir été une des dernieres productions de fa Mufe.

&

TRADUC

TIONS DES
POET.LAT.

De toutes les Epîtres de cet illuftre Mod. Magiftrat, une des plus utiles & des mieux travaillées, eft celle où le Poëte donne à fon Prince les avis les plus folides, les confeils les plus falutaires, dont la pratique eft la plus importante pour un Roi. Le zéle feul & la tendre affection de l'Auteur pour le bien de l'Etat, le porterent à compofer cette belle piéce, & à la préfenter à François II. peu après fon Sacre. M. de l'Hôpital étoit alors premier Préfident de la Chambre des Comptes, & Confeiller du Roi en fon Confeil Privé. Son Epître fut goûtée & applaudie, même à la Cour, & par ceux qui ont intérêt que la vérité ne fe montre pas fi à découvert devant le trône de Rois. Elle fut imprimée dès 1560. in-4°. à Paris chez Fréderic Morel, & réunie dans la fuite aux autres poëfies de l'Auteur. Elle a environ quatre cens vers, fans compter la courte Epître où l'Epigramme au Cardinal Charles de Lorraine à qui le Magiftrat envoya cette piéce.

J'en ai vu trois traductions en vers François, la premiere par Joachim du

TIONS DE

Bellay, la feconde par Claude Joly,

TRADUC Chanoine de l'Eglife de Paris, fi conPOET.LA. nu par le nombre & l'utilité de fes ou-. vrages, la troifiéme par Charles Perrault, de l'Académie Françoise.

Mon.

:

La traduction de du Bellay, imprimée parmi les œuvres de ce Poëte, n'eft prefque qu'une verfion littérale : elle est exacte & fidelle, & ne manque point d'élégance pour le tems où elle a été faite fi l'on n'y voit pas tout le goût, tout le génie de l'Auteur original, on y retrouve toutes fes penfées exprimées avec naïveté & fimplicité. Les deux autres traductions font des paraphrases diffuses, froides & languiffantes, quoiqu'il y ait dans l'une & dans l'autre des endroits bien traduits. M. Joly fit la fienne en 1642. par conféquent à l'âge de trente-cinq ans, étant né à Paris au mois de Février 1607. Il la retoucha, mais avec trop de négligence en 165 2. lorfqu'il jugea à propos de la publier à la fuite de fon Recueil de Maximes véritables & importantes pour l'inftitution du Roi. Il y a lieu de croire que s'il eût voulu la revoir avec plus de foin, il auroit rendu cette traduction plus littérale, & fa verfification moins dure & moins profaïque, qu'il auroit

châtié davantage fon ftyle, & obfervé avec plus d'exactitude les regles de notre verfification.

TRADUC

TIONS DES

POET.LAT.

M. Perrault nous apprend dans fa MOD. lettre à M. Conrart, que la traduction du poëme du Chancelier de l'Hôpital fut fon coup d'effai. « Vous fçavez, <<< dit-il, , que ce fut par-là que je com- «<< mençai, & que les fragmens que je «. vous montrai, vous ayant plû, vous ec me donnâtes le courage de pourfui- « vre. J'appréhendois que le ftyle n'en «<< fût trop fimple & trop familier; mais ce depuis que j'eus remarqué qu'il vous «<< agréoit, j'ai eu l'efprit en repos de «< ce côté-là. » Je ne puis louer cette tranquillité ; & malgré l'autorité de M. Conrart, je dirai que Perrault s'eft trop éloigné de l'élégance & de la noble fimplicité de fon Auteur, pour mériter les fuffrages de ceux qui connoiffent mieux que lui le goût & le génie de notre poësie. Quand il dit qu'il a refufé de s'élever pour ne pas s'écarter de cette route moyenne qu'il avoit choifie c'est un compliment qu'il fe fait à luimême, Sans emprunter ce qu'il appelle les expreffions emphatiques, les figures furprenantes, le galimathias, fans même employer le ftyle pompeux & magnifi

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POET, LAT.

que, il pouvoit, s'il en eût eu le talent

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כל

TRADUC- donner plus de nombre à fes vers, plus TIONS DES de force, plus d'énergie, s'éloigner daMOD. vantage du ton d'une profe rampante, mettre plus de correction dans fes expreffions. Il dit » que cette forte de » poëfie qu'on appelle Difcours, tels que font ceux d'Horace, devoit af»fecter le style médiocre, fi loüé des » Anciens, fi facile en apparence, & >> fi difficile en effet. » A la bonne heure; mais fi Horace eût vécu fous Louis XIV. & qu'il eût écrit en François on ne perfuadera à perfonne qu'avec la beauté de génie dont il étoit doué, il eût pris pour modéle le ftyle que M. Perrault a employé dans fa traduction. Pour vous mettre vous-même à porté d'en juger, je choifis au hazard un endroit de cette verfion: c'eft celui cù le Chancelier de l'Hôpital donne au Roi des avis fur le choix des Miniftres & autres Confeillers du Prince, & fur celui des Prélats. Le Poëte Latin n'y employe que douze vers que M. Per

rault rend ainsi :

S'il trouve que l'Eglife ait besoin de Prélats,
Ou qu'il faille nommer de nouveaux Magistrats,
Que longtems en lui-même il voie & confidere
Qui remplira le mieux ce digne miniftere;

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