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parer d'avec les Lombards : c'eft pourquoi par le AN. 1170. confeil des cardinaux, il leur manda de lui envoïer de chaque ville un député pour entendre les propofitions de l'évêque de Bamberg: ce qui fut executé. Mais ce prelat s'étant avancé jusques en Campanie, pria le pape de vouloir bien y revenir, parce qu'il lui étoit deffendu d'entrer fur les terres du roi de Sicile. Le pape y condefcendit, partit de Benevent avec les cardinaux & les députez des Lombards, & vint à Veroli attendre l'évêque de Bamberg.

Le lendemain ce prelat se presenta devant le pape en plein confiftoire, & après s'être profterné lui dit: L'empereur Frideric mon maître m'a commandé étroitement de ne dire ma charge qu'à vous feul. Le pape lui répondit: Cela cft inutile puifque je ne vous ferai point de réponse sans la participation de mes freres les cardinaux & de ces deputez : mais l'évêque infista tant que le pape convint de l'entendre en particulier, à condition de communiquer à qui il voudroit ce qu'il auroit entendu. L'évêque déclara au pape que l'empereur ne vouloit plus agir contre fa perfone, au contraire qu'il maintiendroit toutes fes ordonnances : mais quant à lui obéir & le reconnoître pour pape, prelat n'en parloit qu'ambiguement, le pape ne put jamais l'obliger à s'expliquer nettement fur ce point. Le pape étant donc revenu à la chambre où étoient les cardinaux & les Lombards, leur raporta le difcours de l'évêque & de leur avis lui répondit: Nous nous étonnons qu'étant auffi prudent

le

que vous êtes, vous vous foïez chargé d'une telle commiffion. L'empereur veut maintenir nos ordonnances fans nous reconnoître pour pape : c'est honorer Dieu en partie & en partie le renoncer. Toute l'église a jugé nôtre cause juste, les autres rois & les autres princes Chrétiens l'ont embrassée: pourquoi vôtre maître differe-t-il davantage de s'y réünir ? Nous sommes prêts s'il ne tient à lui de l'honorer plus que tous les princes du monde, & de lui conferver fes droits, pourvû qu'il aime l'églife Romaine sa mere. Le pape renvoïa ainsi l'évêque de Bamberg, que les Lombards conduisirent pour retourner vers l'empereur.

De Veroli le pape paffa à Ferentino qui n'en eft qu'à sept mille, d-là à Anagni, où il étoit le huitié.ne d'Octobre, puis à Segni, & enfin à Tufculum. où il étoit encore le vingt-quatrième de Novembre. C'est ce qui paroît par les dates des lettres qu'il écrivit de ces lieux-là fur l'affaire de Cantorberi.

AN. 1170

XXVI. Lettres du pape pour l'Angleterre.

Premierement aïant apris le couronnement du jeune Henri, il écrivit à l'archevêque Thomas, pour lui déclarer que cette entreprise de l'arche-. p. 34. vêque d'Yorc faite contre fa défense, ne porteroit aucun préjudice au droit de l'églife de Cantorberi: Enfuite il écrivit à Roger archevêque d'Yorc & à v. ep. 67% Hugues évêque de Durham, & aprés s'être plaint de la perfecution que le roi d'Angleterre fait foufrir à l'églife, il se plaint en particulier de ce que Roger a facré le jeune prince dans une autre province, au mépris de l'archevêque abfent, & de ce

AN. 1170.

61.

qu'en cette ceremonie, loin de faire promettre au nouveau roi de conferver la liberté de l'églife, on lui a fait confirmer par ferment les prétenduës coûtumes du roïaume. Il reproche aux prelats leur foibleffe de l'avoir fouffert, & pour punition les V. ep. 66. fufpend de toute fonction épifcopale. Quant aux évêques de Londres & de Sarifberi, il déclara qu'ils p. 65. étoient retombez dans l'excommunication: permettant toutefois à l'archevêque Thomas de les en abfoudre.

