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AN. 1167.

pape Alexandre; & l'aïant fuivi en France il revint
avec lui en Italie, & mourut à Benevent le vingt-
huitiéme de Mars 1166. après avoir été vingt ans
archevêque de Milan. Il eut pour fucceffeur le car-
dinal Galdin né à Milan de la famille noble des
Vavaffeurs de Sale, qui aïant été inftruit des sain-
tes lettres & élevé dans le clergé de la grande
églife, en fut archidiacre fous l'archevêque Ri-
balde & fous Hubert fon fucceffeur. Il fut toûjours
attaché à ce dernier & le fuivit dans fon exil, ce
qui donna occafion au pape Alexandre de connoî-
tre fon mérite, enforte que quand ils furent de
retour en Italie, il appella Galdin à Rome du con-
fentement de l'archevêque qui étoit à Bene-
vent; & au mois de Decembre 1165. l'ordonna
prêtre cardinal de fainte Sabine. Après la mort de
Hubert, le clergé de Milan, qui étoit difperfé,
ne pouvant proceder à l'élection d'un archevêque,
le pape appella le tréforier Algife de la famille des
Pirovans, le cardinal Galdin & les autres de ce cler-
gé qu'il put trouver, & à leur priere il facra Galdin
archevêque de Milan le huitiéme de Mai 1166. qui
étoit le fecond dimanche après Pâques. Il tint le
fiége de Milan dix ans jour pour jour. Quand il
cut apris le rétablissement de fa patrie qu'il de-
mandoit à Dieu par de ferventes prieres, il fe mit
en chemin pour y retourner avec la qualité de lé-
gat du
pape, & pour
pour éviter les partisans de l'empe-
reur, il s'embarqua en habit de pelerin & vint
mer à Venife: puis étant entre en Lombardie il
reprit l'habit & les marques d'évêque. Quand il

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par

AN. 1167.

me.

XLI. L'empereur Fri

Acta ap. Bar.

eod.Chron.gr.Saxo cod.

fut près de Milan, tous les citoïens & le clergé vin→ rent au-devant de lui, & le reçurent avec une ex¬ trême joïc le cinquième jour de Septembre 1167.

D'un autre côté les Romains fortirent au nomderic devant Ro. bre de quarante mille le vingt-septiéme de Mai de la même année qui étoit la veille de la Pentecôte, an. 1167. V. Pagi & attaquerent Tufculum, qui tenoit pour l'empereur Frideric. Christien archevêque élu de Maïence schismatique l'aïant apris, vint camper auprès des Romains avec les troupes compofées de Flamans & de Brabançons : mais elles étoient prêtes à fuïr, quand Reinolde chancelier de l'empereur & archevêque élu de Cologne vint au fecours & battit les Romains, enforte qu'il y en cut huit mille de tucz, quatre mille de pris & le reste fut mis en fuite. Cette victoire des Allemans arriva le lundi de la Pentecôte. L'empereur qui étoit cependant occupé au fiége d'Ancone, marcha vers Rome après l'avoir prife, & y arriva le feiziéme de Juillet. Le lendemain il attaqua le château faint Ange & enfuite l'église de S. Pierre où il fit mettre le feu, ce qui obligea de la rendre. Alors le pape Alexandre quitta le palais de Latran & fe retira avec les cardinaux & fleurs familles dans les maifons fortes des Frangipanes. Le jeune roi de Sicile lui envoïa deux galeres avec de l'argent, pour le retirer des mains de l'empereur. Elles arriverent à Rome par le Tibre: mais le pape les renvoïa & prit seulement l'argent qu'il diftribua dans Rome pour encourager le peuple à le défendre.

L'empereur voïant qu'il ne pouvoit la prendre

par force, s'adressa aux évêques & aux cardinaux AN. 1167. qui l'étoient venu trouver de la part du pape; & leur fit dire par Conrad archevêque catholique de Maïence: Si vous pouvez perfuader à Alexandre de renoncer au pontificat fans préjudice de son ordination, je ferai Pascal que y renoncera auffi, & on élira pour pape un troifiéme. Alors je donerai à l'églife une paix folide, & je ne me mêlerai plus de l'élection du pape, je rendrai aux Romains tous leurs prifoniers & tout ce qui fe trouvera de butin fait fur eux. Cette propofition parut très-favorable au peuple de Rome fatigué de la guerre, ils dirent tous d'une voix qu'il falloit l'accepter, & qu'Alexandre pour racheter fes citoïens auroit dû faire encore plus que de renoncer au pontificat. Mais les évêques & les cardinaux, après en avoir déliberé, répondirent unanimement à Frideric : Il ne nous apartient pas de juger le pape que Dieu a refervé à fon jugement; & le pape de concert avec eux fortit fecretement de Rome en habit de pelerin pour se dérober au peuple. Il passa à Terracine & à Gaëte, puis il fe retira à Benevent, où il étoit dès le vingt-deuziéme d'Août, & les cardinaux l'y fuivirent.

