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Jef. XIX. antiq.

c. 2. 3.

C. 4.

trait & indifférent jusques à l'insensibilité: fes femmes & fes affranchis le gouvernoient.

Ce ne fut pas fans difficulté qu'il fut reconnu empereur : le fénat vouloit rétablir l'ancienne liberté : & le roi Agrippa, qui fe trouvoit alors à Rome, rendit à Claude quelque ferviJof. xix. antiq. ce en cette occafion. Auffi dès qu'il fut empereur, il lui confirma le royaume que Caligula lui avoit donné, y ajoutant tout ce qui avoit été fous l'obéiffance d'Hérode fon aïeul c'eft-à-dire, la Judée & la Samarie, comme un bien de fa famille. Il lui donna auffi les honneurs confulaires : & à fon frere Hérode la dignité de prêteur, & le royaume de Calcidie, en Syrie; cet Hérode époufa Bérénice fa niéce, fille d'Agrippa.

Dio. lib. 60. p.

770.

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Les Juifs d'Alexandrie prirent courage à la mort de Caligula. On dit que Philon, le chef de leurs députés, fut à Rome, en plein fénat, la relation qu'il avoit faite de fa députation & des folies de Caius : & qu'il en acquit tant d'eftime, que fes ouvrages furent mis dans les bibliothèques. A Alexandrie ils fe relevérent tellement, qu'ils en vinrent aux armes avec les païens. L'empereur écrivit au gouverneur d'Egypte d'arrêter la fédition, & à la prière d'Agrippa & d'Hérode il envoya un édit, par lequel il reconnoiffoit que les Juifs d'Alexandrie y avoient dès le commencement droit de citoyens : qu'il leur avoit été confervé depuis la réunion de l'Egypte à l'empire Romain, aufli-bien que le droit d'élire un ethnarque ou chef de leur nation, & n'avoient été troublés en ces droits qu'à l'occafion de la folie de Caïus, qui fe vouloit faire reconnoître dieu. C'eft pourquoi il ordonnoit qu'ils fuffent maintenus dans leurs anciens priviléges. Il envoyà un autre édit par tout l'empire, portant que même dans les villes grecques il fût permis d'obferver les coutumes de leurs ancêtres; les avertiffant toutefois qu'ils fuffent contens de cette grasans mépriser les religions des autres. L'empereur Claude ne donna pas tant de liberté aux Juifs de Rome, qui étoient en très-grand nombre; il ne leur permit point de s'affembler, & diffipa les affemblées établies fous Caligula; jufques-là qu'il ruina les cabarets.

ce,

Il renvoya le Roi Agrippa avec honneur dans fon royaume, & ce roi s'y rendit en diligence. Sitôt qu'il fut arrivé à Jérufalem, il s'acquitta des facrifices qu'il avoit voués, & ordonna à plusieurs Nazaréens de couper leurs cheveux. Il fit

pendre dans le temple la chaîne d'or que Caligula lui avoit donnée, du même poids que fa chaîne de fer. Il ôtà la charge de fouverain pontife à Théophile, fils d'Ananus, & mit à fa place Simon, furnommé Canthéra, fils de Boëthus. Sa résidence étoit à Jérufalem; & pour s'y faire aimer du peuple, il leur remit le tribut que payoit chaque maison. Il obfervoit exactement les purifications de la loi, & ne manquoit point de facrifier tous les jours.

Jof. 2. in app.p.

1067.B.

A Dora, ville de Phénicie, près du mont Carmel, quelques jeunes étourdis mirent une ftatue de Céfar dans la fy- 5. nagogue des Juifs. Agrippa alla auffitôt trouver Pétrone, gouverneur de Syrie, & fe plaignit à lui de cette infolence. Pétrone écrivit aux magiftrats de Dora de lui envoyer les coupables, & de prendre garde qu'il n'arrivât à l'avenir aucun trouble: Car, dit-il, le roi Agrippa & moi, n'avons point de plus grand foin que d'ôter aux Juifs les occafions de s'affembler & de s'emporter, fous prétexte de fe défendre. Marfus fuccéda peu de tems après à Pétrone dans le gouvernement de Syrie. Le roi Agrippa ôta le Sacerdoce à Simon Canthéra, & le voulut rendre à Jonathas, fils d'Ananus; mais celui-ci le remercia, & le pria de le donner plutôt à son frere Matthias, qu'il en jugeoit plus digne: le roi fuivit fon confeil, & donna le facerdoce à Matthias.

Jof. xIx. ant. c.

ibid. c. 6.

XXIII. Progrès de l'E

tiens.

Act. XI. 21.

