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TIONS DES

POET. LAT.

en profe, &

lui attirerent l'eftime des Savans. Mais l'Auteur, ajoute-t'il, auroit été beau- TRADUCcoup plus eftimé, s'il n'eût pas caché le nom de Phédre, fur lequel il s'étoit Mov. formé, ou que la jaloufie ne lui eût pas fait fupprimer les écrits de cet ancien Auteur qu'il avoit lus, & qu'il avoit entre fes mains. Une pareille accufation, formée par un Ecrivain de la réputation de M. de Thou, eft extrêmement grave, mais elle n'eft appuïée d'aucune preuve. Comme Faerne, mort à Préf de l'a Rome le 17. Novembre 1561. n'avoit tad de Faër. pas eu le tems de publier avant fa mort de celle en fon recueil de fables dont la premiere vers. édition fut faite à Rome en 1564. fon plagiat, s'il eût été auffi réel qu'on le prétend, auroit pû facilement fe découvrir. On auroit trouvé parmi fes papiers de quoi l'en convaincre, & d'autant plus aifément que ceux qui avoient connoiffance de fes écrits, vivoient encore lorfque le manufcrit de Phédre fut découvert. D'ailleurs avec un peu d'attention, il femble que M. de Thou auroit pû reconnoître que la fraude dont il accufe Faërne, étoit impoffible: ôtez quatre ou cinq fables qui se trouvent dans Phédre & dans Faërne, le refte n'a rien de commun, pas même

TIONS DES

POET.LAT.

le genre de verfification. De ces quatre TRADUC- ou cinq fables mêmes qui ont été traitées par les deux Poëtes Latins, il n'y Mod. en a qu'une ou deux où la maniere de les traiter foit un peu femblable, ce qui n'eft arrivé que par l'impoffibilité qu'il y a que deux hommes qui travaillent fur le même fujet, ne fe rencontrent pas quelquefois dans les mêmes penfées ou dans les mêmes expreffions.

Ces fables de Faërne, fouvent imprimées, n'ont été mifes en notre langue qu'à la fin du dix-feptiéme fiécle. La même année 1699. vit paroître les deux feules traductions que nous en avons l'une en profe, & l'autre en vers. Le Traducteur de la premiere qui ne s'est point nommé, eft Louis-Tranquille Denyfe, mort à Paris le 14. Octobre 1742. le même à qui nous devons une traduction en vers François des fables de Phédre que je vous ai fait connoître ailleurs. Celle de Faërne, dont Pie IV. avoit fait dédier autrefois l'origimal à faint Charles Borromée, est dédiée à feu M: Boffuet Evêque de Meaux, dont M. Denyfe fait un jufte éloge. Cette traduction eft écrite d'un ftyle fort pur : elle eft utile aux jeunes gens qui font encore dans les claffes, parce

fervir peut

TRADUCTIONS DES

qu'elle eft autant littérale qu'une traduction l'être; & elle peut aux perfonnes plus avancées à caufe de POET. LAT fa netteté & de fa pureté. M. Denyfe MOD. a joint à la fin un petit nombre de remarques courtes, & feulement autant que la néceffité a pû les demander.

cc

La feconde traduction eft de Charles Perrault, de l'Académie Françoise. Ce fameux adverfaire des Anciens voulut bien s'amufer à mettre en vers cet Ecrivain moderne, mais qui avoit tâché de se former fur le goût de l'antiquité. Il dit « que l'élégance & la «c fimplicité de fon ftyle lui plûrent fic à fort, qu'il ne put s'empêcher d'en tra- c duire cinq ou fix fables, pour voir fi «< l'on pouvoit leur donner en notre lan- «c gue la même grace qu'elles ont en <<< Latin. Je connus, ajoute-t'il, que la « chofe n'étoit pas poffible, parce que «< la briéveté & la clarté, qui chez les « Grecs & chez les Romains faifoient «<< toute la beauté d'une narration, ne << fuffifent pas pour charmer les Fran- << çois d'aujourd'hui, qui non contens << du néceffaire, veulent trouver dans <<< ces fortes d'ouvrages, de la vivacité,« & quelquefois de la plaifanterie qui ce les furprennent. »

Ep, de Perr
M. l'Abbé

de Dangcau

POET. LAT.
Μουσ

M. Perrault abandonna donc pour TRADUC- lors le deffein de continuer fa traducTIONS IES tion. Mais dans la fuite, témoin des occupations de tant de jeunes gens à qui M. le Marquis de Dangeau facilitoit les moyens de fe rendre un jour utiles à l'état, & aufquels M. l'Abbé de Dangeau, fon frere, fon frere, communiquoit fes lumieres que l'on fçait avoir été fort étenduës, M. Perrault crut qu'une traduction des fables de Faërne ne feroit point inutile à cette jeuneffe, pour divertir leur efprit, & les inftruire par les moralités de ces fables. Il reprit donc fon travail, l'acheva, le dédia à M. l'Abbé de Dangeau, & le rendit public.

Il donne fa traduction pour trèsexacte, excepté en quelques endroits où il a cru, dit-il, pouvoir fe difpenser de cette exactitude pour mieux fe conformer à notre goût & au génie de notre langue. Il pense auffi avoir donné à fa verfion la briéveté & la clarté fi recommendables dans une narration: & l'on y trouve à peu près ces deux qualités. » Mais je n'ai garde, » ajoute-t'il, de l'ofer comparer, ni » même l'orignal, aux fables de M. » de la Fontaine. Les nôtres reffem» blent à un habit d'une bonne étoffe,

ככ

TRADUC

TIONS DES

POET. LAT.

bien taillée, & bien coufuë, mais «
fimple & toute unie: les fiennes ont <<<
quelque chofe de plus, & il y ajoute
une riche & fine broderie qui en rele- « MOD.
ve le prix infiniment. » D'autres ajou-
teroient que M. Perrault eft en effet
fi fimple & fi nud dans fa traduction
qu'il y eft prefque toujours froid, plat,
& même rampant.

Nos deux Traducteurs ont fuivi l'ordre des cinq livres de Faërne, & traduit fes cent fables. L'un & l'autre ont auffi vengé l'Auteur contre l'accufation de M. de Thou: je vous ai rapporté leurs raisons. Mais vous remarquerez que M. Perrault n'a pû se réfoudre à juftifier Faërne,fans faifir cette occafion pour attaquer les défenseurs des anciens Ecrivains. Si on l'en croit, M. de Thou n'a accufé Faërne de plagiat & de fraude, que par une fuite de cette forte perfuafion où font tous les amateurs outrés de l'antiquité, qu'un Auteur moderne ne peut faire rien d'excellent, s'il n'a un Auteur ancien pour modéle : réflexion fauffe & ridicule, s'il en fût jamais, mais bien digne des préventions de M. Perrault. La traduction de celui-ci a été réimprimée à Paris en 1708. &à Amfterdam en 1718. Je ne crois pas

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