ΧΙΧ. C'est le tems de saint Guillaume de Malaval au AN. 1157. teur ou plûtôt patron d'une congrégation de mois Guillaume de nes. On ne fait ni son païs, ni les commencemens Boll. 10. Febr. de sa vie : ce que l'on en fait de plus certain c'est Malaval. to. 4. P. 433. Vita p. 2.4.3. qu'il fut hermite en Toscane, où après avoir plusieurs fois changé de demeure, il se fixa enfin au lieu nommé alors l'Etable de Rodes, & depuis Malaval, à cause de sa sterilité, en la paroisse de Caftillon, au diocése de Grossfetto prés de Sienne. Il s'y établit au mois de Septembre 1155. & y vécut dix-huit mois dans une grande austerité. Un jeune homme nommé Albert se rendit son disciple au tems de l'Epiphanie l'année suivante 1156. & fut témoin de ses vertus pendant un an, c'est-à-dire jufques au dixième jour de Février 1157. auquel saint Guillaume mourut. Aufsi-tôt après un nommé Reinald se joignit à Albert & ensuite plusieurs autres, qui formerent avec le tems une congrégation de moines nommez Guillemins sous la régle Martyr. R. 10. de S. Benoît. L'église honore S. Guillaume de Malaval le jour de la mort. Sa vic avoit été écrite par Albert, mais elle ne se trouve plus; & les modernes l'ont mêlée de plusieurs fables, confondant ce saint avec saint Guillaume duc d'Aquitaine sous Sup. liv. xv. Charlemagne, fondateur du monaftere de Gellone ou faint Gullem du desert, & avec Guillaume dernier duc d'Aquitaine mort à Compostelle en Febr. XLV. 2.30. 1. 43. XX. Patriarcat de Grade. 1137. Henri Dandole noble Venitien étoit patriarche de Grade dès l'année 1130. & tint ce siege pendant cinquante ans. Comme les Venitiens étoient maî tres depuis long-tems de la Ville de Jadera ou p. 1459. 38. Lup. liv. LIx. n. Zara en Dalmatie, ils voulurent aussi l'assujettir à AN. 1157. leur patriarche. Or elle avoit été soustraite à la ju- Ital. fac.to.s. rifdiction de l'archevêque de Spalatro, & érigée P.1192. en archevêché par le pape Anastase IV. en 1134. A la priere donc des Venitiens & du patriarche Henri, le pape Adrien lui accorda plusieurs bulles, Hadr. Ep.36.976 une entr'autres où il confirme les privileges accordez à l'église de Grade par les papes ses predecefseurs, particulierement celui de Leon IX. donné au concile de Rome de l'an 1053. & lui soûmet l'archevêché de Zara & les évêchez qui en dépendent, 81. lui donnant le pouvoir de sacrer cet archevêque, sauf le pallium qu'il recevra du pape. La bulle eft souscrite par treize cardinaux, & datée du treiziéme de Juin 1157. Par une autre de la même datte le pape accorde au patriarche la faculté d'ordonner un évêque à C. P. & dans toutes les autres Villes Ep. 30. de l'empire Grec, où les Venitiens ont plusieurs égliscs. Les Zaretins eurent bien de la peine à souffrir que leur archevêque fut soûmis au patriarche de Grade: mais il fallut enfin ceder à la puissance des Venitiens. 181. X X I. Privilege de S. La même année 1157. le jour de la Pentecôte qui étoit le dix-neuviéme de Mai fête de S. Dunf- Martin de Bel tan, Henri roi d'Angleterre tint sa cour à S. Ed_tom. x. conc. p. mond, portant couronne & accompagné de Thibaud archevêque de Cantorberi avec plusieurs évêques, abbez, comtes & barons. Le roi y avoit appelléentre les autres Hilaire évêque de Chichestre & Gautier abbé de S. Marin de Bel ou de la Ba p. 1176. Sup. liv. XLI. n. taille, pour terminer le differend qui duroit entre AN. 1157. eux depuis plusieurs années C'est que l'évêque Hilaire qui avoit beaucoup de connoissances & de crédit en cour de Rome, prétendoit que le monastere de S. Martin étant dans son diocése, l'abbé devoit lui prêter ferment, venir à son synode & lui payer les droits épiscopaux. Il prétendoit aussi droit de logement dans l'abbaïe & dans les terres de sa dépendance. L'abbé soûtenoit au contraire; que le roi Guillaume le Conquerant en fondant ce monaftere, l'avoit affranchi de toute sujettion d'éMonast. Angl. vêques, comme l'église de Christ de Cantorberi : & ce font en effet les termes de la charte de fondation. L'abbé ajoûtoit que cette exemption avoit été confirmée par Lanfranc alors archevêque de Cantorberi, & par Stigand premier évêque de Chichestre. L'évêque Hilaire & l'abbé Gautier ayant donc été appellez à la cour qui se tint à saint Edmond, le roi occupé d'autres affaires les renvoya à Glocestre, où il se rendit avec la même suite le jeudi de la Pentecôte. 