de Bayeux, Eftienne abbé de fainte Geneviève de AN. 1182. ep. 107. 108. 19. Le roi Philippe étant venu à la couronne, soûtint Arnoul évêque de Lifieux chargé d'années & XXXVIII. Rob. de Monte. ann. 1182. Arn. epift fol. 79. 80. Arnoul avoit été élevé dans l'église de Sées, dont il fut archidiacre fous l'évêque Jean son frere aîné. Son oncle auffi nommé Jean évêque de Lilieux étant mort en 1141. il lui fucceda & tint ce siege quarante ans. Il alla à la feconde croifade par or dre du pape Eugene IV. en 1146. Il fut en grand credit auprés du roi d'Angleterre Henri II. contribua beaucoup à le retenir dans l'obéïssance du pape Alexandre, & travailla fortement à le reconcilier avec faint Thomas de Cantorberi, auquel toutefois il devint suspect comme trop courtisan. Aprés fa retraite quelques chanoines de Lifieux étant allez à Rome, l'accuferent devant le pape Lucius, d'avoir diffipé les biens de fon églife; & obtinrent pour juges l'évêque d'Avranches, l'abbé de Bec & l'abbé de Savigni. Arnoul à qui ces juges étoient suspects, se plaignit au pape du jugement qu'ils avoient rendu contre lui; & en obtint la caffation, 10. 1. Spicil. p. Comme il paroît par une lettre qu'il lui écrivit de fa retraite. Il vêcut à faint Victor en simple chanoine, & y finit faintement fes jours. 482. AN. 1182. Gall. Chr. ex Ord. Vitali. Sup. liv. LXIX. 22.14. XXXIX. baye de Greftain. Nous avons de lui plufieurs lettres & quelques Sca dale en Pab- fermons. Entre les lettres il y en a une au pape Alexandre III. qui merite une attention particuliere. Labbaie de Greftain dans le diocéfe de Lifieux étoit alors gouvernée par Guillaume d'Exceftre fon quatriéme abbé ; qui fous pretexte de prendre foin des biens que fon monastere poffedoit en Angleterre, étoit le plus fouvent dans ce royaume occupé à pourfuivre des procez & à se Fp. p. 53-97. divertir ; & l'évêque l'avoit inutilement averti de revenir revenir à fon devoir. Cependant le monaftere étoit AN. 1182. tombé dans un extrême defordre ; il n'y avoit plus d'obfervance au-dedans, on ne faifoit au dehors ni aumônes ni hofpitalité : les moines se battoient & quelquefois à coups de couteau. Ils avoient répandu le bruit qu'il y avoit chez eux une eau miraculeuse qui guériffoit les malades, en les y plongeant sept fois ; & une femme qui en fit l'experience y expira entre leurs mains. Un moine tua le cuifinier, qui murmuroit des frequentes vifites qu'il rendoit à fa femme. Enfin le procureur, que l'abbé avoit laissé pour prendre foin de la maison en fon abfence, s'étant enyvré à fouper, frappa deux moines à coups de couteau dans le refectoire, & ils le tuerent fur le champ avec une perche. L'évêque Arnoul écrivit donc fur ce sujet au pape Alexandre, le priant de mettre ordre à ce fcandale; & d'ordonner que ces moines indociles feroient difperfez un à un dans des monafteres bien reglez, & que pour renouveller plus aifément la maifon de Greftain, on y mettroit des chanoines reguliers. Auffi-bien, dit-il, nous avons en cette province grand nombre de monafteres fameux, mais peu d'abbayes de chanoines, & elles font tréspauvres; enforte que ceux des nôtres qui veulent embraffer cet ordre font obligez, pour la plûpart, d'aller en des pays étrangers. Le pape toutefois ne changea point l'état de cette abbaye; mais Gautier archevêque de Rouen, qui aimoit l'abbé Guillaume, le transfera à S. Martin de Pontoise