Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1169, rien tourne au profit du roi. Les prevôts roïaux, les abbez & les autres ecclefiaftiques conftituez en dignité, ne feront dépofez que pour crime & par jugement canonique. Le roi déclare qu'il fait cette conf titution par le confeil de la reine fa mere,& de tous les prélats & les feigneurs; & elle fert au moins à faire voir les coûtumes abufives, qui regnoient en Hongrie comme dans les autres roïaumes. Le roi Chr. fo Thure Etienne III. mourut le dimanche trentiéme de Janvier 1172.fon frère EtienneIV.lui fucceda pendant quelque mois, puis Bela III. qui étoit aussi son frere.

c. 67. 65.69.

XV.

Eglife de Sicile..

L'églife de Sicile étoit dans un trifte état fous le jeune roi Guillaume II. comme on voit par l'histoire de Hugues Falcand auteur du tems, & par les lettres de Pierre de Blois. Le païs étoit mêlé de Grecs, d'Arabes, de Lombards, de Normans; & ces derniers étoient les maîtres. Sous le nom du jeune roi, c'étoit la reine Marguerite fa mere qui gouvernoit, ou plûtôt ceux qui la gouvernoient elle-même. Pour appuier fon autorité elle pria Rotrou archevêque de Rouen fon oncle, de lui cnvoïer quelqu'un de fes parens, il lui envoïa Etienne fils du comte de Perche, qu'elle fit chancelier de Sicile; & peu après il fut élu archevêque de Palerme capitale du roïaume, au grand déplaifir de plufieurs prélats qui afpiroient à cette dignité entre autres Richard évêque élu de Syracuse Anglois de nation.

Le chancelier Etienne amena entre autres avec lui Pierre natif de Blois, dont le fur nom lui demeura, homme diftingué par sa science & fa

vertu: Il fut precepteur du jeune roi, après AN. 1169. Gautier depuis archevêque de Palerme, qui lui Petr. ep. 66. avoit montré les commencemens de la grammaire

& de la verfification. Pierre de Blois lui donna
des connoiffances plus étendues, pendant un an
qu'il l'inftruifit; & en même tems il gardoit le p.131
fceau de ce prince, & étoit le fecond miniftre.
après le chancelier Etienne. Ce qui aïant excité
la jaloufie de quelques courtifans, pour l'éloi-
gner d'auprès du roi fous un pretexte honnête,
ils le firent élire archevêque de Naples, ville alors
peu confiderable. Pierre refusa cette dignité, mais
voïant les troubles de Sicile & les frequentes con-
jurations contre le chancelier Etienne, qui fut epist.90;
enfin obligé de quitter le païs pour mettre fa vie
en fûreté, il demanda fon congé au roi & ne fut
retenu ni par les prieres ni par les promesses de ce
prince. Pierre fortit de Sicile peu après le chance-
lier Etienne, la même année que Catane fut ren-
verfée par un tremblement de terre, c'est-à-dire
en 1169. & revint auprès du roi d'Angleterre fon

ancien maître.

Depuis fon retour il écrivit à Gautier, alors chapelain du roi de Sicile & autrefois fon precepteur, pour fe plaindre de la conduite de ce prince; qui à la perfuafion de Robert comte de Lorocelle, vouloit faire évêque de Gergenti le frere de ce comte homme incapable, malgré la résistance du chapitre. Il fe plaint que le roi avoit donné fa confiance à deux hommes de baffe naissance, préferablement à Romuald archevêque de Salerne, &

[ocr errors]

Pagi. an.

1167. n. 25. 1169. n. 8.

Per. ep. 194

AN.. 1169. à Roger comte d'Aveline fes oncles ; & que par les mauvais confeils de fes confidens, il pilloit les tréfors de l'églife. Il exhorte Gautier à ne fe pas rebuter d'avoir été traité d'infenfé, & à continuer de Falcand. fub. donner au roi des avis falutaires. Gautier fut élû fin, Fazel. vII.§. archevêque de Palerme, peu de jours après la retraite du chancelier Etienne, mais les chanoines furent contraints à cette élection, par le peuple que la cour avoit gagné par argent. Ce qui fit efperer à La reine & aux amis du chancelier de faire caffer par le pape cette élection, d'autant plus que le chancelier n'avoit renoncé à la sienne, que par force. Pierre Gaëtan cardinal foûdiacre, qui étoit en Sicile avoit promis que l'élection de Gautier feroit caffée; & avoit reçu par ordre de la reine fept cens onces d'or pour porter au pape. Mais le parti de Gautier foûtenoit, qu'en l'état où le trouvoit la cour de Rome, elle n'ofoit s'oposer à la volonté des grands de Sicile; & ne refuferoit pas dans le befoin où elle étoit, les fommes immenfes qu'on lui ofriroit pour confirmer l'élection. Le pape le confirma en effet, & Gautier fut facré par fes fuffragans dans la grande église de Palerme, en prefence du roi & de la reine fa mere, le jour de S. Michel vingt-neuviéme de Septembre 1169,

nic.