Mais quand le pape eut appris la reconciliation du roi & de l'archevêque, il écrivit à ce prince *. 39. pour lui en témoigner fa joïe, & l'exhorter à rendre les biens à l'églife de Cantorberi, à reparer les

7.ep, 29.

lui

torts qu'il lui avoit faits, & faire donner fatisfacv. ep. 56. 57.60. tion à l'archevêque par le roi fon fils. Les cardinaux aufquels Thomas avoit donné part de cette paix lui en firent auffi leurs complimens; témoignant toutefois qu'ils fe défioient de l'execution, & l'exhortant à la faciliter fa douceur. Le pape par manda de plus, que file roi n'executoit pas la paix, il lui donnoit pouvoir d'exercer les cenfures ecclefiaftiques fur les perfonnes & les lieux de fa légation, excepté le roi, la reine fon époufe & fes enfans ; & il manda aux archevêques de Sens & de #P. 31. Roüen, d'avertir le roi dans vingt jours d'executer la paix, & s'il ne le faifoit dans un mois aprés la monition, de mettre en interdit toutes ses terres de deça la mer. Ces deux lettres font du mois d'Octobre.

Thomas vit encore deux fois le roi d'Angleterre

An. 1170.

XXVII. Thomas prepare

Vita III. 6. 29

premierement à Tours, où le roi étoit venu con-
ferer avec Thibaut comte de Blois. Le roi vint au
devant de l'archevêque, mais il ne parut pas le re-
garder de bon œil ; & le lendemain il fit dire dans fon retour.
fa chapelle une meffe des morts, ce que l'on crut
qu'il avoit fait de peur que l'archevêque ne lui of-
frît le baifer de paix. Ils allerent enfuite à la con-
ference avec le comte Thibaut, & le roi preffé par
ce comte & par le prelat, promit pofitivement la
reftitution des terres de l'église : mais il vouloit
que l'archevêque retournât auparavant en Angle-
terre pour voir comment il s'y conduiroit. Quel-
ques jours après Thomas vint encore trouver le roi v. ep. 65;
à Chaumont entre Blois & Amboife, non pour
lui rien demander, mais effaier de regagner
fes bonnes graces. En effet le roi lui fit moins d'ho-
neur & lui témoigna plus d'amitié, & ils convin-
rent qu'il iroit inceffamment prendre congé du roi
de France pour paffer au plûtôt en Angleterre. Il
partit dès le lendemain pour retourner à Sens faire
fes adieux & fe préparer à fon voïage.

pour

Cependant il reçût une lettre des agens qu'il avoit envoïez en Angleterre, & qui lui rendoient auffi compte de leur commiffion : Nous nous préfentâmes au jeune roi dans fa chambre à Oüestminster le lundi d'après la S. Michel, c'étoit le cinquième d'Octobre cette année 1170. Avec lui étoient affis le comte Renaud, l'archidiacre de Cantorberi, celui de Poitiers, Guillaume de faint Jean & plufieurs autres. Quelques-uns, du nombre defquels étoit le comte Renaud, aïant oüi là

V. ep.534

le

nouvelle de la paix, en rendirent dévotement graAN. 1170. ces à Dieu. Après que les lettres du roi eurent été lûës le roi fon fils dit qu'il en prendroit confeil, & on nous fit retirer. Enfuite on nous rapella, & vôtre archidiacre nous dit de la part du jeune roi: Raoul de Broc, & fes ferviteurs fe font mis en poffeffion par ordre du roi mon pere des terres de l'archevêché & des revenus des clercs de l'archevêque: nous ne pouvons favoir l'état des lieux que par rapport de ces officiers, c'eft pourquoi nous vous marquons le jeudi lendemain de S. Callifte pour l'execution plus entiere de ce mandement. Ce jeudi étoit le quinziéme d'Octobre. La lettre ajoûte enfuite: Le roi a mandé à l'archevêque d'Yorc, aux évêques de Londres, & de Sarifberi & à quatre ou fix perfonnes de toutes les églifes vacantes, d'élire des évêques fuivant le confeil de ces trois prelats, & de les envoïer au pape pour les facrer au préjudice de vôtre églife. Les agens concluent en priant instamment Thomas de ne point revenir en Angleterre, que fa paix avec le roi ne foit mieux affermie. Thomas envoïa au pape cette lettre de fes agens, lui demandant de nouveaux pouvoirs pour preffer le roi d'Angleterre.

v.ep.54.

Il écrivit auffi à ce prince, fe plaignant que les effets ne répondoient pas à fes promeffes, ni à l'ordre qu'il avoit envoié au roi fon fils. La restitution, dit-il, a été differée au dixième jour, fous prétexte de Raoul, qui cependant ravage les biens de l'églife, & ferre publiquement nos provisions de bouches dans le Château de Saltoude. Il s'eft vanté

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