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pour dénoncer au pape Alexandre & à fes cardinaux, qu'ils ne donnaffent plus de protection à Thomas, qu'ils laissassent au roi la liberté de mettre un autre archevêque à Cantorberi, & qu'ils declaraffent nul tout ce que Thomas avoit fait. Enfin pour faire promettre au pape que lui & fes fucceffeurs conferveroient les coûtumes d'Angleterre telles qu'elles avoient été du tems de Henri I. autrement que le roi Henri II. abandonneroit l'obédience d'Alexandre. Pour cet effet il prioit l'archevêque de Cologne de lui envoïer un chevalier Hofpitalier, afin de conduire fes envoïez par les terres de l'empereur. L'archevêque de Cologne aïant reçû cette lettre consulta l'empereur sur la réponse qu'il y devoit faire, & l'empereur lui écrivit qu'il falloit fatisfaire le roi d'Angleterre : On envoïa donc un Hofpitalier nommé frere Raoul, qui conduifit par les terres de l'empereur ceux que le roi d'Angleterre vouloit envoïer à Rome: c'est-à-dire Jean d'Oxford & Richard d'Ivelceftre.

AN. 1165.

L'archevêque de Cologne les aïant prefentez à l'affemblée de Virfbourg, l'empereur promit de fuivre fon avis, & le prélat le proposa ainsi : Il faut que l'empereur jure en prefence de toute fa cour que de fa vie il ne reconnoîtra pour pape Roland, ni aucun de fon parti; mais qu'il demeurera inviolablement attaché au pape Pascal : que fi l'empereur vient à mourir fes fucceffeurs obferveront le même ferment. Il obligera les seigneurs à jurer de même, & à promettre qu'ils nc couron

ep.72.

AN. 1165.

neront point de roi pour lui fucceder, qui ne le jure auffi. Les feigneurs dans fix femaines après qu'ils feront retournez chez eux, feront faire le même ferment à tous les abbez, prevôts & autres superieurs ecclesiastiques : aux chevaliers & à tous les autres qui ont des fiefs dans leur territoire, fous peine de confifcation, de dégradation, de privation de charges & de bannissement.

L'empereur approuva cet avis : mais il fut trouvé bien dur par quelques prélats, & l'archevêque de Magdebourg declara, qu'il ne prêteroit point de ferment que l'achevêque de Cologne ne fe fit facrer, pour montrer à tout le monde qu'il agiffoit fincerement. Comme il refufoit de le promettre, l'empereur irrité lui dit : Il paroît manifeste que vous avez été un traître & un trompeur, en me donnant un pape à mon insceu avant la reception des lettres par lefquelles je vous défendois de proceder à l'élection. Vous m'avez plus trahi que l'archevêque élû de Maïence que vous en accuficz; & qui me donnoit un bon confeil, que puifque Dieu m'avoit delivré de Victor, je ne me foûmiffe point à fon fucceffeur. Il faut donc que vous tombiez dans le piége que vous avez preparé, & que vous faffiez le ferment quand tous les autres le refuferoient.

L'archevêque de Cologne ainfi preffé ne put s'en dédire, & fondant en larmes il fit le premier le ferment qu'il avoit propofé, & promit de recevoir les ordres & la confecration épiscopale. Il presenta auffi les envoïez d'Angleterre qui jurerent

au nom de leur roi, qu'il obferveroit inviolable- AN. 1165. ment tout ce que l'empereur auroit juré. L'empereur fit donc le ferment, mais avec cette reftriction fuggerée par l'archevêque de Magdebourg, que fi les deux papes Alexandre & Pascal mouroient en même tems, que les cardinaux des deux obédiences s'accordaffent fur un même fujet, il feroit libre à l'empereur de le recevoir : pourvû toutefois, ce que l'archevêque de Cologne fit ajoûter, que l'élection fut faite du confentement de l'empereur. Enfuite quatre princes qui étoient prefens firent le ferment, favoir le duc de Saxe, le marquis de Brandebourg Albert le vieux : Conrad comte Palatin du Rein frere de l'empereur, & son beau-frere le Lantgrave Loüis.

