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le pape Adrien &

Radevic. 1. cá

VI. p. 367.

Radevic. c. 9.

Badr. ep. 2.

A la mi-Octobre de la même année 1157. l'em- AN. 1157 pereur Frideric s'achemina en Bourgogne, pour XXIII. tenir fa cour à Befançon. Il s'y trouva des ambaf- Differend entre fadeurs de plufieurs nations, entr'autres deux l'empereur. legats du pape Adrien prêtres cardinaux, Roland 8. du titre de S. Marc & Bernard du titre de S. Cle- Gunther. lib. ment: tous deux confiderables par leur richesses, lcur âge, leur prudence, leur autorité qui les mettoit prefque au deffus de tous les autres. Un jour que l'empereur s'étoit retiré de la foule dans un oratoire particulier, on les mena devant lui, il les reçût avec honeur & bien veillance : ils le faluerent de la part du pape & de tous les cardinaux, puis ils lui presenterent une lettre du pape où il difoit : Nous avons écrit depuis peu de jours à vôtre majesté pour lui remettre en memoire le crime inoüi commis de nôtre tems en Allemagne ; étant fort étonnez que vous l'ayez laissez impuni jusques à prefent. Car vous favez comment nôtre venerable frere Efquil archevêque de Lunden revenant de Rome a été pris par quelques impies, qui le retiennent encore en prifon ; & comment en le prenant ces fcelerats fe font jettez fur lui & les fiens l'épée à la main, & les ont traitez indignement après leur avoir tout ôté. Le bruit de cet attentat s'eft étendu jusques aux nations le plus éloignées : Cependant on dit que vous l'avez diffimulé, au lieu d'employer contre les coupables le glaive que vous avez reçû de Dieu pour la punition des mechans. Rom. 111. 44 Nous n'en comprenons pas la raison, puifque nôtre confcience ne nous reproche point de vous

AN. 1157.

avoir offenfé en rien ; & qu'au contraire, nous vous avons toûjours aimé comme nôtre cher fils & comme prince très-chrétien. Vous devez vous remettre devant les yeux combien la fainte église Romaine vôtre mere vous reçût agréablement l'autre année, & comme elle vous confera de bon cœur la couronne imperiale. Ce n'eft pas que nous nous repentions d'avoir en tout rempli vos defirs:au contraire fi vous aviez reçû de notre main de plus grands benefices, nous nous en réjouirons en confideration des biens que vous pouvez procurer à l'église & à nous. Nous craignons donc que quelques gens mal intentionnez ne vous ayent infpiré de l'averfion contre nous. Il conclut en lui recommandant les legats.

Cette lettre ayant été luë & fidelement expliquée par Reinald chancelier de l'empereur, en faveur de ceux qui n'entendoient pas le latin : les seigneurs qui étoient prefens en furent violemment indignez, parce qu'elle paroiffoit pleine d'aigreur & menacer de quelque grand mals Mais ilt furent principalement choquez de ce que le pape difoit, qu'il avoit conferé à l'empereur la couronne imperiale, & qu'il ne fe repentiroit pas de lui avoir donné de plus grands benefices. Ce qui les portoit à prendre ces expreffions à la rigueur, c'eft qu'ils favoient que quelques Romains foûtenoient que les rois d'Allemagne, n'avoient poffedé jufques-là l'empire de Rome & le royaume d'Italie, que par la donation des papes ; & qu'ils vouloient tranfmettre à la pofterité cette creance, non feulement par

les parales & les écrits, mais encore par les pein- AN. 1157.. tures. Comme ils avoient fait à l'égard de l'empereur Lothaire, le reprefentant dans le palais de Latran, qui recevoit à genoux la couronne de la main du pape, avec une infcription en ces termes: Le roi s'arrête à la porte, & après avoir juré les droits de Rome il devint vaffal du pape, de qui il recevoit la couronne.

