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fa religion autant qu'aucun autre Juif. Il demanda des lettres au fouverain pontife pour les fynagogues de Damas, afin que, s'il trouvoit des difcipies de Jefus-Christ, il les amenât prisonniers à Jérufalem.

XXVI. 12.

Comme il approchoit de Damas, tout d'un coup, en plein A. xx11. 6. midi, il fut environné d'une lumiére venant du ciel, & plus éclatante que celle du foleil, qui le fit tomber & tous ceux qui étoient avec lui. Alors il entendit une voix qui lui dit en hébreu Saul, Saul, pourquoi me perfécutes-tu ? Saul répondit: Qui êtes-vous, Seigneur ? La voix lui dit : Je fuis JESUS que tu perfécutes. Saul dit en tremblant: Seigneur, que voulez-vous que je faffe? Lève-toi, dit le Seigneur, entre dans la ville, & on te dira ce que tu dois faire; car je t'ai apparu, afin de t'établir miniftre & témoin de ce que tu as vu, & de ce que je te ferai connoître. Je te délivrerai du peuple & des nations à qui je t'envoie maintenant pour leur ouvrir les yeux, & les ramener des ténèbres à la lumiére, & de la puiffance de fatan à Dieu, afin qu'ils reçoivent la rémisfion des péchés & la part avec les faints, en croyant en

moi.

ne

Ceux qui accompagnoient Saul, étoient épouvantés : voyant la lumiére, & entendant une voix confuse, fans entendre les paroles, ni voir celui qui parloit. Lui s'étant relevé voyoit point, quoiqu'il eût les yeux ouverts. On le mena par la main à Damas, où il demeura trois jours fans voir, & fans boire ni manger. Pendant ces trois jours, étant en priére, il crut voir un hoinme nommé Ananias qui entroit, & lui impofoit les mains pour lui rendre la vue. Cet Ananias étoit un difciple de Jefus-Chrift qui demeuroit à Damas, & qui par fon ordre vint,trouver Saul dans la maison où il logeoit, lui impofa les mains & lui dit : Mon frere Saul, regardez. Le Seigneur Jefus, qui vous a apparu en chemin, m'a envoyé, afin que vous recouvriez la vue, & foyez rempli du faint Elprit. Auffi-tôt tombérent des yeux de Saul comme des écailles, & il regarda Ananias, qui lui dit : Le Dieu de nos peres vous a destiné pour voir le Jufte, c'est-à-dire Jefus-Chrift, & apprendre fa volonté de fa bouche; car vous rendrez témoignage pour lui à tous les hommes, de ce que vous avez yu & oui : & maintenant que tardez-vous? Levez-vous, recevez le baptême, & iavez vos péchés par l'invocation de

fon nom.

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Gal. 1. 17.

Juftin.

Tryph. p. 234. D. Sanhedr. c. x.n.4.

XII Relation de Pi

bére.

Tertull. Apolog.

c. 5.21.Euf. Chron. an. 37.

Chryf. hom. 27. in 2. Cor.

Jof. xvi11.

Saul fut baptifé, & prit enfuite de la nourriture. Il demeu ra quelques jours avec les difciples qui étoient à Damas; & commença auffi-tôt à prêcher dans les fynagogues, que Jefus étoit le fils de Dieu & le Chrift, & à confondre les Juifs. Tous admiroient fon changement. Après avoir paffé quelque tems à Damas, il alla dans l'Arabie voifine, d'où il revint à Damas, & y demeura long-tems. Saul ne fut pas le feul que les Juifs chargérent de perfécuter les Chrétiens. Ils choifirent des hommes qu'ils envoyérent de Jérufalem par toute la terre, pour dire que cette fecte étoit fans Dieu, & répandre con tre les fidèles des calomnies, qui trouvérent créance chez les païens. On peut croire qu'ils prirent occafion de la coutume qu'ils avoient d'écrire en tous lieux, pour avertir les autres Juifs, des criminels qu'ils avoient condamnés & exécutés à mort,

C'étoit auffi la coutume chez les Romains, que les gouverlate. Mort de Ti-neurs des provinces fiffent leur rapport à l'empereur des exécutions remarquables. Ainfi Pilate écrivit à Tibére tout ce qui s'étoit paffé à l'égard de Jefus-Chrift, & lui envoya les actes de fon procès. L'empereur, perfuadé de fa divinité, propofa au fénat de le recevoir au nombre des dieux : mais le fénat le refufa, & Dieu ne permit pas que fon Fils fût confondu avec les faux dieux que les hommes fe faifoient eux-mêmes, Tibére demeura dans fon opinion; & menaça de mort ceux qui accuferoient les fectateurs de Jefus-Chrift. Pilate ayant fait mourir enfuite quelques Samaritains qui s'étoient affemblés en armes leurs fénateurs allérent trouver Vitellius gouverneur de Syrie, & accuférent Pilate, parce, difoient-ils, qu'ils n'avoient pris les armes que pour fe garantir de ses injuftices. Vitellius envoya Marcel, un de fes amis, pour prendre foin de la Judée, & donna ordre à Pilate d'aller à Rome pour inftruire l'empereur fur les accufations des Juifs. Pilate obéit, ne pouvant résister à Vitellius, & quitta la Judée, après y avoir demeuré dix ans. Mais avant qu'il arrivât à Rome, l'empereur Tibére mourut l'an trente-fept de Jefus-Chrift, 790 de la fondation de Rome, après avoir régné vingt-deux ans & demi, & en avoir vêcu foixante-dix-fept. Caïus, fils de Germanicus fon neveu, lui fuccéda à l'âge de vingt-quatre ans. On l'avoit furnommé Caligula, du nom d'une chauffure militaire. Une des premiéres actions de fon règne, fut de délivrer Agrippa Roi des Agrippa, fils d'Ariftobule & petit-fils du vieil Hérode, que

