An. 1162. Acta. Alex. fioit au comte, confentit à la propofition, croïant procurer la paix de l'églife; & le comte retourna trouver l'empereur qui étoit en Lombardie, & lui promit avec ferment de la part du roi l'accomplis fement du projet. Le bruit de cette conference s'étant répandu dans les villes d'Italie, mit les catholiques dans une grande confternation. En y allant le roi Louis fe rencontra avec le pape Alexandre à Souvigni prieuré de Clugni, & le pria de venir au rendez-vous : ou, s'il ne vouloit pas fe trouver en prefence de l'empereur, qu'il vint jufques à Vergi, qui étoit un château imprenable : lui promettant de le mener & ramener en fûreté. Et comme le pape ne pouvoit s'y refoudre, craignant les artifices de l'empereur, le roi lui dit : Il est étrange que l'on évite le jugement quand on eft fûr de la justice de fa caufe ; & continua fon chemin pour la conference. Le pape fe retira au monaftere de Dol, c'est-à-dire du Bourg-Dieu, près de ChâteauRoux en Berri, où il fe croïoit plus en fûreté com me étant en Aquitaine. Le roi de France ne favoit point encore les conditions du traité que le comte de Champagne avoit fait de fa part avec l'empereur. Quand il fut arrivé à Dijon, le comte le vint trouver & lui dit : J'ai lié cette conference pour vôtre honeur & l'utilité de vôtre roïaume, afin que l'on examine le droit des deux papes: fi l'élection de Roland fe trouve la meilleure, l'empereur fe mettra à fes pieds ; fi c'eft celle d'Octavien, vous le reconnoîtrez pour pape: fi l'un des deux manque de fe trouver à la conference, on l'abandonnera & on reconnoîtra fon competiteur. Si vôtre majesté ne veut pas s'en tenir au jugement de l'affemblée, j'ai promis par ferment de paffer fous l'obéiffance de l'empereur, & de tenir déformais de lui tout ce que je tiens de vous en fief. Le roi furpris lui dit : J'admire comment vous avez ofé faire à mon infçû un tel traité avec l'empereur. Le comte répondit : Vous m'en avez donné pouvoir par l'évêque d'Orleans ; & il montra la lettre par laquelle le roi indigné de ce qu'Alexan+ dre avoit mal reçû fes envoïez, ordonnoit au com te de lier la conference, promettant de s'en tenir à tout ce qu'il avoit résolu. L'empereur étoit à Dole qui étoit la frontiere de fes états, & les François fachant qu'Octavien n'étoit pas avec lui, fe réjoüiffoient de fon absence: mais les Allemans le firent promptement venir, & l'empereur le prenant avec lui, le mena jufques au milieu du pont de S. Jean de Laune: puis il fe retira auffi-tôt comme aïant fatisfait à fa promeffe. Le roi fe rendit de fon côté au licu de la conference ; & envoïa Joce archevêque de Tours, Maurice évêque de Paris, & Guillaume abbé de Vezelai, avec d'autres feigneurs vers les députez de l'empereur, qui attendoient au même licu la réponse du roi, & avoient avec eux le comte de Champagne entierement favorable à l'antipape Victor. Les députez du roi denianderent un délai, attendu qu'il n'avoit apris que la veille les conditions du traité, & qu'une affaire de cette importance ne devoit pas être décidée à la hâte AN. 11.62. AN. 1162. mais les deputez de l'empereur refuserent le délai, & le roi s'en retourna à Dijon. Les cardinaux que le pape avoit envoïez retournerent à Vezclai, comptant la conference pour rompuë. Le lendemain de grand matin le comte de Champagne vint à Dijon trouver le duc de Bourgogne, & lui dit: Je ne puis éviter de me donner à l'empereur, puifque le roi n'a pas accompli fa parole; & toutefois pour l'amour du roi j'ai obtenu de l'empereur un délai de trois femaines, à condition que le roi viendra au jour nommé amenant le pape Alexandre & executera ce qui fera décidé, fous peine de fe rendre lui-même prifonnier de l'empereur à Befançon. Le roi ne put s'en défendre: il le promit quoi qu'à fon grand regret, & donna pour oftages le duc de Bourgogne, le comte de Flandres & le comte de Nevers. Cette nouvelle allarma fort tout l'ordre ecclefiaftique, & ils