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AN.

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III. p. 324.

S. Paul, & Gerard de fainte Pudenticne; & un diacre, Gregoire de fainte Marie in Porticu : & il leur donna des articles fuivant lefquels ils devoient traiter avec Frideric. Ils le trouverent à S. Quirique en Tofcane, où il les reçût avec honneur, & les mena dans fa tente : ils lui expoferent les ordres qu'ils avoient du pape, & lui demanderent entr'autres chofes qu'il leur rendit Arnaud de Bresse, car il avoit été pris par Gerard cardinal diacre de faint Nicolas, à qui les vicomtes de Campanie l'avoient ôté, & il étoit ainfi tombé entre les mains du roi. Le roi cedant au defir du pape remit aussiOtto. 11. Frid. tôt Arnaud entre les mains des cardinaux : il fut e. 20. Ligurin.lib. envoïé à Rome, où suivant le jugement du clergé, le prefect le fit attacher à un poteau & brûler publiquement, puis on jetta fes cendres dans le Tibre, peur que le peuple n'honorât fes reliques comme d'un martyr; martyr ; & telle fut la fin de ce féditieux. Le roi Frideric avoit envoïé au pape de fon côté & du R. Frideric Arnold archevêque de Cologne & le nouvel archevêque de Ravenne Anfelme, pour convenir avec lui des conditions de fon couronnement. C'eftpourquoi il ne voulut point donner de réponse aux cardinaux que les archevêques ne fuffent revenus : mais le pape qui fe défioit de Frideric en ufa de même : il refufa de rendre réponse aux archevêques jufques au retour de fes cardinaux : & cependant il fe tenoit enfermé à Citta-di Caftello fortereffe eftimée imprenable. Les députez ainfi renvoïez de part & d'autre fe rencontrerent; & d'un commun accord ils allerent trouver le roi près de Viterbe où il étoit

Entrevûë du

papc.

Acta.

de

campé.

campé. Il convint de donner au pape fes fûretez,& par le confeil des feigneurs & des chevaliers de fa AN. 1155. fuitte affemblez en grand nombre, on apporta en présence des cardinaux les reliques, la croix, & l'évangile,fur lefquels un chevalier choifi jura au nom du roi de conferver au pape Adrien & aux cardinaux la vie, les membres, la liberté, l'honeur & les biens. Les deux cardinaux en ayant fait leur raport au pape, il promit de couronner le roi, & ils convinrcrit du jour & du lieu de leur entrevûë.

Le pape fut reçu par plufieurs feigneurs Allemans, avec une grande multitude de laïques & de clercs ; & ils le conduifirent jufques à la tente du roi avec les évêques & les cardinaux de fa fuite. Mais comme le roi ne vint point tenir l'étrier au pape, les cardinaux indignez fe retirerent à Cita di Caftello: de quoi le pape embaraffé, ne laissa pas de descendre de cheval & s'affeoir dans le fauteuil qui lui étoit preparé. Alors le roi vint fe profterner devant lui, & après lui avoir baifé les pieds il s'approcha pour recevoir le baiser de paix: mais le pape lui dit, qu'il ne l'y admettroit point, jusques à ce qu'il lui cût rendu l'honeur que tous les empereurs orthodoxes avoient rendu à fes predeceffeurs par refpect pour les SS. apôtres. Le roi foûtint qu'il ne le devoit point,&tout le jour fuivant se paffa en diverfes conferences fur ce fujet. Enfin Is roi ayant interrogé les vieux feigneurs, qui avoient accompagné l'empereur Lothaire à l'entrevûë du pape Innocent, & s'étant informé foigneufement de la coûtume tant leur raport que par les anciens monumens: il

par

fut réfolu que le roi feroit fonction d'efcuyer auprès AN. 1155. du pape. Ce qui fut executé le lendemain à la vûë de toute l'armée: il lui tint l'étrier pendant la longucur d'un jet de pierre, & le pape enfuite le reçut au baifer de paix.

VI.

Deputation des

Romains.

Otto. 11. c. 21.