antiq. c. 5

Tuifs,

XIII.

c. 8.

Tibére tenoit dans les fers. Agrippa avoit gagné depuis long. Jof. xvII. antiq. tems les bonnes graces de Caius. Un jour comme ils étoient ensemble en chariot, Agrippa fe mit à faire des fouhaits que Tibére s'en allât promptement, & laiffât l'empire à Caïus. Le coch er qui étoit un affranchi d'Agrippa, nommé Euthicus l'entendit, & depuis s'étant brouillé avec fon maître, le dénonça à Tibére, qui fit arrêter Agrippa & le mit aux fers. Il fut fix mois en prifon. Si-tôt que Tibére fut mort, Marfyas, autre affranchi d'Agrippa, accourut à lui, au lieu où on le gardoit, & lui dit en hébreu : Le lion eft mort. Peu de jours après Caius déja empereur, étant venu à Rome, envoya querir Agrippa, le fit rafer, lui fit changer fes habits, lui mit le diadême fur la tête, & le déclara roi du pays que fon oncle Philippe avoit gouverné fous le nom de tétrarque, lui donnant encore la tétrarchie de Lyfanias. Enfuite il lui fit préfent d'une chaîne d'or du poids de la chaîne de fer qu'il avoit portée.

Jof. xvi. and

Le vieil Hérode, aïeul d'Agrippa, avoit été roi de toute la Paleftine, fous la protection de Jules Céfar & d'Auguste. Il laiffa trois fils, Archelaus, Philippe & Antipas, & deux petitsfils de fon fils Ariftobule, qu'il avoit fait mourir: Agrippa dont nous parlons, & Hérode, depuis roi de Calcidie. Le vieil Hérode, par fon teftament, fit fon principal héritier Archelaus tiq. c. 10. qui étoit l'aîné, lui laiffant le titre de roi, avec la Judée, l'Idumée & la Samarie. Il ne donna aux deux autres que le nom de tétrarque, déja ufité en orient pour marquer les moindres princes. Le partage de Philippe comprenoit la Thraconite, la Batanée & l'Auranite, provinces fituées vers le mont Liban & les fources du Jourdain. Antipas, auffi nommé Hérode, avoit la Galilée & la Pérée, c'eft-à dire le pays d'au-delà du même fleuve. L'empereur Augufte confirma le teftament. Seulement il ôta à Archelaus le titre de roi, & ne lui donna que celui d'éthnarque. Au bout de neuf ans il le relégua à Vienne fur le Rône, où il périt. Augufte réduifit fes états en province Romaine, & y envoya pour gouverner Quirinus, après lequel il y en eut quatre autres jufques à Pilate. Philippe régna paifiblement trente fept ans; & ce fut fa tétrarchie que l'empereur Caligula donna à Agrippa, y joignant celle de Lyfanias, qui n'étoit point de la famille d'Hérode, & dont la capitale étoit Abila, ville de Syrie, au-delà de Damas. Hérode Antipas vivoit encore alors

Ibid. c. 13. 11. bell. c. 4. Ibid. c. 6.

Jof. ibid. c. 7.

XIV.

Voyages de Saul.

Miracles deS.Pier
Gal. 1. 18 4.

re.

IX: 13.

2. Cor. XI. 33. Hier. in ep. ad

Gal. 1. 18.

Galat.

Chryf. ibid.

Act. ix, 26.

dans fa tétrarchie. Il avoit époufé la fille d'Arétas, roi de l'Arabie Pétrée : mais il la répudia pour prendre Hérodiade fa niéce, fœur d'Agrippa, dont il étoit amoureux. Arétas, irrité de cet affront, entra en guerre avec Hérode Antipas, & par conféquent avec les Romains. Toute l'armée d'Hérode fut défaite en une bataille; ce que les Juifs attribuérent à la vengeance divine de la mort de S. Jean Baptifte, que ce même Hérode avoit fait décoller en prifon, à la pourfuite d'Hérodiade.