Romuald. Salern,

Cependant l'antipape Pascal qui étoit à Viterbe Acerb. Moreattendant l'arrivée de l'empereur, s'approcha de "ap.$45. Rome & celebra la meffe folemnellement à faint Pierre avec fes cardinaux le dimanche trentiéme de Juillet ; & le mardi fuivant jour de S. Pierre auxliens, il couronna dans la même église l'empereur Frideric & l'imperatrice Beatrix fon épouse avec

AN. 1167. des couronnes d'or ornées de pierreries. Alors les Romains voïant qu'ils ne pouvoient plus tenir conre l'empereur, enforte qu'ils n'ofoient même paffer le Tibre, réfolurent de traiter avec lui, & lui prêterent ferment de fidelité, promettant de reconnoître Pascal pour pape. Toutefois les Frangipanes & quelques autres nobles qui avoient dans Rome des Tours & des maifons fortes, difficiles à prendre fi promptement, n'entrerent point dans ce traité. Pour recevoir le ferment des autres l'empereur envoïa au-delà du Tibre des commiffaires, entre lefquels étoit Acerbo Morena citoïen de Lodi & juge de la cour imperiale, qui a écrit l'histoire de fon tems, continuée par fon fils Otton.

Mais dés le lendemain mercredi second jour d'Août aprés un peu de pluie furvint un coup de foleil, qui caufa dans l'armée de l'empereur une mortalité effroïable. A peine pouvoit-on fuffire à enterrer ceux qui mouroient chaque jour, & on voïoit tomber morts ceux qu'on avoit vû marcher le matin dans les rues. Cette maladie emporta quantité de prélats & de feigneurs, entre autres Reinold archevêque de Cologne homme de beaucoup d'efprit & de capacité, & un des principaux miniftres de l'empereur, qui n'étoit pas encore facré, bien qu'élû dés l'an 1161. Son fucceffeur fut le Chron.Saxo.1168, chancelier Philippe. Cette mortalité obligea l'empereur à fe retirer de devant Rome dés le fixiéme d'Août,.& les peuples de Lombardie révoltez conFrideric excom- tre lui le chargerent dans fa retraite.

XLIII.

munié parAlexan

dre.

Saint Thomas de Cantorberi aïant apris la nou

velle de cette retraite honteufe de Frideric par le

bruit quien couroit en France, écrivit au pape Ale- AN. 1167. xandre, pour le prier de lui en apprendre la verité 11. p. 22. & pour l'en féliciter. Il compare cette défaite à celle de Sennacherib: il ne regarde plus Frideric comme prince, parce qu'il étoit excommunié, & conclut ainfi : qui ofera deformais tenant en terre la place de J. C. fe foûmettre à la volonté des princcs pour la confufion de l'églife en ne puniffant pas les coupables ? L'ofe qui voudra: ce ne fera moi, pour ne pas m'attirer la peine du coupable,

pas

210. to. x. conc.p.

en diffimulant la vengeance. Jean de Sarifberi ex- 11. ep. 89. fo. ep. plique plus clairement cette excommuniçation de 1450. Frideric dans une lettre écrite vers le même tems où il dit : Le pape aïant attendu long-tems en patience le tyran Teutonique, pour l'exciter à penitence, & ce fchifmatique continuant d'ajoûter pechez fur pechez: le vicaire de S. Pierre établi de Dieu fur les nations & les roïaumes, a abfous les Italiens & tous les autres, du ferment de fidelité par lequel ils lui étoient engagez, à caufe de l'empire ou du roïaume ;.& lui a ainfi enlevé prefque toute l'Italie. Il lui a auffi ôté la dignité roïale, l'a frappé d'anathême,& a défendu par l'autorité de Dieu qu'il ait à l'avenir aucune force dans les combats, qu'il remporte la victoire fur aucun Chrétien, ou qu'il ait nulle part ni paix ni repos, jufques à ce qu'il faffe de dignes fruits de penitence. En quoi le pape a fuivi l'exemple de Gregoire VII. fon predeceffeur, qui de nôtre tems a dépofé de même l'empereur Henri dans un concile Romain. Jean de Sarisberi

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