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rude, plufieurs hommes de marque y furent tuez, AN. 1180. & on eut bien de la peine à fauver le roi. Cepen- .. 28. dant Saladin affiéga la nouvelle fortereffe ; & durant le fiege il vint avec une partie de fon armée vers Sidon, où il y eut encore un rude combat.Les croi-29 fez y furent battus & plufieurs pris, entre-autres Odon de faint Amand maître des Templiers, homme méchant, fuperbe & arrogant, qui n'avoit ni crainte de Dieu ni égard pour les hommes, tant cet ordre avoit déja degeneré. Cette perte arriva le dixiéme d'Avril 1179. Enfuite Saladin prit la fortereffe du Gué de Jacob & la démolit.

Le pape Alexandre ayant appris ces triftes nou- Alex.epift. 59, 60, velles, il écrivit des lettres, l'une à tous les princes & à tous les fideles, l'autre à tous les prélats, l'une & l'autre dattée de Tufculum le feiziéme de Janvier; par lesquelles il reprefente l'extrême danger où fe trouve le royaume de Jerufalem, dont le roi Baudouin affligé de la lepre eft peu en état d'agir & où l'on manque de braves gens & de bons confeils. Il exhorte donc à marcher au fecours, difant que ce n'eft pas être Chrétien, que de n'être pas touché des malheurs de la terre fainte. Il promet à ceux qui feront le voyage l'indulgence accordée par Urbain II. & Eugene IV. & met fous la protec tion de l'églife leurs femmes, leurs enfans & leurs biens. Il leur permet pour emprunter l'argent necessaire à ce voyage d'engager leurs heritages aux ecclefiaftiques; ou à d'autres, au refus de parens & des feigneurs de fief. La lettre aux prélats eft pour leur enjoindre de prêcher la croifade & de faire te

AN. 1181.

p. 611.

nir par tout la lettre precedentte. Les porteurs de Roger. Hoved. Ces lettres étoient des Templiers & des Hospitaliers, qui les prefenterent aux deux rois Philippe de France & Henri d'Angleterre, en une conference qu'ils eurent en Normandie le lundi vingt-feptiéme d'Avril 1181. Les deux rois furent extrêmement tou chez de la defolation de la terre fainte ; & promirent d'y envoyer un prompt fecours, & ainfi finit leur conference.

terie.

XXXIV.

Eglife d'Angle Goduin. de praful.

Angl p 344.

537.

L'églife de Lincolne n'avoit point eu d'évêque de puis Robert du Chefnei mort le huitiéme de Janvier 1167. Il eft vrai que fept ans aprés Geoffroi fils Rog. an. 1174. p. naturel du roi Henri archidiacre de la même églife en fut élû évêque ; mais il fe contenta de jouir des revenus, fans fe faire facrer ni ordonner prêtre. Il y avoit déja fept ans qu'il ans qu'il en joüiffoit ainsi, & quatorze ans que l'évêché vaquoit, quand le pape Alexandre ordonna expreffément à Richard archevêque de Cantorberi d'employer les cenfures ecclefiaftiques, pour obliger Geoffroi à renoncer à son élection, ou à recevoir inceffamment les ordres. Geoffroi reconnoiffant fon incapacité aima mieux quitter l'évêché; & par le confeil du roi son pere, des princes fes freres & de plufieurs évêques, il renonça à son élection entre les mains de l'archevêque. Le roi le fit fon chancelier & lui donna de revenu mille marcs d'argent. Toutefois l'évêché de Lincolne vaqua encore deux ans.

Roger. p. 611.

Gervaf. an. 181.

2.1453.

Roger. p. 6130

Guillaume roi d'Efcoffe s'opiniâtroit toûjours à ne point souffrir que Jean demeurât évêque de saint André, & le Pape Alexandre à le foûtenir. Ce qui

Coll. Lup..

epift. 91.
Guill. Neub.
111.e. s.

