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AN. 1175.

en jouir jusques à ce qu'il eût la liberté de rentrer
dans fon fiége. Le clergé de S. Afaf le plaignit au
concile de Londres que Geofroi ne vouloit point
retourner à son église, quoi qu'il en eût été admo-
nefté par le pape Alexandre. L'archevêque Roger
de l'avis du concile lui ordonna de retourner, ou
de renoncer à l'évêché; & Geofroi prit ce dernier
parti, efperant que l'abbaye lui demeureroit. Il
refigna donc l'évêché entre le mains de l'arche-
vêque, lui remettant fon anneau & sa crosse; &
l'archevêque facra en sa place évêque de S.Asaf un
docteur. nommé Adam Gallois de nation. Le roi
donna auffi l'abbaye d'Abendon à un moine : ainsi
Geofroi perdit l'un & l'autre. On croit que c'est
le même Geofroi Artus ou de Manmouth qui brig.
à écrit une histoire des anciens Bretons depuis le
roi Brutus le Troïen jufqu'au roi Artus, remplie
de quantité de fables; & qui a traduit les prophe-
ties de Merlin.

que

peccem. Goduin. p. 6540

V. Guil. New

Cavec. p. 469.

LIV. Exemtions des

Les moines de Malmesburi ayant élu un abbé, l'évêque de Sarisberi, qui étoit le diocefain, lui Moines. defendit de la part du pape de recevoir d'autre que de lui la. benediction abbatiale. L'abbé ne laiffa pas d'aller fecretement au païs de Galles, & de se faire benir par l'évêque de Landaf. L'évêque de Sarisberi s'en plaignit à Richard archevêque de Cantorberi qui fufpendit l'évêque de Landaf, & le nouvel abbé, jufques à ce qu'ils euffent justifié leur conduite. Le parties étant donc venuës en sa presence, & ayant produit leurs privileges: l'archevêque ne trouva rien qui difpenfât l'abbé de

&

la dépendance de l'évêque de Sarisberi, finon une AN. 1175. bulle d'exemption fufpecte de fausseté par la feau par le ftile. Aprés que l'on eut oui les témoins & vûles pieces, l'archevêque exhortoit les parties à la paix & l'évêque ne s'en éloignoit pas, mais l'abbé refufa de s'accommoder, ni d'être jugé par l'archevêque difant qu'il ne devoit répondre qu'au pape; & en fe retirant il ajoûta avec indignation: Les abbez font bien lâches, & bien miferables de ne pas aneantir la puissance des évêques, puisque pour un once d'or par ans ils peuvent obtenir de Rome une pleine liberté..

Petr. Bles, ep.68..

L'archevêque Richard en prit occafion d'écrire au pape Alexandre pour se plaindre des exemptions au nom de tous les évêques. Ce mal, dit-il, s'étend trés-loin: les abbez s'élevent contre les primats & les évêques :: ils ne veulent avoir perfonne qui reprime leurs defordres, ni qui s'oppofe à leurs defirs. De la vient que les biens de la plupart dés monaAteres font au pillage: les abbez ne fongent qu'à faire bonne chere & vivre en paix, & les moines comme n'ayant point de chef s'abandonnent à Foifiveté, & aux vain difcours, enforte que fi vous entendiez leurs difputes tumultueufes, vous prendriez le cloître pour un marché. Si vous ne remediez promtement à ce mal, il eft à craindre que les évêques ne fe retirent auflì de la fujetion des archevêques, les doyens, & les archidiacres de celle de leurs prelats, & qu'il n'y ait plus enfin de fubordination.. Qu'eft ce qu'exemter les Abbez de là jurisdiction des évêques, finon autorifer la re

volte & armer les enfans contre leurs peres? Quel- AN. 1175. le juftice y a-t'il que le pape accorde des graces au préjudice des évêques, en leur ôtant ce qui leur appartient ? Je fai que les papes ont accordé la plûpart de ces exemptions pour la paix des monafteres & à caufe de la tyrannie des évêques mais le contraire est arrivé : car les monafteres qui ont obtenu cette damnable liberté, foit par l'autorité du pape, foit comme il est plus ordinaire par 'de fauffes bulles, font tombez dans un plus grand trouble & une plus grande pauvreté. C'est pourquoi plusieurs maisons trés-celebres pour leur fainteté, n'ont jamais voulu avoir de ces exemptions, ou les ont auffi-tôt rejettées. Ainfi parloit l'archevêque de Cantorberi, ou plûtôt Pierre de Blois fous fon nom. Au refte le monaftere de Malmesburi étoit alors fi peu exemt, qu'il ne l'étoit pas au milieu du fiecle fuivant, comme il paroît par une bulle d'Innocent IV. de l'an 1248..

