& pape vie , fût privé de son droit au gré du roi. Ils vouAn. 1164. loient que l'on donnât un exemple aux autres évê ques de résister en pareil cas : autrement que personne n'oseroit plus s'opposer à la volonté des prin. ces, que l'état de l'église & l'autorité du feroit en péril. Ils concluoient qu'il falloit rétablir Thomas malgré tout le monde & le solltenir en toutes manieres. Cet avis l'emporta ; & le papc aïant fait appeller Thomas , lui ordonna de reprendre de la main les fonctions de pasteur, dans lesquelles il le rétablissoit , lui promettant de ne l'abandonner de sa vie. Mais , ajoûta-t-il, afin que vous appreniez à mener une vie pauvre & convenable à vôtre état present, je vous mets entre les mains de cet abbé, chez qui vous demeurerez jusques à un tems plus favorable. C'étoit Guichard abbé de Pontigny, depuis archevêque de Lyon, que le pape avoit fait venir exprès. Thomas se rendit donc à Pontigny avec quelques-uns des siens : mais il crut que pour être digne archevêque de Cantorberi , il falloit aussi prendre l'habit monastique : aïant lû dans les histoires ; qu'il n'étoit jamais arrivé de division dans le roïaume d’Angleterre , sinon quand ce siege avoit été occupé par des personnes d'une autre profession. Il envoïa donc au pape, dont il reçut un habit monastique beni de la main , de grosse étofe & de laine cruë. Ainsi l'archevêque se trouvant à Pontigny commença à y goûter du repos, & à regarder cette retraite comme une école de vertu. Mais la douceur de cette retraite fur troubléc XIV. Parens de Thomas bannis. Gervas.chr, 1165 ز quelque tems aprés , par les exilez qui venoient An. 1164 trouver l'archevêque. Car le roi d'Anglecerre irrité de la bonne reception que le roi de France & le pape lui avoient faite, & de la protection qu'ils lui donnoient , fit confisquer tous les biens de l'ar- vita 11. 6. 141 chevêque & des liens ; & bannit tous ses parens , ses domestiques & ceux qui avoient quelque liaison avec lui , sans épargner ni les vieillards decrepits , ni les enfans au berceau , ni les femmes en couche. Il fit jurer à tous ceux qui étoient en âge de le faire, d'aller trouver l'archevêque en quelque lieu qu'il fût, pour l'afliger par leur presence : enfin il”défendit de prier pour lui dans l'église. Il venoit donc tous les jours au S. prélat grand nombre de ces exilez : dont toutefois plusieurs demeurerent en Flandre , aïant été absous par le pape de leur serment, en consideration de leur sexe, de leur âge & de la rigueur de la saison. Les autres venoient à Pontigni fatiguer l'archevêque par leurs cris & leurs plaintes des maux qu'ils souffroient pour fa cause. Ne pouvant les garder auprès de lui , il les envoïoit en divers païs avec des lettres de recommandation ; & ils trouvoient par tout du secours , tant par la compassion que l'on avoit d'eux , que par l'indignation qu'excitoit la cruauté du roi d'Angleterre. Il y eut même de ces bannis qui se trouverent mieux au licu de leur cxil que dans leur patrie. Entre ceux qui furent persecutez à cause du saint archevêque, on remarque la fermeté de S. Gilbert Gilberede semde Sempringam. On raporta au roi que XV. Fermeté de S: lui & les pringam. Vita Gilb. Men. se purger par fiens, avoient envoïé à Thomas en France depuis An. 1164. son exil de grandes sommes d'argent. Or, quoi que ce raport fût faux, toutefois parce qu'on le croïoit on obligea Gilbert, tous les superieurs & tous les procureurs de son ordre à se presenter devant les juges du roi , pour être tous bannis , s'ils étoient convaincus du fait. Les juges aïant pitié de Gilbert dont ils connoissoient la sainteté, lui offrirent de ferment de cette accusation, promctcant de le renvoïer absous lui & les siens. Mais Gilbert déclara qu'il aimoit mieux aller en exil, que de prêter ce ferment. Car encore qu'il fçût bien, qu’un ferment contenant verité ne peut nuire à celui qui le fait, mais tout au plus à celui qui l'exige : toutefois il crur de mauvais exemple de fe justifier d'une telle accusation, comme si c'eût été un crime de secourir en un tel cas un prelat fouffrant pour l'église. Comme donc il refusoit le serment & que les juges n'osoient le condamner, il demeura quelque tems à Londres avec les ficns : qui se voïant à la veille d'abandonner leurs maisons pour un serment qu'ils étoient prêts à faire , étoient dans la crainte & l'affliction , pendant que Gilbert affectoit de témoigner sa joïe en toutes manieres. Le dernier jour du terme , comme ils s'atten- . doient tous à être bannis, arriverent des mesfagers du roi qui étoit deça la mer de remettre l'affaire de Gilbert jufques à qu'il en prît par lui-même une plus ample connoissance. Ausli-côr Gilbert fut renvoïé avec les siens ; & alors se voïant librc, il déclara aux juges, avec ordre ce 10. 3. p.691. ز XVI. Thomas à Pontigni. mais sans aucune forme de ferment, que ce qu'on An. 1165. Thomas de son côté touché de ce que les siens que de legumes seches & insipides , suivant Cependant on portoit des paroles entre le pape C.16. pas le me- Tome XV. Сс An. 1165. XVII. Allemblée de Viribourg To. X. Conc. p. 1438. Guill. Ncubr. JI.7.16. an. 1168, exact qui puisse penetrer ses sentimens. Sur cette réponse le pape manda au roi : Il est inoüi que l'église Romaine ait éloigné quelqu'un de sa compagnic au gré du prince , particulierement un homme exilé pour sa justice : au contraire le S. liége est en droit de proteger les opprimez , même contre l'indignation des princes. Ainsi la conference fut rompuë. En Allemagne l'empereur Frideric assembla une grande cour à Virsbourg en Franconie, le vingttroisiéme de Mai jour de la Pentecôte 1165. A cet te assemblée se trouva entre autres Reinold élû chr. Reicherf• archevêque de Cologne , qui dit, que l'empereur ne feroit rien contre Roland, ainsi nommoit-il le pape Alcxandre , s'il ne suivoit le conseil qu'il I.up. 1. ep. 72. alloit donner. Car ajoûta-t-il , la meilleure partie de l'empire est pour lui , entre autres l'archevêque de Salsbbourg à celui de Maïence : mais j'ai attiré à l'obéissance de nôtre pape Pascal un plus grand nombre d'évêques que nous sommes , savoir ceux que le roi d'Angleterrc lui donnera au nombre de plus de cinquante.. Pour preuve de ce qu'il avançoit , il presenta deux clercs envoïez du roi d'Angleterre Jean d'Oxford & Richard d'Ivelcestre. Car ce prince n.al satisfait du pape Alexandre , avoit écrit à l'archevêque de Cologne une lettre où il disoit, que par le conseil de tous les barons & du consentement du clergé, il avoit resolu d'envoïcr à Rome l'archevêque d’Yorc , l'évêque de Londres , l'archidiacre de Poitiers , Jean d'Oxford , & Richard de Luci, Vita S. Th. 11. 6. 20. II. cp. 66. |