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Quant aux Brabançons, Artagonons, Navar- AN. 1178. rois, Bafques, Cottereaux & Triaverdins, qui ne refpectent ni les églises ni les monafteres, & n'épargnent ni veuves ni orfelins, ni âge ni fexe, mais pillent & defolent tout comme des payens; nous ordonnons pareillement, que ceux qui les auront foudoyez, retenus ou protegez, foient dé-' noncez excommuniez dans les églifes les dimanches & les fêtes ; & ne foient abfous qu'aprés avoir renoncé à cette pernicieuse societé. Or tous ceux qui s'étoient engagez à eux par quelque traité doivent favoir, qu'ils font quittes de tout hommage ou ferment qu'ils pourroient leur avoir fait. Au contraire nous leur enjoignons à eux & à tous les fideles pour la remiffion de leurs pechez, de s'opposer courageusement à ces ravages, & de défendre les Chrétiens contre ces malheureux; dont nous defirons que les biens foient confifquez, & qu'il foit libre aux feigneurs de les reduire en fervitude. Quant à ceux qui mourront vraïement penitens en leur faisant la guerre, ils ne doivent point douter qu'ils ne reçoivent le pardon de leurs pechez & la recompense éternelle. Nous remettons auffi à tous ceux qui prendront les armes contre eux deux années de leur penitence, laissant à la discretion des évêques de leur accorder felon leur travail une plus grande: indulgence; & cependant nous les recevons fous la protection de l'églife; comme ceux qui vifitent le faint fepulcre. Mais ceux qui mépriferont les exhortations des évêques pour prendre les armes.

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n. 7. Gang. Cote. ralli

contre ces méchans, feront excommuniez. Ces AN. 1179. V. Marca VI. Cottereaux ou Routiers, comme d'autres les nomhift. Bearn c. 4. moient étoient des troupes ramaffées de differentes nations, dont les feigneurs fe fervoient pour leurs guerres particulieres, & qui vivoient fans discipline & fans religion. On voit en ce canon fe concours des deux puiffances ecclefiaftiques & feculiere, fuivant l'autorité de faint Leon raportée en tête. L'église prononce de fon chef l'excommunication, la défenfe d'offrir le facrifice pour les coupables, & de leur donner la fepulture; mais elle employe le fecours des loix & l'autorité des princes en difpenfant du ferment de fidelité en ordonnant de prendre les armes contre les coupables, de confifquer leurs biens & les reduire en fervitude. Et elle ufe encore de fon droit en appliquant les travaux de cette guerre pour la remission des pechez, & y attachant deux années d'indulgence. C'eft ce qu'il eft important de diftinguer, non feulement dans ce canon, mais dans les autres femblables.

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En ce concile le pape Alexandre avoit deffein de condamner cette propofition de Pierre Lombard évêque de Paris : J. C. en tant qu'homme n'eft pas quelque chofe. Mais quelques cardinaux lui dirent: Seigneur, nous avons de plus grandes affaires à traiter. Au contraire dit le pape, premiere & la plus grande affaire eft de traiter de la foi & des heretiques. Alors ces cardinaux fortirent du confiftoire; & un évêque Galois nommé Adam fortit avec eux difant: Seigneur, je

la

défendrai la doctrine de mon maître, moi qui ai AN. 1179. autrefois été propofé à fes écoles. C'étoit Adam Sup. liv. Lxx.x. évêque de faint Afaf qui avoit été disciple de Pierre 35.1.8. 54Lombard & maître de Jean de Sarisberi. La queftion ne fut dont point agitée dans le concile; mais quelque tems aprés le pepe Alexandre écrivit fur ce fujet à Guillaume archevêque de Reims & fon legat, qui avoit affifté au concile; lui ordonnant d'affembler les docteurs des écoles de Paris, de Reims & des autres villes d'alentour, & de défendre par l'autorité du pape, fous peine d'anathême, que perfonne à l'avenir n'eût la hardieffe de dire que J. C. en tant qu'homme n'est pas quelque

chose.