Cependant le nombre des difciples de Jesus-Chrift croifsoit toujours; & ceux de Jérufalem ayant appris qu'il s'en étoit fait un grand nombre à Antioche, y envoyérent Barnabé, qui vangile. Chréy étant arrivé, fe réjouit de la grace que Dieu leur avoit faite, & les exhorta à perfévérer. Il s'en convertit encore une grande quantité. Barnabé alla à Tarse chercher Saul, & l'ayant trouvé, le mena à Antioche. Ils y demeurérent un an entier, & inftruifirent un grand nombre de perfonnes; enforte que ce fut à Antioche que l'on commença à donner le nom de chrétiens aux difciples de Jefus-Chrift. Il vint alors à Antioche des prophètes de Jérufalem, dont l'un nommé Agab prédit une famine univerfelle, qui devoit arriver peu après. Les difciples fe propoférent d'envoyer du fecours aux freres qui étoient en Judée : & l'envoyérent en effet aux prêtres, par les mains de Barnabé & de Saul.

A&t. xl. 27.

XXIV. Martyre de S.

Hérode Agrippa cherchant tous les moyens de gagner l'affection des Juifs, commença à perfécuter l'églife, & atta- Jacques.

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qua les Apôtres. I fit mourir par le glaive S. Jacques fils
qua
de Zébédée, frere de S. Jean. Celui qui l'avoit accufé ayant
vu comme il avoit rendu témoignage à Jesus-Christ, en fut
touché & confeffa qu'il étoit auffi chrétien. On les mena en-
femble au fupplice, & par le chemin l'accufateur pria S. Jac-
ques de lui pardonner. L'apôtre, après y avoir un peu pen-
fé, lui dit: La paix foit avec vous, & le baifa. Ainfi ils
eurent tous deux la tête coupée. Hérode voyant le plaifir
qu'il faifoit aux Juifs, fit auffi arrêter Saint Pierre. Mais com-
me c'étoit le tems de la pâque, il le fit mettre en prison,
voulant après la fête en donner le fpectacle au peuple.

Tandis que Pierre étoit en prifon, l'église faifoit des priéres continuelles pour lui. La nuit du jour qu'il devoit être exécuté, il dormoit chargé de deux chaînes entre deux foldats, & d'autres faifoient la garde devant la porte de la prifon : car ils étoient feize à le garder qui fe relevoient quatre à quatre. Un ange le vint éveiller, fes chaînes tombérent, les portes s'ouvrirent, & il fe trouva dans les rues de Jérufalem, croyant que c'étoit une vifion. Etant revenu à lui, il vint à la maifon de Marie mere de Jean furnommé Marc, où plufieurs étoient assemblés en prière. Il frappa à la porte, & une jeune fille nommée Rode vint voir qui c'étoit. Ayant reconnu la voix de Pierre, elle en eut tant de joie, qu'au lieu de lui ouvrir la porte, elle courut le dire dans la maifon. On lui dit qu'elle étoit folle. Elle foutint qu'elle difoit vrai : d'autres difoient que c'étoit fon ange. Cependant Pierre frappoit toujours. Enfin on lui ouvrit. II fit faire filence, & leur raconta comment le Seigneur l'avoit délivré, puis il leur dit d'en avertir Jacques & les freres: pour lui il fortit & s'en alla dans un autre lieu. Quand il fut jour, les foldats furent bien embarraffés de ce que Pierre étoit devenu ; & Hérode fçachant qu'il ne fe trouvoit plus, les fit mener au fupplice.

On croit que peu après cette prifon, la feconde année de l'Empereur Claude, quarante-deuxième de Jefus-Chrift, S. Pierre vint à Rome & y établit fon fiége, après l'avoir tenu fept ans à Antioche, & avoir prêché aux Juifs difperfés dans le Pont, dans la Galatie, la Cappadoce, l'Afie & la Bithynie. A fa place il laiffa à Antioche Evode fon difciple, qui gouverna cette églife vingt-fix ans. S. Pierre vint à Rome accompagné de S. Marc & de plufieurs autres difciples, pour combattre Simon le magicien, qui ayant perdu fon crédit en Pa

lestine, étoit venu à Rome, & s'y faifoit admirer par fes opérations magiques, jufques-là qu'il fut tenu pour un dieu; & qu'on lui érigea une ftatue dans l'ifle du Tibre avec cette infcription: A Simon dieu faint.

Ce fut, comme l'on croit, vers ce même tems, que les Apôtres fe difperférent pour prêcher l'évangile par tout le monde. Avant que de fe féparer, ils compoférent le fymbole, c'est-à-dire l'abrégé de la foi, qui diftinguoit les fidèles des Juifs & des hérétiques. C'eft pourquoi ils ne l'enfeignérent que de vive voix, & pendant plufieurs fiécles on ne permit point de l'écrire: d'où vient que la formule en étoit différente felon les églifes. C'étoit comme le mot du guet pour les troupes de Jefus-Chrift.

& S.

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Euf. 111. hift. c. 1. ex Orig. 3. in Genef.Conc. Ephef. act. 1. ep. fynod.p. 574. Iren, lib. 111. c. 3. Tertull. IV. cont. Marc. c. 5.

