S. Paul, & Gerard de fainte Pudenticne; & un AN. 1155. diacre, Gregoire de fainte Marie in Porticu : & il leur donna des articles fuivant lefquels ils devoient traiter avec Frideric. Ils le trouverent à S. Quirique en Toscane, où il les reçût avec honneur, & les mena dans fa tente : ils lui expoferent les ordres qu'ils avoient du pape, & lui demanderent entr'autres chofes qu'il leur rendit Arnaud de Bresse, car il avoit été pris par Gerard cardinal diacre de faint Nicolas, à qui les vicomtes de Campanie l'avoient ôté, & il étoit ainfi tombé entre les mains du roi. Le roi cedant au defir du pape remit auffiOtto. 11. Frid, tôt Arnaud entre les mains des cardinaux : il fut c. 20. Ligurin.lib. envoïé à Rome, où suivant le jugement du clergé, le prefect le fit attacher à un poteau & brûler publiquement, puis on jetta fes cendres dans le Tibre, de peur que le peuple n'honorât fes reliques comme d'un martyr ; & telle fut la fin de ce féditieux. III. p. 324. Entrevue du papc. Acta. Le roi Frideric avoit envoïé au pape de fon côté & du R. Frideric Arnold archevêque de Cologne & le nouvel archevêque de Ravenne Anfelme, pour convenir avec lui des conditions de fon couronnement. C'eftpourquoi il ne voulut point donner de réponse aux cardinaux que les archevêques ne fuffent revenus : mais le pape qui fe défioit de Frideric en ufa de même : il refufa de rendre réponse aux archevêques jufques au retour de fes cardinaux : & cependant il fe tenoit enfermé à Citta-di Caftello fortereffe cftimée imprenable. Les députez ainfi renvoïez de part & d'autre fe rencontrerent; & d'un commun accord ils allerent trouver le roi près de Viterbe où il étoit campé. campé. Il convint de donner au pape fes fûretez,& par le confeil des feigneurs & des chevaliers de fa AN. 1155. fuitte assemblez en grand nombre, on apporta en présence des cardinaux les reliques, la croix, & l'évangile,fur lefquels un chevalier choisi jura au nom du roi de conferver au pape Adrien & aux cardinaux la vie, les membres, la liberté, l'honeur & les biens. Les deux cardinaux en ayant fait leur raport au pape, il promit de couronner le roi, & ils convinrcit du jour & du lieu de leur entrevûë. Le pape fut reçu par plufieurs feigneurs Allemans, avec une grande multitude de laïques & de clercs; & ils le conduifirent jufques à la tente du roi avec les évêques & les cardinaux de fa fuite. Mais comme le roi ne vint point tenir l'étrier au pape, les cardinaux indignez se retirerent à Cita di Castello: de quoi le pape embaraffé, ne laiffa pas de defcendre de cheval & s'affeoir dans le fauteuil qui lui étoit preparé. Alors le roi vint fe profterner devant lui, & après lui avoir baifé les pieds il s'approcha pour recevoir le baiser de paix: mais le pape lui dit, qu'il ne l'y admettroit point, jusques à ce qu'il lui cût rendu l'honeur que tous les empereurs orthodoxes avoient rendu à ses predeceffeurs par refpect pour les SS. apôtres. Le roi foûtint qu'il ne le devoit point,&tout le jour fuivant fe paffa en diverfes conferences fur ce fujet. Enfin Is roi ayant interrogé les vieux feigneurs, qui avoient accompagné l'empereur Lothaire à l'entrevûë du pape Innocent, & s'étant informé foigneufement de la coûtume tant leur raport que par les anciens monumens: il par B Tome XV, fut réfolu que le roi feroit fonction d'efcuyer auprès AN. 1155. du pape. Ce qui fut executé le lendemain à la vûë de toute l'armée: il lui tint l'étrier pendant la longucur d'un jet de pierre, & le enfuite le reçut pape au baiser de paix. Cependant les Romains ayant apris l'arivée du roi, lui envoyerent des députez gens habiles & lettrez, qui ayant reçû fauf conduit fe presenterent devant lui entre Romc & Sutri, & lui firent une harangue où ils difoient en substance : Nous venons, grand roi,de la part du fenat & du peuple Romain, vous offrir la courone imperiale, dans l'efperance que vous nous délivrerez du joug injufte des clercs, & que vous rendrez à Rome l'empire du monde & fon ancienne fplendeur, en rétablissant le senat & l'ordre des chevaliers. Nous vous avons fait nôtre citoïen & nôtre prince d'étranger que vous êtiez: vous devez de vôtre côté nous prometrte la confirmation de nos anciennes coûtumes & des loix accordées par vos prédéceffeurs: donner à nos officiers qui vous recevront dans le Capitole jusques à la fomme de cinq mille livres d'argent ; & nous défendre de toute infulte jufques à effufion de fang. Nous vous demandons fur tout cela vos lettres & vôtre ferment. V I. Deputation des Romains. Otto. 11. c. 21. Ils en auroient dit davantage, mais le roi furpris & indigné de ce commencement de harangue leur répondit: Rome n'eft plus ce qu'elle a été : la puiffance a paffé premierement aux Grecs puis aux François. Il n'eft pas vrai que vous m'ayez appellé ni fait vôtre citoïen & vôtre prince, nos rois Charles & Otton ont conquis par leur valeur Rome & l'Italie Quelques-uns des affiftans demanderent aux députez s'ils avoient encore quelque chofe à dire, & après avoir un peu délibéré, ils répondirent qu'ils vouloient auparavant raporter à leurs concitoïens ce qu'ils avoient entendus, & que fuivant leur confeil ils reviendroient vers le roi. Ils s'en retournerent ainsi ; & le roi se doutant de leur artifice, confulta le pape, qui lui dit: Mon fils, vous conoîtrez encore mieux par experience les artifices des Romains, & qu'ils ne font venus & retournez que pour vous tromper. Mais il faut les prévenir: envoyez promptement de vos meilleures troupes fe faifir de la ville Leonine & de l'église de S. Pierre, que je vous ferai rendre.La chose fut ainfi executée, & le roi envoya dès la nuit même pour cet effet mille chevaliers choifis conduits par le cardinal Octavien. Bij Le lendemain matin le pape Adrien partit le A N. 1155. premier avec les cardinaux & fc clergé, pour aller attendre le roi à S. Pierre ; & le roi fuivit avant Frideric conronné l'heure de tierce accompagné d'une grande multi VII. empereur. a tude de gens armez marchant en bon ordre. Etant C. 22. Ada. Mais les Romains irritez de ce qu'il n'avoit pas attendu leur consentement pour couronner Frideric: fortirent du château S. Ange dont ils étoient maîtres, se jetterent en furie fur quelques-uns des |