fut caufe que Roger archevêque d'Yorc & legat AN. 1181. du pape excommunia le roi d'Escoffe & mit fon royaume en interdit. Mais ce prélat mourut peu de tems aprés, favoir le famedi vingt-uniéme de Novembre de la même année 1181. aprés avoir tenu le fiege d'Yorc vingt-fept ans. On l'accufoit de s'être abandonné lorsqu'il étoit archidiacre de Cantorberi aux plus infâmes débauches; & de s'être vangé cruellement de celui qui s'en plaignoit. Il étoit favant, éloquent & d'une prudence finguliere pour les affaires temporelles ; mais peu appliqué à fes devoirs fpirituels. Il augmenta confiderablement les revenus de fon église & y fit de grands bâtimens, auffi ne perdoit-il aucune occafion de s'enrichir. Il donnoit les dignitez de fon église à des enfans, fous pretexte de prendre foin d'eux jusques à ce qu'ils fuffent en âge, il s'approprioit leurs revenus. Dans la diftribution des benefices il tenoit pour regle de préferer toujours les clercs vivant licentieusement aux plus reguliers. Il avoit une telle aversion pour les religieux, qu'il disoit que Turftain fon predeceffeur, n'avoit jamais fait une plus grande faute que de fonder le monaftere de Fontaines ; & dans fa derniere maladie il dit à un abbé, qui le prioit de confirmer les donations faites à fon monaftere : Je vais mourir, & parce que je crains Dieu, je n'ofe faire ce que vous me demandez. Tant il croyoit mal employé ce que l'on donnoit aux religieux. Il laissa en mourant onze mille marc d'argent & trois cens marcs d'or, dont an. 111. il distribua une partie aux pauvres & aux églises:

Math. Parif.

AN. 1181. mais aprés fa mort le roi se saisit de tout, fans avoir égard à son testament: disant que tous les tresors appartenoient au prince, & que ce prélat avoi porté lui-même un jugement contre lui, ayant ob tenu du pape Alexandre un privilege pour s'approprier les biens des clercs de fa jurisdiction, qui seroient morts fans les avoir diftribuez de leurs propres mains, quoiqu'ils euffent fait un teftament Aprés fa mort le fiege mort le siege d'Yorc vaqua dix ans.

On s'étoit plaint au pape Alexandre, que quelques l'évêques d'Angleterre étoient toûjours à la cour, exerçoient même des jugemens criminels, & n'offroient point le S. facrifice, comme s'en trouvant indignes. On marquoit en particulier Richard de Vinchestre, Geofroi Ridel évêque d'Eli & Jean d'Oxford évêque de Norvic ́; tous deux fameux dans l'affaire de faint Thomas de Cantorberi. Le pape en écrivit avec indignation à l'archevêque Richard, menaçant de le punir lui-même s'il ne reprimoit cet abus. L'archevêque, c'est-à-dire, Pat. Bleep. 34. Pierre de Blois en fon nom, écrivit au pape, que c'étoit des calomnies; & aprés avoir relevé le merite perfonnel de ces trois évêques, il s'efforce de montrer en general, qu'il eft avantageux que les évêques affiftent aux confeils des rois. Ce n'eft pas, dit-il, une nouveauté, car comme ils surpasfent les autres en dignité & en fagesse, aussi fontils plus propres au gouvernement de l'état. Il raporte plufieurs exemples de l'ancien testament où les rois prenoient le confeil des prophetes & des prêtres, & ajoûte :

où par

Vous devez favoir que fi les évêques n'étoient AN. 1181. auprés des rois, le clergé feroit excessivement opprimé par les laïques; car quand les cenfures ecclefiaftiques ne fuffifent pas, ils font venir au secours l'autorité du prince. Si le roi, comme il arrive fouvent, eft irrité contre des innocens, les évêques l'adouciffent par leurs prieres. Ils font moderer la rigueur des jugemens, écouter les plaintes des pauvres, foulager leurs miferes; ils affermiffent la liberté du clergé, le repos des monafteres, la paix des peuples, l'autorité des loix ; ils font obferver les decrets du faint fiege, ils augmentent la devotion des laïques & les domaines de l'églife. A toutes les principales fêtes ils vont à leurs églises; la diftribution des aumônes, la confolation des veuves & des orphelins, la correction de ceux qui leur font foûmis & d'autres bonnes œuvres ; ils reparent le féjour qu'ils ont fait à la cour. Au lieu qu'à la cour de Sicile il y a des évêques qui font des fept ans & des dix ans fans en fortir: fi bien qu'il eft indifferent qu'ils vivent ou qu'ils meurent; pour la confervation des domaines de l'église, ou le gouvernement des ames. Nous avons voulu quelquefois retirer nos évêques de cette affiduité à la cour, mais elle a été jugée utile par des gens fages; dont ils ont fuivi le confeil, malgré les incommoditez qu'ils y fouffrent & qui leur feroient defirer d'en fortir. Je vous prie donc, faint pere, de pefer l'utilité de l'églife Anglicane avec les inconveniens qu'on vous a malicieusement reprefentez, & quand vous nous aurez fait favoir

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