XVI.

Lettre du pape

p. 431. edit. 1167.

Entre les œuvres de Pierre de Blois on trouve au Sultan d'fco- une inftruction fur la foi Chrétienne, pour le Sultan d'Iconie, faite au nom du pape Alexandre III. Matth. Paris. & raportée à cette année 1169. par un auteur du Alex.ep. 32. fiécle fuivant. Le pape y parle ainfi : Nous avons apris par vos lettres & par la rélation fidele de vos

an. 1169.

envoïez, que vous défiriez vous convertir à Jesus- A N. 1169. Chrift & que vous avez déja reçû le Pentateuque de Moïfe, les propheties d'Ifaïe & de Jeremie, les épitres ds S. Paul, & les évangiles de S. Jean & de S. Mathieu. Vous demandez qu'on vous envoïe un homme, qui puiffe de-nôtre part vous instruire plus amplement de la loi de Jesus-Christ, & comme cette priere nous eft très-agréable, nous aurons foin de vous envoïer des perfonnes dont la doctrine & les mœurs puiffent vous édifier Cependant comme vous demandez par vos lettres une expofition de nôtre foi, nous vous la donnons en abregé. Enfuite eft l'inftruction fur les deux mifteres de la Trinité & de l'Icarnation, appuiée de paffages de tous les livres de l'écriture, non-feulement de ceux qu'avoit le Sultan; mais nous ne voïons point de preuve certaine que cette instruction ait eu quelque effet.

XVII.

que de Nevers.

Après que le nonce Vivien fut retourné en cour de Rome, le pape Alexandre pleinement informé r'archevêque de de ce qui s'étoit paffé entre le roi d'Angleterre & Rouen & à l'évêl'archevêque de Cantorberi, particulierement à la conference de Montmartre : comprit qu'il falloit preffer ce prince d'executer fes promeffes, par la crainte des cenfures ecclefiaftiques. Pour cet effet il envoïa une nouvelle commiffion à Rotrou archevêque de Rouen, & à Bernard évêque de Nevers, par laquelle il leur enjoint d'aller enfemble v. ep. 3? trouver le roi dans un mois après la lettre reçûë, pour l'admonefter de rendre à l'archevêque la paix & la fûreté entiere, & le recevoir au baiser, de

AN 1170.

▼. ep. 6.

v. ep. I.

v. ep.7. v. cp, 8.

lui rendre à lui & aux fiens tous les biens, & le faire retourner à fon églife. Le pape ajoûte: Si le roi dans quarante jours après la monition, n'ac.. complit pas ce qu'il nous a promis, vous mettrez en interdit tous fes états de deça la mer, enforte qu'il ne s'y faffe aucune fonction ecclefiaftique hors le batême des enfans, & la penitence des mourans. Quelque tems après la paix faite, vous exhorterez encore le roi à abolir les mauvaises coûtumes, principalement celles qu'il a introduites de nouveau, & s'il le refuse, vous nous en donnerez avis. Si vous avez une efperance certaine de faire la paix vous pourrez abfoudre tous les excommunicz, à la charge que fi la paix ne s'enfuit pas yous les remettrez dans l'excommunication. Si le roi ne peut le réfoudre au baifer de paix à cause de fon ferment, vous exhorterez l'archevêque à fe contenter du baifer du prince fon frere. La lettre eft dattée de Benevent le dix-neuviéme de Janvier 1170. Le pape nomma l'archevêque de Roüen pour Fexecution de cette paix, afin de ne pas donner fujet au roi d'Angleterre de fe plaindre qu'il n'eût donné cette commiffion qu'à des étrangers, mais il manda en particulier à l'évêque de Nevers d'y proceder feul, en cas que l'archevêque de Roücn ne pût ou ne voulut pas y proceder avec lui. Le pape écrivit au roi d'Angleterre, pour lui donner avis de cette commiffion; & il en écrivit auffi aux évêques de la province de Cant, à l'archevêque d'Yorc & à fes fuffragans, ces lettres font du dixhuitiéme de Février.

Cependant

« AnteriorContinuar »