Les Apôtres prêchérent en divers pays, fuivant les divers mouvemens du Saint Efprit qui les conduifoit. S. Jean fils de Zébédée passa dans l'Afie mineure, & demeura particuliérement à Ephefe, ayant avec lui la Sainte Vierge Marie mere de Jefus. L'églife d'Ephese avoit été fondée S. Paul, par Jean y demeura le refte de fes jours, c'est-à-dire jufqu'à la fin de ce premier fiécle. Car ce que nous difons de la difperfion des Apôtres, n'arriva pas tout en un tems. S. Jean fonda & gouverna plufieurs autres églifes en Afie, fçavoir celles de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardis, de Philadelphie, de Laodicée. On dit qu'il alla jufques chez les s. Aug. Parthes, & fa premiére lettre portoit autrefois leur nom comme leur étant adreffée.

S. André fut envoyé vers les Scythes, d'où il paffa en Grece & en Epire. S. Philippe travailla dans la haute Afie, & mourut à Hierapolis en Phrygie. Il avoit plufieurs filles, deux defquelles ayant gardé la virginité & vécu un grand âge, furent enterrées avec lui au même lieu, & y reffufcitérent un mort. Il maria les deux autres, dont une après avoir vécu faintement fut enterrée à Ephese. S. Thomas alla chez les Parthes, & jufques aux Indes. S. Barthélemi paffa dans la grande Arménie; & il eft certain qu'il prêcha dans la tie de l'Inde la plus proche de nous, & y porta l'évangile de S. Matthieu, qui fut écrit le premier de tous.

par

Ind. Poffid. in

Orig. 3. in Gen ap. Eufeb. 111. hift.

C. I.

Greg. Naz, or,

25. p. 438. A.

ult.

Pap. ap.
Euf. 111. hift. c.

Polycr. ib. c. 3.

Euf. 5. c. 10. de

Pantano.

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18.

Euf. 111. hift. c.

Mais S. Matthieu ne put fe réfoudre à l'écrire qu'avec peine. Car étant près d'aller vers d'autres nations, après avoir prêché aux Hébreux, il céda à leurs prières, & voulut bien leur laiffer un écrit pour fuppléer à fon abfence. C'est pour-in. Matth

Hier. de Scrip. .Chryfoft. hom. 1.

quoi il écrivit en hébreu, c'est-à-dire en langue vulgaire des Juifs de Palestine, qui n'étoit plus l'ancienne langue hébraïque, mais une dialecte de la Syriaque. Les autres Apôtres fe Athanaf in Sy- fervirent de cet évangile, & S. Jacques le frere du Seigneur l'expliquoit à Jérufalem. S. Matthieu prêcha en Ethiopie. Il obfervoit une rigoureufe abftinence, ne mangeant point de chair, & ne fe nourriffant que d'herbes, de graines & de bourgeons.

nop. p. 155.B.

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S. Siméon le Cananéen, ou le zélateur, prêcha en Méfopotamie & en Perfe. S. Jude, autrement S. Thadée, travailla auffi en Méfopotamie, en Arabie & en Idumée. S. Matthias alla en Ethiopie. On rapporte de lui deux paroles remarquables; l'une : Eftimez les chofes préfentes, c'est-à-dire, foyez-en content; l'autre : Si le voifin du fidéle péche le fidéle péche. Pour dire, qu'il devoit le convertir exemple feul. C'est ce que l'on fçait de la miffion des Apô

tres.

par

fon

La famine prédite par le prophète Agab arriva, & les Juifs furent fecourus par un reine nommée Héléne, qui vint alors à Jérufalem, vifiter le temple, adorer Dieu, & lui offrir des facrifices d'actions de graces. Elle étoit veuve de Monobafe, roi d'Adiabéne, & mere d'Izates, qui régnoit alors dans cette province, fituée dans les confins de deux grands empires des Romains & des Parthes. Izates, du vivant de fon pere, avoit été élevé chez un petit roi voisin. Un marchand Juif, nommé Ananias, ayant trouvé entrée chez les femmes de ce prince, leur apprit à fervir Dieu à la maniére des Juifs. Elles firent connoître ce marchand à Izates, à qui il perfuada la même chose.

Monobafe, un peu avant que de mourir, rappella fon fils Izates, & lui donna une terre nommée Cairon, où l'on montroit les reftes de l'arche de Noé. Izates perfuada au Juif Ananias de le fuivre : & cependant Héléne fa mere, instruite par un autre Juif, embraffa auffi leur loi. Izates l'ayant appris lorfqu'il fut venu à la couronne, en fit profeffion ouvertement: & croyant n'être pas vraiment Juif, s'il n'étoit circoncis, il étoit prêt à le faire : mais fa mere s'y oppofa, craignant qu'il ne mît en péril fon autorité, & qu'il ne se rendit odieux à fes fujets. Ananias fut du même avis, & menaça le roi de le quitter, craignant d'être maltraité, comme auteur d'un changement indigne de lui. Au refte, ajouta

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