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AN. 1168.

LIV.

Rugiens.

C. 12.

287.

Saxo.lib. 14. f.

V. Pagi. an. 1164. 7. 13.

de l'empire Grec en qualité d'apocrifiaire vint trous ver le pape à Benevent, lui prefenta de grandes fommes d'argent, & lui offrit de la part de Manuel toute forte de fecours contre Frideric, & la réunion de l'église Greque à la Romaine, demandant pour fon maître la couronne imperiale.

Le pape par le confeil des cardinaux & des nobles Romains, répondit : Nous rendons graces a l'empereur vôtre maître & recevons avec plaifir les témoignages de fa bonne volonté, mais ce qu'il demande touchant l'empire eft fi important, fi difficile & fi dangereux, que les decrets des peres ne nous permettent pas d'y confentir : puifque par le devoir de nôtre charge nous devons être les auteurs & les confervateurs de la paix. Il renvoïa ainfi l'apocrifiaire avec tout l'argent qu'il avoit aporté, & le fit fuivre par deux cardinaux qu'il envoïa à l'empereur Manuel.

La même année le pape Alexandre foûmit à l'éConvertion des vêque de Rofchid l'ifle de Rugen nouvellement Helmod.lib.11. convertie. Car Valdemar roi de Danemarc leva des troupes & arma des vaiffcaux pour subjugucr les Sclaves Rugiens habitans de cette ifle. Il affiégea leur capitale, nommée Arcon, mais inconnuë aujourd'hui, & la prit à compofition. Les premiers articles de la capitulation furent, qu'ils livreroient au roi leur idole nommé Suantovit avec tout fon tréfor, qu'ils délivreroient fans rançon les Chrétiens captifs & embrafferoient eux-mêmes la reli gion Chrétiene; qu'ils donneroient aux églifes les terres confacrées à leurs faux dieux. Suantovit que

Helm.1.c.6.

Sup.lib.LVI. mi

Liv.XLVII.n Si

ces barbares tenoient pour le premier de leurs AN. 1168.. dieux, étoit originairement le martyr S. Vitus, que l'église honore le quinziéme de Juin. Les pre- 17. miers qui porterent la foi Chrétiene dans l'églife de Rugen étoient des moines de Corbic en Saxe, où les reliques de ce martyr avoient été transferées. Ces moines y aïant fait quelques converfions du tems de Louis le Germanic, y fonderent une église fous l'invocation de leur faint patron, mais ces peuples étant retombez dans l'idolâtrie, oublierent le vrai Dieu & mirent à fa place ce martyr, qu'ils nommerent en leur langue Suantovit, & en firent une Idole. Tant il eft dangereux d'enfeigner.troptôt à des idolâtres le culte des faints & de leurs images, avant que de les avoir inftruits à fonds & affermis dans la connoiffance du vrai Dieu.

Suantovit avoit un temple magnifique pour le païs au milieu de la ville d'Arcon, fon idole étoit de taille gigantefque & avoit quatre têtes, dont deux regardoient devant & deux derriere. A fa main droite il tenoit une corne ornée de differentes fortes de métaux, le pontife l'empliffoit de vin tous les ans, & felon que ce vin diminuoit ou non, il prédifoit la fterilité ou la fertilité de l'année. On facrifioit à cette idole des animaux, dont on faifoit enfuite de grands feftins; & on lui immoloit même des hommes, mais feulement des Chrétiens. Tout le païs lui apportoit des offrandes & des tributs, fon pontife étoit beaucoup plus confideré que le rọi.

Le lendemain que la ville d'Arcon cut capitulé,

Saxo. p. 192.

AN. 1168. Valdemar envoïa deux officiers pour la démolition de ce coloffe, & ils rccommanderent bien à leurs gens d'ufer de précaution pour n'être pas accablez de fa chute, ce que les barbares n'auroient pas manqué d'attribuer à la puiffance de leur dieu & à la punition du facrilege. L'idole étant tombée avec un grand fracas, fut tirée hors de la ville & traî née dans le camp des Danois, où elle fut le spectacle de toute l'armée ; le foir on la mit en pièces, & le bois dont elle étoit compofée fervit au feu des cuisines. Enfuite on brûla le temple qui étoit auffi de bois ; & celui des machines qui avoient fervi au fiége, fut emploïé à bâtir une églife. On en fonda jusques à douze dans le païs & on y établit des prêtres. Le roi Valdemar fut secondé en cette occafion par deux évêques qui l'accompagnoient, Abfalom de Rofchild, & Bernon de Meclebourg. Le prince des Rugiens nommé Jaremar, aida beaucoup à la converfion de fes fujets. Car dès qu'il fut inftruit de la religion il courut avec ardeur au baptême, & ordonna à tous les fiens de le recevoir avec lui: enfuite il prêchoit lui-même ce peuple farouche, pour l'amener, foit par raisons, foit par

