Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN, 1169.

III. ep. 79.

III. Thomas

ccclefiaftiques.

em

reçûës de ses ancêtres, quoi qu'on prétende qu'elles ne s'accordent pas avec la loi de Dieu : je veux encore moins perdre l'ancien droit de ma couronne. Car la France a de tout tems accoûtumé de protéger les miferables & les affligez, & principalement de recevoir ceux qui font exilez pour la juftice. J'ai reçu l'archevêque de Cantorberi de la main du pape, que je reconnois feul pour seigneur fur la terre : c'est pourquoi je ne l'abandonnerai ni pour empercur ni pour roi, ni pour aucune puiffance du monde.

Alors Thomas voïant qu'il ne pouvoit avoir la ploie les cenfures paix par la douceur, voulut effaïer de l'obtenir par la fevérité : ainfi par fon autorité d'archevêque & celle qu'il avoit reçue du pape comme legat, il envoïa des lettres de tous côtez, par lesquelles il fufpendoit & excommunioit tous ceux qui agiffoient contre l'églife, exprimant les noms des perfonnes & les caufes de la cenfure. Il excommunia fpecialement ceux qui avoient pillé les biens de l'églife de Cantorberi, ou qui les retenoient; & renouvella l'excommunication contre Gilbert évêque de Londres, lui enjoignant de l'observer. Ger. p. 1407. Ces cenfures étant répandues par tout à peine le roi trouvoit-il quelqu'un dans fa chapelle qui pût lui donner à la messe le baiser de paix : car presque tous étoient excommunicz, ou directement, ou pour avoir communiqué avec les autres. Le refte des évêques & des feigneurs craignant de pareilles cenfures réïtercrent leurs apellations contre l'archevê& le roi ne pouvant fouffrir la condamnation

111. ep. 39. Radulf. de Dice

to an.1169. p. 153.

que;

de fes

111. ep. 3.

I

de fes domestiques, envoïa à Rome deux archidia- AN. 1169.
cres Renaud de Sarıfberi & Raoul de Landaf: se
plaignant de cette injure & demandant de nou-
veaux légats, pour abfoudre les excommuniez &
faire la paix, de peur qu'il ne fût obligé de pour-
voir d'ailleurs à sa fûreté & à son honcur. Thomas
envoïa auffi à Rome de fon côté & fit écrire au pa-
pe par le roi Louis & par les évêques & les fei-
gneurs de France qui avoient affifté à la conferen-
ce de Montmirail: afin que le pape fût informé
à quoi il avoit tenu que la paix ne fe fit.

Le roi Henri ne fe contenta pas d'agir directe-
ment auprès du pape, il envoïa aux villes d'Italie,
& promit aux Milanois trois mille marcs d'argent.p.80.
pour la reparation de leurs murailles, afin qu'avec
les autres villes, qu'il s'efforçoit de gagner, ils ob-
tinffent du pape la dépofition ou la translation de
Thomas. Car il avoit promis pour la même cau-
fe deux mille marcs aux Cremonois,mille aux Par-
mesans, & autant aux Boulonnois. Il offroit au pa
pe de l'argent pour le délivrer de l'exaction des
Romains; & dix mille marcs de plus, avec la li-
berté de difpofer comme il lui plairoit des églises
vacantes d'Angleterre. Mais l'excés de fes promeffes
& l'injustice de fes demandes, empêcherent qu'il
ne fut écouté. Il fit encore agir au nom du roi de
Sicile dont le credit étoit grand à Rome, ce qui
fut inutile & tout ce qu'il put obtenir fut que le
pape envoïeroit des nonces pour procurer la paix.

Cependant Thomas fachant les mouvemens que le roi fe donnoit contre lui, & qu'il follicitoit le Tome XV.

[ocr errors]

IV.

Lettre de Thomas au Card.dof tje.

1

111. ep. 79.

Sup. VI. 7.

AN. 1169. pape de l'appeller en Italie, écrivit ainfi à Humbaud cardinal évêque d'Oftie fon ami, qui fut depuis le pape Lucius III. Comme il eft évident que le roi d'Angleterre ne cherche qu'à opprimer la liberté de l'églife, & bannir de fes états l'autorité du S. fiége, tous les hommes fages & craignans Dieu admirent comment l'églife Romaine l'a fouffert fi long-tems avec tant de patience. Quelle gloire eft-ce devant Dieu ou devant les hommes, de juger les pauvres & ne point reprimer les crimes des puiffans, que la vraie justice punit plus rigoureusement que les autres ? Qui jamais au vû & au fû du pape a tant abufé des biens de l'églife, que fait à prefent le roi d'Angleterre ? Il y a cinq ans qu'il poffede mon évêché, il a tourné à fon ufage ceux de Lincolne, de Bath, d'Herford & d'Eli, il a distribué à fes chevaliers prefque toutes les terres de l'église de Landaf, & il ne permet point d'ordonner d'évêque à Bangor vacant depuis près de dix ans. Je ne parle point des abbaïes dont je ne fai pas le nombre. Il fe vante de faire tout cela en vertu de ces coûtumes, que l'églife Romaine devroit avoir publiquement condamnées dès le commencement.

