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de Bayeux, Eftienne abbé de fainte Geneviève de AN. 1182. Paris & au doïen de Bayeux, de faire premierement leur poffible pour accorder les parties; & s'ils ne le pouvoient, entendre les témoins & en envoyer les dépofitions à Rome ; afin que le pape pût juger définitivement en prefence des parties, qui devoient y revenir dans deux ans.

ep. 107. 108. 19.

Le roi Philippe étant venu à la couronne, soûtint l'interêt du siege de Tours avec la même vigueur de fon pere; comme font voir les lettres qu'il fit écrire en fon nom fur ce fujet par Eftienne abbé de fainte Geneviève, tant au pape Lucius III. Steph. Tornae. qu'à Octavien & à Melior tous deux cardinaux qui avoient grand credit à Rome. Mais le pape Lucius ne fit autre chose en cette affaire que de donner encore une commiffion, pour ouir des témoins fur les Mart.p. 111. lieux. Elle eft dattée de Veronne le dix-huitiéme d'Août, & par consequent l'année 1184. & cette même année le pape avoit fait Roland cardinal diacre.

XXXVIII.

Fin d'Arnoul de

Rob. de Monte. ann. 1182.

Arnoul évêque de Lifieux chargé d'années & d'infirmitez & mal content du roi d'Angleterre Lifieux. fon feigneur, avoit quitté fon évêché pour vivre dans la retraite. Il avoit pensé à se retirer en l'abbaye de Mortemer de l'ordre de Cîteaux, au diocéfe de Rouen, comme il paroît par la lettre qu'il en écrivit à l'abbé de Cîteaux; mais depuis il choifit l'abbaye de faint Victor de Paris, & s'y fit bâtir un beau logement, où il fe retira en 1181. On élut pour lui fucceder dans le fiege de Lificux Raoul. de Venneville archidiacre de Rouen, qui auparavant avoit été chancelier du roi d'Angleterre.

Arn. epift fol.

79. 80.

AN. 1182.

Gall. Chr. ex Ord. Vitali.

Sup. liv. LXIX.

3.14.

10. 1. Spicil. p. 482.

XXXIX.

baye de Gieftain.

Arnoul avoit été élevé dans l'église de Sées, dont il fut archidiacre fous l'évêque Jean son frere aîné. Son oncle auffi nommé Jean évêque de Lisieux étant mort en 1141. il lui fucceda & tint ce fiege quarante ans. Il alla à la feconde croifade par ordre du pape Eugene IV. en 1146. Il fut en grand credit auprés du roi d'Angleterre Henri II. contribua beaucoup à le retenir dans l'obéiffance du pape Alexandre, & travailla fortement à le reconcilier avec faint Thomas de Cantorberi, auquel toutefois il devint suspect comme trop courtisan. Aprés fa retraite quelques chanoines de Lifieux étant allez à Rome, l'accuferent devant le pape Lucius, d'avoir diffipé les biens de fon églife ; & obtinrent pour juges l'évêque d'Avranches, l'abbé de Bec & l'abbé de Savigni. Arnoul à qui ces juges étoient fufpects, fe plaignit au pape du jugement qu'ils avoient rendu contre lui; & en obtint la caffation, comme il paroît par une lettre qu'il lui écrivit de sa retraite. Il vêcut à faint Victor en fimple chanoine, & y finit faintement fes jours.

Nous avons de lui plufieurs lettres & quelques Sca dale en l'ab- fermons. Entre les lettres il y en a une au pape Alexandre III. qui merite une attention particuliere. Labbaie de Greftain dans le diocéfe de Lifieux étoit alors gouvernée par Guillaume d'Exceftre fon quatriéme abbé; qui fous pretexte de prendre foin des biens que fon monaftere poffedoit en Angleterre, étoit le plus fouvent dans ce royaume occupé à poursuivre des procez & à se Fp. p. 53.97 divertir ; & l'évêque l'avoit inutilement averti de

revenir

revenir à fon devoir. Cependant le monaftere étoit AN. 1182. tombé dans un extrême defordre ; il n'y avoit plus d'obfervance au-dedans, on ne faifoit au dehors ni aumônes ni hofpitalité : les moines se battoient & quelquefois à coups de couteau. Ils avoient répandu le bruit qu'il y avoit chez eux une eau miraculeuse qui guériffoit les malades, en les y plongeant sept fois ; & une femme qui en fit l'experience y expira entre leurs mains. Un moine tua le cuifinier, qui murmuroit des frequentes vifites qu'il rendoit à fa femme. Enfin le procureur, que l'abbé avoit laissé pour prendre foin de la maison en fon absence, s'étant enyvré à souper, frappa deux moines à coups de couteau dans le refectoire, & ils le tuerent fur le champ avec une perche.

