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4.

douzième jour de Septembre 1185. l'an des Grecs AN. 1185. 6794. Commencé au premier jour du même mois avec la quatriéme indiction. Ifaac l'Ange regna neuf ans & huit mois, & commença par reprendre ce que les Siciliens avoient pris. Il fit dépo- Nic. . Ifanc, n. fer le patriarche Bafile Camatere, quoi qu'il eût p. 259. beaucoup fervi à le faire empereur; & la caufe de fa dépofition fut d'avoir permis à quelques femmes nobles de quitter l'habit monastique, qu'Andronic leur avoit fait prendre malgré elles. Bafile avoit tenu le fiege de C. P. deux ans & demi. L'empe- Catal. to. 1. hift. reur Ifaac fit mettre à fa place Nicetas Mountanés facellaire de la grande église fort avancé en âge, qu'il n'y lailla que trois ans & demi.

LIVRE SOIXANTE-QUATORZI’EME.

L

}

Byz.p.37.

I.

Mort de Lucius.

Radulf Dic. p.

Ital. fac. to. 2.

E pape Lucius III. étoit toûjours à Verone, où il mourut le vingt-quatriéme de Novem- Urbain III. pape. bre 1185. aprés avoir tenu le faint fiege quatre ans Pagi 1185. n. 12. Papebr. conat. & prés de trois mois. Il fut enterré le lendemain 13.1186 n.1. vingt-cinq; & le même jour on élut pour lui fuc- 629. Ughell. ceder Hubert Crivelli natif de Milan. Il avoit été p. 232. Vita. S. archidiacre de Bourges d'où faint Thomas de Can- Th. p. 191: torberi le tira pour l'avoir auprés de lui. Etant revenu en Italie il fut archidiacre de Milan, puis le pape Lucius III. le fit cardinal du titre de faint Laurent in Damafo 1182. Après la mort d'Algife il fut archevêque de Milan, & sept mois aprés il fut élu pape tout d'une voix par les cardinaux,

AN. 1185.

Puricell monum. Ep. I. to. 1o. conc•

Godefr. Viterb. Chr. par. 17-p113

5221

& couronné le dimanche fuivant premier jour de Decembre fous le nom d'Urbain III. Il tint le faint fiege un an & prés d'onze mois, gardant l'archevêché de Milan. Il donna part de son élection à tous les évêques & les autres prélats par une lettre dattée de Verone le douziéme de Janvier 1186.

L'empereur Frideric étoit encore en Lombardie & celebra à Pavie la fête de Noël 1185. Enfuite il fit les nôces du roi Henri fon fils avec Conftance fille poftume de Roger roi de Sicile, & tante de Guillaume fecond, qui regnoit alors. Elle avoit plus de trente & un an, & Henri n'étoit que dans fa vingt-uniéme année. Le mariage fut celebré à Milan dans l'église de S. Ambroise le vingt-septiéme de Janvier 1186. & en cette cérémonie l'empereur Frideric fut couronné par l'archevêque de Rad. de Dic. 619. Vienne, le roi Henri par le patriarche d'Aquilée, & la reine Conftance par un évêque Alleman. Dès ce jour le jeune roi prit le titre de Cefar. Mais le pape Urbain le trouva mauvais : car il foûtenoit comme Lucius fon predeceffeur, que Frideric ne pouvoit donner à fon fils la dignité imperiale; & il n'approuvoit point ce mariage, qui doñŋoit à Henri l'efperance du royaume de Sicile, parce que le roi Guillaume neveu de Conftance n'avoit point d'enfans. Auffi fufpendit-t-il de leurs fonctions tous les évêques qui avoient affifté à cette cérémonie.

Aut. Aquicin.

An. 1186.

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C'est ici que Godefroi de Viterbe finit fa chronique intitulée Pantheon. Il étoit prêtre & avoit été chapelain & fecretaire de l'empereur Conrad III. & le fut enfuite de Frideric & de fon fils Henri

VI. il travailla pendant quarante ans à cette chronique composée de tout ce qu'il connoissoit d'histoire, & l'ayant achevée il la dédia au pape Urbain III. la foûmettant à fon examen, parce, dit-il, qu'aucun écrit n'eft autentique s'il n'eft approuvé par le faint fiege. Il dit que fon ouvrage fera utile aux princes, & qu'il eft impoffible qu'ils gouvernent bien s'ils font ignorans ; parce que ne devant rendre compte de leur conduite qu'à Dieu, ils doivent être inftruits par les exemples de ceux qui les ont précedez. La chronique de Godefroi eft divifée en vingt parties, dont la premiere & la feconde font des traitez théologiques fur la nature divine, la création & l'état du premier homme. Il continuë dans les fuivantes l'hiftoire de l'ancien testament depuis le deluge jufques aux Macabées, & y rapor te l'histoire profane fuivant principalement la chronique d'Eufebe. La treizième partie est encore un traité théologique pour prouver par tous les prophetes la Trinité & l'Incarnation contre les Juifs & les beretiques.

