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mais avec des restrictions qui le rendoient prefque AN. 1164. inutile: car il ne foûmettoit ni la perfonne de Thomas ni fon diocese à la perfonne du nouveau legat; & il avoit tiré parole, que les lettres de légation ne feroient point rendues à Roger fans un nouveau confentement de fa part. C'eft ce que l'on void pas fes lettres à Thomas : dont la premiere est dat- 1. epiß. 4·5; tée du cinquième de Mars à Sens. Par cette lettre ep. 43. & par une autre encore, il l'exhorte à fe conduire envers le roi avec grande circonfpection, & à faire tous fes efforts pour recouvrer les bonnes graces de ce prince, fans préjudice de la liberté de l'églife. Gardez-vous bien, ajoûte-t'il, d'ufer d'aucune rigueur contre le roi ni fon roïaume jusques à Pâques prochain. Dicu nous donnera alors un meilleur tems, & nous pourrons vous & moi agir plus fûrement en cette affaire. Il femble qu'Alexandre prévoïoit la mort de l'antipape. Il écrivit aussi au ep. 424 roi d'Angleterre, l'exhortant à abandonner ses coûtumes contraires à la liberté de l'église, par la confidération du jugement de Dieu; & par les punitions que Dieu a exercées contre les rois qui ont entrepris fur le facerdoce.

pas

que.

VI.

Le roi ne laiffoit de foûtenir fa prétention Rupture entre le & faifoit pourfuivre devant les juges feculiers les roi & l'archevêclercs accusez de vol, d'homicide ou d'autres crimes: afin qu'aïant été convaincus, ils fuffent dépofez & livrez à la cour laïque. Mais l'archevêque considerant ce qui eft permis à chaque juge, ne trouvoit point que la puiffance feculiere, eût aucun droit dans une caufe ecclefiaftique criminelle,

AN. 1164.

2 Nov. 83. c. I.

fuivant cette conftitution: Si le crime eft ecclefiaftique, la cause fera examinée par l'évêque, & la peine impofée felon les canons, fans que les autres juges prennent aucune part à ces fortes de causes. Ainfi parle Guillaume de Cantorberi un des au n.q. 1. c. 45.9. teurs de la vie de S. Thomas. Or la conftitution qu'il cite eft rapportée de même, mot pour mot par Gratien & tirée d'une Novelle de Justinien ; & il est évident qu'elle parle des crimes ccclefiaftiques, comme la fimonie, l'ufure & les autres, qui du tems de Juftinien n'étoient point contre les loix, mais feulement contre les canons. Mais cette conftitution eft tronquée dans l'extrait de Gratien, & dans l'original l'empereur dit expreffement, que fi le crime eft civil, c'eft-à-dire de la competence du juge seculier, il fera le procès au clerc accufé; & s'il le trouve coupable, il le fera dépofer par l'évêque avant que de le punir felon les loix.

C'eft juftement ce que prétendoit le roi d'Angleterre au contraire l'archevêque vouloit, que même pour les crimes contre les loix un clerc ne pût être pourfuivi que devant le juge ecclefiaftique, qui ne pouvoit impofer de plus grande peine que la dépofition, fans que le coupable pût enfuite être puni corporellement, finon pour un nouveau crime. Se fondant fur la regle Non bis in idem : c'est-à-dire qu'on ne punit pas deux fois une même faute; & craignant que fi les ecclefiaftiques fouffroient double peine, il ne fuffent de pire condition que les laïques criminels. C'eft ce qui irritoit le roi de plus en plus ; & les évêques loin dè

lui refifter fe foûmettoient à toutes fes volontez.! On venoit tous les jours raporter au roi, que l'archevêque n'observoit point les coûtumes qu'il avoit jurées d'autres fe plaignoient qu'apuïé de son crédit, il les avoit dépouillez de leurs biens; & les courtisans jaloux exageroient fon ingratitude après tant de bienfaits du roi. On empoifonnoit même ses vertus & le changement de fes mœurs. Son zcle pour la justice étoit traité de cruauté: fon application à procurer l'utilité de l'églife étoit avarice : c'étoit par orgücil qu'il méprifoit l'cftime du monde, pour ne s'attacher qu'à la volonté de Dieu : c'étoit temerité de vouloir foûtenir les droits de fon fiége au-delà de fes prédeccffeurs ; il ne pou voit plus rien dire, ni rien faire qui ne fût mal interpreté. Enfin on perfuada au roi que fa puiffance alloit s'ancantir fi celle de l'archevêque continuoit de croître ; & que s'il n'y donnoit ordre, il n'y auroit plus à l'avenir de roi en Angleterre, que celui qui feroit élu par le clergé, & autant qu'il plaitoit à l'archevêque.

