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Vita ep. 33.

étoit le deffein du roi. Le dimanche suivant vingtAN. 1170. uniéme de Juin le roi fit chevalier Henri fon fils qu'il avoit fait venir de Normandie la même feVita c. 31. maine; & il le fit facrer.& couronner roi à Oüeftminster. Ce fut Roger archevêque d'Yorc qui lui impofa les mains affifté des évêques de Londres, de Sarifberi & de Rochefter: qui toutefois protefterent que cette fonction ne porteroit aucun préjudice à l'église de Cantorberi leur métropole. Au feftin du couronnement le roi fervit à table fon fils, déclarant qu'il n'étoit plus roi. Le jeune roi n'avoit que quinze ans, & fon pere lui donna pour confeil les plus grands ennemis de l'archevêque de Cantorberi. Enfuite il paffa la mer, pour fe trouver à la conference qu'il devoit avoir avec le roi de France à la fête de fainte Madeleine.

XXII. Plaintes de Tho

ronnement.

V. ep. 16.

Quand Thomas aprit la nouvelle de ce couronmas. fur ce cou- nement, il en fut fenfiblement affligé, & en fit des plaintes ameres au pape & à fes amis de Rome. Il avoit déja un grand fujet de mécontentement, en ce que l'archevêque de Rouen avoit abfous de l'excommunication l'évêque de Londres, prétendant le devoir faire en vertu de la commiffion du pape: c'est-à-dire de la lettre du dix-neuviéme de Janvier, qui portoit, qu'en cas d'efperance certai3 ne de la paix, il pouroit abfoudre les excommuniez. V. ep. 19. Thomas s'en étoit plaint à l'archevêque, prétendant qu'il avoit excedé fon pouvoir en ce qu'il n'avoit pas obfervé les conditions portées par fa commiffion, & joignant ces deux fujets de plaintes, il écrivit ainfi au cardinal Albert.

V. ep.3.

Plût

Plût à Dieu, mon cher ami, que vous puiffiez AN. 1170. entendre ce que l'on dit en ce païs-ci à la honte v.q.20! de l'églife Romaine ! Nos derniers envoïez sembloient avoir raportez quelque confolation dans les lettres du pape, mais elles ont été anéanties par d'autres lettres en vertu defquelles l'évêque de Londres & celui de Sarifberi ont été abfous. Je ne fai comment il arrive toûjours à la cour de Rome que Barrabas eft délivré & Jesus-Christ mis à mort. C'eft par l'autorité de cette cour que nôtre profcription a été prolongée jusques à la fin de la fixième année. On condamne chez vous les pauvres exilez, & on ne les condamne que parce qu'ils font pauvres & foibles: au contraire on abfout des facrileges, des homicides, des voleurs que S. Pierre même ne pourroit abfoudre, je le dis hardiment puifque J. C. n'ordonne d'abfoudre le pecheur qu'en cas qu'il fe convertiffe & qu'il faffe penitence. Ici on les abfout même fans reftitution: au con- Luc. x, 3, 4 traire c'eft de nos dépoüilles que les envoïez du roi font des prefens aux cardinaux & aux courtifans pape. Et enfuite: Je ne veux plus fatiguer la cour de Rome: que ceux-là y aillent qui en reviennent triomphants de la justice. Plut à Dieu que le voïage de Rome n'eut pas fait périr inutilement tant d'innocens malheureux ! Il écrit fur le même ton à Gratien qui étoit venu en France l'année precedente en qualité de nonce.

du

Les compagnons de fon exil écrivirent de même au cardinal Albert & à Gratien; infiftant fur Le trop d'indulgence dont le pape avoit ufé envers

ep.22.255

AN. 1170.

ep. 24.

ep. 26.

XXIII.

Paix entre le R. & Thomas.

V. ep. 12,

que

le roi d'Angleterre ; & Thomas écrivant au papè
même, lui reprefente le caractere de ce prince,
qu'il étoit plus facile de vaincre par la feverité
par la douceur. Enfin Guillaume archevêque de
Sens écrivit au pape, que le roi de France & toute
l'églife Gallicane étoient scandalifez de cette · con-
duite du S. fiége, où satan étoit délié & J. C. cru-
cifié de nouveau. Il fe plaint, que le facre du jeu-
ne Henri étoit une infulte au roi Louis, dont la
fille fiancée à ce prince n'avoit pas été couron-
née avec lui; & finit en exhortant le pape à pu-
nir les évêques qui ont commis cet atentat. Le
pape dans fa réponse à l'archevêque de Sens ne
nic pas que l'évêque de Londres ait été abfous par
fon ordre, & ne parle point du couronnement du
jeune Henri: mais il enjoint à l'archevêque de Sens
de presser l'archevêque de Roüen & l'évêque de
Nevers d'executer leur commiffion.

