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Florentin nommé Monaco,c'eft-à-dire, moine, favant en théologie, en droit canon & en medecine, que le patriarche Heraclius avoit choifi pour fon chancelier ; & qui depuis avoit été élû archevêque de Cefarée par tous les fuffragans & par le chapitre. Aprés la prife de Jerufalem par Saladin,Monaco revint à Florence & y demeura environ deux ans,mais ayant apris que les Chrétiens avoient conquis Acre, il y retourna, & peu de tems aprés il fut élû patriarche de Jerusalem, par le fuffrage des archevêques, des évêques, du chapitre & la permission du roi. Monaco tint ce fiege neuf ans.

Cependant Dosithée patriarche Grec de Jerufalem avoit été transferé à C. P. car l'empereur Ifaac l'Ange ôta de ce siege en 1192. Nicetas Montanes, que lui-même y avoit mis, & l'en ôta malgré lui, fans avoir autre reproche à lui faire que fa trop grande vieilleffe: mais en effet il avoit reconnu fa fimplicité & fa legereté. A fa place l'empereur mit un moine nommé Leonce; aprés avoir affuré par ferment publiquement fur fon tribunal, qu'il ne le connoiffoit point auparavant ; mais que la SteVierge le lui avoit montré de nuit, lui faifant connoître fon merite, fa figure & le lieu où il demeuroit. Mais nonobstant les loüanges qu'il lui avoit données, le reprefentant comme un homme divin, il ne le laiffa pas un an fur le fiege de C. P. & en 1193. il y transfera Dofithée de Jerufalem.

Or comme il favoit que cette translation étoit contre les canons; il confulta artificieusement Theodore Balfamon patriarche Grec d'Antioche,

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AN. 1194. qui refidoit à C. P. & étoit le plus habile jurifconfulte du tems. L'empereur l'ayant pris en particulier, lui dit avec de grandes démonftrations de douleur: Il est bien trifte que l'églife foit tellement dépour vûë d'hommes distinguez par la science & par la vertu même chez les moines, que nous ne puissions en trouver un digne de remplir le fiege de C. P. Il y a long-tems, ajoûta-t-il, que je voudrois vous y placer comme une lumiere éclatante par la fcience des loix ; mais je fuis retenu par la severité des canons contre les tranflations. Si par la profonde connoiffance que vous en avez vous pouvez montrer & perfuader aux autres que cette tranflation eft permife; je la regarderois comme un grand avantage & ne differerois pas à l'executer. Theodore répondit que la chofe étoit faisable ; & depuis ce jour il y eut plufieurs conferences entre les évêques, pour examiner la question de la translation, qui fut aufsitôt jugée permife, l'empereur en fit un decret; mais ce fut Dosithée qui fut transferé de Jerusalem à C. P. & Theodore Balsamon demeura patriarche titulaire d'Antioche.

Cette tranflation de Dofithée fe fit en 1193. & comme il étoit à C. P. il fut intronisé en grande: cérémonie & avec une espece de triomphe. Mais les prélats trompez en leur faifant violer les canons pour un fi indigne fujet ; ne pûrent s'empêcher de témoigner leur mépris, & tinrent des assemblées fecrettes avec les principaux du clergé de C. P. où Dosithée fut traité d'ufurpateur & chaffé du fiege. L'empereur ne voulant pas en avoir l'af

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front le fit rétablir, & remettre en poffeffion ac- AN. 1194. compagné de fes gardes pour le garantir de la violence du peuple, à qui fon ambition l'avoit rendu odieux. Enfin l'empereur fut contraint de l'abandonner; & il fe trouva exclus de fes deux fieges; car on avoit donné à un autre celui de Jerufalem. A fa place on fit patriarche de C. P. en 1194. Georges Xiphilin grand treforier ou fcevophilax de la même églife, qui tint ce fiege trois ans & dix

mois.

pas

Pagi an 1191. Grace Rp.303

n. 16.Catalog. Jus

L.. Theodore Balfa

mon & fes écrits. Verini. libri.

