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AN. 1160.

73.

Radevic. 11. c.

nus. Il prêchoit & d'exemple & de parole étant bien inftruit des faintes lettres : il dépenfoit beaucoup pour l'hospitalité & pour l'entretien des monafteres: fervoit lui-même les pauvres, & ne dedaignoit pas de toucher les lepreux & de leur Vita p. 296. baifer les mains. Il reconnut & fuivit toûjours Alexandre, & attira à l'obéïssance de ce pape Hartman évêque de Brixen fon fuffragant. Ces deux prelats furent les feuls de toute l'Allemagne, qui ne prirent point de part au fchifme. L'archevêque n'embraffa le bon parti qu'après une longue déliberation, & la raifon qu'il en rendoit étoit le confentement de toute l'église, c'est-à-dire de la plus grande partie, qui s'étoit declaréc pour Alexandre. Quoi que l'empereur Frideric en fut irrité contre le faint prelat, il n'ofoit toutefois faire éclater fon reffentiment : & quand il étoit en fa prefence, la dignité même qui paroiffoit sur son vifage le retenoit, & lui imprimoit une crainte refpectueufe. Ce prince l'avoüoit lui-même ; & le faint prélat de fon côté defiroit ardemment de fouffrir pour Dieu l'exil ou la mort, foit en cette occafion, foit en quelque autre. Il mourut quatre ans après le concile de Pavie la nuit du dimanche au lundi vingt-deuxième de Juin 1164. âgé de de foixante & dix-neuf ans, après dix-huit ans d'épiscopat. On raporte plufieurs miracles faits à fon tombeau, & il eft compté entre les faints. Henri prêtre cardinal qui avoit été moine à concile de Pavie. Clairvaux, Odon cardinal diacre & Philippe abbé de l'Aumône, monaftere de l'Ordre de Citeaux au

XLV. Lettre contre le

diocéfe de Chartres, écrivirent une lettre generale AN. 1160. à tous les prélats & les fidelles, pour fervir de Bibl. Cift. to. préservatif contre la lettre fynodale du concile de 3-P.241. Pavie. Ils infiftent premierement fur l'incompétence des juges, & disent : Si l'église Romaine doit être jugée fur quelque article, elle devoit l'être à Rome par les évêques de la province & un concile general de toute l'églife. On auroit pû connoître à Rome avec plus de facilité & de liberté ce qui s'étoit paffé à l'élection d'Alexandre. Ils foûtiennent enfuite que l'élection du pape, eft refervée aux trois ordres de cardinaux, évêques, prêtres & diacres; & ajoûtent : Si on admet à cette élection le chapitre de S. Pierre, pourquoi n'y admettra-t-on pas les chanoines de Latran, qui est la premiere églife de Rome, le clergé de Sainte Marie Majeure, les abbez & les moines de S. Paul & de S. Laurent, qui font toutes les églises patriarchales ? ils ajoûtent des reproches particuliers contre le doïen de S. Pierre, ancien fchifmatique attaché à Pierre de Leon. Ils refutent ce qu'avançoient les fchifmatiques, qu'Alexandre avoit reconnu dans fa bulle, qu'Octavien avoit été élû par deux cardinaux au licu qu'elle portoit feulement qu'il avoit été nommé, ce qui ne faisoit une élection.

pas

Ils relevent le merite d'Alexandre, & accufent Octavien de plufieurs violences. Et fur ce que l'on prenoit avantage de ce que perfonne ne s'étoit prefenté pour Alexandre au concile de Pavie, ils difent : Nous étions envoïez en ces quartiers là,

AN. 1160. pour les affaires du pape : mais quand nous avons voulu aller vers l'empereur pour ce fujet, nous n'avons trouvé aucune fûreté : ce n'étoit que menaces & perils de mort. Nous étions prêts à paroître devant l'empereur, non pour fubir un jugement au nom de l'églife, mais pour expliquer la verité de ce qui s'étoit paffé mais nous n'avons jamais pû Dicu le fait, en obtenir la permiffion.

XLVI.

Lettres d'Arnoul

de Lifieux.

Mabill. ad. ep.

epift. 19.

