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de Salerne fe leva & jura fur les évangiles, que AN. 1177. quand les envoyez de l'empereur feroient arrivez en Sicile, le roi feroit jurer pour lui par quelqu'un des feigneurs l'observation de la paix pour quinze ans ; & feroit faire le même ferment par dix autres feigneurs. Le comte Roger jura comme l'archevêque de Salerne.Les recteurs des villes de Lombardie, qui étoient prefens, firent auffi le ferment pour leur tréve de fix ans, & promirent de le faire faire par les confuls & les nobles de chaque ville. Il eft remarquable en ces fermens que l'empereur & le roi font jurer par d'autres, comme s'il eut été au deffous de leur dignité de jurer en perfonne. Après l'abfolution de l'empereur ceux qui avoient fuivi le fchif me vinrent en foule l'abjurer & fe faire abfoudre. Les plus connus furent Chriftien archevêque de Mayence & chancelier, Philippe de Cologne, Veremond de Magdebourg, Arnold de Treves, les évede Paffau, de Vormes, d'Ausbourg, de Marfeille, de Strasbourg,d'Halberstat,de Pavie, de Plaifance, de Breffe, de Novare, d'Aqui, de Mantouë, de Bagnarée, de Pefaro, de Fayence.

ques

V I. Conrad transfe

à Salsbourg.

Romuald.

Chriftien fe fit alors confirmer l'archevêché de Mayence. Car comme il avoit beaucoup travaillé ré de Mayence à la conclufion de la paix, follicita l'empereur & les feigneurs Allemans de demander instamment au pape fa confirmation. Conrad qui avoit été avant lui élu & facré archevêque de Mayence s'en apperçut, & étant venu trouver le pape, il lui dit : Vôtre fainteté fait que c'eft à fa confideration que j'ai quitté mes parens, ma patrie, & l'église de

AN. 1177. Mayence à laquelle j'avois été canoniquement élu ; & fuis venu vous trouver en France me condamnant à un exil volontaire. Vous pouvez vous fouvenir combien mon arrivée a fervi à l'église en affermiffant vôtre parti encore chancelant. Vous m'en avez témoigné vôtre reconnoissance en me faifant prêtre cardinal, puis évêque de Sabine fans préjudice de l'archevêché de Mayence. A prefent j'apprens que vous voulez maintenir dans ce siege le chancelier Chriftien, qui l'a ufurpé par violence & fuivi le fchifme, ce qui ne paroît pas raifonnable. Le pape lui répondit: Vous devez vous fouvenir, que vous nous avez fouvent témoigné, que fi la paix entre l'églife & l'empire ne fe pouvoit faire fans que vous quittaffiez l'archevêché de Mayence, vous facrifierez vôtre interêt à celui de l'églife. Or l'empereur déclare hautement qu'il ne veut point de paix fi le chancelier eft chaffe de ce fiege; mais nous n'avons point voulu lui faire de réponse fur ce fujet fans vôtre participation. Alors Conrad fe rendit; & déclara au pape que pour le bien de la paix il remettoit à fa difpofition l'archevêché de Mayence.

Le pape bien content en confera avec l'empereur, & ils convinrent de donner à Conrad l'archevêché de Salsbourg. Albert fils du roi de Bohême qui en étoit pourvû étoit alors à Venise, où le pape qui l'y avoit fait venir, lui reprefenta qu'il ne Chron. Rei cherfp. feroit jamais agréable à l'empereur, & lui perfuada de remettre l'archevêché entre fes mains. Aprés quoi l'évêque de Gurc & celui de Passau avec quel

An 1177. to. x. conc. p. 1499.

ques dignitez de l'église de Salsbourg élurent pour AN. 1177. archevêque Conrad par ordre du pape, qui confirma l'élection fans lui ôter la dignité de cardinal. La letrre qu'il écrivit fur ce fujet à l'église de Salfbourg eft datée de Venise à Ripalte le neuviéme d'Aouft. Il lui donna même la legation d'Allemagne durant sa vie. En même tems il confirma au chancelier Chriftien l'archevêché de Mayence, & ce prelat brûla de fa propre main en prefence du Roger. Hoved pape & des cardinaux le pallium qu'il avoit reçû de l'antipape Gui de Crême. Le pape lui donna un autre pallium, & en donna auffi un à Philippe archvêque de Cologne ; car l'un & l'autre quoique facrez pendant le schisme l'avoient été par des évêques catholiques leurs fuffragans.

p. 1244. 1445.