Dés le mois de Septembre de l'année 1174. l'empereur Frideric étoit entré en Lombardie pour la cinquième fois ; & il paffa l'hiver attaché au fiége de la nouvelle Alexandrie, qu'il fut enfin obligé à lever au bout de quatre mois, le jour de Pâque treiziéme d'Avril 1175. Il fe retira à Pavie, d'où il envoya aux évêques de Porto & d'Oftie, & au cardinal de S. Pierre aux liens, pour faire au pape des propofitions de paix. Le pape envoya ces trois cardinaux à Pavie, l'empereur nomma Philippe élu archevêque de Cologne avec fon chancelier, & fon protonataire, pour traiter avec les

Monaft. Angl.

to. 1. p 53.

LV.
Alexandrie

évêché
Bar1.74:1175.

Acta. Alex. ap.

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AN. 1175. legats & les recteurs des villes de Lombardie: mais on ne pût rien conclure, & on crut que l'empereur n'avoit engagé cette negociation, que pour gagner du tems & fufpendre pendant l'été les armes victorieufes des Lombards.

Hal. facra. to. 4.
P 449.

Act. ap. Bar.

1174.

LVI. Ordre millitaire de S. Jacques.

Cependant le pape voulant recompenfer la ville d'Alexandrie de fa fidelité envers le faint fiége, à la prière de S. Galdin archevêque de Milan, des évêques de la provinces, & des magiftrats de Lombardie, érigea cette nouvelle ville en évêché, & lui donna pour premier évêque Ardoüin sousdiacre de l'églife Romaine, qui toutefois mourut avant que d'avoir été facré. Au contraire pour punir la ville de Pavie d'avoir adheré long-tems à l'antipape Octavien & à l'empereur Frideric excommunié, le pape priva fon évêque du droit de faire porter la croix devant lui & du pallium.

La même année le pape Alexandre aprouva la nouvel ordre militaire de S. Jacques en Espagne to. x. co. p. 1378; compofé de clercs & de chevaliers, les un gardant le celibat, les autres mariés, dont le femmes étoient comptées pour fœurs de l'ordre. Leur but étoit de combattre les Sarrafins, tant pour garantir les Chrétiens de leurs incourfions, que pour les attirer euxmêmes à la religion chrétienne. Ces chevaliers avoient un maître nommé Pierre Fernandes & plufleurs commandeurs : ils vivoient en commun fans avoir rien de propre, à l'exemples des premiers fideles de Jerufalem: ils étoient liez à l'ordre, & ne pouvoient revenir au fiecle, ni paffer à un autre ordre fans la permission du maître: mais les veuves des

chevaliers pouvoient fe remarier. Tout ce qu'ils AN. 1175. avoient conquis, qui leur avoit été donné, appartenoit à l'ordre ; pourvû qu'il eut été poffedé par les Sarafins de tems immemorial, nonobftant les titres anciens que l'on eut pû produire. Les clercs de l'ordre devoient vivre en communauté portant le furplis, adminiftrer les facremens aux chevaliers, & inftruire leurs enfans. Ils devoient gouverner les églises nouvelles bâties par l'ordre, & elles étoient exemtes à l'égard des évêques de dîme & de toutes redevances. Tout l'ordre étoit exemt des interdits generaux,& ceux qui le compofoient ne pouvoient être interdits ni excommuniez que par un legat à lateré ; ce qui s'étendoit à leurs familles & leurs ferviteurs. En reconnoiffance de ce privilege, l'ordre devoit payer au pape tous les ans dix malaquins, forte de monoye d'efpagne. C'eft ce qui paroît par la bulle du pape Alexandre foufcrite par treize cardinaux, & datée de Ferentino le cinquiéme de Juillet 1175.

LVII. Hugucion legat en Angleterre.

1175.

Le roi d'Angleterre étoit mal fatisfait de la reine Alienor fon épouse, par le confeil de laquelle fes enfans lui avoient fait la guerre. Il l'avoit fait Gervas. ann. enfermer dans une fortereffe, & vouloit même la repudier ; & on crut que c'étoit le principal sujet pour lequel il demanda au pape un legat. Le pape lui envoya Hugues ou Hugucion cardinal diacre du titre de faint Ange, c'est-à-dire, de S. Michel,qui étoit de la famille de Pierre de Leon. Il arriva en Angleterre à la fin du mois d'Octobre 1175. & fut Jeçu avec grand honneur par le roi, qui vouloit ga

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