Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ex Rob.de Monte

anno 1160.

Le roi d'Angleterre de fon côté fit une autre affemblée au mois de Juillet 1160. au Neuf-marché AN. 1160. dans le païs de Caux à fix lieuës de Beauvais : où il affembla tous les évêques de Normandie avec les abbez & les barons. En même tems le roi de France affembla auffi les fiens à Beauvais ; dans l'une & l'autre affemblée on traita de l'affaire du fchifme & tous s'accorderent de reconnoître le pape Alexandre & de rejetter Victor.

[ocr errors]

:

XLIX. Heretiques pu

ex Guill.Neubrig.

Cependant on tint en Angleterre un autre concile, , pour juger des heretiques que le peuple nom- nis en Angleterre. moit Publicains. Ils étoient fortis originairement to.x.conc.p.1404 de Gascogne & s'étoient répandus en divers païs ; lib. 11. c. 13. car on difoit qu'il y en avoit une multitude innombrable en France, en Espagne, en Italie & en Allemagne. Or l'Angleterre fe vantoit de n'avoir été encore infectée d'aucune herefie, depuis la converfion de la nation fous S. Gregoire. Ceux qui y entrerent alors étoient Allemans, au nombre d'un peu plus de trente, tant hommes que femmes gens ruftiques & fans lettres, excepté leur chef nommé Gerard, qui étoit un peu lettré. Aprés qu'ils eurent été quelque tems cachez, on découvrit qu'ils étoient d'une fecte étrangere & on les mit en prifon. Mais le roi ne voulant ni les chaffer niles punir fans avoir été examinez, fit affembler à Oxfort un concile d'évêques. On les interrogea publiquement touchant leur religion, & Gerard parlant pour tous répondit,qu'ils étoient Chrétiens& qu'ils fuivoient la doctrine des apôtres. Mais étant interrogez en détail fur les articles de foi, ils dé

clarerent qu'ils détestoient le batême, l'eucaristie AN. 1160. & le mariage, & ne comptoient pour rien l'autorité de l'églife. Comme on les preffoit par les paffages de l'écriture, ils répondirent qu'ils croïoient ce qu'on leur avoit apris, & ne vouloient point difputer fur la foi. Ils fe moquerent des exhortations & des menaces, difant: Heureux ceux qui fouffrent perfécution pour la justice.

Matth. v. 10.

Luc. VI. 22.

Alors les évêques craignant que cette erreur ne fit du progrès, les déclarerent heretiques, & les abandonnerent au prince, pour les punir corporellement. Le roi ordonna qu'on les marquât au front, & qu'après les avoir fuftigez publiquement on les chaffât de la ville: défendant étroitement que perfonne ne les logeât ni ne leur donnât aucune affiftance. Leur fentence aïant été prononcée ils coururent gaïement au fupplice, leur maître marchant à la tête & chantant: Vous ferez heureux quand les hommes vous haïront. Une femme Angloife, la feule qu'ils avoient feduite, les quitta par la crainte du fupplice & rentra dans le sein de l'églife. On les marqua tous au front d'un fer chaud, afin qu'ils fuffent connus pour heretiques; & on marqua de plus au menton leur docteur. Enfuite on leur déchira leurs habits jufques à la ceintuon les foüietta rudement & on les chaffa de la ville. Comme c'étoit l'hiver & que perfonne ne leur donnoit le moindre foulagement, ils perirent miferablement par la rigueur du froid. Cette severité garantit l'Angleterre de ces heretiques, qui étoient des Manichéens, comme il eft aifé de remarquer.

re,

L. Alexandre re

connu en Palesti

ne.

c. 29.

En Orient le légat du pape Innocent nommé Jean prêtre cardinal du titre de S Jean & S. Paul AN. 1160.. arriva à Biblus ou Giblet, avec quelques Genois vers la fin de l'an 1159. Pour avoir la permiffion d'entrer dans le roïaume de Jerufalem en qualité Gu. Tyr. XVIII. de legat, il fit fonder auparavant l'efprit du roi fo.x. conc. Baudouin & des autres seigneurs, tant ̄ecclesiasti- 14o3. ques que feculiers. Après une grande déliberation on lui manda de demeurer, & ne pas entreprendre d'entrer dans le roïaume: jufques à ce qu'on lui fit favoir par l'avis commun des prélats & des feigneurs ce qu'il devroit faire. Cependant on convoqua un concile à Nazareth où se trouverent Amauri patriarche de Jerufalem avec les autres prelats, & le roi avec quelques feigneurs. Les avis furent partagez car quoi que les prélats Latins d'Orient ne le fuffent encore déclarez pour aucun des deux papes, ils ne laiffoient pas en fecret de favorifer l'un ou l'autre. Dans le concile donc les uns difoient qu'il falloit reconnoître Alexandre & recevoir fon légat, & Pierre archevêque de Tyr étoit à leur tête : les autres préferoient Victor, disant qu'il avoit toûjours été ami & protecteur du roïaume de Jerufalem, & ne vouloient point abfolument que le légat fût reçû.