Enfuite commence le nouveau teftament & l'hiftoire ecclefiaftique & temporelle depuis la veQuë de J. C. En parlant de Conftantin l'auteur dit : Alors l'empereur donna au pape Silveftre les mar- par. 16. p. 33§è ques de la dignité royale; & pour procurer un plus grand repos aux églifes, il transfera à Byzance la pompe & le tumulte de fa cour. Par cette donation nous voyons qu'il ceda Rome à l'église Romaine avec l'Italie & la Gaule. Toutefois les partifans de l'empire foûtiennent que Conftantin n'a

point ainfi donné le royaume ; mais que feulement par respect pour la religion il a choifi le pape pour fon pere, & a voulu recevoir fa benediction & le fecours de fes prieres. Ils ajoûtent cette preuve, que Conftantin partageant le monde entre fes enfans, donna à l'un deux l'Occident qui comprend l'Italie; ce qu'il n'auroit pas fait s'il l'eût donnée à l'églife. Ils difent auffi que Theodofe & plufieurs autres pieux empereurs ont eu Rome pour leur partage avec les royaumes d'Occident. Les défenfeurs de l'églife répondent, qu'il n'eft pas croyable que Dieu l'ait tellement abandonnée à l'efprit d'erreur, qu'elle poffedât ce qui ne lui appartenoit point. Car plufieurs perfonnages d'une vie exemplaire ont tenu jufques à prefent des droits royaux, avec lesquels on croit qu'ils ont gagné le royaume de Dieu. On peut auffi prouver d'ailleurs que Conftantin a justement accordé fes droits à l'églife, & qu'elle les a reçûs licitement. Car fi Dieu les a donnez juftement aux rois & a difpofé la volonté du peuple à se soûmettre à eux il a auffi incliné la volonté des princes pour donner ces droits à l'églife.

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Pour moi, ajoûte Godefroi, s'il faut dire mon fentiment, j'avoue que j'ignore lequel eft le plus agréable à Dieu, de la gloire & l'élevation presente de l'églife, ou de fon humiliation precedente. Plufieurs eftiment ce premier état plus faint, celui-ci plus heureux; & moi je m'en tiens au fentiment de l'églife Romaine nôtre mere fondée fur la pierre qui eft J. C. J'eftime qu'elle doit posse

AN. 1186.

29. par. 17.2.488.. 1.504

der ce qu'elle poffede, puifqu'elle ne peut tomber
dans l'erreur & que fa foi ne peut manquer.Je laiffe
à ceux qui font au-deffus de nous la folution des au-
tres questions de cette nature. En parlant de l'ex- Sup. Liv. XIL. W
communication de Henri IV. par Gregoire VII. il
ajoûte : Avant cet empereur nous ne lifons point
qu'aucun ait été excommunié ou privé de l'empire
par le pape. Peu aprés il declare qu'il a tiré ce qui
precede des hiftoires écrites, mais que ce qui fuit eft
ce qu'il a apris de perfonnes dignes de foi, ou ce
qu'il a vû lui-même. Il finit à l'an 1186. & au maria-

ge
de Henri VI. avec Conftance; mais tout ce corps
d'histoire eft mêlé de beaucoup de fables, comme
les autres du même tems.

le

III. Differends entre

pape & Frid ric. Chr. Slam.xxx

Arnold. Lubec.

6. 16.

Le pape Urbain & l'empereur Frideric eurent plufieurs conferences touchant les affaires que Lucius avoit laiffé indecifes; & qui produifirent bientôt des differends entre-eux. Car Urbain étoit zelé pour les droits de l'églife, & comme Milanois il avoit peine à oublier les maux que Frideric avoit faits à fa patrie. Il fe plaignoit que ce prince s'étoit Sup. l. xxx. m. 55i emparé injustement des biens que la princeffe Ma

thilde avoit donnez à l'église Romaine, qu'il pre- Sup..uxt1.m. 48p noit les dépouilles des évêques morts, enforte que leurs fucceffeurs trouvant les églises denuées de tout, étoient reduits à faire des extorfions injuftes: enfin que l'empereur avoit diffipé plufieurs monafteres de filles, dont il avoit pris les revenus, fous pretexte de la conduite dereglée des abbesses, sans en mettre en leur place de plus regulieres. L'empereur de son côté fut fort irrité de ce que le pape

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