Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1186.

s'appliquant à un plus heureux commerce. Quand il vit que Dieu beniffoit fon travail, & qu'il étoit écouté favorablement, il s'adreffa à Hartuic archevêque de Brême, & au chapitre de la cathedrale, & leur expofa l'état des chofes : pour ne pas continuer la predication fans autorité & fans confeil. Ils lui donnerent miffion pour cette bonne œuvre,dont ils efperoient un grand fruit ; & on l'ordonna évêque afin de l'autorifer davantage. Il établit fon fiege gi à Riga capital du païs, où il fonda une église cathedrale fous l'invocation de la fainte Vierge en 1186. & par fes inftructions accompagnées de douceur & de liberalitez, il convertit un grand nombre d'infideles. Bertold abbé de Luque en Saxe de l'ordre de Cîteaux, quitta fon abbaïe pour aller travailler Cafar.dift. vII. avec Meinard; & fe faifoit aimer des payens, principalement par son abstinence, fa modestie & fa patience. Il fucceda depuis à Meinard; & tels furent les apôtres de la Livonie.

à

C. 17.

VII.

S. Hugues évêque

de

Lincolne.

Vita S. Hug. ap. Sur. 17. No. c. 9.

Goduin p. 345.

En Angleterre l'évêché de Lincolne vaquoit depuis prés de dix-huit ans, aprés la mort de Robert du Chefnai arrivée au mois de Janvier 1167. Car Gautier de Coutances, qui fut placé fur ce fiege la fin de l'an 1183. ne le tint guere qu'un an, guere qu'un an, & fut sup. liv. n. 46, transferé à Rouen, comme j'ai dit. Le roi Henri II. voulant pourvoir à cette églife, fit venir devant lui Egenesham Richard doyen de Lincolne, & la meilleure partie du chapitre le vingt-cinquiéme de Mai 1186. Aprés avoir long-tems deliberé, ils élurent pour leur évêque Hugues prieur de la Chartreufe d'Ouitham au comté de Sommerfet, fonTome XV.

Aaaa

Rad. de Die

p. 631.

Roger. p. 631.

[ocr errors]

per

AN. 1186. dée depuis peu par le même roi, & la première: Manaf Aug. maison de cet ordre en Angleterre. Le roi eut une grande joye de cette élection, l'archevêque de Cantorberi la confirma, & ils envoyerent l'un & l'autre au prieur Hugues l'exhortant à l'accepter. Hugues qui connoiffoit les difficultez & les perils de l'épiscopat, s'excufa difant, que l'élection étoit nulle, non feulement à caufe de l'indignité de fa perfonne, mais parce qu'elle avoit été faite par l'autorité du roi & de l'archevêque, hors de l'églife vacante; & qu'il ne pouvoit y confentir fans la mission du prieur de la grande Chartreuse son fuperieur. Il renvoya ainsi les deputez, exhortant le chapitre à faire un meilleur choix, & efperant les rebuter par ces difficultez. Mais les chanoines,pour ne lui laiffer aucune excufe, s'affèmblerent de nouveau dans l'église de Lincolne, & l'élurent tout d'une voix, puis ils envoyerent à la grande Chartreuse des deputez notables, qui rapporterent nonfeulement la permiffion, mais le commandement d'accepter. Hugues fut donc tiré de fon monastere de Ouitham; mais en fortant il portoit lui-même fur fon cheval fes peaux de mouton & ses habits monaftiques; ne voulant rien relâcher de fon obfervance avant l'épiscopat. Il fut ainfi amené à Londres, & facré à Questminster dans la chapelle de fainte Catherine, le jour de faint Matthieu vintuniéme de Septembre.1186.

Hugues étoit né en Bourgogne d'une famille noble; fon pere brave & vertueux chevalier ayant Viperdu. sa femme, l'offrit à Dieu dés l'âge de huit

c. 2.