en 1185. & l'abbaye de Greftain demeura fous la regle de Tome XV. SIf Neuftria. pia. Rode Monte. lg an 1185. faint Benoît, comme elle eft encore. Le procureur de l'abbaye de Greftain affommé par les moines, femble être le fujet d'un decret du C. 1. extra de pape Alexandre conçu en ces termes : Nous avons Reliq. apris que quelques-uns d'entre vous honorent comme faint, un homme tué dans le vin & l'yvrognerie; quoique l'église permette à peine de prier pour 1.Cor. VI. 10. ceux qui meurent en cet état. Car l'apôtre dit, que les yvrognes ne poffederont point poffederont point le royaume de Dieu. Ceffez donc ce culte, puifque quand même ce mort feroit des miracles, il ne feroit pas permis de l'honorer comme faint, fans l'autorité de l'église Romaine. AN. 1182. X L: les Juifs. Le nouveau roi de France Philippe avoit une Enfans tuez par grande averfion pour les Juifs, qui étoient puiffans dans fon royaume, & particulierement à Paris. Car il avoit fouvent oui dire aux feigneurs qui avoient été élevez à la cour avec lui, que ces Juifs de Paris tous les ans le Jeudi faint ou quelque autre jour de la femaine fainte, égorgeoient un Chrétien comme en facrifice en des lieux foûterrains. Plusieurs avoient été convaincus de ce crime du vivant du roi fon pere & brûlez; & on comptoit pour martyr un enfant nommé Richard ainfi tué & crucifié par les Juifs, dont le corps repofoit à Paris en l'église de faint Innocent au lieu nommé Champeaux où étoit le cimetiere de la ville,& que le roiPhilippe fit fermer de murailles en 1185. On difoit qu'il s'étoit fait plu fieurs miracles au tombeau de Richard, qui avoit Lob. an. 1171. été tué à Pontoife, & delà apporté à Paris, fuivant le témoignage de Robert abbé du mont S. Michel. Id. p. 21. to. 8. p. 588. p.1043.1050. Ce même auteur raporte fous l'an 1171. que AN. 1182. Thibaut comte de Chartres fit brûler plufieurs Juifs demeurans à Blois ; parce qu'ayant crucifié Bol. 25. Mart. un enfant au tems de Pâques au mépris des Chrétiens, ils l'avoient mis dans un fac & jetté dans la Loire, où il avoit été trouvé. Les Juifs convaincus furent brûlez, excepté ceux qui fe firent Chrétiens. Il ajoûte qu'ils avoient fait la même chose à Norvic en Angleterre du tems du roi Estiene en la perfonne d'un enfant nommé Guillaume & Chr. Jo. Brom. encore depuis à Gloceftre fous Henri II. Un teur Anglois raporte le martyre du jeune Guillaume à la neuvième année du roi Estienne, qui est l'an 1144. & celui de l'enfant crucifié à Gloceftre fous la fixiéme année de Henri. II. qui eft l'an 1160. Enfin on trouve encore un enfant nommé Robert tué en Angleterre par les Juifs à Pâques l'an 1181. & enterré dans l'église de saint Edmond; où l'on difoit qu'il fe faifoit plufieurs miracles. Je ne vois point que jufques-là on ait formé contre les Juifs de telles accufations; qui devinrent trés-frequentes depuis. Les Juifs pretendent que ce font des calomnies, mais pourquoi les Chré- Cardoso.excel. tiens les auroient-ils avancées en ce tems plûtôt qu'en un autre, s'il n'y avoit eu quelque fonde calomn. 10. ment ? Gervaf. Chr. 1181. Juifs chaffez Le roi Philippe étoit encore animé contre les XLI. Juifs, , parce que l'antiquité de leur établissement à de France. Paris, & la reputation de leurs docteurs les y avoient Rigord.p. 8. tellement enrichis, qu'ils poffedoient prés de la moitié de la ville; qu'au mépris des loix & des |