Il y avoit déja trois ans que Saul étoit converti, quand les Juifs de Damas, ne pouvant plus le fouffrir, tinrent confeil & réfolurent de le tuer. De peur qu'il ne leur échappât, ils obtinrent du gouverneur qui tenoit la ville pour le roi Arétas d'en faire garder les portes. Il fut aifé de faire paffer Saul pour un efpion, d'autant plus qu'il avoit été en Arabie quelque tems auparavant. Mais il fut averti du mauvais deffein des Juifs, & les freres le defcendirent par une fenêtre deffus la muraille de la ville dans une corbeille. Ainfi il se fauva & vint à Jérufalem. Il y vint pour voir S. Pierre; non par curiofité, pour connoitre fon vifage; ni par néceffité, pour s'inftruire & pour affùrer fa doctrine , car il l'avoit reçue immédiatement de Jefus-Chrift: mais il voulat rendre honneur au chef de l'églife, & le connoître.

Quand il fut arrivé à Jérufalem, tous les difciples le craignoient, ne croyant pas encore qu'il fût des leurs: mais Barnabé le mena aux apôtres & leur conta fa converfion. Ainfi Saul demeura quinze jours chez Pierre, & ne vit aucun autre des apôtres, finon Jacques frere du Seigneur. Un jour, comme il prioit dans le temple, il fut ravi en extafe, & vit Act. XXII. 17. JESUS qui lui dit: Sors promptement de Jérufalem, car ils ne recevront pas le témoignage que tu rends de moi. Saul répondit: Seigneur, ils fçavent que je mettois en prifon, & que je faifois fouetter par les fynagogues ceux qui croyoient en vous; & que lorfqu'on répandoit le fang de votre martyr Etienne, j'y affiftois, j'y confentois, & gardois les manteaux de ceux qui le faifoient mourir. JESUS lui dit: Va, je t'enverrai aux nations éloignées. En effet les Helléniftes avec lefquels il difputoit, cherchoient à le faire mourir. Ce que les freres ayant appris, ils le conduifirent à Céfarée, d'où ils l'envoyérent à Tarfe. Il paffa quelque tems en Syrie & en Cilicié. Les églifes de Judée ne connoiffoient point fon vifa

Gal, 1. 21.

ge; feulement elles fçavoient fa converfion, & en glorifioient Dieu.

L'Eglife étoit en paix dans toute la Judée, la Galilée & la Samarie, & s'édifioit de plus en plus, marchant dans la crainte de Dieu, & remplie de la confolation du faint Esprit. Alors S. Pierre entreprit de vifiter par-tout les fidèles. Il vint à Lydde où il guérit un paralytique nommé Enée: & ce miracle convertit les habitans de Lydde & de Sarrone. De Lydde il alla à Joppé à la prière des difciples : & quand il fut arrivé, ils le menérent dans une chambre où étoit le corps d'une fidelle nommée Tabite, qui venoit de mourir, & qui étoit fort regrettée pour fes aumônes. S. Pierre la reffufcita, & plu fieurs de Joppé fe convertirent. Il y demeura long-tems, demeurant chez un nommé Simon corroyeur.

La feconde année du règne de Caligula, trente-huitiéme de Jefus-Chrift, le nouveau roi des Juifs Agrippa lui demanda permiffion d'aller faire un voyage en fon royaume. L'empereur le lui permit: mais au lieu du chemin ordinaire par la Syrie, il lui confeilla d'aller par l'Egypte. Agrippa vint donc à Alexandrie, où le peuple qui haiffoit les Juifs, indigné de ce qu'ils avoient un roi, le voulut tourner en ridicule, étant autorifé fecrettement par Flaccus préfet d'Egypte, à qui la préfence de ce roi donnoit de la jaloufie, & qui d'ailleurs haïffoit les Juifs.

Il y avoit un fou nommé Carrabas, qui fe promenoit tout nud par les rues d'Alexandrie, & étoit le jouet des enfans. Ils le menérent au gymnafe, c'étoit le lieu des exercices publics; & l'ayant élevé, lui mirent fur la tête un diadême de papier d'Egypte dont la feuille eft nommée Papyros, fur les épaules une natte pour manteau, & à la main pour fceptre un morceau de rofeau qu'ils trouvérent à terre. De jeunesgens l'entouroient avec des perches fur leurs épaules pour repréfenter les gardes. Les uns venoient lui faire la révérence les autres lui demandoient juftice, d'autres le confultoient fur les affaires de l'état ; & ceux qui étoient amaffés à l'entour, crioient, Mâri, c'est-à-dire Seigneur en fyriaque.

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Le peuple d'Alexandrie, s'échauffant de plus en plus, s'affembla le lendemain dès le matin au théâtre, & cria qu'il falloit confacrer des ftatues, c'eft à-dire mettre des idoles dans les fynagogues des Juifs fe fervant du nom de l'empereur Euf. Chr. am 39i pour couvrir cette entreprise féditieufe. Flaccus le permit. Ainfi

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