& C.13: sous quel prince je combas. L'évêquc de Londres An. 1164. lui dit : Si le roi vous void entrer armé il tirera contre vous son épée ; & vous verrez alors dequoi vous serviront vos armes. Je m'en remets à Dicu dit l'archevêque. Et l'évêquc ajoûta : Je vois bien que vous ne quitterez point vôtre entêtement. Le roi sachant que l'archevêque venoit avec sa croix, fe retira dans une autre chambre; & l'archevêque s'assit seul d'un côté & les évêques devant lui. Un heraut appella tous les prélats & les seigneurs ; on proposa de la part du roi une grande plainte contre l'archevêque , de ce qu'il étoit ainsi entré dans la cour du roi portant sa croix pour lui faire affront : tous prirent le parti du roi & traiterent lc prélat de traître, d'ingrat, & de parjure , criane hautement contre lui. Les assistans furent saisis d'horreur , & Roger archevêque d'Yorc sortit , en disant à deux de ses clercs qu'il trouvá là : Retirons-nous d'ici , il nc nous convient pas de voir ce que l'on va faire à l'archevêque de Cantorberi. Alors des huilliers avec leurs baguettes descendirent à grand bruit de la chambre ou étoit le roi, & fe tournerent vers Thomas étendans les mains & le regardant d'un air menaçant. Tous ceux qui étoient prosens firent le signe de la croix , & Barthelemi évêque d'Excestre se jettant aux pieds du prélat, lui dit : Mon pere aïez pitié de vous & de nous. Nous allons tous perir aujourd'hui à cause de vous. En effet il y avoit un ordre du rui, que quiconque demcureroit avec l'archevêque (croit jugé enne An. 1164 IX. mi public & puni de mort, On disoit encore que ne sont pas de Dicu. Les évêques séparez des feigneurs par la permisThomas con- fion du roi delibcrerent entre eux. Lcur embar ras étoit extrême. Il falloit encourir l'indignation me conjointement avec les seigncurs: ce qui leur pape & vous appellons en la presence. Et il vis-à-viş ز . An. 1164. vis-à-vis de lui & demcurerent long-tems dans un En effet il fut jugé parjurc & traître , & plusieurs seigneurs étant fortis d'avec le roi , Robert comte de Leicestre die à l'archevêque : Le roi vous mande 13.5 de venir lui rendre compte sur les cas dont vous êtes chargé, sinon écoutez vôtre jugement. Mon jugement ? reprit l'archevêque ; & s'étant levé il ajoûta : Comte , mon fils, écoutez vous-mêine aus paravant. Le roi m'a fait archevêque de Cantorberi , parce que je l'avois bien servi. Il l'a fait malgré moi ; Dieu le sait , & j'y ai consenti mour de lui , plus que pour l'amour de Dicu, qui. m'en punit aujourd'hui. Toutefois lors qu'on pro-'sup.liv.um.n.si cedoit à mon élection en presence du prince Hen= ri & par ordre du roi, on déclara que l'on me rendoit à l'église de Cantorberi libre & quitte de tout cngagement de la cour. Je ne suis donc point tenu de répondre sur ce sujet. Le comte dit : Ceci est différend de ce que l'évêque de Londres avoit dit au roi. L'archevêque ajoûta : Ecoutez encore, mon fils. Autant que l'ame est plus digne que le corps , autant deyez-vous plus obéir à Dieu &à moi, qu'à un roi terrestre : d'aiHeurs ni la loi, ni la raison ne permettent que des enfans jugeħt leur pere. C'est pourquoi je decline sa jurisdiction & la vôtre, pour être juge de Dieu seul , par lo miniftere Tome XV. pour l'an "Аа du pape , à qui j'en appelle en presence de vous An. 1164. tous, & mets fous sa protection féglise de Cantor beri , ma dignité & tout ce qui en dépend. Et vous mes confreres les évêques qui obéissez à un homme plūtôt qu'à Dicu , je vous appelle aussi au juge ment du pape ; & ainsi je mc retire par l'autorité Rad. de l'église & du S. fiége. Cette derniere féance fut cenuë le mardi treiziéme d'Octobrc. pour sûreté des sommes qu'il demandoit. L'arə chevêque dit que le roi recenoit déja une autre tera re de l'églife de Cancorberi , & qu'il s'exposcroit à tout plâtôt que d'y renoncer. Les évêques indignez raporterene au roi cette séponse , qui l'échaufa en core plus. Au même dîner la lecture de table étoit de la persecution du pape Libere dans l'histoiro Tripartitel Et fur ce paffage de l'évangile : Quand sup.liv. m. n. en vous perfecutera en cette ville fuïcz à une autre, Marib, . 23. ke prélar regarda le docteur Hebert, qui comprit X. Thomas se retire gagez ensemble depuis que fa fuite étoit dès lors résoluë. Au forcir de table il envoïa au roi les évêques de Vorchestre, AN. 1164 d'Herford & de Rochestre, lui demander sûreté pour fortir du roïaume. Ils raporterent la réponle du roi , qu'il en parleroit le lendemain au concile. Vers la nuit deux des plus grands scigncurs vin rent trouver l'archevêque tout en pleurs & fe fra- en France. pant la poitrine , l'assurant que des hommes considerables & accoûtumez au crime , s'étoient en. par serment à le tuer. Cet avis détermina le prélat à s'enfuir , pour ne pas faire périr la cause de l'église qui n'étoit pas encore bien éclaircie. Il se fit donc préparer un lit dans l'église de S. André entre deux autels, il s'y profterna avec quelques-uns des liens , & commença à chanter les pseaumes penitentiaux avec les litanies , faisant une genuflection au nom de chaque saint ; puis étant fatigué il se coucha feignant de vouloir prendre du repos : mais il se déroba secretement & for tit par la porte de derriere , un peu avant le chant Le lendemain matin fi-tôt que le bruit se fut ré- Lib. 1.6.1. pandu de la fuite de l'archevêque, ceux qui lui étoicnt attachez se cacherent ; & le roi fort alar-mé afsembla les évêques & les seigneurs, & demanda ce qu'il y avoit à faire. Ils résolurent d'envoïer au pape , pour accuser Thomas de parjure, & d'avoir mis la division entre le roïaume & le facerdoce ; laissant en paix tout ce qui lui apartenoit, jusques à ce que le pape eût prononcé. On du coq. Chr. Gervas. po 1393 و |