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AN. 1179.

feigneurs marchoient devant& aprés faifant d'autres fonctions. Mais le roi Louis ne pût assister au facre de fon fils ; car au retour d'Angleterre, comme il alloit à S. Denis il fut fubitement frappé du froid & Au&t. Aqaicinët. tomba en paralyfie, qui lui fit perdre l'usage de la moitié du corps. Le dimanche d'aprés la Touffaints, qui étoit le quatriéme jour de Novembre, l'archeque Guillaume tint à Reims un concile avec tous les évêques de fa province.

an. 1179.

xxxvii. Schifme en Ef

En Efcoffe il y eut un fchifme dans l'églife de faint André aprés la mort de l'évêque Richard; les coffe. chanoines élurent le docteur Jean, mais le roi Guillaume choisit Hugues fon chapelain & le fit Reg. Hov. p.597. facrer par les évêques de fon royaume; nonobftant l'appellation que Jean avoit interjettée au pape pour juger ce differend. Le pape Alexandre envoya en Escoffe Alexis foûdiacre de l'église Romaine, qui dépofa Hugues, comme intrus par violence, confirma l'élection de Jean & le fit facrer avec la permission du roi ; qui y confentit par le confeil des évêques, pour faire lever l'interdit que le legat avoit jetté fur le diocese de saint André. Mais Alex. 111. ep. 55. auffi-tôt aprés le roi défendit à Jean de demeurer dans fon royaume. Hugues cependant fe portoit pour évêque comme auparavant ; & partit pour aller à Rome emportant la chapelle épiscopale avec l'aneau & la croffe. Le legat Alexis l'excommunia, & le pape confirma la fentence par une lettre adreffée aux prélats d'Efcoffe & au clergé particulier de Ep. 56,

faint André.

Le pape fit plus, il donna la legation d'Efcoffe à

Ep. 7.

AN. 1180. Roger archevêque d'Yorc, lui ordonnant que conjointement avec Hugues évêque de Durham il excommuniât le roi d'Efcoffe & mit fon royaume en interdit s'il ne laiffoit l'évêque Jean en poffeffion paifible de l'églife de S. André. Il défendit auffi à ce prélat de quitter fe fiege par crainte ou autrement, ou d'en accepter un autre, fous peine de les perdre tous deux; & il écrivit au roi d'Efcoffe, le menaçant, s'il n'obéiffoit de remettre fon royaume en fujettion, fans doute du roi d'Angleterre. Mais le roi d'Efcoffe Guillaume fans être touché de ces menaces chaffa de fon rayaume Jean évêque de faint André & son oncle Matthieu évêque d'Aberden. C'est pourquoi l'archevêque d'Yorc, l'évêque de Durham & le legat Alexis, executant leur commission excommunierent le rci & mirent fon royaume en interdit.

XXVIII. Lantipape do fe foûmet

Sup. n. 2.

Anat. Aquicinct.

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Cette année 1180. le pape Alexandre reduifit l'antipape Lando qui fe faifoit nommer Innocent III. Le pape plus indigné contre ce rebelle que conAn 1175. V. Pag. tre les precedens, qui avoient l'empereur pour eux & un parti confiderable; tint confeil avec les cardinaux, & de leur avis fit fa paix avec leur confreres parens de l'antipape Octavien, dont le frere étoit le protecteur de Lando; il acheta de lui pour une groffe fomme le château de Palombara, qui étoit la retraite de cet antipape; & le prit ainfi par l'induftrie de Hugues cardinal diacre autrement Hu-. gucion de la famille de Pierre de Leon. Lando vint fe jetter aux pieds du pape, qui le fit enfermer à Cava avec fes fectateurs; mais il en avoit fi peu que

la plupart des hiftoriens n'ont fait aucune mention AN. 1180. de lui. Ce n'est donc qu'à sa prise que le fchifme fut entierement éteint.

En France le jeune roi Philippe épousa Isabelle

XXIX. Mort de Louis

Roger. Hoved.

Rigard. an. I.

