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du mois d'Août. L'archevêque à la perfuafion des AN 1169. feigneurs & principalement du duc d'Autriche fon oncle, voïant la ruine dont étoient menacées les églifes & les monafteres, ccda au tems & se mit à la difcretion de l'empereur. Il lui réfigna l'archevêché & tous les droits regaliens en prefence des seigneurs : ainfi l'empereur difpofa à fon gré de tous les biens de cette églife. La même année & le vingt-feptiéme de Juin mourut Gerhoh abbé de Reichefperg dans la même province, après avoir gouverné ce monaftere pendant près de trentehuit ans & en avoit vécu foixante & feize. Il étoit fameux par fa doctrine & par fa vertu, & avoit foûtenu avec un grand courage la cause de l'église contre les heretiques & les fchifmatiques fous In-ap. Tegnagok nocent II. & les papes fes fucceffeurs jusques à Alexandre III.

VII.

Conference de

Quand le roi d'Angleterre fut revenu en Normandie les nonces Gratien & Vivien s'y rendirent Domfront. auffi. Le vingt-quatrième d'Août veille de S. Bar- I. p. 6. thelemi, ils arriverent à Domfront; & le foir même le roi venant de la chaffe alla defcendre à leur logis avant que d'aller au fien, & les falua avec beaucoup de refpect.

Le lendemain matin le roi vint encore au logis des nonces & fit entrer avec lui dans la chambre F'évêque de Sées & celui de Rennes : quelque tems, après on fit venir auffi Jean, doïen de Sarifberi & les deux archidiacres Renaud de Sarifberi & Raoul de Landaf. Ils demeurerent enfermez jufà l'heure de None, parlant, tantôt paisible

que

ep.27.

AN. 1169. ment, tantôt avec grand bruit. Les nonces prefenterent au roi la lettre du pape, & quand il l'eût lue il commença par déclamer beaucoup contre l'archevêque de Cantorberi, comme il avoit fait Sup. liv. LXXI. devant les cardinaux Guillaume & Otton; mais

B. 45.

11. ep. 37.

comme le pape lui enjoignit de recevoir ce prélat en fes bonnes graces, il y confentit en quelque maniere, & dit qu'il en prendroit confeil. Il demanda auparavant que les excommunicz fussent abfous, les nonces lui déclarerent le pouvoir qu'ils avoient fur ce point, qui étoit de les faire abfoudre en prêtant ferment de rendre tout ce qu'ils retenoient à l'archevêque de Cantorberi & aux fiens dans la S. Michel, fous peine de retomber dans l'excommunication ; & à la charge que la paix se feroit dans le même terme.

Le roi ne vouloit point que les excommuniez prêtaffent ce ferment:c'est-pourquoi un peu avant le coucher du soleil il fortit en colere en fe plaignant beaucup du pape, & difant que jamais il ne l'écouteroit en rien. Puis il ajoûta : Par les yeux de Dieu je ferai autre chofe. Mais Gratien lui répondit: Seigneur ne faites point de menaces, nous ne les craignons point, nous fommes d'une cour qui a accoûtumé de commander aux empereurs & aux rois. Alors le roi appella tous les barons & les moines blancs, c'eft-à-dire de Cîteaux, qui étoient prefens, & prefque tout le clergé de sa chapelle; & il les pria de rendre témoignage en tems & lieu des ofres qu'il avoit faites, pour le rétabliffement de l'archevêque & de la paix. Enfin il pa

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rut un peu adouci en fe feparant des nonces, & AN. 1169. leur promit dans la huitaine une réponse précise. On s'affembla donc à Baïeux le dernier jour d'Août. L'archevêque de Rouen & celui de Bourdeaux y étoient, & tous les évêques de Normandie. Les nonces prefenterent au roi la lettre du pape, qui le prioit de rétablir l'archevêque, & le roi après avoir propofé à l'ordinaire fes plaintes contre ce prélat, ajoûta: Si je fais quelque chofe pour cet homme, le pape m'en aura bien de l'obligation. Il vouloit toûjours que les nonces donnassent l'abfolution à fes clercs, fans en exiger de ferment & comme ils le refufoient conftamment, le roi courut à fon cheval & la négociation pensa être rompue. Enfin les nonces fe rendirent à la priere des évêques, & le roi accorda le rétour de Thomas, & de tous ceux qui étoient fortis à caufe de lui. Enfuite il demanda aux nonces, qu'ils allaffent en Angleterre, ou du moins un d'eux, pour abfoudre les excommunicz qui y étoient; & comme les nonces le refuferent il fe retira fort en colere, & dit : Faites ce que vous voudrez je ne vous estime ni vos excommunications, la valeur d'un œuf. Enfin il s'appaifa & dit : Je dois faire beaucoup à la priere du pape qui est nôtre seigneur & nôtre pere: c'est pourquoi je rends à Thomas fon archevêché & ma paix, & à tous ceux qui font hors du roïaume pour lui. Les nonces & tous les autres rendirent graces au roi.