à

Quelques années auparavant le pape avoit écrit fur ce fujet au même Guillaume lorfqu'il étoit archevêque de Sens, lui ordonnant d'affembler Paris fes fuffregans avec d'autres perfonnages pieux & prudens pour défendre abfolument d'enseigner cette doctrine. Or elle fut principalement com battuë par Gautier de faint Victor docteur fameux fixiéme prieur de cette abbaye & fucceffeur du celebre Richard, mort le dixiéme jour de Mars 1173. dont nous avons grand nombre d'écrits la plûpart de pieté. Ceux de Gautier ne font pas imprimez ; & il y a quatre livres qui portent ce titre: Contre les herefies manifeftes & condamnées même dans les conciles, que foûtiennent les fophistes Abaillard, Lombard, Pierre de Poitiers & Gilbert de la Poirée. Il les nomme les quatre Laby. rintes de la France, & dit qu'ils fe font égarez en

Du Boullay.p 403.&to.x. 129.

403,6 tex.come Matth. Parif.

AN. 1279.

XXIV.

Evêque d'Alle

magne.

Slav. 11.c. 28.

an. 1179.

suivant Aristote dans fa dialectique & traitant avec la legereté scholaftique les mysteres de la Trinité & de l'Incarnation. Il les combat par l'autorité de l'écriture & des peres.

Au concile de Latran vinrent plusieurs ecclefiaftiques d'Allemagne ordonnez par les schismaArnold. Chr. tiques, efperant obtenir grace efperant obtenir grace du pape. Il y vint principalement des clercs & des moines de l'églife d'Halberstat , que l'évêque Geron avoit déchirée ; le pape ufa d'indulgence à leur égard, parce que Geron n'avoit pas été ordonné par un fchifmatique, mais par Hartuic archevêque de Brême catholique, Il fut donc permis à ceux qu'il avoit ordonnez, non-feulement d'exercer leurs fonctions, mais de montrer aux ordres fuperieurs. Geron lui-même obtint la liberté de faire par tout Chr. Alb. Stad. les fonctions épiscopales. Christien archevêque de Maïence & Philippe de Cologne, ayant abjuré le fchifme & quitté les palliums qu'il avoient reçûs des antipapes, en reçûrent de nouveaux de la main du cardinal Hiacinthe. Baudouin archevêque de Brême étoit mort l'année precedente 1178. le jour même qu'il devoit recevoir les lettres de fa dépofition. On élut à fa place le docteur Bertold; & le prevôt Otton fut le feul qui appella de cette élection. Bertold vint au concile de Latran, & demanda au pape d'être facré, s'en tenant fort assuré. Mais la veille il s'étoit affis dans le concile entre les évêques, quoiqu'il ne fut pas prêtre ; ce qui lui avoit attiré une grande indignation. Un docteur nommé Gerard parla. pour lui, dilant

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qu'il étoit de bonne mœurs & qu'il favoit les arts liberaux, l'écriture fainte, les decrets & les loix, enfin qu'il avoit été élû tout d'une voix ; & conclut en difant au pape: Il vous prie de l'ordonner au jourd'hui prêrre & demain évêque. Le pape dit, Je crois bien ce que vous avancez, mais il est dit: Ne vous preffez point d'impofer les mains. J'en parlerai à nos freres & nous examinerons la maniere de l'élection. Deux cardinaux interrogerent les députez de Brême & ne les trouverent pas d'accord. Enfuite le pape en confiftoire prononça ainfi la fentence. Mes freres j'ai vû vôtre élû, je fuis content de fa perfonne, de sa science, de fon éloquence, de fes mœurs mêmes autant que je le puis connoître ; mais la maniere de fon élection me déplaît. Il a été élu n'étant pas encore dans les ordres facrez, enforte qu'il eût pu contracter mariage. Nous avons appris auffi qu'il y a eu une appellation, dont on a contraint l'apellant à fe defifter. Que vôtre élu s'eft fait élire une feconde fois, cassant ainsi sa premiere élection. Enfin qu'il a reçû l'inveftiture de l'empereur avant les ordres facrez. Il n'eft pas facile de difpenfer de tant d'irregulari tez c'eft pourquoi nous jugeons vôtre élection nulle. Comme Bertold vouloit encore parler; les huiffiers criérent en Italien: Levate: andate, andate: Levez-vous allez, allez. Sifrid évêque de Brandebourg & fils du marquis Albert fut élu enfuite archevêque de Brême.

AN. 1179.

1. Tim v. 22.

En ce concile le pape facra deux évêques An- Alb. Stud. glois & deux Ecoffois, dont l'un étoit venu à Ro

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