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AN. 1173:

fages difficiles de l'écriture, par la diftinction des divers fens, fitteral, metaphorique, anagogique,. allegorique contre ceux qui prenant trop groffierement les expreffions de l'écriture, s'imaginoient Dieu corporel, ou donnoient dans d'autres erreurs. Moïfe compofa cet ouvrage en Arabe, qui étoit fa langue maternelle; & R. Salomon-ben-Tibon le traduifit en Hebreu du vivant de l'auteur, & avec fon aprobation. Les Juifs Francs, tant ceux qui demeuroient à Antioche, à Tripoli & aux autres villes d'Orient que ceux qui étoient en Europe, ayant eu par ce moïen connoiffance de ce livre, en furent très mal contens: ne pouvant foûfrir que l'on emploïat la philofophie d'Ariftote à expliquer la religion: Celui qui fe declara le plus contre Moïfe fut un R. Salomon de Montpellier, avec deux de ses difciples, qui prétendirent que fon livre devoit être brûlé: mais il fut foûtenu par d'autres favans Juifs, particulierement à Narbonne, ce qui produifit une espece de guerre civile entre les fynagogues, qui s'excommunioient recipro-quement, & ce fchifme dura quarante ans. Tous tefois la reputation de Moïfe fils de Maimon a prevalu, & les Juifs ofent bien dire que c'est lo plus grand homme qui ait paru depuis Moïse le legiflateur. Il mourut à foixante & dix ans en 1201. Exercite bibl. 14. Son principal défenfeur fut R. David. Kimhi, le plus fameux grammairien des Juifs, qui avoient teff. 1. 6. 30. 31. emprunté cet art des Arabes, & ne l'avoient cultivé que depuis cent cinquante ans, R. David étoit Efpagnol & compofa fa grammaire nommée Mis

C. I.

V. Morin. II.

Simon. Crit. V.

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col vers l'an 1200. C'eft ce que j'ai crû devoir dire AN. 1173. des Rabins du douzieme fiecle, dont les noms font les plus connus dans les écoles Chrétiennes.

En Angleterre le fiege de Cantorberi étoit toû

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XLV. Richard élu

Cantorberi.

jours vacant quoi qu'Odon prieur du chapitre archevêque de eut fait dés l'année precedente tout fon poffible Gervas. Chr. pour procurer une élection canonique. Car le roi 1172. craignoit qu'on ne donnât pour fucceffeur à Tho-mas quelque homme ferme & imitateur de sa conduite; & il vouloit faire élire l'évêque de Baïeux, homme fimple & à qui il étoit facile de faire changer de fentiment. Enfin on tint à Londres une af femblée des évêques d'Angleterre au mois de Février 1173. où le prieur Odon fe trouva avec quel ques-uns des moines & ils élurent folemnellement Roger abbé du Bec. Les évêques y confentirent, on eut auffi l'agrément du roi, mais on ne pût jamais refoudre l'abbé Roger d'accepter, quoi que le roi & les legats l'en preffaffent instamment, & il fut dechargé de l'élection à fainte Barbe en Auge le jeudi faint cinquiéme jour d'Avril. Vers la fin du même mois les évêques & le clergé d'Angleterre furent encore convoquez à Londres pour remplir les fiéges vacans, qui étoient au V. Gauduin.” nombre de fept. On élut premierement fix évêques au gré du roi & des courtisans, savoir Richard archidiacre de Poitiers pour Vincheftre, pour Eli Geofroi Ridel archidiacre de Cantorberi, pour Herford Robert Follot archidiacre d'Oxford pour Bath Renaud archidiacre de Sarisberi & fils. de Joffelin évêque de la même églife, pour Lin

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AN. 1173.

colne Geofroi fils naturel du roi, qui jouit fept ans des revenus de cette église dont il étoit archidiacre, fans en être facré évêque: pour Chichestre on élut Jean de Grenford doïen de la même églife.

A la fin on parla d'élire un archevêque de Cantorberi. Le prieur Odon demanda qu'il fut tiré du fein de l'église même; & aprés plufieurs propofitions on convint de confulter le roi qui étoit en Normandie: puis dans un autre concile de Londres, qui fut tenu à Ouestminster, on élut canoniquement Richard prieur de Douvres. Il étoit né en Normandie, & aprés avoir étudié les arts liberaux il fut reçu moine dans l'église de Cantorberi. Il fervit l'archevêque Thibaut en qualité de chapelain avec S. Thomas; & comme il fe rendoit agréable à tout le monde, on lui donna le prieuré de S. Martin de Douvres dépendant de l'églife Gervaf at de Cantorberi. Il fut élu archevêque le dimanche de l'octave de la Pentecôte, qui étoit le troifiéme jour de Juin. Le famedi fuivant il fut reçu folemnellement à Cantorberi, où tout étoit prêt pour le facrer le lendemain : quand on apporta une lettre du jeune roi adreffée au chapitre de Cantorberi, où il difoit : J'ai apris que mon pere prétend établir dans vôtre église & dans celles de la province des perfonnes peu convenables, & parce qu'on ne le peut faire fans mon confentement puifque je fuis facré roi, j'en ai apellé au faint fiége & dénoncé mon appel aux cardinaux legats Albert & Theoduin, qui comme perfonnes prudentes y ont deferé: j'ai auli fignifié mon appel aux évêques de

