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AN. 1177.

VIII.
Ferits de Hugues

Etérien.
Alex. ep. 49.

v. 8. p. 563.

du

pape Alexandre écrits par un homme de fa fuite, & de la chronique de Romuald archevêque de Salerne un des envoyez du roi de Sicile.

Pendant que le pape étoit à Troye il reçut l'oude Hugues Etérien contre les Grecs, que vrage l'auteur lui avoit adreffé par un de fes amis, & dont le pape le remercia par une lettre du treiBibl. P. P. Parif. ziéme de Novembre; où il l'exhorte à travailler à la réunion de l'empereur de C. P. avec l'église Romaine. Hugues Eterien étoit de Pife en Toscane & demeuroit à C. P. avec fon frere Leon interprete de la cour imperiale. L'empereur Manuel Comnene le fit venir un jour & lui demanda, si les Latins avoient quelques autoritez des peres, qui affûraffent que le faint Efprit procede du Fils. Hugues lui apporta des paffages de saint Basile, de faint Athanafe & de S. Cyrile qui prouvoient cette verité; & voyant que l'empereur s'appliquoit ferieufement à l'examen de la question, il resolut de la traiter plus à fond. Il y fut encore exhorté par trois cardinaux Hubalde évêque d'Oftie, depuis pape fous le nom de Lucius III. Bernard évêque de Porto & Jean du titre de faint Jean & faint Paul. Il entreprit donc de refuter les reproches des Grecs contre les Latins fur ce fujet, tant par raisonnement que par les paffages des peres qu'il avoit recueillis pendant un long fejour à C. P. L'ouvrage est divifé en trois livres: la question du faint Esprit y est traitée fort au long & avec beaucoup de subtilité. L'auteur dans fes raifonnemens fuit les principes d'Ariftote; mais il feroit à defirer qu'il y eu plus

d'ordre & de choix dans fes preuves, plus de clarté A N. 1177. & moins d'affectation dans fon ftile.

Nous avons un autre ouvrage de Hugues fait à Ibid. p. 517. la priere du clergé de Pife, touchant l'état de l'ame feparée du corps: contre l'erreur de quelques Pifans qui difoient que les prieres ni les facrifices ne fervoient de rien aux morts, & qui doutoient même de la refurrection. Ce traité de Hugues eft divifé en vingt-fept chapitres & compofé du même stile que le precedent.

I X. Abfalom arche

Saxo Gram. liv. 14. p. 322,

La nouvelle de la fin du fchifme & de la reconciliation de l'empereur avec le pape, fut apportée en véque de Lunden. Danemarc,par ceux qui avoient été envoïez en cour de Rome, pour folliciter la promotion d'Absalom à l'archevêché de Lunden. L'archevêque Efqu'il fe voyant avancé en âge, defiroit depuis long-tems de quitter fa dignité & en fit un jour confidence Ibid. p. 317. au roi Valdemar. Ce prince l'en voulut détourner & lui reprefenta qu'il ne le pouvoit fans l'autorité du pape; mais le prélat répondit, qu'il avoit obtenu du pape, non feulement la permission de renoncer à l'archevêché, mais le pouvoir de le tranfferer à qui il voudroit, outre l'autorité qu'il en avoit en qualité de legat. Pour rendre fa renonciation plus folemnelle il pria le roi d'affembler les évêques dans un mois, mais de tenir la chose secrette de peur que quelqu'un ne s'absentât craignant d'être élû archevêque.

Cependant en un jour de fête il fit un fermon à fon peuple, où il reprefenta combien il les avoit aimez & combien il en avoit été aimé ; & declara

AN. 1177. que fon grand âge lui avoit fait prendre la resolution de fe retirer, qu'il les recommandoit à la providence, & déchargeoit tous ses vassaux de leur ferment: enfin il leur demanda leurs prieres. Ce difcours attira les larmes de tous les affiftans ; & Abfalom évêque de Rofchild qui vint alors loger chez lui, lui ayant demandé la raifon de la retraite, il allegua outre fa vieilleffe un vœu qu'il avoit fait entre les mains de faint Bernard. Le lendemain les évêques étant arrivez s'affemblerent dés le matin dans l'églife de S. Laurent, & l'archevêque fit tirer les ornemens des armoires de la facriftie, pour montrer combien la fplendeur de l'office divin avoit augmenté par fes liberalitez. Il ajoûta combien il avoit travaillé pour la paix de fon troupeau, combien de peines & de perils il avoit effuyez pendant fon pontificat; & que ne fe fentant plus capable d'en faire les fonctions, il avoit refolu de le quitter.

