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parce qu'il les foûtenoit féparées ; & par conféquent deux fils & deux Chrifts, l'un fils de Dieu, l'autre de la Vierge. Il vint enfuite à la prétenduë quaternité, & refuta cette objection par les paroles de S. Athanafe dans la lettre à Epitecte, & par raison : montrant que le Verbe n'a pas pris une nouvelle hypostase, mais qu'il a uni l'humanité à la fienne.

Alors Norfefis regarda l'évêque Syrien, & voïant qu'il tenoit les yeux baissez vers la terre fans les relever, il fit figne à Theorien, qui en foûrit, & continua de parler. Enfin le Syrien fe fentant preffé fe leva fans rien dire, & defcendit de la chambre avec ses prêtres ; & comme ils lui demandoient pourquoi il n'avoit point parlé à ce philofophe, il répondit Il ne m'eft pas permis de parler de ces matieres dans une province étrangere.

AN. 1170

Theorien refuta enfuite les Monothelites, puis p. 469i continuant de lire la lettre de Norfefis à l'empereur, on vint à l'endroit où il difoit, que JesusChrist avoit été dans le fein de la Vierge neuf mois & cinq jours ; & Theorien lui montra que cette addition de cinq jours étoit fans fondement. Il lui fit voir de même qu'ils n'avoient aucune raifon folide pour ne faire qu'unc feule fête de la nativité de Jefus-Chrift, & de fon batême ; & Norfefis convint que ces questions touchant les divers ufagesides églifes font peu importantes, pourvû que l'on s'accorde fur la foi. Theorien vint enfuite au trifagion, & montra que l'addition: Crucifié pour nous, introduite par Pierre le Foulon a été justement Sup. liv. xxix. n.

31.

AN. 1170. dement dans les peres. rejettée par l'églife Catholique & n'a aucun fon

P. 474.

Continuant la lecture de la lettre, on trouva que les Armeniens prétendoient que pour les onetions facrées ils pouvoient ufer d'huile de fefame ou blé d'Inde, à caufe de la rareté des oliviers en Armenie. Mais Theorien foûtint qu'on ne devoit ufer pour les facremens que d'huile d'olives; comme pour le S. facrifice on n'emploïe que du vin de vigne, non du cidre ou des autres liqueurs approchantes. Norfefis paffa encore condamnation fur cet article. Comme ils en étoient là, les prêtres Armeniens commencerent à chanter vêpres hors l'église selon leur coûtume; & Theorien en aïant demandé la raison, Norsefis dit, que ceux qui avoient reglé chez eux l'office divin avoient ordonné qu'on ne feroit dans l'églife que la liturgie, pendant la quelle même les prêtres feuls feroient dedans, le peuple demeurant dehors: mais qu'on celebre roit dehors les autres offices ; & il en donna quelques raifons de convenance. Mais Theorien montra par le concile de Nicée, que de demeurer hors C.10. de l'églife étoit une peine impofée aux penitens pour les plus grands crimes, & Norfcfis fe rendit auffi fur ce point.

la

On lut enfuite, comme ils étoient convenus, définition de foi du concile de Calcedoine : on trouSup. l. xxvIII. Va que l'exemplaire Armenien étoit conforme au Grec, & Theorien fatisfit Norfefis fur quelques expreffions qui lui paroiffoient obfcures. Alors Theorien reprenant la définition de Calcedoine

n. 21.

to. 4. conc. p. 565.

Dial. p. 478.

AN. 1170..

article par article, lui fit voir qu'elle cft toute tirée
des expreffions des peres plus anciens, particulic-
rement de S. Cyrille : aprés quoi Norfefis dit: Je
m'étonne comment nos ancêtres ont fi impudem-
ment calomnié cette définition. Thecrien lui fit. 481.
encore voir dans le détail toutes les herefies qui y
font condamnées. Après quoi Norfefis ajoûta : Je
veux maintenant vous découvrir une chofe qui a
été cachée jusques ici. Il y a deux cens ans que vi-
voit un Catholique d'Armenie nommé Jean com-
parable en doctrine & en vertu aux plus grands
d'entre les peres, quoi qu'il n'eût aucune connoif-
fance des fciences prophanes, même de la philofo-
phic. Il étoit fort zclé contre les Monophyfites,
& ne ceffa de les combattre fes écrits &
par
par
difcours pendant tout fon pontificat. Nous en cc-
lebrons la fête comme d'un faint. Or j'ai par de-
vers moi un écrit de lui contre les Monophylites,
plein de paffages de l'écriture & de raisonnemens
trés-puiffans: aprouvé par Gregoire, qui a rempli
ce fiége peu avant moi. Car il a écrit à la fin : Je
crois ainfi & j'anathematife ceux qui croïent le con-
traire. Si vous voulez je vous lirai le commence-
ment de cet écrit. Theorien aïant oüi cette lecture
pria Norfefis de lui donner une copie de l'écrit en-
tier & l'emporta à Conftantinople.