fille de Baudouin comte de Hainaut & fe fit cou- VII. Phil ppe Auronner une feconde fois avec elle le jour de l'Af- gufte roi. cenfion vingt-neuviéme de Mai 1198. Cette cerémo- $93. nie fe fit à S.Denis par les mains de Gui archevêque Auct. Aquicinët. de Sens: ce que Guillaume archevêque de Reims trouva fort mauvais & en porta fes plaintes au pape. Il en étoit d'autant plus irrité que le jeune roi voyant fon pere paralytique s'étoit livré au comte de Flandres & aliené de la reine fa mere & de l'archevêque de Reims frere de cette princeffe. Le roi Louis ne furvêcut que trois mois & demi, & mourut à Paris le jeudi dix-huitiéme de Septembre de la même année, âgé de foixante ans, dont il avoit regné quarante-trois depuis la mort de fon pere. Il fut enterré Gall. Chr to. 4. à l'abbaye de Barbeau de l'ordre de Citeaux prés ep. 33. 10. de Melun, qu'il avoit fondé en 1147. On voit un x. conc. p. 1326. témoignage de la pieté de ce prince dans une lettre que lui écrivit le pape Alexandre III. lorsqu'il refidoit à Sens en 1164. car elle fait voir qu'il obfervoit trois Carêmes, le grand, l'Avent & celui de faint Martin depuis l'octave de la Toussaints jusques à l'Avent, & qu'il faifoit une abftinence particuliere les vendredis. Philippe fon fils commença donc à regner feul à l'âge de quinze ans & en regna Rigord. prolog. qurante-deux. On lui donna dés fon tems le furnom d'Augufte fous lequel il eft connu,

p. 125.

XXX. Priere de Celle

Jean de Sarisberi évêque de Chartres mourut la évêque de Char

tres.

AN. 1179.

Matth.

Sup. liv. LXXII.

n.53.

même année 1180. le vingt-cinquième d'Octobre Chr. Bod. S. aprés avoir tenu ce fiege quatre ans & prés de trois mois ; & fut enterré à l'abbaye de Jofaphat prés de Chartres. Outre les deux ouvrages dont j'ai parlé favoir le Policratique & le Metalogue, il écrivit la vie de S. Thomas de Cantorberi fon cher maître, & grand nombre de lettres dont il nous reste plus de trois cens. On y voit plusieurs particularitez remarquables des affaires de fon tems, principalement de celle de faint Thomas.

Sup. liv. LXX. n.

35.

Praf. edit. 1971.
Poft ep. Pet.

Col. &to.x.conc.
2.1247.

XXXI. Question du Dieu de Mahomet.

Son fucceffeur dans le fiege de Chartres fut Pierre de Celle fon ami particulier. Pierre dans sa premiere jeunesse vécut quelque tems à S. Martin des champs prés de Paris: vers l'an 1150. il fut abbé de Mouftier-la-Celle au diocefe de Troyes, dont le nom lui est demeuré, quoiqu'il ait été depuis abbé de S. Remi de Reims, où il paffa en 1162. Enfin il fut élu évêque de Chartres en 1180. & tint ce fiege sept ans. Il étoit en grande reputation pour fa doctrine & pour fa vertu, & en relation avec tout ce qu'il y avoit de plus grand dans l'églife, comme il paroît par fes lettres. Depuis qu'il fut abbé de S. Remi le pape Alexandre III. le commit fouvent pour juge, non feulement en des affaires ecclefiaftiques, mais entre les laïques pour cause d'ufures, ou de protection des pupiles ou des croifez; car l'église étoit alors en poffeffion de juger de ces causes; & par ces exemples on peut eftimer ce qui fe paffoit dans les autres provinces.

L'empereur Manuel Comnene mourut peu de jours aprés le roi Louis le jeune. Il étoit tombé ma

que

P. 142. C.

lade dés devant le mois de Mars de la même année AN. 1179. 1180. indiction treiziéme, dans le tems qu'il agitoit Nicet liv. v11. une question de théologie qui ne fut terminée trois mois aprés. Il y avoit dans le catechifme des Grecs un anathême contre le Dieu de Mehomet, qui n'engendre point & n'eft point engendré, mais qui Ibid p.132. eft difent-ils, Holófphiros, comme qui diroit, folide & tout d'une piece; car c'eft ainfi que les Grecs rendoient le mot Arabe. Elfemed, qui eft un des noms de Dieu felon les Mufulmans. L'empereur Manuel vouloit faire effacer cet anathême de tous les catéchismes; difant que les Mufulmans qui fe voudroient convertir, étoient fcandalifez de voir une malediction prononcée contre Dieu, de quelque maniere que ce fût. Pour ce fujet Manuel appella le patriarche Théodose & les évêques les plus favans & les plus vertueux qui fe rencontrerent à C. P. & aprés un exorde magnifique, il leur expliqua fa propofition. Tous les prélats la rejetterent: ayant même peine à l'écouter, & lui expliquerent charitablement le fens de cet anathême, qui ne tombe point fur le vrai Dieu, mais fur le fantôme que s'est forgé Mahomet d'un Dieu qui n'engendre point au lieu que les Chrétiens adorent un Dieu pere.

L'empereur ne laissa pas de fuivre fon deffein & publia un écrit où traitant d'ignorans & d'imprudens les empereurs & les prélats précedens, qui avoient fouffert cet anathême, il apportoit des raisons specieuses pour l'abolir. Mais le patriarche fe declara hautement contre cet écrit, comme con

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