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confecration du calice il s'appercevoit qu'il n'y eût AN. 1197. que de l'eau, il devoit recommencer & confacrer les deux efpeces.

Cefaire d'Heifterbac moine de Cîteaux, qui vi- Dist. 1x.c. 27. voit dans le même tems, attribuë cette opinion à Pierre le Chantre & à fes fectateurs ; mais il dit que fuivant la coûtume de fon ordre on étoit obligé de croire que la confecration de chaque efpece fe faifoit féparement. Car, ajoûte-t'il, fi aprés la benediction du pain il ne fe trouve point de vin dans le calice, nous ne la repetons point, mais feulement celle du calice. Cette queftion n'auroit pas eu lieu fi l'usage eût été dés lors d'adorer & élever l'hoftie avant la confecration du calice: auffi n'aije trouvé jufqu'ici aucun veftige de cette ceremonie ; & on peut croire qu'elle a été introduite pour empêcher qu'on ne doutât à l'avenir de la converfion du pain au corps de N. S. avant celle du vin. Toutefois Jacques de Vitri qui mourut l'an Hift. Occ. c. ult. 1244. en parle comme d'une coûtume déja établie P 444. edit. 1596 dans l'églife.

L X.
Prifon de Phi-

Beauvais.

Philippe de Dreux évêque de Beauvais, petit-fils du roi Louis le Gros, ayant plus d'égard à fa naif- lippe évêque de fance qu'à fa profeffion, étoit un prélat guerrier. Roger. p. 768. Il fut pris par les Anglois au mois de Mai 1196. dans G.Neubr. v. c. 30. une courfe que fit le comte de Mortain avec le chef des Brabançons. Car ils vinrent piller jufques aux portes de Beauvais, & l'évêque fortit pour les repouffer, accompagné de plufieurs nobles & du peuple armé. Peut-être croyoit-il pouvoir prendre les armes contre ces Brabançons ennemis pu

A N. 1197.

n. 7.

kg.p.770 to. 10. conc.p.1779.

ep. 15.

blics & excommuniez au concile de Latran fous Sup.lv xxi. Alexandre III. Il fut pris & traité durement dans fa prifon, & il s'en plaignit au pape Celestin par une lettre dont il chargea l'évêque d'Orleans fon frere, & qui avoit été précedée de plufieurs autres. Il ne manque pas d'y relever la circonstance des Brabançons employez par le roi d'Angleterre ; & prétend que ce prince a encouru les cenfures ecclefiaftiques en le faifant prendre. Il en demande juftice au pape & lui fait entendre que s'il ne la rend, il fe rendra lui-même complice. Le pape lui répondit, qu'il n'avoit que ce qu'il meritoit, pour avoir voulu faire le guerrier contre le devoir de fa profeffion, & avoir pris part à la guerre injuste que le roi Jo. Brompt. de France faifoit au roi d'Angleterre, pendant qu'il étoit absent pour la croifade. Je ne laisse pas, ajoûte-t'il, d'écrire en votre faveur au roi d'Angleterre ; mais je ne puis en cette occafion que le prier, & non lui rien commander. Le roi Richard ayant reçû la lettre du pape, où il le prioit de délivrer fon cher frere l'évêque de Beauvais, lui envoya la cotte de mailles, avec laquelle le prélat avoit été pris ; & lui Gen. xxv11.32. fit dire : Voyez fi c'eft la robe de votre frere: faifant allufion à une parole de l'écriture, suivant l'ufage du tems. L'évêque ne fut délivré qu'en 1202. la fixième année de fa prison.

p. 1273.

'LXI. Croifade des Aliemans.

Les croisez Allemans fe trouverent en fi grand nombre qu'ils compoferent trois armées; dont la premiere que commandoit Conrad archevêque de Otto S Blaf Mayence alla par terre à C. P. & de-là par mer à Tyr; la feconde s'embarqua d'abord, côtoya la

6:42.

Roger.p 771.

France

C. 2.

AN. 1197.

France & l'Espagne, prit en paffant fur les Maures Silves en Portugal & la ruïna, puis fe rendit par le Arnold. Lub.v. détroit en Palestine à Acre. La troifiéme armée, qui étoit la plus forte, fuivit l'empereur Henri en Italie, pour achever de lui foûmettre la Pouille & la Sicile : aprés quoi il l'envoya au Levant, fous la conduite de Conrad évêque de Virsbourg fon chancelier. Cette flotte arriva au port d'Acre le vingt-deuxiéme de Septembre 1196. Mais le chancelier s'arrêta en l'ifle de Chipre, pour en couronner roi Gui de Lufignan; qui pour montrer qu'il ne dépendoit plus de l'empereur de C. P. avoit demandé avec empressement à l'empereur d'Allemagne de lui envoyer la couronne. Il reçût donc le chancelier avec grand honneur & le retint long-tems, aprés quoi le prélat fe rendit à Acre.