étoit con

Avant que le pape cut fait cette réponse ou mêla paix me reçû les lettres precedentes, clue entre le roi d'Angleterre & l'archevêque de Cantorberi. Ce prélat en avoit marqué les conditions effentielles dans une ample inftruction qu'il envoïa à l'évêque de Nevers; & qui commence par les avis neceffaires pour fe précautionner con tre les artifices du roi le roi de fon côté manda à l'archevêque de Rouen, qu'il vouloit faire la paix fuivant le projet que le pape en avoit donné. C'est qu'il voïoit qu'il ne pouvoit plus reculer; & que les deux prélats de Rouen & de Nevers avoient ordre de mettre fes états en

:

LIVRE SOIXANTE-DOUZIE ME. 331 AN. 1170. interdit, s'il ne s'accordoit dans les quarante jours prefcrits.

Les deux prélats aïant donc apris les intentions du roi d'Angleterre, allerent à Sens trouver Thomas le jeudi 16. de Juillet 1170. pour les lui expliquer, & lui marquer le jour de la reconciliation. p. 464 Les deux rois avoient marqué celui de leur conference au lundi d'avant la Magdelaine : c'est-àdire au 20. Juillet; & le lieu, fur leur frontiere entre la Ferté au païs Chartrain & le château de Fretval en Touraine. L'archevêque de Sens avoit confeillé à Thomas de venir avec lui & avec les deux prélats de Roüen & de Nevers à la conference des rois : difant qu'il ne pourroit jamais faire fa paix de loin. Thomas avoit répugnance d'aller à cette conference fans y être mandé: toutefois il ceda, & les quatre prélats y allerent enfemble, les trois archevêques, de Cantorberi, de Sens & de Roüen, & l'évêque de Nevers. Les deux rois tinrent leur conference le lundi 20. de Juillet & le mardi fuivant, fans faire aucune mention de Thomas: ce qui allarma beaucoup les clercs de fa fuite, qui avoient affifté à cette conference, & qui craignoient qu'il n'eût la confusion d'être venu inutilement. Toutefois l'archevêque de Sens vint dire à Thomas, qu'avec les deux prélats de Rouen & de Nevers il avoit obtenu du roi d'Angleterre qu'il le verroit le lendemain:ajoûtant qu'il lui avoit paru à son visage & à fes paroles entiere

ment adouci & réfolu à fe reconcilier de bonne foi. En effet le lendemain mercredi jour de la Ma

AN. 1170.

7.ep. 45.

y

delaine le roi d'Angleterre vint dès le grand matin au rendez-vous avec une nombreuse fuite. Thomas vint plus tard accompagné de l'archevêque de Sens & de plufieurs François, qui étoient venus à la conference avec leur roi. Dès que le roi Henri aperçut Thomas, il se détacha de sa troupe, alla au devant & le falüa le premier, la tête nuë. Après s'être donné la main & s'être embrassez tout à cheval, ils fe retirerent à part, le roi, l'archevêque de Cantorberi & celui de Sens, le premier fe plaignit au roi des torts qu'on lui avoit faits & à son églife, ufant de paroles touchantes & convenables au fujet. Ensuite l'archevêque de Sens fe retira, & le roi s'entretint seul avec Thomas, fi familierement qu'il ne paroiffoit pas qu'ils euffent jamais été mal enfemble: ce qui furprit agréablement les affistans, jufques à leur faire verfer des larmes de joïe, mais la converfation fut fi longue que quelques-uns s'en

ennuïoient.

L'archevêque reprefenta au roi modeftement la mauvaise conduite qu'il avoit tenuë, & les périls où il s'étoit expofé, & l'exhorta à rentrer en lai même, à fatisfaire à l'églife, décharger faconfcience & rétablir fa réputation, attribuant fes fautes aux mauvais conseiss, plûtôt qu'à sa mauvaise volonté. Le roi l'écoutoit non-feulement avec patience, mais avec bonté; promettant de fe corriger; & l'archevêque ajoûta: Il eft neceffaire pour vôtre falut, pour le bien de vos enfans & la fûreté de vôtre puiffance, que vous répariez le tort que vous venez de faire à l'églife de Cantorberi, en faifant

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