pontif p. 1613.

Monast. Ang

to. 2. init.

Londres d'Exceftre & de Vorcheftre, & je le réitere en vôtre prefence. Cet appel obligea à diferer le facre de Richard: il envoya des députez au pape, & peu de tems aprés alla lui-même le trouver.

Dés la mi-carême le jeune roi Henri III. foûtenu

AN. 1173.

XLVII.

Guerre civile

par le roi de France s'étoit élevé contre le roi fon en Angleterre. pere, avec les deux freres Richard & Geofroi; Gervas. ibid. & la reine Alienor leur mere étoit de la partie. Guillaume roi d'Ecoffe, le fcomte de Flandres Philippe, fon frere Matthieu comte de Boulogne & Thibaud comte de Champagne, entrerent dans les interêts du jeune Henri; & cette guerre civile des enfans contre le pere fut regardée comme une punition divine du meurtre de S. Thomas de Cantorberi. Elle dura jusques à l'automne de l'année fuivante, & le roi Henri II. ainfi attaqué par fes enfans, écrivit une lettre au pape Alexandre, où il dit: Je me jette à vos genoux pour vous demander p. 136. confeil. Le royaume d'Angleterre est de vôtre jurifdiction, & quant au droit feodal je ne releve que de vous. Que l'Angleterre éprouve maintenant ce que peut le fouverain pontife, & puisqu'il n'use point des armes materielles, qu'il défende le patrimoine de S. Pierre par le glaive spirituel. C'est ainsi que Pierre de Blois faifoit parler ce prince pour lequel il compofa cette lettre.

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ap. Petr. Blef

XLVIII.

Il y avoit déja plus de dix ans que l'on pourfui- Canonifation de voit la canonifation de S. Bernard, dont la fainte- S. Bernard. té avoit tellement éclaté par fes vertus & fes miracles. Le pape Alexandre étant à Paris en 1163.en fut follicité par plufieurs perfonnes confiderables,

to. op. S. Bern.
p. 1341.
to. 10 cone p.
n. 1376.

-AN. 1174.

XLXVIII.

Fin de S. Pierre

de Tarantaife

Vita e 5. Bol.

8. Maj. to. 13.p.

.333.

Rob de Mont. 117.4.

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qui fouhaitoient qu'il terminat cette affaire dans le
concile qu'il alloit celebrer à Tours. Le pape y
étoit favorablement difpofé; mais il furvint une
grande multitude de perfonnes, qui demandoient la
même grace pour diverfes provinces, & le pape
ne jugeant pas poffible de les fatisfaire tous, refo-
lut, pour éviter le fcandale,.de differer la canoni-
fation de S. Bernard. Enfin dix ans aprés les moi-
nes de Clairvaux & plufieurs autres perfonnes du
premier rang ayant renouvellé leurs inftances; le
pape,de l'avis des cardinaux, le canonifa folemnel-
lement, & ordonna que fa fête feroit celebrée pu-
bliquement le jour de fa mort. C'est ce qui paroît
par quatre bulles dattées d'Anagni le dix-huitiéme
de Janvier 1174. La premiere adreffées à tous les évê-
ques, les abbez & les autres prélats de France; la
feconde au roi Louis, à qui le pape recommande
la protection du monaftere de Clairvaux, où repose
le
corps du faint. La troifiéme à tous les abbez de
Cîteaux, & la quatrième à Gerard abbé de Clair-
vaux & à sa communauté. C'est ainsi que faint Ber-
nard fut canonifé vingt ans & cinq mois aprés

mort.

terre,

pour

Vers le même tems le pape envoya en France faint Pierre archevêque de Tarantaise travailler à reconcilier les deux rois de France & d'Angledont la divifion caufoit tant de maux; la mort des hommes, la defolation des pays, la ruine des églifes. Quand le faint prélat reçut cet ordre du pape, il déliberoit s'il vendroit le peu qu'il avoit de chevaux, pour avoir dequoi mieux affifter les pau

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