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AN. 1171.

V. ep. 83.

cufer de fa mort, furent les évéques de Vorcheftre & d'Evreux, l'abbé de Vallace, l'archidiacre de Salisburi, & cinquante autres entre lefquels étoit un templier. Ils furent arrêtez à Sienne, où le comte Macaire ne leur permit pas de paffer outre. Cependant ils craignoient fort de ne pas arriver auprés du pape affez-tôt, pour empêcher qu'il ne prononçât excommunication contre le roi d'Angleterre & interdit fur fon roïaume. Car c'eft de quoi ce prince étoit le plus en peine, à cause des fuites que ces cenfures avoient alors pour le temporel. Or c'étoit la coûtume de l'églife Romaine de publier les excommunications le jeudi faint qui n'étoit pas éloigné. Les envoïez du roi d'Angleterre refolurent donc par deliberation commune, que quatre d'entre-eux prendroient les devants pour prévenir ce jour fatal à quelque prix que ce fut.

Ces quatre étoient l'abbé de Vallace, les archidiacres de Salisburi & de Lifieux, & un docteur nommé Henri. Ils partirent de Sienne fecretement à minuit, & aïant avec grand peril traverfé des montagnes efcarpées & des lieux impraticables, ils arriverent à Tufculum où étoit le pape, le famedi avant le dimanche des Rameaux qui cette année 1171. étoit le vingtiéme de Mars. Le pape ne voulut point les voir & la plupart des cardinaux daignerent à peine leur parler; toutefois ils firent tant par les amis du roi leur maître, que l'abbé de Vallace & l'archidiacre de Lifieux furent admis à l'audiance du pape, comme les moins fufpects. Mais tôt qu'ils prononcerent le nom du

roi d'Angleterre en faluant le pape de fa part; AN. 1171. toute la cour Romaine s'écria: arrêtez, arrêtez: comme fi le pape n'eut pû entendre fon nom fans horreur. Le foir ils eurent une audiance particuliere du pape, où ils lui expoferent leur charge, relevant les bienfaits dont le roi avoit comblé le défunt archevêque, & les injures qu'il prétendoit en avoir reçûës. Ce qu'il repeterent encore devant tous les cardinaux & en prefence des deux deputez Alexandre & Gonthier, qui demandoient juftice de la mort du faint prélat.

Les députez du roi voyant approcher le jeudi faint, & fachant certainement que l'on avoit trèslong-tems déliberé touchant les cenfures que l'on devoit jetter fur lui & fur fon royaume, s'adrefferent à quelques cardinaux, qu'ils favoient être les plus affectionnez au roi leur maître, & les conjurerent de leur découvrir l'intention du pape. Ils ne leur apporterent rien que de finiftre; les envoyez fûrent que ce jour à le pape, de l'avis de tous les cardinaux, avoit refolu de prononcer l'interdit contre le roi nommément & contre tous fes états. En cette extremité ils effarerent par le moyen des cardinaux & des domeftiques du pape, d'obtenir du moins un delai jufques à l'arrivée des deux évêques de Vorcheftre & d'Evreux; & n'y ayant pû réüffir, ils resolurent de prendre fur eux le peril, & par le moyen des mêmes cardinaux bien intentionnez pour eux ils firent dire au pape : Nous avons charge du roi de jurer en vôtre prefence qu'il s'en tiendra à vôtre commandement, & qu'il le jurera en perfonne.

AN. 1171. Ce jour du jeudi faint, qui cette année 1171. étoit le vingt-cinquiéme de Mars, vers l'heure de none les envoyez du roi & ceux des évêques furent appellez au confiftoire general; les envoyez du roi firent le ferment qu'ils avoient offert; les envoyez de l'archevêque d'Yorc & des évêques de Londres & de Salisburi jurerent de même, que leurs maîtres executeroient l'ordre du pape ; & le même jour le pape excommunia generalement les meurtriers de l'archevêque, tous ceux qui leur avoient donné confeil, aide, ou confentement, & tous ceux qui leur donneroient retraite dans leurs terres, ou quelque forte de protection.

