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TIONS DES POET. LAT. MOD.,

par

rien dit de trop. Vous trouverez cette TRADUC- traduction dans le recueil des ouvrages de ce Poëte imprimées après fa mort le foin de fes amis en 1610. in-4°. Je ne fçai fi l'on a eu raifon de fuivre fon ortographe qui eft bizarre & ridicule, & qui ôte une partie du plaisir que l'on pourroit prendre à lire ce recueil. N'eft-ce pas trop aimer fes amis que d'adopter jufqu'à leurs caprices? Feu M. le Petit, Secrétaire du Roi, a traduit aussi en profe quelques Epîtres du Chancelier de l'Hôpital, mais cette traduction eft encore manuscrite, comme on l'apprend d'une lettre du fils de l'Auteur, Lieutenant Général de Nemours, du deuxiéme Mars 1739. & imprimée dans le Mercure d'Avril de la même année.

CHAPITRE CINQUIE'ME. Des Traductions de Buchanan, de Muret, de Dorat, de Turnebe, de Joachim du Bellay, &c.

E Chancelier de l'Hôpital n'a embraffe qu'un genre de poëfie, le

Didactique moral; car il eft prefque tou

& fententieux, même dans

jours grave

TRADUC

les piéces où il chante une victoire TIONS DES une bataille gagnée, une expédition POET. LAT. fameufe; & dans toutes il ne s'eft fer- MOD. vi que du vers Héroïque. George Buchanan au contraire s'eft livré à prefque tous les genres de poëfie: on trouve chez lui des Tragédies, des Odes, des Satyres, des Elégies, des Epigrammes ; & dans tous ces genres quelle réputation ne s'est-il pas acquife? quels éloges n'a-t'il pas reçus ?

Les Muses, qui l'eût cru ? laiffant leur faint vallon,
Vinrent jusques aux bords des mers de Caledon
Apprendre à Bucanan dans un antre sauvage
Les fecrets les plus beaux de leur divin langage :
Et perfonne ne mêle avec plus de beauté
La pompe, la douceur, la force & la clarté.

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Ce Poëte qui fut en même-tems Hiftorien & Critique, Politique & Controverfifte, étoit Ecoffois, né à Killerine, Paroiffe du Duché de Lennox au mois de Février 1506. & mourut âgé de foixante-dix-fept ans à Edimbourg le 28. Septembre 1582. Il régentoit à Bourdeaux, quand il compofa les quatre Tragédies que nous avons de lui, dont deux font de fon

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PORT. LAT.

MOD.

= invention, Jephté & Saint Jean-Baptifte, TRADUC- & les deux autres font traduites du TIONS DES Grec d'Euripide, Medée & Alcefte. Le but du Poete en compofant ces Tragédies, étoit encore moins de fatisfaire au devoir de fa profeffion qui l'engageoit à donner chaque année une piéce pour exercer fes difciples à la déclamation, que d'infpirer à ceux-ci le goût de l'antiquité, & de les porter à l'imitation des anciens. Son Jean-Baptifte & fa Medée furent applaudis: on voulut en avoir des copies, & il fut obligé à ne les point laiffer enfevelies dans la pouffiere du Collége, comme il en avoit le deffein. Ce fuccès l'ayant encouragé, il travailla avec plus de foin fon Jephte & fa traduction de l'Alcefte d'Euripide.

La premiere de ces deux dernieres piéces n'a point paru cependant beaucoup plus réguliere que le Jean-Baptifte aux yeux de VoTius le pere, de Balzac, de Grotius & du Pere Rapin. Ces Critiques ont trouvé que Buchanan a péché effentiellement dans fon Jephté contre la regle de l'unité de tems, qui veut que l'action du poëme Dramatique foit renfermée dans l'efpace d'un jour, la durée de Jephté étant pour le

moins de deux mois. Ils ajoutent qu'il

TIONS

DES

a péché contre la connoiffance de l'an- TRADUCtiquité dans les noms des perfonnages POET. LAT. de la même Tragédie, où il en a em- MoD. ployé quelques-uns qui font Grecs, comme Storge & Symmaque.

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1729.

Quant au style, il faut obferver qu'on Mém. de ne doit point chercher dans ces Tragé- Trév. Mai dies la cadence majeftueufe du vers Iambe Dramatique. L'Auteur a pris une verfification moins grave, & qui convient plutôt à la fable qu'à la Tragédie. Ce défaut regne prefque partout; & l'on s'est étonné qu'un Poëte qui a fi bien pris le goût de l'antiquité dans la plupart de fes compofitions, n'ait pas fçu prendre le caractere de versification qui convenoit à la poëfie propre au Théâtre. Il y a auffi mêlé le choeur, à l'exemple des Anciens. Et c'eft la feule chofe en quoi vous remarquerez que Buchanan a imité les Anciens, fi vous lifez les traductions que nous avons du Jean-Baptifte & du Jephté : car du refte il faut avouer que le goût, le génie & la beauté du ftyle de l'original difparoiffent dans ces traductions.

Nous en avons deux de la Tragédie de Jephté, l'une par Florent Chreftien habile Critique, mais mauvais Poëte,

TIONS DES POET.LAT. MOD.

François; l'autre par Pierre Brinon de TRADUC- Baumartin, Confeiller du Roi au Parlement de Normandie. Toutes deux font en vers: mais Chreftien fe fert tantôt du vers héroïque, & tantôt du vers de dix fyllabes, excepté dans les choeurs où il employe ordinairement le vers à trois pieds, & celui à quatre: au lieu que M. Brinon fe fert toujours du vers de dix fyllabes dans le corps de la piéce, & varie fes mefures dans les choeurs. La traduction de Florent Chreftien ne manque point de fidélité; elle est même affez littérale. Elle parut à Orleans en 1567. in-4°. on la goûta; elle fut bien reçue ; & elle a été réimprimée en 1573. & en 1587. Ce n'est que dans la premiere édition que l'on apprend que le Traducteur adreffa fon ouvrage au Cardinal de Châtillon Evêque & Comte de Beauvais, par une Epître en quatorze vers, où pour faire valoir fa traduction, il l'appelle

une

Entreprife du tout difficile & hardie,

Ouvrage qui eft plein d'un hazard périlleux,
Qui ne demande point un efprit fommeilleux,
Un bras foible de nerfs, une main eftourdie.

Ce n'eft auffi que dans cette édition

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que

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