:

Arnoul, qui d'archidiacre de Sées devint évêque de Lifieux en 1141. étoit un des plus favans prelats 348 S. Bern. Arn. & des plus autorifez des états du roi d'Angleterre. Quand il eut apris la promotion du pape Alexandre, il lui écrivit une lettre, où il le reconnoît pour pape legitime, l'encourage contre le fchifme par l'exemple du pape Innocent II. & ajoûte: Il eft fouvent arrivé de ces fchifmes dans l'église Romaine, comme on void même par les peintures du palais de Latran, où les fchifmatiques temeraires fervent de marche-pied aux papes. Et enfuite:Si-tôt que j'ai apris vôtre promotion & l'entreprise de vôtre adverfaire, je me fuis hâté d'en donner connoiffance à notre prince, pour le prévenir en vôtre faveur, & empêcher qu'il ne fe laiffat furprendre par l'autre parti. Il a hefité quelque tems

mais

enfuite il a promis avec gaïeté & fermeté, qu'il
ne recevroit point d'autre pape que vous. Depuis
peu il a reçû des lettres de l'empereur, qui le prie
de differer à vous reconnoître, & comme il eft lié
d'une étroite amitié avec ce prince, il n'a
pas vou-
lu paroître le mépriser, ni se hâter à fon pré-
judice. C'est pourquoi il s'est abstenu de faire unc

ordonnance generale, mais il n'a pas laiffé de vous reconnoître en effet, & il demeurera ferme fur ce point, quelque parti que prenne l'empereur. C'est qu'on ne favoit pas encore en Angleterre que Frideric fe fût déclaré pour l'antipape. Arnoul continuë: J'aurai foin de prévenir auprès du roi les mauvais discours, & faire qu'il perfevere dans vôtre obédience. De vôtre côté ne perdez point d'occafion d'envoïer fouvent vos ordres dans toutes les provinces, afin qu'on s'accoutume à vous obéir.

AN. 1160..

\ x. conc. p. 1397. ap. Arnulf. 20.

Le pape Alexandre aïant reçû cette lettre, la fit Alex. ep. z. to. lire aux cardinaux en plein confiftoire; & fit à Arnoul une réponse, où il l'exhorta à continuer fes foins auprès du roi d'Angleterre, & auprès des évêques & des seigneurs du païs. Vous savez, ajoûte-t-il, comme l'empereur Frideric dès le commencement de fon regne a cherché les moïens d'opprimer l'églife Romaine, & comme il nous a traittez nous mêmes pendant la legation de Besançon.

Le

pape vient enfuite au concile de Pavie & parlant de l'antipape il dit : Nous avons apris certainement, que pendant quelques jours il a quitté les ornemens pontificaux en prefence de l'empereur qui les lui a rendus & l'a invefti de la papauté par l'anneau : chofe inouïe jufques alors. Et comme les évêques les plus fages fe retiroient secretement de ce conciliabule : il a contraint les autres par violence de rendre refpect à l'antipape. Il ajoûte: Nous écrivons fuivant vôtre confeil à l'archevêvêque de Rouen : & aux autres évêques de Norman

A

Sup

AN. 160.

die. Cette lettre eft dattée d'Anagni le premier d'Avril 1160.

En confequence de cet ordre d'Alexandre, Arnoul écrivit aux évêques d'Angleterre une lettre, où il marque la difference des deux papes & des deux élections, dont il releve les circonftances puis il ajoûte parlant des évêques affemblez à Pavie: De quel droit ont-ils ofé décider la cause commune, par leur autorité privée ? & nous faire la loi comme à leurs inferieurs, nous que Dieu a fait leurs égaux? Et enfuite: Beni foit Dieu qui a fait à l'églife Gallicane fa mifericorde ordinaire ; de reconnoître toûjours la verité, & ne point s'écarter du chemin de la juftice. Car comme la puiffance divine a abbatu tous ceux que la fureur des Allemans a élevez contre l'église Romaine : ainfi elle a donné la victoire à tous ceux que la pieté de François a reçûs. A prefent même aïant examiné à fonds les perfonnes & les élections, ils font convenus de reconnoître le pape Alexandre du confentement de leur roi vraïement catholique; & reçoivent par tout avec honneur fes lettres & fes nonces. Ce témoignage eft remarquable venant d'un prélat sujet du roi d'Angleterre. Il continuë: Mais parce que l'union vient d'être rétablie entre le roi de France & le nôtre, on a refolu de differer un peu à publier l'édit de la reception d'Alexandre: jufques à ce que nôtre roi puiffe confulter l'église de fon roïaume, & confirmer par vôtre confentement ce qu'il a dans l'efprit. Car il ne convenoit ni à fa prudence ni au refpect qui vous est dû,

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