infuportable. On fe plaint qu'il bâtit des palais, tanAN. 1156. dis que les églifes tombent en ruïne, & qu'il marche orné d'or & de pourpre, tandis que les autels font negligez. Et vous, dit le pape, qu'en pensezvous? Je fuis bien embaraffé, répondit Jean de Sarifberi. Je crains de paffer pour fateur, fi je m'oppose seul à la voix publique ; & de l'autre côté je crains de manquer au refpect. Toutefois puifque Gui Clement cardinal de fainte Potentiene parle comme le public, je n'ofe le contredire. Car il foutient qu'il y a dans l'églife Romaine un fonds de duplicité & d'avarice qui eft la fource de tous les maux, & il le dit un jour publiquement dans l'affemblée des cardinaux, où préfidoit le faint pape Eugene. Je dirai toutefois hardiment & felon ma confcience, , que je n'ai vû nulle part des ecclefiaftiques plus vertueux, & plus ennemis de l'avarice que dans l'églife Romaine. Qui n'admirera le mépris des richeffes en Bernard de Rennes, cardinal diacre de faint Cofme & de faint Damien ? Celui dont il a reçû quelque prefent eft encore à naître. Qui n'admirera le fcrupule de l'évêque de Preneste, qui s'abftenoit même de ce qu'on reçoit en commun? Plufieurs ont la gravité & la moderation de Fabricius avec l'avantage de la véritable religion. Puis donc que vous me preffcz, je déclare que l'on doit faire ce que vous enfeignez, quoi qu'il ne faille pas imiter en tout ce que vous faites. Tout le monde vous applaudit & vous flatte, on vous nomme pere & feigneur. Si vous êtes pere, pourquoi attendez-vous des prefens de vos enfans? Si pas : vous êtes feigneur, pourquoi ne vous faites-vous . AN. 1156. d'Angleterre. Irlande au R. An. 1155. Jean de Sarisberi n'étoit pas allé à Rome de fon feul mouvement: il y avoit été envoyé par le roi 1 d'Angleterre, & il fut apparemment le porteur de la lettre que ce prince lui écrivit fur fon avenement au pontificat. Il envoyoit Jean demander au pape la permiffion d'entrer en Irlande, & de s'en rendre le maître pour y rétablir le Chriftianisme dans fa pureté ; & cette demande étoit fondée sur le prétendu droit de l'églife Romaine en toutes les sup. liv. LXIV. ņ ifles, que l'on fupofoit comme nous avons vû dès fo. Sarisb. xv. le tems d'Urbain II. Le pape Adrien accorda à la Metag.log. c. ult. priere de Jean de Sarifberi, ce que le roi d'Angle- Ep. 1. to. x. conc. terre demandoit, comme il paroît par fa bulle où 1144. il dit : On ne doute pas, & yous le connoissez vous 8. ibi. Coffart. p. XVI. même, que l'Irlande & toutes les ifles qui ont reAn. 1156 çû la foi Chrêtienne n'appartiennent à l'église Romaine: or vous nous avez fait entendre, que vous voulez entrer dans cette ifle, pour en foûmettre le peuple aux loix & en extirper les vices : faire païer à S. Pierre un denier par an de chaque maison, & conferver en leur entier les droits de l'églife. Ce que nous vous accordons avec plaifir pour l'accroissement de la religion Chrétienne. Avec cette bulle le pape envoya au roi d'Angleterre un anneau d'or orné d'une émeraude en figne d'investiture, & cet anneau fut gardé dans les archives. XVII. La même année 1156. le pape Adrien confirma Biens des évêques la renonciation de la vicomteffe de Narbone à la mauvaise coûtume de prendre les biens des évê decedez. Marca. Concord. ult. Ilid. 1. VIII. c. 18. n, ques morts. C'étoit un ancien abus, & fouvent condamné comme nous avons vû par les conciles des