Le roi prenoit un avis moïen avec les feigneurs & quelques prélats; & de peur de faire un fchifme dans l'églife d'Orient, il propofoit de ne prendre parti ni pour l'un ni pour l'autre. D'accorder au légat la liberté de vifiter les lieux faints comme pelerin, fans marques de légation ; & de demeurer

dans le roïaume, jufques à la premiere occafion de AN. 1160. repaffer, à laquelle il feroit obligé de partir. Le roi difoit pour fon avis: Le fchifme eft nouveau,

&

le monde ne connoît pas encore quelle eft la meilleure cause : il eft dangereux de fe déterminer dans une affaire douteufe. D'ailleurs on n'a pas befoin d'un legat dans ce roïaume, pour être à charge par fa dépenfe aux églifes & aux monafteres & les appauvrir par fes exactions. C'étoit l'avis du roi, & quoi qu'il parût plus utile, l'avis de ceux qui vouloient que le légat fut reçû, prévalut. Il fut donc appellé & vint dans le roïaume, où dans la fuite il fut incommode à plufieurs qui s'étoient réjouis de fon arrivée. Ce font les paroles de Guillaume archevêque de Tyr.

Le patriarche Amauri écrivit en fon nom & au noms de fes fuffragans la lettre fynodale, adressée au pape Alexandre, où il dit : Nous avons reçû vôtre lettre avec le refpect convenable, & l'avons luë en presence des archevêques de Nazareth & de Tyr & de nos autres freres. Et voïant que vêtre élection a été faite par la volonté unanime des évêques & des autres cardinaux, avec le confentement du clergé & du peuple, nous l'avons loüée & approuvée;nous avons excommunié les fchifmatiques, favoir Octavien avec les deux cardinaux Jean & Gui & leurs fauteurs ; & nous vous avons élû & reçû unanimement pour feigneur temporel & pere fpiritucl. Ce titre de feigneur temporel donné au pape eft d'autant plus remarquable, que le roi de Jerufalem & les seigneurs étoient presens à ce concile,

AN. 1160.

LI.

C. 10.

Il y avoit trois ans qu'Amauri étoit patriarche de Jerufalem: car Foucher fon prédeceffeur mourut le vingtiéme Novembre 1157. la douziéme an- Amauri patriarnée de fon pontificat. Les prélats s'étant affemblez che de Jerufalem. à Jerufalem pour lui donner un fucceffeur, on élût Tyr. xvII. c. 19. Amauri contre les regles, par le credit de deux princeffes fœurs du roi Melifende & Sibile comteffe de Flandres. Il étoit François natif de Neêle dans le diocefe de Noïon, & alors prieur du faint fepulcre : c'étoit un homme affez lettré, mais trop fimple & peu capable de remplir une fi grande place; & il y fut mis nonobftant l'oppofition d'Hernese archevêque de Cefarée & de Raoul évêque de Bethlehem, qui même en appellerent à Rome. Amauri y envoïa Frideric évêque d'Acre: qui en l'absence de fes adverfaires obtint du pape Adrien, & à ce que l'on difoit par de grands prefens, la confirmation du patriarche, & lui aporta le pallium. Amauri fut le huitiéme patriarche latin de Jerufalem & en tint le fiége vingt-deux ans. De fon tems le roïaume changea de maître. Le roi Baudouin G. Tyr. xviii. e. III. mourut l'onzième jour de Février 1162. la vingtiéme année de son regne & la trente-troisiéme de fon âge. Comme il ne laissoit point d'enfans fon frere Amauri lui fucceda. Il fut couronné dans l'église du S. fepulcre huit jours après la mort de Baudoüin & regna douze ans & demi.

ult. XIX. c. I.

[ocr errors]

LII.
Milon II. évêque

Bib. Pramon

En France le bienheureux Milon évêque de Teroüane mourut le feizième de Juillet 1158. après de Teroiiane. fiége vingt-fept ans. Son neveu nommé Milon comme lui, chanoine regulier &

avoir tenu ce

p. 460.

« AnteriorContinuar »