Cependant les Romains ayant apris l'arivée du roi, lui envoyerent des députez gens habiles & lettrez, qui ayant reçû fauf conduit fe prefenterent devant lui entre Rome & Sutri, & lui firent une harangue où ils difoient en substance : Nous venons, grand roi,de la part du fenat & du peuple Romain, vous offrir la courone imperiale, dans l'efperance que vous nous délivrerez du joug injufte des clercs, & que vous rendrez à Rome l'empire du monde & fon ancienne fplendeur, en rétablissant le fenat & l'ordre des chevaliers. Nous vous avons fait nôtre citoïen & nôtre prince d'étranger que vous êticz: vous devez de vôtre côté nous prometrte la confirmation de nos anciennes coûtumes & des loix accordées par vos prédéceffeurs: donner à nos officiers qui vous recevront dans le Capitole jusques à la fomme de cinq mille livres d'argent ; & nous défendre de toute infulte jufques à effufion de fang. Nous vous demandons fur tout cela vos lettres & vôtre ferment.

Ils en auroient dit davantage, mais le roi furpris & indigné de ce commencement de harangue leur répondit: Rome n'est plus ce qu'elle a été : sa puisfance a paffé premierement aux Grecs puis aux François.Il n'eft pas vrai que vous m'ayez appellé ni fait vôtre citoïen & vôtre prince, nos rois Charles

& Otton ont conquis par leur valeur Rome & l'Italie fur les Grecs & les Lombards, fans en avoir obliga- AN. 1155. tion à perfonne ; & l'ont jointe à l'empire François. Il est vrai que vous avez imploré nôtre fecours, contre des ennemis dont vous ne pouviez vous délivrer ni par vous-mêmes,ni par les Grecs trop amolis. Enfin je suis vôtre maître par une poffeffion legitime, & le Sicilien en qui vous avez confiance ne vous affranchira pas de mon pouvoir. Quant au ferment que vous me demandez, ce n'eft pas aux fujets à faire la loi au prince: je conviens que je vous dois la juftice & la protection, fans qu'il foit befoin d'en faire de serment; & pour l'argent je ne fuis pas vôtre prifonnier pour marchander avec moi, je fais mes liberalitez comme il me plaît.

Quelques-uns des affiftans demanderent aux députez s'ils avoient encore quelque chose à dire, & après avoir un peu délibéré, ils répondirent qu'ils vouloient auparavant raporter à leurs concitoïens ce qu'ils avoient entendus, & que fuivant leur confeil ils reviendroient vers le roi. Ils s'en retournerent ainfi ; & le roi fe doutant de leur artifice, confulta le pape, qui lui dit: Mon fils, vous conoîtrez encore mieux par experience les artifices des Romains, & qu'ils ne font venus & retournez que pour vous tromper.Mais il faut les prévenir : envoyez promptement de vos meilleures troupes fe faifir de la ville Leonine & de l'églife de S. Pierre, que je vous ferai rendre. La chofe fut ainfi executée,& le roi envoya dès la nuit même pour cet effet mille chevaliers choifis conduits par le cardinal Octavien.

Bij

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empereur.

C. 22.
Ada.

Le lendemain matin le pape Adrien partit le A N. 1155. premier avec les cardinaux & fc clergé, pour aller VII. attendre le roi à S. Pierre ; & le roi fuivit avant Frideric conronné l'heure de tierce accompagné d'une grande multitude de gens armez marchant en bon ordre. Etant arrivé, il quitta fes habits pour en prendre d'autres de ceremonie,& vint à l'église de fainte Marie de la Tour, où le pape l'attendoit devant l'autel.Là il fit le ferment ordinaire pour la fûreté du pape porté par le ceremonial. Le pape l'y laissa& monta à l'autel de S. Pierre ; le roi le fuivit avec la procef fion, & quand il fut dans l'églife, le premier des évêques cardinaux dit fur lui la premiere oraison deux autres évêques dirent la feconde, & le troifiéme dit la derniere, & lui fit l'onction devant la confesfion de S. Pierre. On dit la meffe de la Vierge parce que c'étoit un famedi ; & le graduel étant chanté, le roi s'approcha du pape, & reçût de fa main l'épée, le fceptre, & enfin la couronne imperiale; & cependant les Allemans firent de fi grands cris de joïe, qu'il fembloit que ce fut un tonnerre. Ainsi fut couronné l'empereur Frideric premier,le samedi dix-huitiéme de Juin 1155. la quatrième année de fon regne: la ceremonie fut achevée paisiblement avant l'heure de none, & l'empereur se retira à son camp fous les murs de la ville, le pape demeurant au palais près de S. Pierre.

Mais les Romains irritez de ce qu'il n'avoit pas attendu leur confentement pour couronner Frideric: fortirent du château S. Ange dont ils étoient maîtres, fe jetterent en furie fur quelques-uns des

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