Gaules; & dans la même province RaiAdd. Baluz. mond comte de Barcelone y avoit déja renoncé par une charte de l'année 1150. où il difoit : Etant prêt à faire le voyage d'Almerie, j'ai promis à Dieu entre les mains de l'archevêque de Tarragone & des évêques de Barcelone, de Girone & d'Aufone qui étoient prefens, d'abolir la détestable coûtume qui avoit lieu dans les églises cathédrales de mes états: favoir qu'à la mort des évêques les baillifs & les vicomtes de mon pere, & de mes predeceffeurs, pilloient & enlevoient les biens des prélats, c'est-à-dire ce qu'ils trouvoient dans leurs palais, leurs châteaux & leurs terres, ce que je reconois être contraire aux loix divines & humaines. C'eft pourquoi j'y renonce en la meil leure forme qu'il fe peut, voulant que tout ce qui AN. 1156.. n. 10. Le roi Louis le Jeune entreprit le voyage d'Ef- v. Pagi an. xxss. pagne fur la fin de l'an 1155. pour aller en peleri-bift.c.. nage à S. Jacques: mais Rodrigue de Tolede dit que ce n'étoit qu'un prétexte, & que le vrai motif du voïage étoit de s'éclaircir fi la reine Conftance qu'il avoit épousée en feconde nôces étoit fille legitime d'Alfonfe VIII. roi de Castille. Ce prince qui prenoit le titre d'empereur des Efpagnes, reçut à Burgos le roi fon gendre, & l'accompagna રે faint Jacques. Au retour il le mena à Tolede, où il tint en fa prefence une cour pleniere de ses vaffaux tant Chrétiens qu'Arabes. Le roi Louis admira la magnificence de cette coûr, & revint pleinement éclairci de l'illuftre naissance de la reine fon épouse. L'an 1156. la chape de nôtre Sauveur fut trou-Rob. an. 1156. " vée au monaftere d'Argenteuil près de Paris: elle étoit fans coûture, & de couleur roussatre : les lettres qui furent trouvées avec cet habit mar AN. 1156. quoient, que la glorieufe mere de J. C. le lui avoit fait, comme il étoit encore enfant. Ce font les pa roles de Robert abbé du mont S. Michel auteur du tems ; & le monastere d'Argenteuil conserve précieusement cette relique. XVIII. Sainte Elifabeth tyrol.to. 5. Spicil. P. 336. La même année 1156. on découvrit à Cologne de Schonauge plufieurs tombeaux avec leurs inscriptions, porTrithem. Chr. tant que c'étoit de fainte Urfule vierge & martyre Spanhem.an.1153. Vandelberti mar- & de les compagnes, que l'on y honoroit au moins depuis trois cens ans. On trouva ensemble les noms de plufieurs évêques & autres faints perfonages que l'on difoit les avoir accompagnées. Gerlac abbé de Duis envoya les principales & les plus remarquables de ces infcriptious à Elifabeth religieu fe de Schonauge, efperant qu'elle en auroit quelque revelation, & qu'elle pourroit l'affurer fi on y devoit croire ou non ; car il avoit quelque foupçon de ceux qui avoient trouvé ces corps saints, & craignoit qu'ils n'euffent fait faire ces infcriptions par le defir du gain. C'est ainsi qu'en parle Elisabeth elle-même. Vifion lib. IV. c.2. Vita.ap. Boll. 18. 604. Elle étoit née en 1130. & à l'âge de douze ans ou environ elle entra dans le monaftere de Schonauge fitué au diocefe de Treves à feize mille de Bingue. Il étoit proche d'un monaftere d'hommes fondé en 1125. & dedié à S. Florin confeffeur, qui vivoit à Coblents au commencement du feptiéme fiécle, & que l'église honore le dix-septiéme de Novembre. Ce monaftere de Benedictins eut pour premier abbé Hildelin : il prit le nom de Schonauge du lieu de fa fituation ainfi nommé à caufe de |