ans, le mettant dans un manaftere de chanoines AN. 1186. reguliers qui étoit proche de fon château, où il se reura enfuite lui-même, & y fervit Dieu le reste de fes jours. On mit d'abord le jeune Hugues fous la conduite d'un fage vieillard qui l'inftruifant des bonnes lettres formoit auffi fes mœurs, l'accoûtumant dés lors à une vie ferieuse. Il fut ordonné diacre à l'âge de dix-neuf ans, & quelque tems aprés on lui donna le gouvernement d'une paroiffe, quoiqu'il ne fut pas encore prêtre. Son prieur allant par devotion à la grande Chartreuse le mena avec lui; & le jeune religieux fut tellemant touché de la vie de ces faints folitaires, qu'il conçut un defir ardent d'être admis en leur compagnie, & commença à les en folliciter fecrettement. Il retourna toutefois avec fon prieur; & les chanoines fes confreres ayant appris fon deffein, le prefferent tellement qu'il leur promit par ferment de ne le point quitter. Mais il ne pût refifter à l'at- «.3. trait d'une vie plus parfaite; il s'enfuit fecrettement, & vint à la Chartreuse, où il fut reçû & fes fcrupules s'appaiferent. Cette fainte maison étoit alors gouvernée par Bafile fon huitiéme prieur fucceffeur de faint Anthelme.Le tems étant venu d'or- c. 4: donner Hugues prêtre, l'ancien qu'il fervoit lui demanda s'il le vouloit. Il répondit avec fimplicité, qu'il n'y avoit rien en cette vie qu'il defirât davantage. Et comment, dit le vieillard, ofez-vous defirer ce que les plus parfaits même ne reçoivent que lorfqu'ils y font contraints? Hugues épouvanté de ce reproche, se prosterna à terre de tout

AN. 1186. le corps, demandant pardon avec larmes. Le vieil lard lui dit Levez-vous mon fils, ne vous trou

:

blez point: je fai par quel efprit vous avez parlé. Vous allez être prêtre, & vous ferez évêque quand cs. le tems. prefcrit de Dieu sera venu. Aprés qu'il eut paffé dix ans dans fa cellule, le prieur de la Chartreuse lui donna la charge de procureur; dont il s'acquitta fi dignement, que fa reputation s'étendit même hors la province..

[ocr errors]

Le roi d'Angleterre avoit déja fondé la Char-treuse de Oüitham; mais les deux prieurs qui y avoient été n'avoient pû faire aucun bien,à cause de l'infolence des gens du pays. Le roi ayant ouï parler du merite de Hugues, envoïa à la grande Chartreuse le demander, pour gouverner cette maifon. Le prieur & les moines eurent grande peine à le donner, & lui encore plus à y confentir. Car, leur difoit-il, puifque depuis tant d'années je n'ai pas profité de vos inftructions & de vos exemples pour me condure moi-même, comment pourrai-je gouverner une nouvelle communauté ? Etant allé à c.6. Oüitham il trouva les moines dans une grande pau-vreté ; & les confola, les exhortant à la patience & à la douceur; mais il ne laiffa pas d'augmenter bien-tôt cette maison tant en bâtimens qu'en meubles : ayant gagné l'affection du roi & du peuple, quoique cette nation n'aimât pas les étrangers. Il parloit au roi avec tant d'infinuation & de pieté, que ce prince, tout habile qu'il étoit, ne lui pouvoit rien refuser, & avouoit qu'il avoit trouvé fon maître. En une grande tempête il crut avoir été con

fervé par les prieres de Hugues & redoubla depuis AN. 1186. ce jour fa veneration pour lui.

VIII. Concile de Du

blin.

11. gest.

A la mi-Carême de l'année 1186. Jean archevêde Dublin tint avec fes fuffragans un concile bl que dans l'église de la fainte Trinité. Le premier jour Girald. Camb il y prêcha lui-même fur les facremens, le fecond jour Aubin abbé de Balguinglas, qui fut depuis évêque de Fernes, fit un long fermon fur la continence des clercs, où il rejetta fur les étrangers la corruption qui s'étoit introduite à cet égard : c'est-à-dire, sur les ecclefiaftiques venus de Galles & d'Angleterre, montrant qu'elle étoit auparavant la pureté du clergé d'Irlande. Aprés le fermon les clers du comté de Vexford s'accuferent l'un l'autre en presence de l'archevêque & du concile touchant les concubines, qu'ils avoient épousées folemnellement,& menées publiquement chez eux: produifant fur le champ les témoins. L'archevêque les y excitoit lui-même par le confeil de l'archidiacre Girauld, afin d'en faire justice aussi-tôt ce qui caufà une grande dérifion de la part du clergé d'Irlande qui leur infultoit. L'archevêque pour reprimer ces infultes, & montrer combien ces impuretez lui déplaifoient,prononça aussi-tôt sa fentence-contre ceux qui en étoient convaincus ; & les fufpendit des fonctions ecclefiaftiques & de la jouiffaece de leurs benefices. Le troifiéme jour l'archidiacre Girauld prêcha par ordre de l'archevêque fur les devoirs des pafteurs. Il ne diffimula pas ce que l'on pouvoit dire veritablement à la louange du clergé d'Irlande; mais il reprit auffi

« AnteriorContinuar »