Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1163. fi-tôt qu'ils auront connoiffance que l'on y aura apporté quelque chose pillée sur l'église, d'en avertir le feigneur, ou celui qui commande dans le château; & s'il ne donne ordre à la reftitution du butin, on ceffera dans le château tout office divin, excepté le batême, la confeffion & le viatique. On poura feulement dire une messe par femaine à huis clos dans le village. Que fi les gens du château demeurent incorrigibles quarante jours après l'excommunication prononcée contre eux,les chapelains s'en retireront, & fous la même loi font compris les écrivains. Car ces feigneurs ne lifoient & n'écrivoient que par le miniftere des clercs. Les clercs des châteaux ne pouront être changez qu'en faisant ferment à la diligence de l'archidiacre d'obferver ce canon. Les marchands & les autres habitans des villes & des bourgs ne logeront aucun excommunié, & n'auront aucun commerce avec lui. Dans les lieux du domaine du roi, fi le coneftable, c'eft-à-dire le gouverneur eft excomunié, l'office divin ceffera quand il fera present dans le licu.

C. 9.

C.4

par

les

Les ordinations faites Octavien & par autres fchifmatiques font déclarées nulles. Il eft ordonné aux évêques & aux prêtres de veiller fur les heretiques, qui s'étant depuis long-tems élevez à Toulouse & aux environs, fe font étendus en Gascogne & en d'autres païs. C'étoit les Manichéens depuis nommez Albigeois. Ileft défendu à ceux qui les connoîtront de leur donner retraitte dans leurs terres,ni protection, d'avoir aucun commerce avec eux, foit pour vendre ou acheter, soit

autrement, le tout fous peine d'excommunication. AN. 1163. Lors qu'ils feront découverts, les seigneurs catholiques les feront emprifonner avec confiscation de leurs biens ; & on fera toutes les diligences poffibles, pour empêcher les conventicules. Ce font les canons du concile de Tours. Quand il fut fini, les deux rois de France & d'Angleterre prierent le pape Alexandre, que s'il vouloit fejourner dans l'un de leurs roïaumes il eût à choisir la ville qu'il lui plairoit davantage, pour y faire fa résidence. Il choifit la ville de Sens, métropolitaine & fituée dans un païs fertile & agréable; & il y demeura vi. tom. 2. spicil. depuis le premier d'Octobre 1163. jufques à Pâques" de l'année 1165. y expediant les affaires de toute l'églife comme s'il eût été à Rome.

Acta Alex:

Chr. S. Pet.vi·

P 777.

LXIV.
Suite de la vie.

Vita quadrip.

Thomas archevêque de Cantorberi partit exprès d'Angleterre pour venir au concile de Tours; & de S. Thomas de comme il étoit dans fa plus grande faveur, il fut Cantorberi. reçû en Normandie & par tout où il paffa, comme c. 14. fi c'eût été le roi même. Quand il arriva à Tours, les prélats qui y étoient déja pour la plûpart, vinrent au devant de lui; & contre la coûtume de l'églife Romaine tous les cardinaux s'avancerent pour le recevoir affez loin hors de la ville : il n'y en eut que deux qui demeurerent auprès du pape. Le pape qui fur fa réputation defiroit de le voir depuis longtems, le reçut avec beaucoup d'amitié. Il demeura quelques jours après le concile, fit renouveller quelques privileges de fon églife, & se retira avec la benediction & les bonnes graces du pape. Il repaffa en Angleterre où il fut reçû par le roi com

AN. 1163.

C. 15.

C. 16.

Sup. n. 34.

C. 9.

me un perc par fon fils. C'étoit la feconde année de fon épifcopat, c'est-à-dire 1163.

