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AN. 1159.

epift. 6.

Append. ad Radev. p. 563.

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la suite mettant toi au lieu de vous, car l'usage étoit établi depuis long-tems de nommer au plurier par honneur celui à qui on parle. Or l'empereur disoit que le pape en lui écrivant devoit fuivre l'usage de ses prédecesseurs, ou qu'il devoit luimême observer le stile des anciens empereurs.

Le pape répondit à la lettre de l'empereur, se plaignant qu'il manquoit & au respect qu'il lui devoit & à la foi qu'il lui avoit jurée, en se faisant rendre hommage hommage par par les les évé évêques, & défendant aux legats du faint fiége l'entrée non-feulement des églises, mais des villes de son royaume. Il concluoit en le menaçant de la perte de sa couronne, s'il ne devenoit plus sage. L'empereur repliqua encore plus ficrement, soûtenant qu'il ne tenoit sa couronne que de ses predecesseurs, & il ajoûta : Du tems de Constantin S. Silvestre avoit-il quelque part à la dignité royale ? C'est ce prince qui a rendu à l'église la liberté & la paix ; & tout ce que vous avez comme pape vient de la liberalité des cmpereurs. Lifez les histoires vous y trouverez ce que nous disons. Et pourquoi n'exigerons – nous pas l'hommage de ceux qui possedent nos regales, puisque celui qui n'avoit rien reçu des hommes

Matth. xv11. paya le tribut à Cefar pour lui & pour S. Pierre ? Qu'ils nous laissent donc nos regales, ou s'ils jugent qu'elles leur font utiles, qu'ils rendent à Dieu ce qui est à Dieu, & à Cesar ce qui est à Cefar. Nos églises & nos villes sont fermées à vos cardinaux, parce que nous ne croyons pas qu'ils viennent prêcher l'évangile & affermir la paix, mais piller & amasser de l'or & de l'argent avec AN. 1159. une avidité infatiable. Quand nous les verrons tels que l'église defire, nous ne leur refuserons pas le falaire & la subsistance. Vous blessez l'humilité & la douceur en proposant aux seculiers ces questions peu utiles à la religion : car nous ne pouvons nous dispenser de répondre à ce qu'on nous dit, quand nous voyons que l'orgueil, cette bête detestable s'est gliffée jusques à la chair de S. Pierre. Ce que que l'empereur dit icy que le pape tient tout ce qu'il a de liberalité des princes, ne se raporte qu'au temporel, comme la suite du discours le fait affez voir ; & suppose toûjours la prétenduë donation de Constantin.

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Rodev. 11. c. 19.

Les esprits s'échaufoient de plus en plus; & l'on prétendoit même avoir intercepté des lettres du pape, par lesquelles il excitoit à la revolte Milan & quelques autres villes. Alors Henri Cardinal du titre de S. Nerée, qui avoit été à Ausbourg un des mediateurs de la paix entre le pape & l'empereur, écrivit à Eberard évêque de Bamberg, qui sup. n. 25. avoit travaillé avec lui à ce traité en la même qualité, pour l'exhorter à combattre par ses conseils pour l'honeur & la liberté de l'église. Car, ajoûtet-il, tant que les affaires seront gouvernées par des seigneurs laïques, qui ne savent ni les canons ni les regles de la religion, la paix ne pourra s'affermir. L'évêque de Bamberg répondit, qu'il étoit sensiblement affligé de ce commencement de division: toutefois il excuse l'empereur; foûtient que le mal vient de ce que personne ne veut fai

AN. 1159.

Id. c. 201.

Id. c. 29.

:

XXXI.

re les avances de la reconciliation. Or il prétend que c'est aux Romains comme les mieux instruits à prevenir les autres, & à les instruire avec douceur. Il écrivit au pape usant d'une liberté respectueuse & lui dit: Il est à craindre que les paroles dures de part & d'autre venant à fe choquer, ne produisent un feu qui s'étende loin dans le facerdoce & l'empire. Et enfuite: Il me femble qu'il n'est pas expedient de tant peser les paroles & d'en tant demander raison. Il vaut mieux éteindre le feu au plus vîte que de disputer de quel côté il est venu. Ecrivez tout de nouveau à l'empereur d'un stile doux & le ramenez avec vôtre bonté paternelle, il est disposé à vous rendre toute forte de respect.

