Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1186. foûtenant Volmar élû archevêque de Tréves, l'ordonna prêtre cardinal le samedi de la Pentecôte,

qui cette année 1186. étoit le dernier jour de Mai; Sup liv. 1. & le lendemain le facra archevêque.Or nous avons vû que l'empereur foûtenoit Rodolfe competiteur de Volmar.

2.56.

Le roi Henri ne contribua pas peu par fes violences à fomenter la divifion entrele pape & l'empereur fon pere. Car étant encore en Lombardie, il fit venir un évêque, à qui il demanda de qui il avoit reçû Finvestiture. Du pape, répondit l'évêque. Le jeune roi lui fit trois fois la même quef tion; & l'évêque ajoûta: Seigneur, je ne poffede ni regales, ni officiers, ni cours royales ; c'est pourquoi j'ai reçû du pape le diocese que je gouverne Alors le roi le fit battre à coups de poing par fes gens & traîner dans la bouë. Une autrefois ayant rencontré un fervitenr du pape Urbain, qui portoit une grande fomme d'argent; il la lui ôta & lui fit couper le nez.

Le pape cita l'empereur, menaçant de l'excommunier, & il avoit pour lui plusieurs des principaux évêques d'Allemagne; favoir, Philippe archevêque de Cologne, fort mal content de ce qu'aprés la mort des évêques on confisquoit tous leurs meubles; Conrad de Mayence; Volmar de Treves & douze évêques, dont le plus confiderable étoit Bertold de Mets. C'eft celui qui avoit été élû archevêque de Brême en 1178. & que le pape AleSup. liv. xx111- xandre III. avoit dépofé. Etant ainfi dépouillé & banni de chez lui, il vint trouver l'empereur, qui en

3.2.45

SOIXANTEQUATORZIEME. 349 ayant pitié, le reçût avec honneur & le retint à fa fui- AN. 1186. te jufques à ce qu'il trouvât à le placer;enfin l'évêché de Mets, étant venu à vaquer, il le lui donna.Bertold ne laiffa pas en ce differend de prendre parti contre l'empereur; & quand Volmar ayant été facré par le pape revint en Allemagne pour prendre poffeffion de l'archevêché de Treves, Bertold alla au devant de lui, même hors de fon diocese, & le reçût avec grand honneur.Dequoi l'empereur irrité le chaffa de Mets, & le reduifit à s'enfuir à Cologne prés l'archevêque Philippe, qui lui donna une prebende dans l'églife des apôtres. L'empereur empêcha aussi Volmar de jouir du temporel, ni du fpirituel de l'archevêché de Treves, & y maintint Rodolfe, que Volmar avoit excommunié à fon retour. Le roi Henri de fon côté, par ordre de fon pere, dépouilla les partifans de Volmar, & confifqua leurs maisons; & ce prélat fut reduit à fe refugier en Angleterre où Chr. Bag.

il mourut.

L'empereur Frideric étant de retour en Allemagne & voyant le pape refolu de le pouffer, ferma tous les paffages des Alpes & des pays voisms, pour empêcher que perfonne n'allât à la cour de Rome; ce qui obligea le pape à établir fon legat en Alle magne Philippe archevêque de Cologne. L'empe reur fit venir ce prélat & lui demanda s'il lui fe roit fidele. Le prélat répondit: Seigneur, vous n'en devez point douter vous m'avez souvent éprouvé. Toutefois, pour vous parler au nom de tous les évêques, fi vous vouliez nous traiter un peu plus doucement, nous vous ferions plus dé

[ocr errors]

IV. Plainte de l'emp. contre le pape. Arnold. 6.17

N.1186. voüez. Le pape croit fe plaindre avec raison, de ce qu'aprés la mort des évêques on dépouille les églifes: on enleve tous les meubles & les revenus de l'année courante, enforte que le fucceffeur ne trouve rien. Si vous voulez nous faire justice fur ce point, nous ferons les mediateurs entre vous & le pape, finon nous ne pouvons abandonner la verité. L'empereur repliqua : Nous favons certainement ques les empereurs nos predeceffeurs donnoient les inveftitures des évêchez,& les remplifsoient de perfonnes plus dignes, que l'on ne fait depuis qu'ils vous ont permis l'élection, que vous apellez canonique. Nous nous tenons à ce qu'ils ont reglé, mais nous voulons conferver ce petit refte de nôtre droit tel que nous l'avons trouvé. Cependant comme je voi que vous n'êtes pas de mon avis, je ne veux point que vous veniez à la cour que je dois tenir à Geilenhufen.