fes

Norfefis dit enfuite: Je veux faire mon poffible

pour
fauver mes freres, & dès aujourd'hui je com-
mencerai à écrire des lettres à tous les évêques
d'Armenie pour convoquer un concile. Je leur
proposerai les paffages qu'ils croïent leur être

AN. 1190.

favorables, puis ceux que .vous m'avez citez; & d'abord je prendrai le parti des Armeniens, puis je leur découvrirai leur erreur petit à petit & avec beaucoup de menagement; & j'emploirai pour les convaincre l'écrit du Catholique Jean, dont je vous ai donné copie. J'efpere fermement que mes oüailles écouteront ma voix : mais fi je ne puis les ramener toutes, je ferai avec celles qui me fuivront un decret, que j'envoïerai à l'empereur & au patriarche par les plus confiderables de mes évêques foufcrit de ma main & de tous les évêques orthodoxes de ma dépendance; & ce decret portera entre autres chofes, que nous recevrons le concile de Calcedoine & les peres qu'il reçoit, & que nous anathematisons ceux qu'il condamne : savoir Eutychés & Diofcore ; & de plus Severe, Timothée Elure & tous ceux qui ont attaqué ce concile. Après que ce decret aura été aprouvé fynodalement à Constantinople, & que mes prelats seront revenus : j'irai moi-même, si l'empereur l'ordonlui rendre mes refpects, & au patriarche. Norsefis fit alors fortir tous ceux qui étoient dans la chambre, & aïant le cœur ferré & les yeux baignez de larmes, il dit à Theorien : Je conjure nôtre pieux empereur que quand mes évêques feront à C. P. & auront obtenu la confirmation que j'ai dite, il faffe enforte que le patriarche étant sur sa chaire pendant la liturgie revêtu de fes ornemens & tenant à fa main la vraïe croix, donne sa benediction à la nation Armeniene en prefence de tout le clergé & de tout le peuple ; & prie pour

ne

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pape

Alexandre avoit

AN. 1170.

XXI. Couronnement

gleterre

...

les Armeniens défunts, qui n'ont péché que par ignorance. Theorien attendri du fentiment que témoignoit Norsesis ne pût retenir ses larmes, & après qu'ils fe furenr un peu remis, il lui promit de rapporter cette priere à l'empereur, pour lequel Norfelis lui donna une lettre contenant qu'il recevoit le concile de Calcedoine : puis il donna fa benediction à Theorien en lui touchant la tête & le renvoïa en paix. Ainfi Theorien rendant graces à Dieu de l'heureux fuccez de fon voïage revint à Conftantinople. Les précautions que le prifes contre le couronnement du jeune roi d'An- du jeune roi d'Angleterre furent inutiles, & ce prince ne laiffa pas d'être sacré par l'archevêque d'Yorc. Les lettres du pape arriverent en Angleterre, mais elles n'y furent montrées à perfoune. Cependant le roi Henri paffa en ce roïaume dès le troifiéme jour de Mars, Gervas. an. 1170. & quelque tems après il ordonna que tous les évêques & les feigneurs fe rendiffent à Londres le quatorziéme de Juin. L'archevêque de Roüen & l'évêque de Nevers prenant le chemin d'Angleterre, écrivirent au roi l'ordre qu'ils avoient reçu du pape, & le roi leur manda de ne point s'exposer à la mer leur promettant de repaffer bien-tôt & d'accorder le projet de paix avec l'archevêque de Cantorberi. Le dimanche quatorziéme de Juin 1170. tous fe trouverent à Londres: les évêques & les abbez de toute l'Angleterre, les comtes, barons, les vicomtes, les prévôts & les aldermans : en grande crainte tous, ne fachant quel

les

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