Quand l'empereur Frideric vint à Rome en 1155. il fe plaignit de cette peinture & de cette infcription, & le pape Adrien lui avoit promis de la faire effacer : ce qui n'avoit pas été executé. Tout cela donc joint à la lecture de la lettre ayant excité un grand bruit parmi les feigneurs Allemans: on dit qu'un des legats les irrita encore plus en difant: De qui donc tient-il l'empire s'il ne le tient pas du pape ? & qu'Otton comte Palatin de Baviere tira prefque fon épée, menaçant de lui couper la tête. L'empereur arrêta le tumulte par fon autorié; mais il fit mener les legats à leur logis avec efcorte ; & leur ordona de partir le lendemain de grand matin & de retourner droit à Rome, fans s'arrêter nulle part dans les terres des évêques ou des abbez. Cependant il envoya une lettre par tous les états où il fe plaignoit que le pape vouloit alterer l'union entre l'empire & le facerdoce; & après avoir raconté ce qui s'étoit paffé à Besançon, il ajoûtoit parlant des legats: On les a trouvez faifis de plufieurs lettres fcellées en blanc, pour y écrire ce qu'ils voudroient, & s'en fervir fuivant leur coû tume à dépouiller les Eglifes d'Allemagne, & en

AN, 1157. emporter les vases facrez : c'eft pourquoi nous les avons renvoyez à Rome par le même chemin par lequel ils font venus. Or comme par l'élection des feigneurs nous tenons l'empire de Dieu seul, qui lors de la paffion de fon fils à foûmis le monde au gouvernement des deux glaives ; & comme l'apô4. Pet. 11. 17. tre S. Pierre a dit : Craignez Dieu, honorez le roi: quiconque dira que nous avons reçu du pape la couronne imperiale comme un benefice, s'oppose à l'institution divine & eft coupable de menfonge. Nous vous exhortons donc à foûtenir la dignité de l'empire: declarant que nous fommes refolus à expofer nôtre vie, plûtôt que d'en fouffrir la diminution. Il est remarquable que l'allegorie des deux glaives fût reçue comme une doctrine conftante, par ceux-mêmes qui combattoient les prétentions de la cour de Rome.

Sup. liv. LXIX.

n. 14.

Radev.c.15.

epist. 3.

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Les deux legats Roland & Bernard étant retournez, raconterent les mauvais traitemens qu'ils avoient fouffert, le peril qu'ils avoient couru; exagerant même la chofe pour exciter d'autant plus le pape à en tirer vengeance. Sur quoi le clergé de Rome fe trouva partagé les uns étoient pour F'empereur, & accufoient les legats d'imprudence ou d'ignorance, d'autres étoient pour le pape. écrivit fur ce fujet aux évêques d'Allemagne une lettre, où après avoir raporté la maniere dont fes legats avoient été traitez, il ajoûte. Comme ils fortoient de la prefence de l'empereur, on dit qu'il avoit fait un édit pour défendre que perfone ne vienne à Rome de chez vous; & qu'il a mis des gardes à

toutes les frontieres du royaume. Il exhorte enfui- AN. 1157. te les évêques à ramener l'empereur au droit chemin ; & sur-tout à lui perfuader de faire faire satisfaction par fon chancelier Reinald & le comte Palatin, qui avoient dit des paroles très-injurieufes aux legats, & à l'églife Romaine.

XXIV.

Lettre des évê

pape.

Les prelats d'Allemagne après avoir concerté enfemble ce qu'ils devoient répondre au pape ques Allemans au Adrien lui écrivirent une lettre où ils difoient: Radev. c. 36¢ Les paroles de vôtre lettre ont tellement choqué l'empereur & tous les feigneurs, que nous ne pouvons les approuver: mais ayant reçû avec le refpect convenable celle que vous nous avez écrite, nous avons averti l'empereur fuivant vôtre ordre, & il nous a ainfi répondu en prince catholique : Il y a deux regles par lesquelles nôtre empire doit être conduit, les loix des empereurs nos predeceffeurs & le bon ufage qu'ils ont fuivi : nous ne pouvons exceder les borncs. Nous rendons volontairement au pape le refpect qui lui eft dû, mais nous ne reconnoiffons tenir nôtre couronne que de la grace de Dieu. L'archevêque de Mayence a la premiere voix dans l'élection, les autres feigneurs enfuite felon leur rang: nous recevons l'onction royale de l'archevêque de Cologne, l'imperiale du pape; le Matth. ▼. 376 furplus vient du mauvais. Nous n'avons point contraint, au mépris du pape, les cardinaux à fortir de nos terres: mais nous ne leur avons pas permis de paffer plus avant, avec les écrits injurieux à nôtre dignité dont ils étoient porteurs. Nous n'avons point fait d'édit, pour fermer l'entrée & la

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