Cependant Leon ou Livon roi d'Armenie; pour s'attirer le fecours des croifez envoya aux feigneurs des ambaffadeurs, avec des prefens & des lettres, par lesquelles il declaroit qu'il étoit prêt de se soûmettre à l'empereur, s'il vouloit lui faire l'honneur de lui envoyer la couronne, qu'il defiroit depuis long-tems. D'abord on deftina le chancelier à cette ambaffade; mais comme il étoit à Barut, on y envoya l'archevêque de Mayence, qui couronna le roi d'Armenie au nom de l'empereur Henri. Il fit Inno. III. lib. xx plus, & travailla par fes inftructions à ramener ce prince & tous fes fujets à l'obéïffance de l'églife Romaine, & batifa Rupin fon petit neveu, fils d'Alis fa niece, & de Raimond prince d'Antioche. Il reconcilia même ce prince avec le roi, & appaisa PPPP

Tome XV.

epift. 252.

lors leur divifion, qui apportoit un grand trouAN. 1197. ble dans l'église d'Orient.

pour

Quand les croifez Allemans arriverent en Paleftine, ils trouverent que Valeran comte de Limbourg, qui étoit arrivé devant, avoit déja rompu la tréve que le Roi Richard avoit faite avec les Sarrans; & Safadin frere de Saladin, qui avoit la principale autorité fur eux avoit affiegé Jaffa, qu'il prit & la ruïna. Les Chrétiens toutefois gagnerent une Roger. p. 773. bataille prés de Sidon, & reprirent plufieurs villes; mais s'étant attachez au siege de Toron, ils y perdirent beaucoup de tems, & leverent enfin le fiege par la trahifon de quelques Templiers & de Otto. c. 42. l'évêque de Virsbourg, qui fe laifferent corrompre moyennant une grande quantité d'or, encore fe trouva-t'il faux.

Les croisez Allemans étant à Acre étoient extrêmement scandalisez de la vie dereglée des Templiers & des feigneurs Chrétiens du pays; & d'ailleurs ils étoient perfuadez que ceux-ci les trahisfoient & s'entendoient avec les infideles. Car ces Francs Levantins ne cherchant que leurs interefts, fe contentoient de la côte dont les terres font tresfertiles, & ne fe foucioient ni de Jerusalem ni du S. Sepulcre. Les Allemans donc fe feparerent d'eux, & conduits par leurs propres chefs eurent en divers rencontres quelques avantages fur les infideles. Enfuite dequoi on leur rapporta, que les Levantins de concert avec les Sarrafins, avoient refolu de les faire perir; & que Henri comte de Champagne & roi titulaire de Jerufalem, étoit de la confpiration.

Auffi les Allemans regarderent-ils comme une pu- AN. 1197. nition divine la mort funefte de ce jeune prince. Car étant à Acre apuyé à une fenêtre, l'appui rompit, il tomba & fe caffa la tête. Ifabelle fa veuve époufa en quatrième nôces Aimeri de Lufignan roi de Chipre, aprés fon frere Gui, & lui porta le titre de roi de Jerufalem. Les Allemans s'étant feparez fe retirerent à Jaffa, qu'ils s'efforçoient de rétablir, & eurent quelque avantage fur les Sarrafins; mais quand ils apprirent la mort de l'empereur Henri & la divifion qu'elle caufoit en Allemagne, ils ne fongerent plus qu'à revenir au plûtôt chez eux. Ainfi cette grande croifade fut fans bruit.

LXII.
Mort de Henri

Otton rois des

L'empereur Henri étoit retourné en Sicile & mourut à Meffine la veille de S. Michel vingt-hui- IV. Philippe & tiéme de Septembre 1197.extrêmement haï des gens Remains. du pays, même de l'imperatrice. Conftance fa fem- Roger. p. 773. me, à caufe des cruautez qu'il avoit exercées contre eux. Le bruit courut même qu'elle l'avoit fait sup. n. s. empoisonner. Il avoit regné fept ans depuis la mort de fon pere. Comme il étoit encore excommunié à cause de la prise du roi Richard & de la rançon qu'il en avoit exigée, le pape défendit de l'enterrer, & l'archevêque de Meffine fut obligé d'aller à Rome en demander la permiffion. Le pape ne l'accorda qu'à condition que le roi d'Angleterre y confentiroit, & que l'argent feroit rendu. L'archevê- Roger. p. 7741 de Meffine demandoit encore le conféntement du pape pour faire couronner roi de Sicile Frideric fils de l'empereur Henri. Le pape répondit, qu'il le permettoit fi les cardinaux y consentoient; &

que

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