Le roi, qui craignoit que la renonciation de l'archevêque ne fut attribuée à quelque mécontentement & quelque reffentiment contre lui; ordonna de declarer s'il renonçoit de fon propre mouvement. Alors Esquil étendant les mains vers l'autel, jura qu'il ne le faifoit par aucun chagrin contre le roi, mais par le dégoût des honneurs perissables & le defir de la gloire éternelle. On lit ensuite la bulle du pape où il disoit qu'aprés avoir long-tems refufé d'admettre la renonciation de l'archevêque fachant combien il étoit utile à fon troupeau, il l'accordoit enfin à fa perfeverance en confideration

de

de fon grand âge & de ses infirmitez. Le roi decla- AN. 1177. ra qu'on ne pouvoit refifter à une telle autorité, & l'archevêque fe levant de son siege mit fa croffe & fon anneau fur l'autel. Alors l'église retentit de gemiffemens, & le roi pria Efquil de choisir fon fucceffeur comme connoiffant mieux que perfonne le clergé du royaume. Lé prélat fit lire une autre bulle, qui lui laissoit ce choix en qualité de legat: mais il declara qu'il cedoit fon pouvoir à ceux qui avoient droit de faire cette élection, & ceux-ci prierent le roi de dire fon sentiment; il nomma comme parlant au nom du peuple Abfalom évêque de Rofchild, & ce choix fut approuvé par une acclamation publique.

Mais Abfalom fe leva proteftant que ce fardeau étoit trop pefant pour lui, & qu'il ne pouvoit fe refoudre à quitter son église, aprés l'avoir amenée par un grand travail d'une extrême pauvreté à l'état floriffant où elle fe trouvoit. Ceux qui avoient droit d'élection excitez par Efquil élurent Absalom tout d'une voix ; & le prirent pour le mettre par force dans le fiege. En même tems le clergé commença à chanter, & le peuple le fuivoit. Mais la refiftance d'Abfalom fut telle, qu'il fit tomber par terre quelques-uns de ceux qui le traîncient, & cette pieufe violence fe teouva prefque en querelle.Enfin ayant obtenu liberté de parler, il apella au pape. Nicolas doyen du chapitre de Roschild apella auffi de la violence que l'on faifoit à son évêque; & Efquil protefta qu'il foûtiendroit l'élection, & qu'Abfalom verroit qui d'eux deux feroit

AN. 1177.

Hift. gent.

Dan. 1178.

Chr. Clareval. 1181.

X. Guillaume de

:

plus écouté à Rome.Aprés la messe il voulut obliger Abfalom à donner la benediction, mais il s'en défendit auffi-bien que de recevoir l'hommage des vaffaux de l'archevêché, nide rien faire qui pût marquer le moindre confentement à fon élection. On envoya donc de part & d'autre des deputez en cour de Rome; de la part du roi & de l'église de Lunden pour appuyer l'élection, de la part d'Abfalom & de la part de l'église de Rofchild, pour la combatre. Le pape trouva moyen de contenter les uns & les autres, en ordonnant à Absalom d'accepter l'archevêché de Lunden avec permiffion de garder l'évêché de Rofchild. Il envoya pour cet effet en Danemarc un legat nommé Galand, qui ayant appellé à Rofchild, le clergé de Lunden fit lire la bulle qui ordonnoit à Abfalom de se soûmettre à l'élection, & le menaça de l'excommunier s'il refiftoit encore. Il lui fit prêter ferment pour fon nouveau clergé, enfuite il lui donna dans l'église de Lunden le pallium qu'il avoit apporté; & le lendemain affifta au facre qu'il fit d'Homer évêque de Ripen.Galand s'acquita de cette legation avec beaucoup d'integrité, & ayant paffé l'hiver en Danemarc il retourna à Rome. Quant à Efquil il fe retira l'année fuivante 1178. à l'abbaye de Clairvaux où il prit l'habit monaftique & y finit faintement fes jours trois ans aprés en 1181.

Quelques années auparavant, Abfalom'avoit fait Paris abbé en Da- venir en Danemarc Guillaume chanoine regulier de fainte Geneviève de Paris, pour y étabir l'obVita ap. Boll. 6. Apr. to. 9. p. 625. fervance de cette communauté. Guillaume naquit

nemarc.

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