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40.

Obaz. 1. c. 26.

années auparavant des monceaux de nege tombant AN. 1163. du haut des montagnes, & entraînant de la terre & des pierres avoient accablé plufieurs Chartreux Sup. liv. LXII. n. fous les ruines de leurs cellules. Cet accident emVita S. Steph. porta en un jour la plus grande partie de cette fainte communauté, & le peu de moines qui refterent se relâcherent de l'observance après la mort du bien-heureux Guigues. Anthelme s'appliqua donc à la rétablir, fuivant les conftitutions écrites par ce faint prieur. Il emploïa la douceur & la séverité, & chassa quelques indociles qui lui reftoient: en même tems il réparoit les bâtimens & il remit la Chartreufe dans un état Aoriffant.

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c. 13.

pour

Après l'avoir gouvernée douze ans, il fit mettre à sa place Bafile qui en fut le huitiéme prieur, & Sup. I. LXVII. n. rentra dans le filence de fa cellule. Mais quelque tems après Bernard prieur des Portes le demanda son successeur, ne se croïant plus en état de gouverner cette maison à cause de fon grand âge. Anthelme devint donc prieur des Portes, où aïant trouvé beaucoup d'argent & de bled, il en fit de grandes distributions aux laboureurs du voisinage, pour leur donner de quoi femer dans une année de difette ; & ne laiffa pas enfuite d'augmenter les revenus du monaftere en défrichant des bois. En ce tems-là c'est-à-dire vers l'an 1158. Gui Comte de Forés aïant furpris la ville de Lion la pilla, & fit V. Severt. p. 246. sentir son indignation, principalement au clergé, prétendant que l'église avoit ufurpé sur sa famille & feigneurie de la ville, au moins pour la plus grande partic. En cette occasion l'archevêque He

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raclius & les principaux de fon clergé, se refugierent à la Chartreuse des Portes, où le pricur An- AN. 1163. thelme les reçût à bras ouverts & les défraïa liberalement, tant que dura cette tempête. Mais à peine avoit-il gouverné deux ans cette maison, qu'il fe retira encore & retourna à fa cellule de la grande Chartreuse. Il avoit un zele particulier pour sup. n. szi l'unité de l'églife; & ce fut principalement lui & un autre Chartreux nommé Geofroi, qui par leur autorité & leurs foins déterminerent tout l'ordre à embraffer le parti d'Alexandre III. & à rejetter l'antipape Octavien. Tel étoit donc Anthelme quand il fut élû évêque de Bellai ; & il remplit dignement ce fiége pendant quinze ans.

LIVRE SOIXANTE-ONZIE' ME.

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re

I. Commencement

le R. Henri & S. Thomas.

I. c. 17.

E u de tems après que Thomas archevêque de Cantorberi fut revenu du concile de Tours, de divifion entre le roi d'Angleterre Henri II. commença à se froidir à son égard, & à concevoir pour lui cette Vita quadrip.lib. averfion, qui vint enfin aux dernieres extrêmitez. On en marque pour premiere caufe, que Thomas ne fe trouvant que trop chargé de fa dignité d'archevêque & de primat d'Angleterre, renvoya les feaux au roi qui étoit en Normandie, le priant de pourvoir à la charge de chancelier. Le rois'en tint Rad. de Dicet.på offenfé, fachant que l'archevêque de Maïence étoit chancelier de l'empereur en Allemagne, & l'archevêque de Cologne en Italie : ce qui lui fai

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1163.

foit conclure que ces dignitez n'étoient point inAN. 1163.compatibles, & que Thomas ne renonçoit à la chancellerie d'Angleterre que par averfion perfonnelle pour lui. Mais le principal fujet de leur divifion fut le differend pour la jurifdiction ecclefiaftiMatth. Paris. an. que. Un prêtre accufé d'homicide aïant été pris, fut renvoïé à l'évêque de Sarisberi son diocesain, à caufe du privilége clerical. La preuve ne se trouvant pas complete, l'évêque lui ordonna la purgation canonique ; & comme il ne put y fatisfaire, l'évêque confulta l'archevêque de Cantorberi: qui condamna le prêtre à être privé de tout benefice dépofé & mis dans un monaftere, pour faire penitence perpetuelle. Vers le même tems un chanoine de Bedford nommé Philippe de Broïe dit des injures aux officiers du roi : qui en fut extremement irrité contre tout le clergé. La plainte en étant portée à l'archevêque, il le fit fustiger publiquement & le fufpendit de ses fonctions pendant quelques années.

