AN. 1176. gner fes bonnes graces. Dés fon arrivez il permit au roi de poursuivre devant fes cfficiers laïques les clercs accufez d'avoir chaffé dans fes bois ; ce qui fut trouvé trés-mauvais par le clergé d'Angleterre; & on accusa le legat de s'être laiffé gagner par les liberalitez du roi. te. ann. 175. Au commencement de l'année fuivante, c'est-àdire, à la converfion de S. Paul vingt-cinquième de Janvier, le roi d'Angleterre tint à Northampton une grande affemblée de prélats & de seigneurs, où vint Guillaume roi d'Efcoffe, qu'il avoit delivré de prifon à de dures conditions; & l'avoit obligé à lui rendre hommages, & fait promettre aux évêques du pays de reconnoître pour fuperieur l'arRobert. de Mon- chevêque d'Yorc. Il vint donc à cette affemblée par ordre du roi Henri ;amenant avec foi Richard évêque de faint André, Joffelin évêque de Glascou; & tous les autres évêques, abbez & feigneurs d'Efcoffe.Le roi d'Angleterre leur ordonna de faire à l'églife Anglicane la même foûmiffion qu'ils avoient accoûtumé de faire fous les rois fes predeceffeurs. C'eft qu'il n'y avoit point encore de metropole en Escoffe. Roger archevêque de d Yore foutint que l'évêque de Glafcou & celui de Ouittern ou Maifon-blanche lui étoient foûmis & produifit pour le prouver des bulles des papes ; mais l'évêque de Glafcou foûtint que fon églife étoit fille fpeciale de l'églife Romaine, & exemte de tout archevêque. Richard archevêque de Canrorberi prétendoit de fon côté que toutes les églifes d'Ecofle devoient être foûmises à la fienne; c'eft pourquoi il perfuada Rover. p. sso.to. x.c. p. 1469. au àu roi de renvoïer les évêques Ecoffois fans qu'ils AN. 1176. fiffent aucune foumiffion à l'église Anglicane. ex. Rog. Le quatriéme dimanche de Carême, qui cette année étoit le quatorziéme de Mars, le legat Hugu- to. x p. 1470. cion convoqua un concile à Londres, où Roger 14. Radulf. archevêque d'Yorc prétendit avoir la préfeance fur Di.p.585. l'archevêque de Cantorberi; fondé fur une lettre de S. Gregoire, où il dit, que l'évêque de Londres. & celui d'Yorc devoient fuivre entre eux le rang de leur ordination. Car il foûtenoit que ce qui étoit dit de l'évêque de Londres devoit s'entendre de celui de Cantorberi, & dans le fait Roger étoit ordonné archevêque long-tems avant Richard. Le jeudi fuivant les deux rois le pere & le fils étant prefens au concile qui se tenoit à Oüestminster dans la chapelle de l'infirmerie, le legat comme prefident s'assit au milieu fur un fiége élevé : Richard archevêque de Cantorberi fe mit à fa droite comme primat : mais Roger archevêque d'Yorc voulut se mettre entre deux, & s'affit fur les genoux de Richard. Quelques évêques & d'autres tant clercs que laïques l'en ôtterent, & le jetterent par terre: on l'attaquoit de tous côtez à coups de point & de bâton, quand l'archevêque Richard le retira. Roger fe leva avec fa chape déchirée dans le tumulte & fe jetta aux pieds du roi, lui demandant justice de Richard. Cependant plufieurs crioient: Va traître, va tes mains font encore teintes du fang de faint Thomas, Le roi ne fit que rire de la plainte de Roger on appella au pape de part & d'autre, puis on s'en défilța. Ainfi le concile fut rompu, & le Tome XV. Fff Sup. liv. xxxvI. .x11. ep. 25. n. 37. AN. 1176. legat se retira voyant le peu d'autorité qu'il avoit en Angleterre. Enfuite à la pourfuite du roi les deux archevêques convinrent d'une furféance de cinq ans fur tous les differends, tant pour les coups que Roger avoit reçus en ce concile, que pour les conteftations entre eux & leurs églises; fe soûmettant à l'arbitrage de l'archevêque de Roüen, & des évêques du royaume de France. Le legat Hugucion fortir d'Angleterre vers la faint Pierre à la fin de Juin ; & le mois fuivant arriva un autre legat, favoir Vivien prêtre cardinal destiné pour l'Efcoce & les ifles voifines & pour l'Irlande. Le roi d'Angleterre lui envoya Richard évêque de Vinchestre, & Geofroi évêque d'Eli, pour lui demander de quelle autorité il avoit ofé entrer dans fon royaume fans fa permiffion. Le legat épouvanté par cette queftion, promit par ferment de ne rien faire dans fa legation contre la volonté du roi; ainfi on lui permit de paffer, & le roi lui donna escorte, & le défraya jufqu'à ce qu'il arrivât fur les terres du roi d'Efcoce. Il y celebra l'année fuivante un concile, où il fufpendit Chrif tien évêque de la Maison-blanche pour n'être pas venu au concile; mais Christien ne s'effraya pas de cette cenfure, ayant la protection de Roger archevêque d'Yorc dont il étoit fuffragant. D'Escoce le legat Vivien paffa en Irlande, & tint à to x. c. p. 1481 Dublin un concile general de toute l'ifle; mais 1739 G.Neubrig. 