LES HOMMES QUI ONT PARU EN FRANCE. PENDANT LE XVII. SIECLE PAR MR. PERRAULT, de l'Academie Françoife. TOME PREMIER. A LAHAYE, M. DCC. XXXVI 210. m. 388. PREFACE. OUS les fiécles ont donné de grands hommes, mais tous les fiécles n'en ont pas efté également prodigues. 11 femble que la Nature prenne plaifir de temps en temps à montrer fa puiffance dans la richesse des talens qu'elle répand fur ceux qu'elle aime, & qu'enfuite elle s'arrefte comme épuifée par la grandeur & par le nombre de fes profufions. Quoy que ces momens de largeffe ne foient pas reglez, on a remarqué néanmoins que cette humeur bienfaisante Juy prend ordinairement lorfque le Ciel a refolu de donner à la Terre quelque grand Prince qui en doit faire l'ornement; car comme fi elle fe croyoit obligée de parer l'entrée de ce Heros dans le monde, elle fait naître A avant luy, ou avec luy, une foule d'hommes d'un merite extraordinaire pour le recevoir, & pour eftre ou les inftrumens de fes grandes actions, ou les ouvriers de fa magnificence, ou les trompettes de fa gloire. Cette conduite a para manifeftement dans les fiecles d'Alexandre & d'Augufte, qui n'ont pas efté moins admirables par le merite & par le nombre des grands perfonnages qu'ils ont produits, que par les vertus extraordinaires de ces deux grands Monarques. Comme le fiecle où nous vivons, riche des biens de tous les fiecles précedens qu'il a recueillis par droit de fucceffion, & riche encore de fon propre fonds, a vu toutes les fciences & tous les arts s'élever en quelque forte à leur derniere perfection; il n'eft pas étonnant qu'il ait efté fi fecond en grands hommes, s'agillant d'ailleurs de le rendre digne du regne de LOUIS LE GRAND, pour qui le Ciel les a formez; & de mettre quel que proportion entre les fujets & le Prince; auffi quoy qu'on ait entrepris d'étendre ce recueil d'hommes illuf tres jufques à cent, on a eu plus de J |