6. 18.

3. 19.

Le roi n'en fut pas content; & aïant assemblé à Londres l'archevêque & les évêques, il leur reprefenta que pour réprimer les crimes, il étoit néceffaire que les clercs, après avoir été déposcz, fus,fent livrez au bras féculier, & foûmis aux peines corporelles. L'archevêque & les évêques foûtenoient au contraire, que les canons & la liberté ecclefiaftique ne le fouffroient pas ; & l'archevêque conjura le roi de ne pas introduire cette nouveauté dans fon roïaume, déclarant qu'il ne la devoit ni ne pouvoit fouffrir. Alors le roi indigné

de voir

de voir les évêques tous d'accord contre lui, leur AN. 1163. demanda s'ils vouloient obferver les coûtumes de fon roïaume ajoûtant, que puifqu'elles avoient été gardées par. tous les prélats du tems de fon aïeul, il feroit triste qu'elles fussent condamnées de fon tems. L'archevêque aïant pris l'avis de fes confreres répondit ; qu'ils obferveroient ces coûtu. mes, fauf leur ordre : c'eft-à-dire fauf les droits de de l'épiscopat : & Hilaire évêque de Chichestre voïant le roi plus aigri de cette réponse, dit de fon chef, qu'il obferveroit les coûtumes roïales de bonne foi. Mais le roi fans s'adoucir le traitta avec mépris ; & fe tournant vers l'archevêque & les autres prélats, il dit, qu'ils avoient conjuré contre lui, & qu'il y avoit du venin dans cette claufe captieufc. Sauf nôtre ordre : c'eft pourquoi il vouloit qu'ils promiffent fimplement & fans restriction d'observer les coûtumes roïales. L'archevêque répondit : Quand nous vous avons juré fidelité, nous avons promis de vous conferver la vie, les membres & vôtre dignité temporelle, fauf nôtre ordre : Or ces coûtumes font comprises dans vôtre dignité. Ainsi nous ne nous obligeons point à les garder en une autre forme que nous ne l'avons déja promis. Comle jour baiffoit, le roi fatigué, fortit de la fale en colere fans faluer les prélats, qui fe retirerent de leur côté ; & en s'en allant l'archevêque fit de grands reproches à l'évêque de Chichestre, d'avoir changé de fon propre mouvement la clause dont

ils étoient tous convenus. Le lendemain le roi rctira des mains de l'archevêque, les places & les fiefs

AN. 1163. qu'il avoit en garde comme chancelier; & fortiť de Londres fecrettement & avant le jour : montrant par ce procedé une grande indignation.

Peu de tems après Arnoul évêque de Lifieux vint en Angleterre pour se reconcilier avec le roi dont il avoit perdu les bonnes graces ; & lui confeilla de divifer les prélats pour affoiblir l'archevêque : ce qui réüffit. Le roi gagna premierement quelques évêques qui craignoient les effets de fon reffentiment, fachant qu'ils lui étoient odieux depuis long-tems enfuite il en gagna d'autres, qui n'eurent pas la force de lui refifter. Ils promirent donc à l'infceu de l'archevêque d'obeïr à la volonté du roi ; & il en demeura peu avec ce prélat, encore la crainte les obligeoit à fe cacher. Le roi de fon côté s'efforçoit de gagner l'archevêque par promeffes & par careffes: plufieurs des grands s'entremettoient pour les reconcilier, & reprefentoient au prélat les obligations qu'il avoit au roi, les maux que produiroit leur divifion, & l'imprudence qu'il y avoit de tout perdre pour un petit mot car il ne s'agiffoit que de cette claufe: Sauf nôtre ordre. Labbé de l'Aumône entre autres le preffoit, difant avoir charge du pape de le faire consentir au defir du roi; & que ce prince avoit affuré par ferment qu'il ne vouloit que fauver fon honcur devant les grands, par quelque apparence de confentement du prélat. Enfin Thomas alla trouver le roi à Oxford, & lui promit de changer ce mot qui le choquoit. Le roi parût fort adouci; mais il vouloit qu'on lui promit l'observa

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