Quand ce vint aux évêques, tous excepté celui de Verden dirent, qu'ils aimoient mieux abandonner les regales que de prêter un tel ferment: mais on leur répondit, qu'il falloit bon gré malgré faire le serment & garder les regales. Ils jurerent donc, mais avec beaucoup de larmes & de gemiffemens. L'archevêque de Magdebourg jura le premier, mais à ces conditions, que tous les autres qui étoient abfens jureroient,* & qu'il feroit quitte de ce ferment quand il cefferoit de poffeder les regales. L'évêque de Bamberg après diverfes excufes jura que tant qu'il voudroit garder les regales il donneroit aide & confeil à l'empereur fur cette affaire. L'évêque de Verden & celui qui étoit intrus à Halberftat jurerent purement & fimplement comme l'archevêque de Co

AN. 1165.

V. Pagi. an. 1663.

logne. L'évêque de Verdun & celui de Frifingue s'excuferent fur l'abfence de leurs archevêques & obtinrent un délai jufques à la S. Pierre. Le pa-. Chr. Reicherp triarche d'Aquilée, l'archevêque de Salfbourg ni 7. 16. 1. ep. 70. ́ ́ celui de Tréves ne se trouverent point à cette asfemblée ni aucun de leur fuffragans. L'archevêque. de Maïence étoit Conrad frere d'Otton comte Palatin, qui s'étoit retiré fecretement de la cour de l'empereur, & cette même année 1165. étoit venu en France trouver le pape Alexandre, avec lequel il passa en Italie ; & le pape le fit cardinal & évêque de Sabine. A fa place l'empereur mit à Maïence Chriftien fon chancelier qu'il avoit fait élire dès l'année 1161.

Or quoi qu'il y eût fi peu d'évêques à l'assemblée de Virfbourg, l'empereur ne laiffa pas de dire dans la lettre qu'il écrivit fur ce fujet, que les archevêques & évêques qui avoient fait ce ferment étoient au nombre de quarante. Il eft vrai qu'il y comprend ceux qui n'étoient qu'élûs; & iÎ ajoûte, que le famedi des quatre-tems ils reçûrent tous les ordres facrcz. Il dit auffi que tous les princes feculiers ont fait le ferment, mais il ne nomme que les quatre qui ont été marquez. Enfin il dit, qu'il a promis de ne jamais recevoir l'abso¬ lution de ce ferment. Cette lettre eft adreffée à tous les peuples de l'empire & dattée de Virsbourg premier jour de Juillet. L'empereur écrivit de même aux seigneurs de l'empire en particulier, comme on void par la lettre adreffée à l'abbé de Stavelo.

le

Le pape Alexandre fut
Alexandre fut promptement averti de AN. 1165.

Plainte du pape

1. ep. 37.

ce qui s'étoit paffé à Virfbourg; & il écrivit auffi- XVIII. tôt à Gilbert évêque de Londres, le prélat le plus contre le roi d'Anaccredité auprès du roi d'Angleterre, pour fe plain- gleterre. dre, que ce prince avoit abandonné l'églife, en communiquant avec des fchifmatiques & des gens nommément excommuniez; & qu'il la perfecutoit en la perfonne de l'archevêque de Cantorberi. C'est pourquoi le pape ordonne à Gilbert de fe joindre avec Robert évêque d'Herford, & tous deux enfemble de faire leurs efforts pour ramener le roi à la veneration qu'il doit à l'église Romaine : enforte qu'il n'empêche point d'aller à Rome, ni d'y appeller : qu'il retablisse l'archevêque dans fon fiége, & qu'il protege dans fes états l'église qu'on l'accufe d'opprimer. Enfin le pape charge l'évêque de faire lever le denier S. Pierre de l'année cou

rante par toute l'Angleterre, & lui envoïer le plûtôt qu'il fera possible. Et en attendant, ajoûte-t-il, que vous l'aïcz reçû, vous nous l'avancerés dans le premier jour d'Août de vôtre argent ou de celui que vous pourrez emprunter: à la charge de vous rembourfer fur le denier même. Il nous fera auffi agréable que fi vous nous le donnicz. C'est que lc pape avoit befoin d'argent pour fon voïage. La lettre eft dattée de Clermont en Auvergne le dixième de Juillet 1165.

Le pape étoit alors en chemin pour retourner à Atta ap. Bara Rome, où il étoit defiré depuis la mort de l'antipape Octavien. Après la fête de Pâques, qui cet te année 1165. fut le quatrième d'Avril, il quita

cet

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