C'est donc parce que je ne veux pas abaiffer l'églife, que le roi vous demande ma dépofition; parce que je ne veux pas abandonner la loi de Dieu, il demande que je fois transferé à une autre églife fans neceffité & utilité ; parce que je ne veux pas prendre part à fes injuftices, il demande que vous m'appelliez, afin que dans le passage il puisse

trafiquer mon fang. Car à quel autre deffein fol- AN. 1169.. licite-t-il pour me perdre les Milanois, les Cremonois & les Parmefans qu'il a corrompus par argent? Quel mal ai-je fait à Pavie & aux autres ville d'Italie , pour procurer mon exil? Et enfuite : N'at-on pas attiré les Fragipanes, les Latrons, la famille de Pierre de Leon & les autres Romains les plus puiffans, pour foûmettre l'église Romaine? On promet même de lui donner la paix avec l'empereur & les Saxons, & d'obliger par argent tous les Romains à prêter ferment de fidelité au pape, pourvû qu'il fatisfaffe le roi d'Angleterre par ma dépolition. Vous voïez qu'elle fûreté & quelle agrément il me preparoit en ce voïage, & il ne fe mettoit pas en peine où je prendrois de quoi en faire les frais & de quoi fatisfaire à mes créanciers. Enfin on a beau m'appeller, je ne m'exposerai jamais à ce voïage, où ma vie feroit en péril.

V. Gratien & Vivien nonces vers

re.

III. ep. 80.

Les nonces que le pape envoïa au roi d'Angleterre furent Gratien neveu du pape Eugene III. soûdiacre & notaire de l'églife Romaine, avec le le roi d Angleterdocteur Vivien archidiacre d'Orviete & avocat en cour de Rome. Le pape lui donna la formule de la paix qu'ils devoient traiter, & leur fit prometre par ferment, de n'en point exceder les termes. Il leur défendit de foufrir que le roi les défraïât, jufques à ce que la paix fut concluë; & de faire aucun féjour au-delà du terme qui leur étoit prefcrit favoir la S. Michel de la même année 1169. Les nonces étoient chargez de deux lettres, l'une

III. ep. 1.

111. ep.2.

a

AN. 1169. à l'archevêque de Cantorberi, par laquelle le pape lui confeilloit & lui ordonnoit de ne porter aucune fentence contre le roi, le roïaume, ou les perfonnes distinguées, jufques au retour de fes nonces; & s'il avoit porté quelque fentence, de la fufpendre jufques à ce terme. Par la lettre au roi, il lui enjoignit de la part de Dieu & pour la remiffion de fes pechez, de rétablir l'archevêque de Cantorberi dans fon églife, & lui rendre fincerement fes bonnes graces. La lettre est dattée de Benevent le dixième de Mai. Ils avoient auffi des lettres pour le roi de France, qu'ils lui rendirent à Souvigni en Bourgogne, où ils le rencontrerent ; & il ne leur confeilla pas d'aller chercher le roi d'Angleterre, qui étoit en Gascogne avec fon armée, parce qu'ils ne pouvoient y arriver fans grand péril. Ils allerent donc à Sens attendre le retour de ce prince.

VI.
Eglifes d'Alle-

magne.

an. 169.

Cependant l'empereur Frideric tint à Bemberg une diete ou cour generale à la Pentecôte,qui cette Chr.Reichert année 1169. fut le huitiéme de Juin. A cette affemblée se trouverent les prétendus cardinaux, légats de l'antipape Calliste III. & du confentement de tous les feigneurs prefens, l'empereur y fit élire pour roi & couronner Henri VI. fon fils; âgé seulement de cinq ans.

été

Le nouvel archevêque de Salfbourg Albert aïant auparavant appellé par l'empereur, vint à cette diete avec le roi de Bohême fon pere & demanda audience, mais elle lui fut refusée. Car l'empereur avoit réfolu de s'emparer de l'archevêché de Salfbourg; & en effet il y vint au commencement

« AnteriorContinuar »