F. ep. 84.

a

Après Pâques aririverent les évêques de Vorcheftre & d'Evreux, qui aprés avoir été à la cour de Rome plus de quinze jours, furent appellez pour entendre la reponfe du pape. Il confirma la fentence d'interdit que l'archevêque de Sens avoit prononcé fur les terres de l'obéiffance du roi, de deça la mer, & la fentence de fufpenfe & d'excommunication contre les évêques d'Angleterre ; & ajoûta qu'il envoyeroit des legats au roi, pour connoî tre fa foumission. Enfuite aprés bien des follicitations , par l'interceffion de quelques cardinaux, & à ce que l'on difoit, moyennant beaucoup d'argent, les envoyez obtinrent que le pape écriroit à l'archevêque de Bourges, que fi dans un mois aprés le retour des envoyez du roy en Normandie, il n'avoit point de nouvelle, que les legats ayant paffé les Alpes, il abfoudroit de l'excommunication les évêques de Londres & de Salisburi, aprés leur

avoit fait prêter ferment d'obéir aux ordres du pa- AN. 1171, pe; bien entendu qu'eux & les autres demeureroient fufpens. C'eft ainfi que les envoyez du roi d'Angleterre se retirerent de la cour de Rome, & ils eurent bien de la peine à obtenir que le pape lui écrivît.

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XXXV. Foulques Ev que d'Estorie,

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Vers le même tems Foulques évêque d'Estonie alla trouver de pape Alexandre, afin d'obtenir des lettres qui l'autorifaffent dans fon miniftere. Foulques avoit été moine à Mouftier-la-Celle au diocefe de Troïes, fous la conduite du fameux abbé Pierre qu'il fuivit à faint Remi de Reims; car Pierre perr. Cell víð y passa en 1162. Enfuite Efquil archevêque de Lun- p. 15. den en Danemarc, & primat de Suede par le privi- Sup. 7. lege d'Adrien IV.fit le moine Foulques évêque d'Efto- ".so. nie, province située au fond de la mer Baltique, & qu'un roi de Danemarc avoit autrefois cedée à la Suede. Foulques allant donc à Rome, l'abbé Pierre lui donna une lettre de recommandation pour le pape Alexandre; où il reconnoît ce prélat pour fon éleve, v.. 18 & marque les perils où il s'expofe en ce voyage, tant à cause de la chaleur de l'été, que de la puiffance de l'empereur schismatique.

V.ep. 83.85.

Foulques obtint du pape plufieurs lettres toutes dattée de Tufculum depuis le feptiéme de Septembre jusques au dix-huitiéme ce qui femble montrer qu'elles font de l'année 1171. Car il paroît epift. S. Thom. d'ailleurs que cette année le étoit à Tufculum pape à la fin de Mars & à la fin d'Octobre. Dans une de ces lettres, adreffée à tous les fideles de Danemarc, le pape leur recommande de foulager la pau

A N. 1171.

ep. 20.

sp. 21.

vreté de l'évêque Foulques, afin qu'il puiffe s'acquitte. 10. conc.p.1271. ter plus facilement de fon miniftere. Dans une autre il excite les rois & les feigneurs de Danemarc, de Norvege & Gothie, à reprimer par les armes la ferocité du peuple d'Estonie, & des autres payens de ces quartiers; leur accordant pour cet effet l'indulgence d'une année, femblable à celle des pelerins qui vifitent le faint fepulchre. Par une autre lettre le pape prie l'archevêque de Drontein en Norvege & l'ancien évêque dé Staffenger, d'accorder à Foulques le moine Nicolas originaire d'Eftonie, pour travailler avec lui à la converfion de la province.

ep. 26.

1922 - Il y a deux grandes lettres adreffées à l'archevêque d'Upfal métropolitain de Suede & à fes fuffragans, pour reprimer plufieurs abus. Les laïques donnoient les églifes à qui ils vouloient, fans confulter les évêques, & les donnoient pour de l'argent ou par faveur. De là il arrivoit que toutes fortes de prêtres de quelque part qu'ils vinffent étoient admis fans examen à faire leurs fonctions, par la feule autorité des laïques, & qu'on les laiffoit quelquefois exercer par des moines fugitifs, chargez de crimes, ou qui n'étoient pas prêtres. Il en arrivoit encore que ceux qui n'avoient point de benefice ou en vouloient un meilleur, depoffedoient aisement les titulaires, en gagnant les puiffances par argent. On obligeoit les clercs mêmes pour les differends qu'ils avoient entre eux, à plaider devant les juges laïques en demandant & en défendant; on les jugeoit fuivant les loix feculieres, & on les

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