19. tom. 1. p. 317. Le lendemain vendredi le roi après avoir oüi la messe, commanda à l'abbé de representer les chartres de son monaftere. Elles furent lûës par le chancelier Thomas Bequet, qui dit ensuite à Gauthier: Seigneur abbé, l'évêque de Chichestre employe contre vous une raison qui semble trèsforte, en disant que vous lui avez fait ferment. L'abbé soûtint qu'il n'avoit rien fait contre la liberté de son monaftere; & le roi regardant le chancelier dit : Le serment ne nuit point à la dignité des des églises : ceux qui le font ne promettent que ce AN. 1157. qu'ils doivent. Ainsi il assura qu'il ne souffriroit point que de son tems ce monaftere perdit rien de sa liberté, qu'il en parleroit à l'évêque & qu'il accommoderoit l'afaire : puis il se leva. Le mardi après l'Octave de la Pentecôte, le roi entra le matin dans le chapitre des moines, accompagné de deux archevêques Thibaud de Cantorberi & Roger d'Yorc, des évêques de Londres, d'Excestre & de Lincolne, de deux abbés & de Thomas son Chancelier : de quelques comtes & barons, avec une grande multitude de peuple : l'évêque de Chichestre & l'abbé de Bel y étoient presents. On lut encore la charte de Guillaume le conquerant; puis le chancelier dit à l'évêque qu'il pouvoit dire ce qu'il lui plairoit. L'évêque de Chichestre se leva & dit qu'il étoit prêt à s'accommoder avec l'abbé par la médiation du roi sauf les droits de leurs églises: n'étant point venu preparé à se défendre au fonds. Mais on lui dit qu'il falloit finir l'afaire qui n'avoit que trop duré. Il reprit donc fon discours en élevant la voix & dit : N. S. J. C. a établi deux puissances en ce monde, l'une fpirituelle, l'autre temporelle. La spirituelle est celle des pasteurs de l'église & principalement du pape qui a cette prérogative, qu'aucun évêque ne peut être depose sans son jugement ou sa permif sion. Il est vrai, dit le roi, qu'il ne peut être deposé, mais il peut être ainsi chaffé. Ce qu'il dit en étendant les mains, & tous les assistans se prirent à rire. L'évêque reprit: Je le dis encore, tel est l'état Tome XV. F AN. 1157. de l'église établi de toute antiquité; & aucun lar que, ni le roi même ne peut donner aux églifes aucune dignité ni liberté sans l'autorité du pape. Il vouloit montrer par là la nullité de l'exemption accordée par le roi Guillaume au monastere de Bel. Alors le roi en colere dit: Vous pretendez artificicusement vous appuyer sur l'autorité que le pape a reçûë des hommes, contre l'autorité royale que j'ai reçûë de Dieu. C'est pourquoi je vous ordonne par le ferment que vous m'avez fait, de me faire fatisfaction, pour ce discours presomptueux contraire à ma dignité; & je prie, sauf le droit de ma couronne, tous les évêques presens de m'en faire justice. Il s'éleva dans l'assemblée un murmure contre l'évêque, que l'on eut peine à appaiser. Le chancelier même lui fit des reproches ; & le prelat voïant tout le monde contre lui, fit des excuses au roi : foûtenant qu'il n'avoit point use d'artifice, ni prétendu diminuer en rien sa puiffance. Nons n'avons pas le reste de cette rélation, & nous ne voyons point comment l'affaire fut decidée : mais ceci suffit pour nous montrer combien Henri II. roi d'Angleterre étoit jaloux des droits de fa couronne, à l'égard de la puiffance ecclesiastique. Au reste ce qu'il disoit que le pape a reçû des hommes son autorité, est faux à l'égard de la primauté, qui lui appartient de droit divin: mais à l'égard du droit de juger seul les évêques dont il étoit ici question, il est vrai qu'il ne le tenoit que des hommes, par un usage fondé sur les fauf fes decretales. |