Il s'y assembla grand nombre d'évêques & de feigneurs, & l'empereur leur dit : Vous favez comme je fuis attaqué par le pape, fans que je facho avoir jamais manqué à ce que je lui dois. Il dic qu'aucun laïque ne doit poffeder les dîmes que le feigneur a destinées à ceux qui fervent l'autel. Mais nous favons que l'églife étant attaquée a accordé les dîmes à perpetuité à des perfonnes nobles & puiffantes, qui ont entrepris fà défense, sans quoi elle n'auroit pu conferver fes biens. Le pape dit encore, qu'il n'eft pas jufte, que perfonne s'attribue droit d'avouerie fur les terres ou les vaffaux de l'églife; mais que les prelats doivent en jouir

librement, comme il les ont reçûs d'abord. Or nous A N. 1186, ne croyons pas que l'on puiffe changer facilement ce qui eft établi par une ancienne coûtume. Je demande doncaux prelats leurs avis fur ce fujet. Alors Conrad archevêque de Mayence fe leva & dit : Cette affaire eft importante, & il ne nous appartient pas de determiner un fi grand differend. Je fuis d'avis que nous écrivions au pape, pour l'exhorter à faire la paix & à vous rendre justice.

Cet avis fut fuivi, & on écrivit une lettre au nom de tous les évêques d'Allemagne & sellée de leurs bulles, c'est-à-dire, de leurs feaux, où ils difoient: Nous fommes fenfiblement affligez de la difcorde qui s'éleve entre l'église & l'empire, & qui fait entre-choquer les deux glaives qui fe dévroient mutuellement fecourir. L'empereur dans une cour folemnelle qu'il vient de tenir, s'eft plaint que lorsqu'il vous témoignoit le plus d'amitié, & qu'il avoit envoyé fon fils unique le roi des Romains s'expofer à toutes fortes de perils, pour la défenfe de l'église Romaine, vous avez affecté d'exercer vôtre inimitié contre lui; en recevant les Cremonois qu'il avoit declarez ennemis publics de l'empire; & détournant les villes d'Italie & particulierement les évêques de lui prêter aucun fecours. Il a ajoûté de grandes plaintes touchant l'affaire de Treves. Car il n'y a point de memoire qu'aucun de vos prédeceffeurs ait fait une telle injure a aucun des fiens, de facrer un evêque du royaume Teutonique avant qu'il eût reçû les regales par le feptre imperial ; & des perfonnes dignes

Lettre de éva ques Allemans

ap. Rad.de Dia 8.6320

AN. 1186. de foi témoignent que vous aviez promis ferme ment de ne point facrer le feigneur Volmar. L'empereur s'eft encore plaint des torts que vous avez faits depuis long-tems à l'empire dans l'archevêché de Milan, un des plus grands fieges d'Italie. Il a ajoûté, que toutes les églifes de l'empire font accablées des exactions de ceux qui viennent de vôtre part; tant en argent qu'en repas & en logemens d'hommes & de chevaux ; & on traite ains des églifes & des monafteres qui n'ont pas de quoi fubfifter. Les évêques finiffent leur lettre en priant inftamment le pape de fatisfaire à ces plaintes, & de prendre confiance au deputez qu'ils lui

Cic.

envoyent.

Arnold. Le pape ayant reçû cette lettre fut furpris du changement des évêques; car il lui fembloit avoir pris la défense de leur cause, qu'ils abandonnoient eux-mêmes. Il demeura donc ferme dans fa refolution, d'excommunier l'empereur aprés les citations legitimes; mais les habitans de Verone où il étoit, lui dirent: Saint pere, nous fommes ferviteurs & amis de l'empereur; c'eft pourquoi nous vous prions de ne le pas excommunier dans nôtre ville & en nô. tre prefence. Le pape ayant égard à leur priere fortit de chez eux; mais lorsqu'il vouloit excommunier T'empereur, la mort le prevint.

Eglife de Livo,

Arnold. Lub.

Chr. v111.6.8.

Cependant s'élevoit une nouvelle église en Livonie, par les foins de Meinard chanoine de Sigeberg; qui pouffé d'un grand zele pour la converfion de ce peuple idolâtre, y fit plufieurs voyages pendant quelques années avec des marchands,

s'appliquant

« AnteriorContinuar »