Le lendemain premier jour de Septembre, on s'affembla encore fur le midi; & après avoir long

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AN. 1169.

VIII. Conference de

Саёд.

111. ep. 12.

Tix. ep. 13.

tems difputé sur le ferment des excommuniez, on convint enfin que trois qui étoient préfens jureroient fur les évangiles, qu'ils executoroieut l'ordre des nonces. Enfuite on chargea les evêques d'écrire les conditions de la paix, que le roi avoit accordée, mais quand les trois excommuniez eurent été absous, le roi changea les termes du traité & voulut que l'on mit la claufe: Sauf la dignité de fon roïaume, mais Gratien dit qu'il ne l'accorderoit jamais.

On se sépara ainfi à trois heures de nuit, & on convint de fe trouver à Caën huit jours après la Nativité de la Vierge. Gratien refufoit cette clause, parce qu'il voïoit bien que fous le nom de la dignité de fon roïaume, le roi conferveroit les coûtumes contestées & banniroit d'Angleterre l'autorité de l'église Romaine. Les nonces vinrentà Caën au jour marqué, conduits par l'archevêque de Rouen, l'archevêque de Bourdeaux s'y trouva auffi, & les évêques de Lificux, de Vorcheftre, de Sées, de Baïeux & de Rennes, & quelques feigneurs. Le roi étoit allé à Roüen recevoir le comte de Flandres.

A cette conference de Caën les commiffaires du roi preffoient les nonces d'admettre la clause : Sauf la dignité du roïaume, mais ils répondirent:Qu'on mette donc auffi: Sauf la liberté de l'églife. Ce que les commiffaires refuferent ; & l'archevêque de Roüen écrivit au roi : Nous n'avons pû obtenir des nonces, qu'ils approuvaffent le projet de paix que yous nous avez laiffé, il ne vous convient pas

qu'ils fe retirent brufquement & fans efperance de paix. C'eft pourquoi nous fommes convenus, de mettre fimplement que vous permettrez à l'archevêque de Cantorberi de retourner en Angleterre; & lui rendrez fon archevêché comme il l'avoit avant fa fortie. En effet les nonces étoient convenus de cet expedient. Mais le roi les aïant fait venir à Rouen leur manda qu'il n'abandonneroit point la claufe: Sauf la dignité de son roïaume. Les nonces fe retirerent ainfi fans avoir pû rien conclure, & ordonnerent aux archevêques par la foi qu'ils doivent au pape, de déclarer aux excommunicz, qu'en vertu de leur ferment l'abfolution qu'ils avoïent reçûë leur feroit inutile, fi la paix ne fe faifoit avant la S. Michel, qui eft le terme prefcrit par le

pape.

AN. 1169.

III. ep. 37

ep. 27.

III. ep. 20.

Les nonces s'étant retirez firent une derniere tentative, & envoïerent au roi d'Angleterre le doc- Gervafe teur Pierre archidiacre de Pavie, qui fut reçu honêtement, mais renvoïé honteufement, & avec indignité. Cependant le roi envoïa au pape une nouvelle députation avec une lettre où il fe plaignoit que les nonces lui avoient manqué de parole, & le faifoit attefter par des lettres de l'archevêque de Roüen, de Bernard évêque de Nevers & de tout le clergé de Normandie. De quoi le nonce Vivien étant averti, il écrivit auffi au pape une lettre où il lui rendit compte de tout ce qui s'étoit 27 paffé jufques alors : le priant de ne rien croire de ce que l'on pourroit lui dire au contraire. Gratien fut communication de cette lettre : mais il n'écrivit

ep. 21. 22. 2f.

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