Le pape écrivit aux principaux évêques de la Chrétienté pour leur donner part de cette paix & de la réunion de l'empereur à l'églife; on le voit par les lettres qui nous reftent à Pierre abbé du mont Caffin & archevêque de Capouë, à Guillau- Ap.Bar.to. x.cone. me archevêque de Reims, à Richard archevêque p. 1318. ep. 39. de Cantorberi & à Roger archevêque d'Yorc. Il en écrivit auffi au roi de Erance. En cette reconciliation de l'empereur avec le pape, il eft remarquable que l'abfolution ne tombe que fur l'excommunication à cause du schifme; fans qu'il foit fait aucune mention de rehabiliter l'empereur comme déposé par le pape. Aufli avons-nous vû que pendant le fchifme fes fujets catholiques, même les ecclefiaftiques, ne lui obéiffoient pas moins qu'auparavant, tout excommunié qu'il étoit. C'eft qu'on

AN. 1177.

Ada. Alex.

Romuald. to. x,
Conc. p.

VII.

au prérre Jean.

Alex. ep. 48.

avoit peine à fe foûmettre aux nouvelles pretentions de Gregoire VII. touchant la dépofition des fouverains; mais l'excommunication fondée fur l'écriture & la tradition étoit regardé comme une chose ferieuse.

Le dimanche quatorziéme jour d'Août veille de l'Affomption, le pape Alexandre tint un concile à Venife dans l'églife de faint Marc avec les évêques & fes cardinaux, les évêques & les abbez d'Allemagne, de Lombardie & de Tofcane : l'empereur, le duc de Venife & les envoyez du roi de Sicile y affifterent avec une grande multitude de peuple. Aprés les litanies & les prieres accotumées & un long fermon fur la paix, le pape fit donner des cierges allumez à l'empereur & aux autres affistans tant clercs que laïques, puis il prononça excommunication contre quiconque troubleroit la paix qui venoit d'être faite: auffi-tôt on jetta & on éteignit les cierges en difant: Ainfi soit-il.

Tandis que la

pape

étoit à Venife il écrivit une Lettre du pape lettre à un roi des Indes, à qui il dit en substance: Nous avons appris il y a long-tems par le rap port de plufieurs perfonnes que vous faites profef fion de la religion Chrétienne, que vous vous appliquez aux bonnes œuvres & cherchez à plaire à Dieu. Mais le medecin Philippe nôtre ami, dit avoir appris fur les lieux vos difpofitions par les grands de vôtre royaume ; & que vous voulez être inftruit de la doctrine catholique & n'avoir point d'autre foi que celle du S. fiege. Il ajoûte, que vous defirez ardemment avoir une église à Rome, un

autel à S. Pierre, & un dans l'église du S. fepulcre: AN. 1177. où des hommes fages de vôtre royaume puissent demeurer pour fe mieux inftruire de la doctrine catholique & vous en instruire enfuite, vous & les vôtres. C'est pourquoi nous vous envoyons le même medecin Philippe, homme habile & prudent; que nons vous prions de recevoir favorablement, d'écouter ce qu'il vous dira de nôtre part, & d'envoyer avec lui vers nous des perfonnes confiderables chargées de vos lettres, qui nous expliquent amplement vos intentions. La lettre du pape eft dattée du Ripalte le vingt-huitiéme de Septembre. Le roi auquel elle eft écrite y eft nommé le prêtre Jean fuivant les hiftoriens Anglois qui la rapportent, ce qui fait croire que c'eft le même prince dont trentedeux ans auparavant Hugues évêque de Gabales racontoit les victoires fur les Perfans, qui regnoit à l'extremité de l'Orient, & étoit Chrétien, mais Noftorien.

Rogan p. 581.

Rad. de Dic. p.

08. Jo. Bromp

p. 1132.

Avant que de partir de Venife le pape & l'empe- aan Alexé reur nommerent chacun trois commiffaires, pour la reftitution des terres de l'église dont l'empereur étoit en poffeffion; enfuite l'empereur prit congé du pape & retourna à Cefene. Le pape partit aprés lui vers la mi-Octobre fur quatre galeres Venitiennes, & arriva à Siponte le vingt-neuvième du même mois, d'où il paffa à Troye, puis à Benevent, & enfin il arriva à Anagni le quatorziéme de Decembre, aprés une année entiere d'abfence. Le recit de ce voyage & de tout ce qui s'y paffa eft principalement tiré de deux originaux, des actes

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