Helm.c.13

menaces à la douceur du Chriftianisme. Car de toutoute la nation des Sclaves, les Rugiens feuls étoient démeurez jusques alors dans les tenebres de l'idolâtrie, leur habitation dans une ifle étant d'un accès difficile. Leur converfion arriva l'an 1168. & c'eft le dernier évenement confiderable de la cronique des Sclaves, compofée par le prêtre Helmod & commençant à Charlemagne,

Le pape

L V.

Eglife d'Allo

Le pape Alexandre aïant apris par les lettres du AN. 1168. roi Valdemar l'heureux fuccés de fon entreprise & la converfion des Rugiens, écrivit une lettre à Abfalom évêque de Rofchild, où il dit : Comme cette magne. ifle eft trop petite pour avoir un évêque particulier, le roi à la priere de ce peuple nous a prié de vous en donner la conduite pour le fpirituel : nous en avons auffi été priez par Esquil archevêque de Londen & legat du faint fiége, par les évêques & les feigneurs du roïaume & par l'archevêque d'Upfal: c'est pourquoi nous vous commettons à perpetuité le gouvernement fpirituel de cette ille. La lettre eft dattée de Benevent le quatrième de Novembre 1168.

an. 1168.

Hift. arch.

Brem. p. 105.

La même année au mois d'Octobre mourut Chr. Alb. Stard Hartuic archevêque de Breme, & cette églife fe trouva divifée par une double élection: les uns élurent Sifrid fils d'Albert l'Ours marquis de Brandebourg, les autres le doïen Obert: mais les deux élus furent obligez de fe retirer par l'autorité du duc de Saxe. Enfuite l'empereur tint une cour à Bamberg où les deux élections furent caffées & Baudouin prevôt d'Halberftat fut intrus dans le fiége de Breme par la volonté du duc, à qui il abandonna les biens de cette églife. Il fut ordonpar les fchifmatiques, reçût le pallium de l'antipape, & tint le fiége de Breme dix ans. Sifrid fut éveque de Brandebourg.

En Baviere, Conrad archevêque de Salfbourg mourut la même année 1168. le vingt-huitiéme de Septembre, aprés avoir beaucoup fouffert pour la

Chr. Riherpf an. 1168.

AN. 1169.

défense de l'église catholique de la part de l'empereur Frideric fon cousin germain & des schifmatiques : car ce prelat avoit toûjours reconnu le pape Alexandre. On élut pour lui fucceder Albert fon neveu fils de Ladiflas roi de Bohême, par un commun consentement du clergé, des officiers & du peuple. Albert n'étoit que diacre & encore jeune: il fut intronisé dans le fiége de Salsbourg le jour de la Touffaints; & l'année suivante 1169. il fut ordonné prêtre & enfuite archevêque le quinziéme de Mars famedi des quatre-tems de carême par Uldaric patriarche d'Aquilée. Peu de tems aprés on lui aporta le pallium de la part du pape Alexandre.

I. Conference de Montmirail.

an. 1168. 1169.

LIVRE SOIXANTE-DOUZIEME.

V

ERS la fête de Noël 1168. il y eut des propofitions de paix entre le roi de France & Gervaf. Dorob. le roi d'Angleterre, portées de part & d'autre par des ecclefiaftiques & des religieux leurs fujets : & pour conclure le traité on marqua une conference au jour de l'Epiphanie de l'année suivante. Ce jour donc les deux rois s'affemblerent à Montmirail au Maine, & la paix y fut confirmée. Le roi d'Angleterre, dit au roi de France: Seigneur, en ce jour où trois rois ont offert des prefens au roi des rois, je me mets fous vôtre protection avec mes enfans & mes états. Alors Henri fon fils aîné s'approcha & reçût du roi de France la feigneurie

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