Il y avoit alors deux évêchez vacans, Vorcheftre & Herford. Car une coûtume profane s'étoit déja établie dans plufieurs roïaumes que les rois retenoient à leur volonté les évêchez & les monafteres vacans pendant des années entieres, & appliquoient au fifc le patrimoine de J. C. & les biens des pauvres. C'eft ainfi qu'en parle Hebert de Bofcham qui étoit auprès de l'archevêque Thomas. Ce prélat crut qu'il étoit de fon devoir de ne ne pas fouffrir un tel abus; & il fit tant par fes pricres & fes cxhortations, qu'il perfuada au roi de remplir ces deux fiéges, lui reprefentant les mauvais effets de la longue vacance, tant pour le temporcl que pour le fpirituel. L'évêque de Vorchestre fut Roger fils du comte de Glavor, jeune homme mais d'un mérite fingulier, pour la pureté de fes mœurs, fa fermeté pour la juftice & fon attachement au faint archevê→ que: L'évêché d'Herford vaquoit par la translation de Gilbert Folioth à l'évêché de Londres. On mit à fa place Robert de Melun docteur fameux, dont j'ai déja parlé : mais plus recommandable encore par fa vertu que par fa doctrine. Ce furent les premiers que facra l'archevêque Thomas, fuivant la refolution qu'il avoit prife, de n'imposer les mains qu'à de dignes fujets principalement pour l'épiscopat.

Depuis fon facre il étoit devenu un autre homme & menoit une vie toute édifiante. La premiere année il porta encore un habit précieux à fon ordinaire, par deffus le cilice & l'habit monastique ;

C.10.

mais depuis il ne porta qu'un habit modefte, fui- AN. 1163. vant l'ufage du clergé, long jufques aux talons, d'étoffe brune & fourré feulement d'agneau. Il difoit matines avant le jour, & auffi-tôt on faifoit entrer treize pauvres à qui il lavoit les pieds, fervoit à manger & donnoit à chacun quatre pieces d'argent. Il faifoit cette action très-secretement, & le jour étant venu entroient douze autres pauvres à qui fon aumônier lavoit les pieds & donnoit à manger : enfin à l'heure de tierce deux aumôniers fervoient encore cent pauvres de ceux qu'on nommoit Prébendiers. Ces trois aumônes se faifoient tous les matins, mais le S. archevêque en faisoit grand nombre d'autres ; & il doubla ses aumônes reglées de l'archevêque Thibaud, qui avoit déja doublé celles de fes prédeceffeurs.

L'archevêque Thomas après fon aumône prenoit

un peu

de repos : puis il fe mettoit à la lecture de l'écriture fainte avec le docteur Hebert de Boscham Lombard né à Plaisance, qui fut toûjours attaché à lui inféparablement, & devint enfin ardinal & évêque de Benevent. Il expliquoit à l'archevêque les fens mystiques de l'écriture, car c'étoit ceux que l'on y cherchoit alors principalement. Enfuite le prélat demeuroit à mediter ces grandes veritez, doit il profitoit pour l'instruction de son clergé & de fon peuple. Il regrettoit le tems qu'il avoit perdu, avant que de s'appliquer à cette étude; & fouhaitoit ardemment d'être en repos pour s'y donner tout entier. Il portoit toûjours dans fes grandes manches des billets contenans quelques fenten-,

C. 11. in fi.

AN. 1163.

[ocr errors][merged small]

ces édifiantes, pour s'en aider au befoin; & il étoit toûjours accompagné de plufieurs hommes vertueux & favans, dont la converfation l'inftruifoit de plus en plus.

Il demeuroit donc enfermé jufques à l'heure de tierce, & alors il fortoit de fa chambre pour celebrer ou entendre la meffe. Il ne la difoit pas tous les jours: non par negligence, comme il le difoit lui-même, mais par refpect. Car, ajoûte le docteur Hebert, la pratique des bons & faints prêtres varie fur ce point. Je croi voir dans ceux qui celebrent tous les jours une grande preuve de la pureté de leur vie, & dans les autres une marque de refpect & d'humilité. Or dans les canons il n'y a de part ni d'autre, ni precepte ni confeil:mais ils témoignent qu'il fuffit d'offrir le faint facrifice une fois par jour, comme J. C. s'eft offert une fois. Car je ne daigne pas ici parler de ces prêtres de Mammona plûtôt que de J. C. qui l'offrent volontiers chaque jour, même plufieurs fois, pour le profit des offrandes. Ce font les paroles d'Hebert. Le faint archevêque fe préparoit à la messe ave une grande devotion & beaucoup de larmes ; pendant le chant de l'introïte & du refte il s'occupoit de quelque lecture, principalement des oraifons de S. Anfelme pour éviter les diftractions & par la même raifon il étoit diligent dans la celebration de la messe.

A none, j'entens à midi, il fortoit en public pour se mettre à table, & y faifoit affeoir à sa droite les favans & à fa gauche les moines : les chevaliers & les feigneurs mangeoient feparement, de peur

« AnteriorContinuar »