Praf. in Nom

C'est à ce patriarche que Theodre Balfamon dedia fon commentaire fur les canons. Il y avoit long-tems qu'il avoit commencé cet ouvrage & fon expofition fur le nomocanon de Photius par ordre de l'empereur Manuel Commene, & du patriarche Michel Anchiale.Theodore étoit né à C. P. & dés lors nomophylax & cartophylax, c'est-à-dire garde des loix & des chartes de fainte Sophie, & premier prêtre des Blanquernes; mais il n'étoit encore patriarche d'Antioche. En cette exposition il marque les loix qui étoient en vigueur de fon tems, & celles qui étoient abrogées ; n'ayant pas été mises dans les Bafiliques compofées aprés la mort Suplivxxv.n.164. de Photius, qu'il nomme toûjours tres-faint patriarche. Il montre auffi en quel endroit des Bafiliques fe trouvent les loix que Photius cite felon les titres du code & du digeste; il refout les antinomies, & ajoute les décifions des conciles ou des empereurs furvenuës depuis les Bafiliques.

Sur le texte que Photius qui dit que C. P. a les privileges de l'ancienne Rome, Theodore pour

!

A N. 1194,

faire voir en quoi confifte ces privileges, rapporte tout au long la prétendue donation de Conftantin, comme une piece autentique. Photius toutefois n'en avoit point parlé, quoi qu'elle fut connuë de fon tems, comme il paroît par l'écrit d'Enée évêque de Sup. liv. 11.n.14 Paris contre les Grecs. Theodore Belfamon a aussi commenté toutes les autres parties du droit canonique des Grecs; favoir les canons des apôtres, ceux des fept conciles generaux,du Concile de Carthage, c'eft-à-dire le code des canons de l'églife d'Afrique, des cinq conciles particuliers & des épîtres canoniV. Cave.p 477. ques des peres. Nous avons plufieurs autres ouvrages de Theodore fur les mêmes matieres, entre lefquels eft une méditation ou réponse à une confultation au fujet des patriarches.

Jus Graco R. lib.
YI.. init.

p. 450.

Il donne le premier rang pour l'antiquité à celui d'Antioche; parceque faint Evode fut ordonné par faint Pierre, ce qu'il fuppofe fans le prouver, Peu de tems àprés, continue-t-il, le même apôtre fit faint Marc évêque d'Alexandrie, S. Jacques de Jerufalem, & S. André deThrace.Environ trois cens ans aprés, faint Silveftre fut nommé pape de l'ancienne Rome par Constantin qui venoit de se convertir; comme nous apprend l'hiftoire ecclefiaftique. On voit parlà combien Théodore en étoit inftruit, & quelle étoit fa critique. Car il repete encore enfuite que faint Silveftre fut le premier pontife de Rome. Il continue: La petite ville de Byzance n'avoit qu'un évêque foûmis à celui de Perinthe, qui eft Heraclée de Thrace; mais le siege de l'empire y ayant été transferé de l'ancienne Ro

me; Métrophane qui en étoit alors évêque prit AN. 1194. le titre d'archevêque. C'eft pourquoi le premier

concile œcumenique, il veut dire le premier de

C. P. lui donna des privileges de l'ancienne Rome, Sup. liv. xvIII. comme étant la nouvelle. Ce que le concile de Trul- "7. le a confirmé, declarant le fiege de C. P. le fecond aprés celui de Rome, & mettant enfuite ceux d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem. C'eft pourquoi les évêques de ces grands fieges font ainfi honorez par toute la terre jufques à prefent. Car encore que le pape de l'ancienne Rome ait été retranché des églises, c'est fans préjudice du bel ordre établi par les canons. Nous ne voyons point de quelle autorité ni par quel decret avoit efté fait ce pretendu retranchement,& c'eft ici le premier témoignage que j'en trouve, & la premiere preuve formelle du fchifme des Grecs. Or on ne fait point la datte de cet écrit, & Theodore a vécu jusques à la prise de C. P. par les Latins. Il ajoûte p. 446. peu aprés que cette feparation lui déchire le cœur, & qu'il attend tous les jours la converfion du pape.

Il s'étend fur les marques exterieurs de la di- p. 444gnité des patriarches, le flambeau qu'ils faifoient porter devant eux, l'habit femé de croix & leurs autres ornemens, dont il rapporte les fignifications p. 646. mysterieuses. Il foûtient que les deux patriarches qui par les incurfions des Gentils font reduits à p.449. refider hors de leurs fieges, favoir celui d'Antioche & celui de Jérufalem ne perdent rien pour cela de leur dignité & des honneurs qui leur font dûs.

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