LIX. Baudouin arch. de Cantorberi. Per. Blef. ep.s. An. 1185. en cette occasion, il y eut plusieurs prélats & Id p.629. plusieurs seigneurs qui le firent. Les plus remar quables entre les prélats furent les deux nouveaux archevêques Baudouin de Cantorberi & Gautier de Rouen. Richard archevêque de Cantorberi étoit mort l'année precedente 1184. le vendredi dix-septiéme libus. Cervasi an. de Février , aprés plus de dix ans de pontificat . Rad . Dic. 2. 618. On l'accusoit d'avoir plus de soin du temporel de son église que du spirituel , & de ne pas profiter de la protection du roi qui l'aimoit tendrement , pour s'acquitter mieux de ses devoirs. Aprés fa mort le liege vacqua prés de dix mois , par la contestation , qui étoit entre les évêques de la province & les moines de la cathedrale , pour le droit d'élire l'archevêque : Baudouin évêque de Vorchestre fut élu par les évêques dés le vingt-troisiéme d'octobre; & les moines l’élûrent aussi de leur côté le troisiéme dimanche de l'Avent seiziéme de Decembre 1184. Enfin ayant reçu du pape Lucius la confirmation de son élection & le pallium, il fut folemnellement introni sé le jour de S. Dunstan dix-neuviéme de Mai 1185. Goduin. p. 114. Baudouin étoit né à Excester de parens pauvres, Pontif. p. 675; & ayant tenu quelque tems une école il fut fait archidiacre pour son merite ; mais il quitta bien-tôt cette dignité pour se rendre moine de l'ordre de Cisteaux ; & un an aprés on le fit abbé de Forden en Devonshire. On l'en tira en 1181. pour être évêque de Vorchestre.. Il étoit extrémement sobre, modeste & doux, mais on l'accusoit de manquer de Rad. 1628. Gervas. act. Albert. 1164: ans. 1183. chr. Rothom. vigueur pour reprimer les crimes , & on disoit An. 1185. Gautier de Coûtances archevêque de Rouen Lab. s. biblp 369. peu de tems aprés il fut transferé à Rouen , & intronisé le jour de saint Mathias vingt-quatriéme de Février 1185. Il tint ce siege vingt-deux ans. Or quoique ces prélats se fussent croisez , ils ne se presserent pas de partir ; & le patriarche de Jerusalem retourna fans rapporter grand effet de son voyage. Le roi Baudouin IV. mourut la même année 1185. Sanur. p. 172. & comme la lepre dont il étoit affligé l'avoit empêché de se marier ; il laissa pour successeur son neveu Baudouin V. qu'il avoit fait couronner des l'an 1181. fils de sa four Sibille & de Guillaume Longue épée , marquis de Montferrat. Baudouin V. G. Typ.p. 1004: étoit un enfant de neuf ans, & mourut l'année sui. G. Neubrig. 111. vante 1186. Cependant Guillaume roi de Sicile excité par un certain Alexis Comnene parent de l'empereur prise par les sciManuel, arma par mer & par terre, & entreprit la "Nices. 1. Androm. conquête de l'empire de C. P. ses troupes pri-... rent Duras le jour de la saint Jean 1185. & Thef- 1185. Y yy ij 6:16. LX. Thessalonique Jo. Ces chr. an. Nicet. p. 194 P.192. An. 1185. salonique le quinziéme d'Aoust de la même année ; que les Grecs comptoient 6633. A la prise de cette grande ville les Siciliens commirent toutes sortes de cruautez & de facrileges. Ils tuoient dans les églises ceux qui s'y étoient refugiez: ils fouloient aux pieds les saintes images, qui chez les Grecs ne sont que de platte peinture sur du bois ; ils les jettoient dans les rues & les brûloient pour faire leur cuisine. Il y en eut qui monterent fuc la sainte table , y danserent, en chantant , & pilferent dans le sanctuaire. Quoique puslent faire les chefs pour reprimer ces insolences du soldat victorieux, elles continuerent les jours suivans : lessiciliens entrant dans les églises troubloient par leurs cris le service divin des Grecs , ou chantoient en même tems des chansons infâmes. Ainsi la haine reciproque des Grecs & des Latins, s'allumoit de plus en plus.. L'archevêque de Thessalonique fut d'un grand secours à son troupeau en cette calamité. C'étoit le savant Eustath" si fameux par son commentaire sur Homere. Il ne voulut point se retirer, comme il eut pû faire avant le fiegé, mais il s'enferma volontairement avec son peuple pour le consoler & l'exhorter à la patience; & aprés la prise de la ville, il alloit souvent trouver les comtes qui commandoient les troupes de Sicile pour les adoucir. Ils le respectoient, le levoient à son abord , l'écoutoient fatiemment, & avoient égard à ses prieres.. Aprés la prise de Thessalonique , les Siciliens marcherent à C. P. ou l'empereur Andro LXI. Mort; d'An. dronic, ز nic se preparoit à se défendre ; mais il avoit au An. 1185. dedans des ennemis plus dangereux , qu'il s'étoit Ifaac l'Ange attirez par ses cruautez & ses soupçons. Le plus Nicet. 11. An. terrible fut Isaac l'Ange , dont l'ayeul Constan- dron ".12. tin natif de Philadelphie avoit épousé Théodora Cans, famil . Biz. derniere fille de l'empereur Alexis Comnene; ce qui commença à distinguer cette famille des Anges obscures jusques alors. Isaac ayant tué celui qui Nicet. n. to voulut l'arrêter de la part d'Andronic , se fauva dans sainte Sophie , comme faisoient ceux qui craignoient d'être poursuivis pour un meurtre; ce qui attira beaucoup de monde , pour voir ce qu'il deviendroit. Le peuple ému comença à le demander pour empereur ; on rompir les prisons, on en tira ceux qu'Andronic y retenoit ; & avant qu'Isaac sortit de fainte Sophie on lui mit sur la tête la couronne du grand Constantin , qui étoit suspenduë sur l'autel. Ensuite on le fit monter sur un des chevaux de l'empereur , qui passoient par hazard , & on le promena ainfi par la ville, suivi même du patriarche Basile Camatere, que le peuple y entraîna malgré lui. Isaac l'Ange fut ainsi "proclamé empereur & mis en possession du palais , que le peuple pilla en cette occasion; même les ornemens des saintes images, dans la chapelle imperiale, & le reliquaire ou on pretendoit avoir la lettre de J. C. à Abgar. Andronic s'enfuit par mer p. 2016 mais il fut pris, chargé de chaînes & presenté à Isaac , qui permit de l'insulter en toutes manieres. On lui donna des m12. soufflets; on lui arracha la barbe & les cheveux , Y y y iij ܪ on lui cassa les dents ; il fut le jouet du public, AN. 1185. principalement des femmes, dont il avoit fait mou- fait usage pour la correction de ses mæurs. Enfin on le mena au théatre, où on le pendit par les pieds: ce qui donna occasion à l'outrager de nouveau jusques à ce qu'il expirât. Ainsi finit ce malheureux Andronic ; aprés environ deux ans de regne, le Marth. xii. 200 |