Imágenes de páginas
PDF
EPUB

On difoit que Bafile s'étoit procuré le patriarcat, AN. 1183. en promettant par écrit de fe conformer entiere- calor. Inf ment aux volontez d'Andronic dans l'exercice de Graco. R. fon miniftere.

Roger. Hoved.

p. 595.

Ce fut par les mains de ce patriarche qu'Andronic fit couronner l'empereur Alexis le jour de la Pentecôte dix-feptiéme de Mai 1182. & pour témoigner plus de refpect à ce jeune prince, il le porta fur fes épaules à la grande église pleurant à chaudes larmes. Mais quelque tems aprés il le fit Nices. n. 1 confentir, quoi qu'à regret, de l'affocier à l'empire; & ils furent couronnez en femble au mois de Septembre où commençoit l'indiction feconde, l'an 6692. felon les Grecs, felon nous 1183. En cette ceremonie Andronic fut nommé le premier, fous pretexte qu'il étoit indecent de mettre un enfant avant un vieillard venerable. Quand ce vint à la communion, Andronic aprés avoir reçû le pain celeste étendant les mains pour prendre le calice, jura par les mysteres terribles qu'il n'acceptoit l'empire que pour foulager Alexis. Mais peu de jours aprés, fon confeil ayant décidé qu'il étoit dangereux pour un état d'avoir plufieurs maîtres, la mort d'Alexis fut refoluë, on l'étrangla de nuit avec la corde d'un arc, & on porta le corps à Andronic; qui lui donnant des coups de pied dans les flancs fit plufieurs reproches à fon pere & à fa mere. Enfuite il lui fit couper la tête, fe la fit rapporter, & jetter le corps au fond de la mer enfermé dans un cercueil de plomb. Ainfi finit l'empereur Alexis Comnene fils de Manuel, n'ayant pas encore quinze ans

AN. 1183. accomplis, aprés en avoir regné trois.

LIF

Entreprife de l'abbé de Fulde. Arnold. Lubec. Chr. Slay 111.

Il étoit fiancé avec Agnés fœur du roi de France Philippe Augufte qu'Andronic épousa, tout vieux qu'il étoit, quoiqu'elle n'eut pas encore onze ans ; puis il pria le patriarche Bafile & le concile de l'abfoudre du ferment qu'il avoit fait à l'empereur Manuel & à fon fils, lui & tous les autres qui avoient violé ce ferment. Les prélats accorderent l'abfolution par des decrets qu'ils publierent ; & pour recompenfe l'empereur Andronic leur accorda quelques petites graces, dont la plus confiderable fut d'être affis fur des bancs que l'on plaçoit auprés de fon trône. Mais comme le regne d'Andronic ne fut que de deux ans ; ils ne joüirent gueres de cet honneur.

En Allemagne l'empereur Frideric tint une cour folemnelle à Mayence à la Pentecôte de l'année fuivante 1184. pour faire chevalier fon fils Henri déja reconnu roi des Romains. En cette affemblée l'abbé de Fulde representa à l'empereur, que fon monaftere avoit cette prérogative, que quand la cour fe tenoit à Mayence, l'archevêque devoit être affis à la droite de l'empereur, & l'abbé de Fulde à sa gauche. Or, ajoûta l'abbé, l'archevêque de Cologne nous prive de ce droit depuis long-tems, c'est pourquoi nous vous prions de nous rendre aujourd'hui nôtre place. Alors l'empereur dit à l'archevêque de Cologne : Vous avez oüi ce qu'a dit l'abbé, nous vous prions de ne pas troubler la joïe de cette fête, & de lui laiffer la place qu'il dit lui appartenir. L'archevêque fe leva difant: Seigneur

comme il plaira à vôtre ferenité; que l'abbé prenne AN. 1184. la place qu'il defire, mais trouvez bon que je me retire à mon logis. Comme il vouloit s'en aller, le comte Palatin du Rhein frere de l'empereur fe leva d'auprés de lui, & dit : Seigneur ; je fuis vaffal de l'archevêque de Cologne, il eft jufte que je le fuive. Le duc de Brabant & plufieurs autres feigneurs en dirent autant.Le jeune roi Henri voyant le defordre qu'alloit caufer leur retraite, fe jetta au cou de l'archevêque, lui difant: Mon cher pere, je vous prie de demeurer, pour ne pas changer entrifteffe notre joie. L'empereur Frideric l'en pria auffi, affurant qu'il avoit ainfi parlé en fimplicité fans aucun deffein de Foffenfer. Ainfi chacun reprit fa place, & la fête fe paffa paisiblement. Or l'archevêque prévoyant l'entreprise de l'abbé, étoit venu à cette cour accompagné de quatre mille hommes armez. Nous avons vû fix-vingt ans auparavant en 1063. une femblable querelle entre l'évêque d'Hildesheim & l'abbé de Supl.liv. 2v1. Fulde, dont les fuites furent plus fâcheufes.