AN. 1164

VII. Mort d'Oc avien me

tipape

ep.7.

Otto. de faint

Cependant l'antipape Octavien étant tombé malade à Luques vers la fête de Pâques, y mourut le Gui de Cré nie anmercredi d'après l'octave vingt-deuxième d'Avril collect. Lupi. 1. 1164. Les chanoines de la cathedrale & ceux de an. Alex. ap. S. Frigdien refuferent de l'enterrer chez eux, de- Baron. clarant qu'ils abandonneroient leurs églifes plûtôt Blaf.c. 18.Goff. que d'y mettre le corps d'un homme qu'ils croïoient damné ; ainsi il fut enterré dans un monaftere hors de la ville, & les fchifmatiques ne laifferent pas de publier qu'il fe faifoit des miracles à fon tombeau.

ann. 164.

AN 1164. Otto. Morena p. 840.

Il avoit pris le nom de pape pendant quatre ans
& demi. On porta à l'empereur fa chapelle & on
lui mena fes chevaux : car c'étoit tout le bien qui
lui reftoit. Il n'y avoit de fon parti que deux car-
dinaux de quatre qui l'avoient fuivi, favoir Jean
de S. Martin & Gui de Crême. Ils craignirent, s'ils
reconnoiffoient le pape Alexandre, qu'il ne voulût
pas les recevoir, ou qu'il ne les traitât comme In-
nocent II. avoit traité les cardinaux de Pierre, de
Leon: c'cft pourquoi aïant appellé les fchifmati-
ques d'Italie & d'Allemagne qui étoient venus aux
funerailles d'Octavien, ils élurent pour pape le
cardinal Gui de Crême, fous le nom de Pascal III.
& envoïerent auffi-tôt à l'empereur qui étoit en
Allemagne pour faire confirmer l'élection. L'em-
percur le fit, jura fur les évangiles qu'il reconnoî-
troit toûjours pour papes legitimes Pascal & fes fuc-
ceffeurs, & Alexandre & les fiens pour fchifma-
tiques ; & il fit faire le même ferment à tous les
ecclefiaftiques qu'il y put obliger. Pascal fut fa-
par Henri évêque de Liége le dimanche vingt-
fixième d'Avril, & porta le nom de
pape trois ans.
Le pape Alexandre pleura la mort d'Octavien, con-
fiderant la perte irreparable de fon ame, & reprit
feverement des cardinaux qui s'en réjouiffoient.

cré

A Rome Jules cardinal évêque de Palestrine viA&a. 4y. Bar. caire du pape Alexandre mourut, & on mit à sa place Jean prêtre cardinal du titre de S. Jean & S. Paul. Il fit tant par fes exhortations qu'il ramena à l'obéïssance d'Alexandre la plus grande partie du peuple Romain, moïennant des fommes d'argent confiderables

confiderables que donnerent ceux qui étoient demeurez fidelles au pape. Il est à croire que les fchifmatiques devinrent auffi plus faciles à ramener, depuis la mort de l'antipape Octavien & la diminution du credit de l'empereur en Italie : principalement après qu'il s'en fut retiré, qui fut le premier jour d'Octobre de cette année 1164. Car les Venitiens firent une ligue contre lui où ils attirerent prefque toutes les villes de Lombardie. Les Romains donc promirent avec ferment de reconnoître le pape Alexandre, ils établirent un nouveau fenat qui étoit à fa devotion:ils remirent entre les mains de fon vicaire l'église de S. Pierre & le comté de Sabine, que les fchifmatiques occupoient

AN. 1164.

par les forces de l'empereur. Ainfi la ville de Rome étant prefque toute reduite à l'obéïffance d'Alexandre: le cardinal vicaire affembla à S. Jean de Latran les plus affectionnez tant clercs que laïques, avec lefquels il refolut de le rapeller, & lui envoïa en France une députation pour cet effet. Le pape en délibera avec les évêques & les cardinaux qui étoient auprès de lui à Sens ; & quoi qu'il vît de grandes difficultez, toutefois de l'avis du roi de France, du roi d'Angleterre & des évêques du païs, il rendit au cardinal vicaire une réponse certaine de fon retour, & se preffa de faire les preparatifs de fon voïage. On raporte à cette occafion la lettre de l'archevêque de Rouen aux évêques & aux abbez de fa province, par laquelle il les exhorte à donner au pape un fubfide pour l'entretien de fa maison, f. 171. dans l'efperance prochaine de fon rétablissement

Tome XV.

ap. Pet. Blef

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