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hift. Hierof. 6. 98.

p. 1120.

Car aprés la prise de Jerufalem le roi Gui de Lu- AN. 1191. fignan n'ayant plus aucune place où il pût demeu-Jacob. de Vitr. rer en fûreté, voulut fe retirer à Tyr: mais le marquis Conrad de Montferrat qui en étoit le maître, refufa de l'y recevoir, & lui donna des troupes avec lesquelles il lui conseilla de faire quelque entreprise. Gui de Lufignan entreprit donc par desespoir le siege d'Acre en 1189. & cette entreprise parút d'abord fi témeraire à Saladin, qu'il ne se preffa pas de venir au fecours. Toutefois plufieurs croifez vinrent à ce fiege, entre autre une flotte de Flamans & de Brabançons; & le roi de France y étant arrivé mit les chofes en tel état qu'il eût pû donner l'affaut & emporter la place s'il n'eût voulu observer religieusement sa parole & attendre le roi d'Angleterre. Ce prince ne partit de Meffine que Roger, p.690i le mercredi faint dixiéme d'Avril, & ayant été jetté par la tempête en l'ifle de Chipre, il la conquit en paffant fur Ifaac Comnene, qui s'étoit revolté contre l'empereur Ifaac l'Ange. Quand le roi Richard fut arrivé devant Acre, on en preffa tellement le fiege qu'elle fe rendit à composition le treiziéme de Juillet 1191. & fut depuis la plus importante place 1. p. 696. des Latins en Palestine.

Les principaux articles de la capitulation furent Rigord p.34. que les émirs s'obligeroient au nom de Saladin Vie Sala. MS, leur maître, à rendre la vraye croix prife à la journée de Tiberiade, & à délivrer mille Chrétiens captifs & deux cens chevaliers, de ceux qui fe trouvoient dans fes états. Aprés la reddition de la pla- Reg. 696. ce, les Chrétiens firent nettoyer par leurs prifon- p.2c6.

Jo. Bromps.

AN. 1191.

niers les églises changées en Mosquées, & elles furent reconciliées le feiziéme de Juillet par Alard évêque de Verone cardinal & legat du faint fiege, affifté des archevêques de Tyr, de Pise & d'Auch : avec les évêques du Sarisberi, d'Evreux, de Baïone, de Tripoli, de Chartres & de Beauvais. Les deux rois avoient ordonné que tous les Mufulmans qui fe feroient batiser feroient mis en liberté : mais comme on vit qu'ils ne le faifoient que par la crainte de la mort,& qu'ils alloient auffi-tôt trouver Saladin renonçant au Chriftianifme; on défendit d'en batiser davantage.Le roi de France se contenta de cet exploit, fe trouvant malade, & d'ailleurs mal fatisfait du roi d'Angleterre, avec lequel il avoit eu plufieurs differends dés Meffine. Il s'embarqua donc le dernier jour de Juillet, laiffant la conduite des croifez François à Hugues III. duc de Bourgogne Reg. p. 697. qui mourut à Tyr l'année suivante 1192. Le roi Phi

1.712.

Rigord. p. 35.

XXXI.

lippe aborda à Otrante le jeudi dixiéme d'Octobre 1191. & vint à Rome, où le pape Celestin le reçût avec honneur & le défraya pendant huit jours.Il fit de grandes plaintes contre le roi d'Angleterre, & fe fit abfoudre de fon vœu lui & les fiens, parce qu'ils n'en avoient pas accompli le tems; le pape - leur donna même des palmes & des croix penduës au cou, les declarant pelerins. Le roi Philippe arriva en France vers la fête de Noël, qu'il celebra à Fontainebleau.

Pendant le fiege d'Acre quelques Allemans de Chevaliers Teu- Brême & de Lubec touchez de compaffion pour les malades de l'armée qui manquoient de tout :

toriques
Chr. Pruff.c.3.

établirent un hôpital fous une tente qu'ils firent d'un AN. 1191. voile de vaiffeau, où ils fervoient charitablement

les malades. Il y avoit déja auparavant à Jerusalem

un hôpital de la nation Teutonique. Car depuis que Jac. Vier. hift. la ville fut habitée par les Chrétiens Latins, les Alle- Hierofol. c. 66. mans qui venoient en grand nombre n'entendant point la langue qui s'y parloit, c'est-à-dire, le François, ne favoient à qui s'adreffer. Mais Dieu infpira à un vertueux Alleman qui y étoit établi avec fa femme, de bâtir à ses dépens un hôpital, pour les pauvres & les malades de fa nation, enfuite du confentement du patriarche il y joignit une oratoire en l'honneur de la fainte Vierge.Il y entretint long-tems cette bonne œuvre tant de fes biens que de fes quêtes qu'il faifoit; & quelques autres touchez de fon bon exemple fe donnerent à cet hôpital, quitant l'habit féculier s'engagerent par vœu au fervice des pauvres. A la fuite du tems il s'y joignit des chevaliers & des nobles, qui crurent plus agréable à Dieu de prendre auffi les armes pour la défense de la terre fainte.