Enfuite l'empereur paffa en Italie, &vint trouver le pape Lucius à Verone, où les infultes des Ro mains l'avoient obligé de fe retirer. La plus cruelle eft qu'ayant trouvé plufieurs de fes clercs hors de la ville, ils leur creverent les yeux à tous hormis un, & les lui renvoyerent. Le pape anathematifa ceux qui avoient commis ce crime, fortit de la ville avec les fiens, & vint à Verone, où il demeura jufques à fa mort. Avec le pape & l'empereur s'y trouverent plufieurs prélats & plufieurs feigneurs, & il s'y tint un grand concile qui commença le premier jour

n. 9.

rone.

LIII.
Conc le de Ve-

Ant. Aquiciet.
Nang an. 1183.

an. 1184"

AN. 1184. d'Aoust 1184. & duroit encore le quatrième de NoRub lib. v1.p 355. vembre. En ce concile le pape Lucius fit une conRad de Diceso. ftitution où il parle ainfi :

p. 6:4. LIV.

Decret contre

les heret ques.

ჯი. 10. conc. p.

biret ad abol.

c. 9.

liv. v. tit. 6. c.

La vigueur ecclefiaftique doit s'exciter pour abolir les diverfes herefies, qui ont commencé à pulluler de nôtre tems dans la plupart des lieux; vû principalement qu'elle fe trouve appuyée de la Deer.collect. 1. puiflance imperiale. C'est pourquoi en la prefence de nôtre cher fils l'empereur Frideric, de l'avis de nos freres les cardinaux, des patriarches, archevêques & évêques, & de plufieurs feigneurs affemblez de diverfes parties du monde : nous condamnons par ce decret toutes les herefies quelque nom qu'elles portent, entre autres les Cathares & Patarins; & ceux qui se disent fauffement, Humilitz ou Pauvres de Lion : les Paffagins, Jofepins & Arnaudiftes. Nous les foumettons tous à un anathême perpetuel. Et parce que quelques-uns fous pretexte de pieté s'attribuent l'autorité de prêcher, nous comprenons fous un pareil anathême tous ceux qui oferont prêcher en public ou en particulier, fans avoir mission & autorité de nous ou de l'évéque du lieu; tous ceux qui penfent ou enfeignent autrement que l'églife Romaine touchant le facrement du corps & du fang de N. S. J. C. le batême, la remiffion des pechez, le mariage & les autres facremens. Et generalement tous ceux qui auront été jugez heretiques par l'église Romaine, par chaque évêque dans fon diocese, avec le confeil de fon clergé, ou par le clergé même, le fiege vacant, avec le confeil, s'il eft befoin, des évêques voisins.

Nous condamnons de même tous ceux qui donne- AN. 1184. ront retraite ou protection à ces heretiques; foit qu'on les nomme Confolez, Croyans, Parfaits ou de quelque autre nom fuperftitieux.

Et parce que la feverité de la difcipline ecclefiaftique eft quelquefois méprifée par ceux qui n'en comprennent pas la vertu, nous ordonnons que ceux qui feront manifeftement convaincus des erreurs fufdites, s'ils font clercs ou religieux, foient dépoüillez de tout ordre & benefice, & abandonnez à la puiffance feculiere, pour recevoir la punition convenable; fi ce n'eft que le coupable fi-tôt qu'il fera découvert faffe abjuration entre les mains de l'évêque du lieu. Il en fera de même du laïque, & il fera puni par le juge feculier s'il ne fait abjuration. Ceux qui feront feulement trouvez fufpects feront punis de même, s'ils ne prouvent leur innocence par une purgation convenable; mais ceux qui retomberont aprés l'abjuration ou la purgation, feront laiffez au jugement feculier, fans être plus écoutez. Et les biens des clercs condamnez feront appliquez felon les loix aux églifes qu'ils fervoient. Cette excommunication contre tous les heretiques fera renouvellée par tous les évêques aux grandes folemnitez ou quand l'occafion s'en presentera; fous peine d'être fufpens trois ans durant des fonctions épifcopales.

Nous ajoûtons par le confeil des évêques fur la remontrance de l'empereur & des feigneurs de fa cour, que chaque évêque visitera une ou deux fois l'année, par lui-même, par fon archidiacre, ou par

« AnteriorContinuar »