111. c. 9. il n'en fortit pas auffi chargé d'argent qu'il efperoit & retourna en Escoce. Le jour de la Madeleine vingt-deuxième de Juil LVIII. Vivien legat en Efcoce. Gervaf. LIX. beri évêque de Radulf. de Dic. Sup.n.9. Petr. Cell. VII. op. 8. let 176. arriverent à Cantorberi, le doïen, le chantre, AN. 1176. & le chancelier de l'église de Chartres: pour demander au nom de tout le chapitre Jean de Sarif- Jean de Sarifberi qu'ils avoient élû leur évêque. Guillaume-aux Chartres. blanche-mains beau frere du roi Louis le jeune gar- p. 592. doit depuis huit ans en commande par difpenfe du pape l'évêché de Chartres avec l'archevêché de Sens, dont il avoit été pourvû dés l'année 1168. & ce fut lui qui fit élire pour Chartres Jean de Sarisberi: tant à cause de fon merite perfonel, qu'en confideration de S. Thomas de Cantorberi dont il avoit été un des principaux confidens, compagnon de fon exil, & de fes fouffrances. Les députez de Chartres étant donc arrivez à Cantorberi, & aïant lû publiquement les lettres de leur chapitre, du roi de France, & de l'archevêque de Sens: le chapitre de Cantorberi en l'absence de l'archevêque, leur remit Jean de Sarisberi afranchi de tous les engagemens qu'il avoit en Angleterre. Ils l'amenerent en France, il fut facré à Sens par Maurice évêque de Paris le dimanche huitiéme jour d'Août; & le dimanche suivant jour de l'Affomption de N. Dame, il fut intronifé folemnellement à Chartres, dont il tint le fiége quatre ans. par Le même jour que Jean fut facré, Guillaume Rad. Dicet. p. archevêque de, Sens prit poffeffion du fiége de Reims, où il fut transferé l'autorité du pape. L'archevêque Henri frere du roi Louis le jeune étoit mort le treiziéme de Novembre l'année prece- Bibl. Lab 1361 dente 1175. aprés avoir tenu ce fiége quatorze ans ; & Guillaume fon fucceffeur le tint vingt-fix ans. Chr. Rem. t. I. Marlot. 3. c. 4 Pedr. Cell. VII. ер. б. tor, 6. 12. Chr. Hemer. p. Prafat. Pendant que Guillaume aux blanches mains étoit archevêque de Sens, Pierre furnommé Comef c'eft-à-dire le mangeur, lui dedia fon fameux ouvrage intitulé, 1 histoire fcolaftique. Il fe qualifie CL. Ms. ap. prêtre de Troïes, & dit qu'il a entrepris ce tra40. P. Comes. vail à l'inftante priere de fes amis, & le foûmet à la correction de l'archevêque. C'est la fuite de l'hiftoire fainte depuis le commencement de la Genese jusques à la fin des Actes des Apôtres, tirée du texte de l'écriture, & des glofes avec quelques incidens de l'histoire profane. Toute fois cet ouvrage n'eft pas purement hiftorique : à l'histoire de la création l'auteur mêle les opinions des theologiens, & des philofophes de fon tems touchant le ciel empyré, les quatre élemens, la maniere dont le monde a été formé, & l'état du premier homme. Ainfi de tems en tems il infere à fa narration diverfes explications, les fupofant vraïes, sans se mettre en peine de les prouver. Il cite Platon, & Ariftote, mais en general fans indiquer les endroits de leurs ouvrages. Il cite fouvent Jofeph l'hiftorien, & raporte plufieurs hiftoires profanes fans nommer les auteurs. AN. 176. LX. Pierre Comef cor. Otto, de S. Blaf Le texte des livres hiftoriques de l'écriture est raporté dans cet ouvrage prefque tout entier, mais l'auteur s'écarte fouvent du fens litteral, pour fuivre des fens figurez, & des explications arbitraires, & donner aux noms propres de mauvaises étymologies. Il raconte plufieurs fables affirmativement; & d'ailleurs il eft plein d'expressions qui marquent le doute. Cependant cet ouvrage tout imparfait |