L'évêque Arnoul écrivit donc fur ce fujet au pape Alexandre, le priant de mettre ordre à ce scandale; & d'ordonner que ces moines indociles seroient difperfez un à un dans des monafteres bien reglez, & que pour renouveller plus aifément la maifon de Greftain, on y mettroit des chanoines reguliers. Aussi-bien, dit-il, nous avons en cette province grand nombre de monafteres fameux, mais peu d'abbayes de chanoines, & elles font tréspauvres; enforte que ceux des nôtres qui veulent embraffer cet ordre font obligez, pour la plûpart, d'aller en des pays étrangers. Le pape toutefois ne changea point l'état de cette abbaye; mais Gautier archevêque de Rouen, qui aimoit l'abbé Guil- Rode Monte. laume, le transfera à S. Martin de Pontoife en 1185. vulg. an 1185. & l'abbaye de Greftain demeura fous la regle de SIf

Tome XV.

Neuftria. pia. p.533.

AN. 1182.

faint Benoît, comme elle eft encore.

Le procureur de l'abbaye de Greftain affommé par les moines, femble être le fujet d'un decret du C. 1. extra de pape Alexandre conçu en ces termes : Nous avons Reliq. apris que quelques-uns d'entre vous honorent com

me faint, un homme tué dans le vin & l'yvrognerie; quoique l'église permette à peine de prier pour x. Cor. VI. 10. ceux qui meurent en cet état. Car l'apôtre dit, que les yvrognes ne poffederont point le royaume de Dieu. Ceffez donc ce culte, puifque quand même ce mort feroit des miracles, il ne feroit pas permis de l'honorer comme faint, fans l'autorité de l'église Romaine.

X L:

les Juifs.

Rigord. an. 1. p. 6.

Le nouveau roi de France Philippe avoit une Enfans tuez par grande averfion pour les Juifs, qui étoient puiffans dans fon royaume, & particulierement à Paris. Car il avoit fouvent oui dire aux feigneurs qui avoient été élevez à la cour avec lui, que ces Juifs de Paris tous les ans le Jeudi faint ou quelque autre jour de la femaine fainte, égorgeoient un Chrétien comme en facrifice en des lieux foûterrains. Plufieurs avoient été convaincus de ce crime du vivant du roi fon pere & brûlez; & on comptoit pour martyr un enfant nommé Richard ainfi tué & crucifié par les Juifs, dont le corps repofoit à Paris en l'église de faint Innocent au lieu nommé Champeaux où étoit le cimetiere de la ville,& que le roiPhilippe fit fermer de murailles en 1185. On difoit qu'il s'étoit fait plu fieurs miracles au tombeau de Richard, qui avoit Zob. an. 1171. été tué à Pontoise, & delà apporté à Paris, fuivant le témoignage de Robert abbé du mont S. Michel.

Id. p. 21.

to. 8. p. 588.

Ce même auteur raporte fous l'an 1171. que AN. 1182. Thibaut comte de Chartres fit brûler plufieurs Juifs demeurans à Blois ; parce qu'ayant crucifié Bol. 25. Mart. un enfant au tems de Pâques au mépris des Chrétiens, ils l'avoient mis dans un fac & jetté dans la Loire, où il avoit été trouvé. Les Juifs convaincus furent brûlez, excepté ceux qui se firent Chrétiens. Il ajoûte qu'ils avoient fait la même chofe à Norvic en Angleterre du tems du roi Estiene

1181.

en la perfonne d'un enfant nommé Guillaume ; & Chr. Jo. Brom. encore depuis à Gloceftre fous Henri II. Un au- P•1043-1050. teur Anglois raporte le martyre du jeune Guillaume à la neuvième année du roi Eftienne, qui est l'an 1144. & celui de l'enfant crucifié à Gloceftre fous la fixième année de Henri. II. qui eft l'an 1160. Enfin on trouve encore un enfant nommé Gervas. Chr. Robert tué en Angleterre par les Juifs à Pâques l'an 1181. & enterré dans l'église de saint Edmond; où l'on difoit qu'il se faifoit plufieurs miracles. Je ne vois point que jufques-là on ait formé contre les Juifs de telles accufations; qui devinrent trés-frequentes depuis. Les Juifs pretendent que ce font des calomnies, mais pourquoi les Chré- Cardoso.excel. tiens les auroient-ils avancées en ce tems plûtôt qu'en un autre, s'il n'y avoit eu quelque fonde

ment ?

calomn. 10.

X LI. Juifs chaffez

Le roi Philippe étoit encore animé contre les Juifs, parce que l'antiquité de leur établissement à de France. Paris, & la reputation de leurs docteurs les y avoient Rigord. p. 8. tellement enrichis, qu'ils poffedoient prés de la moitié de la ville; qu'au mépris des loix & des

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