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Des Traductions de Marc-Antoine Flaminius, Jean Second, Jean Voulté, Salmon Macrin, Etienne Dolet, Jean Olivier, Pierre Conftau, Guillaume de la Perriere, André Alciat & Gabriel Faërne.

V

Ous trouverez plus de piété, & communément une morale plus folide dans la plus grande partie des poëfies de Marc-Antoine Flami→ nius, natif d'Imola dans la Romagne, mort au mois d'Avril de l'an 1550. C'est dommage que la traduction que nous avons de ses poëfies pieufes, foit fi ancienne, & conféquemment d'un ftyle fi peu conforme à l'état présent de notre langue. Cette traduction est en vers François, dédiée à Madame Marguerite, fœur du Roi très-Chrétien Charles IX. Nous la devons à Anne des Marquets, Religieufe Dominicai ne au Monaftere de Poiffy, qui mourut vers l'an 1588. Cette Religieufe

TRADUCTIONS DESTM

dont on loue beaucoup la piété & l'érudition, avoit perdu la vue quelque tems avant la mort, comme on l'ap- POET. LAT. prend d'un Quatrain de Gilles Durant. MOD. Le célébre Claude Defpence en fait un grand éloge dans fon Commentaire fur les Collectes qui fe lifent dans l'Eglife durant l'année, imprimé en Latin à Paris en 1566. in-8°. Le Pere Echard, Dominicain, ne lui donne pas moins de louanges dans la Biblio- Tom. 1. p. theque des Ecrivains de fon Ordre. La 841. traduction d'Anne des Marquets fut imprimée ea 1569. Cette Religieuse a traduit auffi les Collectes de l'Eglife, d'après la paraphrafe en vers Latins par Claude Defpence.

La piété eft bien éloignée de trouver le même avantage dans les poëfies de Jean Everard,plus connu fous le nom de Jean Second, je dis au moins dans celles que Frederic Blanchet, de Sain→ thon en Forez, Avocat au Parlement de Paris, crut pouvoir mettre en vers François vers l'an 1584. On n'y apperçoit que le langage de la paffion, & même de la débauche. C'est une Mufe impure & licentieufe avec laquelle un homme fage craint de converfer, & dont il redoute même les approches.

POET. LAT.
MOD.

Il faut croire que l'Auteur lui même, TRADUC- fils de Nicolas Everard, Préfident au TIONS DES Confeil fouverain de Malines, eût condamné ces productions qui ne fentent que le libertinage, s'il fût parvenu à un âge mûr. Mais né à la Haye en Hollande l'an 1511. il mourut à Saint Amant en Haynaut l'an 1.5.36. n'ayant pas encore vingt-cinq ans. Je n'ai pas vu la traduction de ses Baifers faite par Blanchet. La Croix du Maine qui la cite dans fa Bibliotheque, dit qu'elle n'étoit. pas encore imprimée en 1584. On prétend qu'elle l'a été depuis ; mais je n'ai pû la découvrir ; & vous ne perdrez rien à ne la pas connoître.

Les poëfies Latines de Jean Voulté & de Salmon Macrin, que j'ai eu occafion de lire, m'ont paru beaucoup plus fages. Ces deux Poëtes étoient amis & tous deux contemporains de Jean Second. Voulté étoit de Reims, & fut attaché aux deux freres, Gilles & François Bohier, l'un Archidiacre de Reims & d'Avignon, & le fecond Evêque de Saint Malo. Il compofa une partie de fes poëfies dans une maison de campagne du premier, & il accompagna le Prélat à Avignon, à Tarafcon, à Paris & ailleurs. Ces deux freres étoient

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TIONS DES

fes protecteurs, & il leur offre fouvent dans fes poëfies l'encens que la recon- TRADUCnoiffance paroiffoit éxiger de lui, &POET, LAT. qu'ils méritoient d'ailleurs. Il fut tué Mod. étant encore fort jeune, le 30. Décembre 1542. dans une querelle qui lui fut faite par un homme qui avoit perdu un procès contre lui. J'ai vu de ce Poëte deux livres d'infcriptions ou d'Epigrammes adreffés à Gilles Bohier un livre d'étrennes, à Barthelemi, Châtelain de Nice, & quatre livres d'Hendécafyllabes; le tout imprimé à Paris chez Simon Colines en 1538. en deux volumes in-16. On voit par ces poëfies que l'Auteur étoit en liaifon avec tous les beaux efprits de fon tems, & qu'il étoit bien venu à la Cour, & auprès de plufieurs perfonnes diftinguées par leur naiffance, & revêtues des plus hautes dignités.

Il exalte fouvent les talens, & furtout la beauté du génie de Jean Salmon natif de Loudun, furnommé Macrin, Valet de Chambre du Roi François I. Salmon prend cette qualité dans une piéce adreffée à fon ami Voulté à la louange des Hendécafyllabes de celui-ci. Lui-même réüffiffoit dans le même genre de poëfie. Sa Gè

TRADUC

lonis, c'eft-à-dire, Guillonne Bourfault TIONS DES qu'il époufa en 1528. & à qui il survéPOET. LAT. Cut, excita fouvent fa verve. Antoine MOD. Bohier, Archevêque de Bourges & Cardinal, touché de fon mérite, l'avoit pris auprès de lui, lorfque Salmon ne venoit que de fortir de l'Univerfité, & le Poëte ayant perdu ce protecteur en 1519. il en trouva un autre dans la perfonne de René de Savoye de Tende, Grand-Maître de France, qui le prit pour être Précepteur de fes fils Claude & Honorat. Ce fut René qui le fit agréer au Roi François I. pour être du nombre des Valets de Chambre de Sa Majefté. Salmon mourut à Loudun en 1557. âgé de foixante-fept ans.

Comte

Je n'ai point vu d'autres traductions des poëfies de ces deux amis que celles d'environ vingt Epigrammes ou petites piéces de Voulté, & de deux courtes piéces de Salmon Macrin. Le Traducteur des unes & des autres eft Laurent de la Graviere, Secrétaire de M. le Vicomte de Joyeufe, qui avoit pû connoître ces deux Poëtes. Sa traduction eft rarement littérale, & fouvent ce n'eft qu'une imitation. Voulté, par exemple, dit de quelque Eccléfiaftique, qu'il ne célébroit jamais l'Office

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