L'évêque de Bamberg qui écrivit ces lettres étoit un prelat diftingué par sa doctrine & la pureté de fes mœurs. Il avoit une telle affection pour l'étude de l'écriture sainte qu'il en meditoit continuellement les divers sens, même à la guerre; & en faifoit sa confolation au milieu des foins dont il étoit occupé pour les affaires publiques. Car l'empereur avoit une confiance particuliere en ses conseils & partageoit avec lui la conduite de ses états: auffi le prelat étoit connu pour fingulierement affectionné au bien & à l'honneur de l'empire.

Henri roi d'Angleterre invité par le roi de ne le roi de Fredu France Loiiis le Jeune vint à Paris en 158 & Chr. Giruas. y fut reçu magnifiquement. Ils confirmerent le Matth. Paris. mariage qu'ils avoient conclu entre leurs enfans: c'est-à-dire entre Henri, fils aîné du roi d'Angleterre âgé de trois ans, & Maguerite fille du roi de France, qui venoit de naître.

Le pape détour

voïage d Espagne.

AN. 1118.

cod.

AN. 1159.

Il y a grande apparence que ce fut en cette occasion qu'ils resolurent d'aller ensemble en Efpagne faire la guerre aux infidelles. Le roi Lois assembloit déja ses troupes & faifoit les preparatifs de son voïage, quand pour y mieux réüssir il envoïa demander au pape Adrien son conseil & fa faveur : c'est-à-dire une bulle d'indulgence pour exciter les François à ce voïage. Le pape lui répondit loüant son zele, mais reprenant fon empreffement. Il ne paroît, ajoûte-il ni, prudent ni fûr d'entrer dans un païs étranger, fans avoir demandé

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l'avis des seigneurs & du peuple du païs : au lieu d'attendre qu'ils vous en eussent prié eux-mêmes. C'est pourquoi nous vous conseillons de favoir auparavant leur volonté : autrement il feroit à craindre que vôtre voïage ne fût sans fruit, qu'il ne leur fût même à charge & qu'on ne nous accusât de legereté. Car vous devez vous fouvenir, que vous entreprîtes autrefois avec le roi Conrad le voïage de Jerufalem, fans avoir conful- sup. liv. Lxx. té ceux qui étoient sur les lieux, ni pris affez de précaution. Vous savez le mauvais succés de ce voïage, & les reproches que s'attira l'église Romaine pour vous l'avoir conseillé. Toutes ces confiderations nous ont fait differer l'exhortation au peuple de vôtre roïaume, que Rotrou évêque d'Evreux nous demandoit de vôtre part : nous l'envoïerons quand vous ferez prêt à partir à la priere des gens du païs. Mais nous vous avons accordé dès-a-present nos lettres de protection, con

n. 22.

AN. 1159.

ve.

tre ceux qui voudroient attaquer vôtre roïaume pendant votre absence. La lettre est dattée du Gall.Chr.10.1 dix-huitieme de Février apparemment de l'an 1159. & porte créance en faveur de l'évêque d'Evreux, dont le pape loüe la vertu & la prudence. Il étoit fils de Henri comte de Varvic, & avoit été difciple de Gilbert de la Poirée, puis archidiacre de Roüen, dont il fut ensuite archevêque.

XXXII.

Ordre Calatra

Roder v11.

14.

Mariana. X1 с.

c.

Vers le même tems commença en Espagne un nouvel ordre militaire. Le bruit s'étant répandu que les Arabes venoient attaquer avec une grande armée la petite ville de Calatrave en Castille : les Templiers qui en tenoient la forteresse craignirent de ne la pas pouvoir deffendre, & la remirent au roi Sanche II. Ce prince étoit alors à Tolede où se trouva Raimond abbé de Fitere de l'ordre de Cifteaux avec un de ses moines nommé Diego Velasquez, homme noble qui avoit porté les armes, & été élevé dans sa jeunesse auprès du roi. Ce moine voïant le roi en peine du danger où se trouvoit Calatrave, conseilla à son abbé de la demander au roi; & l'abbé qui d'abord y avoit repugnance se laissa perfuader, la demanda & l'obtint, contre l'opinion de quelques-uns qui trouvoient la proposition impertinente. L'abbé avec son moine alla aussi-tôt trouver Jean archevêque de Tolede, qui approuvant leur dessein y contribua de ses biens, & fit prêcher que tous ceux qui iroient au secours de Calatrave auroient le pardon de tous leurs pechez. C'est le premier exemple que je sache d'une indulgence pleniere

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