Cette devotion s'étant donc renouvellée au siege d'Acre; à l'occafion de l'hôpital dreffé dans le camp; on prit la refolution de former un troifiéme ordre militaire à l'imitation des Templiers & des Hofpitaliers de faint Jean.Ce deffein fut approuve par le patriarche, les archevêques de Nazaret, de Tyr & de Cefarée, & les évêques de Bethléem & d'Acre: par les maîtres du temple & de l'hôpital faint Jean, par le roi Henri de Jerufalem & les autres feigneurs du pays. Les prélats & les feigneurs Allemans qui

AN. 1191.

ann 1189.

fe trouvoient à la terre fainte y donnerent auffi les mains; & d'un commun confentement Frideric duc de Suaube, qui étoit à leur tête envoya des ambaffadeurs à fon frere Henri roi des Romains, pour le prier d'obtenir du pape la confirmation de ce nouvel ordre. Le pape Celeftin III. l'accorda Aut. Aquicinët. par sa bulle du vingt-troifiéme de Février 1192. Le nouvel ordre fut nommé l'ordre des chevaliers Teutonique de la maifon de fainte Marie de Jerufalem; leur habit étoit un manteau blanc chargé d'une croix noire. Le pape leur donna tous les privileges des Templiers & des Hofpitaliers de faint Jean, dont ils imiterent l'inftitut; mais ils étoient foumis au patriarche& aux autres prélats,& païoient la dîme de tous leurs biens. Leur premier maître fut Henri Valpot, qui fut élû pendant le fiege d'Acr, aprés la prife de la ville par les Chrétiens,

Jac. Vitr. Chr. Pr. c. 2.

XXXII.

xandrie.

Chr. Orient. hift patr Al. Sollerii.

Ve MS. Salad,

Ann. 1192.

acheta un jardin où il bâtit une église & un hôpital. Il gouverna l'ordre dix ans, & mourut

en 1200.

Le patriarche Jacobite d'Alexandrie Marc fils de Zaraa, étoit mort dés le premier jour de Janvier 1189. aprés avoir tenu ce fiege prés de vingttrois ans. Les évêques, les moines & le peuple s'étant assemblez, élurent en fa place Aboul-Meged moine de faint Macaire dans la vallée d'Habib, fils d'un riche marchand Syrien, qui lui avoit laiffé depuis peu une grande fucceffion. Il avoit lui-même exercé le commerce & fait plufieurs fois le voyage des Indes; il fut ordonné au Caire le dimanche vingt-neuviém da Janvier, & prit le nom de

,

Jean; mais il avoit obtenu auparavant l'agrément A N. 1191. du fultan, qui étoit une condition neceffaire fuivant les canons de cette églife. Il employa fes richeffes en aumônes & en autres bonnes œuvres & tint une conduite bien differente de fon predeceffeur; s'appliquant à la priere, à la lecture, à la predication & à toutes les autres fonctions epifcopales. Il ne mangeoit aux depens de perfonne, & ne recevoit point de prefens. Mais il étoit attaché aux pratiques des Coptes ; il renouvella à la tête de son concile l'excommunication contre le prêtre Marc fils d'Elconbar, abolit la confeffion, recomman da la circoncifion, & s'efforca de ramener à fa communion ceux qui avoient embraffé celle des Melquites.

Abas roi d'Ethiopie & fa mere Mascal Cabri, lui écrivirent des lettres contre Cilús leur patriarche ; fe plaignant de fa mauvaise conduite, de fon luxe & de fes débauches; & le priant de le depofer,& d'en ordonner un autre à fa place. Jean ayant examiné les informations envoyées contre ce prélat, le priva de toute dignité ecclefiaftique, & envoya un autre métropolitain en Ethiopie. Car cette église dépendoit entierement du fiege d'Alexandrie, & étoit dans les mêmes erreurs des Jacobites; fon autorité s'étendoit auffi dans la Nubie, fur le refte de l'Afrique & dans la province de Jerufalem. Le patriarche Jean Aboul-Meged tint le fiege d'Alexandrie vingt-fept ans. Les Melquites étoient alors tréspauvres & trés foibles, ce qui fait que la fucceffion de leurs patriarches eft moins connue, car enco

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