prioient Dieu d'avoir pitié de son église. Le roi retourna donc à S. Jean de Laune, mais l'empereur n'y vint point: il fe contenta d'y envoïer Rainold fon chancelier archevêque de Cologne, le principal appui du schifme. On repeta les propofitions que le comte de Champagne avoit faites au roi de la part de l'empereur : mais l'archevêque de Cologne foûtint que l'empereur n'avoit point dit ce qu'on lui faifoit dire; & qu'il ne feroit part à perfonne du droit de juger l'église Romaine, qui lui apartenoit en particulier. Le roi ravi de trouver l'occafion de dégager fa parole, demanda au comte fi les conditions du traité étoient telles qu'il les avoit raportées. Ille foûtint, & le roi ajoûta: Vous voïez que l'empereur n'eft point ici, comme il y devoit être fuivant vôtre promeffe: vous êtes aufli témoin que fes envoïez changent les conditions du traité. Je fuis donc quitte de ma parole. Le comte en convint: tous les feigneurs & les pré-lats qui étoient presens le déclarerent auffi; & le toi piquant un cheval vigoreux qu'il montoit, s'en retourna promptement. Les Allemans confus le fuivirent & le prierent de revenir, difant que l'empereur étoit prêt d'executer ce que le comte avoit promis: mais le roi trop heureux d'avoir évité ce péril, dit qu'il avoit fait ce qui dépendoit de lui : ainfi l'affemblée fe fepara. AN. 1162. XLI. Voïage de Valdemar roi de Danemarc en Allema 170. edit. 1576. L'empereur avoit appellé à cette conference les rois de Danemarc, de Bohême & de Hongrie, affurant que les deux papes s'y trouveroient & que gne. l'on y finiroit le fchifme. Le roi de Danemarc Helm. Chr. étoit Valdemar fils du martyr S. Canut, qui aïant Saxo. lib. 14. p. reçû un légat de la part de l'antipape Octavien, & voulant connoître la vérité de fon droit, envoïa à l'empereur Frideric son secretaire Raoul Anglois de naiffance. L'empereur le reçût avec de grandes démonstrations de refpect, & Octavien lui fit encore plus d'honneur, jufques à lui donner un prêtre pour reciter l'office avec lui, & lui accorder, la faculté de porter un anneau comme les évêques en celebrant la meffe. L'empereur dit à Raoul l'affaire du schisme avoit été jugée au concile de Pavie, & que pour la terminer il vouloit affembler tous les rois, puifque c'étoit un interest com que AN. 1162. Hift. gen. Dan. mun. Qu'il défiroit fur-tout d'en conferer avec le roi de Danemarc dont il connoiffoit la fageffe ; & que pour le récompenfer de la peine d'un fi grand voïage, il lui donneroit une province d'Italie avec le gouvernement de tout le païs des Sclaves. : Raoul étant de retour & gagné par les flatterics de l'empereur & de l'antipape, publioit hautement leur affection pour le roi fon maître ; & ce princemoins pour l'intereft de la religion que par la curiofité de voir les païs étrangers, réfolut d'aller trouver l'empereur. Cependant Bernard légat d'Octavien en Danemarc s'efforçoit de gagner les évêques, & comme il en trouvoit peu qui le reçuffent favorablement, il indiqua un concile ; mais il fut peu nombreux & lui attira plus de mépris que de confideration. Le roi Valdemar l'aïant laiffé à Ibid. p. 245. 254. Slefvic découvrit fon deffein d'aller en Allemagne, 1158. à Abfalom évêque de Rofchild fon frere de laict, qu'il avoit fait élire pour remplir ce fiége en 1158. Boll. to.9. p. 650. Ĉe prélat n'étoit pas moins recommandable par prudence & fa valeur, que par fes vertus chrêtiennes ; & avoit étendu la religion chez les Rugiens. & les autres Sclaves, autant par les armes que par la prédication. Il fit ce qu'il put pour détourner le roi Valdemar du voïage d'Allemagne, & n'aïant pû le perfuader il ne laiffa pas de l'y fuivre. Mais quand ils furent arrivez à la cour de l'empereur qui étoit à Mets, le roi s'aperçût bien qu'il s'étoit engagé temerairement. Car l'empereur lui fit des reproches qu'il étoit venu bien tard; & prétendit qu'il devoit lui faire hommage du roïaume de Vita S. Guill. abb. 6. Apr La |