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fentement. On la rédige par écrit, non comme un jugement humain, mais comme un oracle; & on dit avec confiance: Il a femblé bon au faint Efprit, & à nous. On envoie cette décifion aux églises particuliéres, non pour être examinée, mais pour être reçue & exécutée avec une entiére foumiffion.

Ainfi fut terminée la queftion des obfervances légales. Tite, que S. Paul & S. Barnabé avoient amené, ne fut point contraint d'être circoncis, quoiqu'il fût Gentil d'origine. S. Jacques, S. Pierre & S. Jean reconnurent que Dieu avoit confié à S. Paul la prédication de l'évangile pour les Gentils, comme à S. Pierre pour les Juifs : ainfi ils lui donnérent la main, à lui & à S. Barnabé, en figne de fociété, afin que les uns prêchaffent aux Gentils, les autres aux circoncis, leur recommandant feulement le foin des pauvres de Judée. Ce n'eft pas que les uns & les autres n'euffent droit d'annoncer l'évangile aux Juifs & aux Gentils; S. Pierre avoit été le premier par qui les Gentils avoient été appellés : S. Paul s'adreffoit toujours d'abord aux Juifs; mais cette diftinction marquoit le principal objet de leur vocation. S. Pierre, 24. chef de l'églife, étoit envoyé aux Juifs, pour lefquels JefusChrist même étoit principalement venu: S. Paul avoit été appellé pour les Gentils, & étoit leur docteur & leur protecteur particulier.

S. Paul & S. Barnabé retournérent à Antioche, emmenant Judas & Silas. Ils affemblérent la multitude des fidèles, qui ayant oui la lecture de la lettre des apôtres, fe réjouirent de la confolation qu'elle apportoit aux Gentils. Ils furent auffi confolés par les difcours de Judas & de Silas, qui étoient prophètes, & les fortifioient dans la foi. Après qu'ils eurent demeuré quelque tems à Antioche, les freres les renvoyérent en paix à ceux qui les avoient envoyés : mais Silas aima mieux demeurer, & il n'y eut que Judas qui retourna à Jérufalem. S. Paul & S. Barnabé demeurerent auffi à Antioche, enseignant & prêchant l'évangile avec plufieurs autres. S. Pierre vint lui-même & y paffa quelque tems.

D'abord il ne faifoit point de difficulté de converser avec les Gentils, & de manger avec eux: mais quelques-uns des circoncis étant venus de la part de S. Jacques, S. Pierre craignit de leur déplaire, & commença à fe féparer des Gentils. Les autres Juifs entrérent dans cette diffimulation, & y entraînérent même S. Barnabé. Alors S. Paul voyant qu'ils ne Tome I.

F

Gal. 11. 3.

A&. XIII. 46. Hier, in ep. ad Gal. c. 11. Rom. xv. 8. Matth. xv. A&t. ix. 15.

A&t. xv. 30%

par

XXXIII.

S. Pierre repris

S. Paul. Gal, 11.

1. Cor. 1x. 20.

marchoient pas droit, fuivant la vérité de l'évangile, résista en face à S. Pierre, parce qu'il étoit répréhenfible, & lui dit devant tous: Si vous, qui êtes Juif, vivez comme les Gentils, & non comme les Juifs, pourquoi contraignez-vous les Gentils à judaïfer? Ce n'eft pas qu'ils ne fuffent d'accord de la doctrine: S. Pierre venoit de déclarer dans le concile, que les Gentils n'étoient point obligés aux obfervances légales; & d'ailleurs S. Paul reconnoiffoit qu'il étoit encore permis de les pratiquer, puifqu'il les pratiquoit lui-même aux occafions, & vivoit en Juif avec les Juifs, de peur qu'il ne femblât condamner comme mauvaises ces cérémonies, bonnes pour le tems auquel Dieu les avoit ordonnées. La faute de S. Pierre n'étoit donc qu'une faute de conduite & de pratique; une complaifance exceffive pour les Juifs, par laquelle non seulement il vivoit à leur maniére en fon particulier, mais encore il fe féparoit des Gentils, de peur de les choquer, comme s'il eût tenu les Gentils pour immondes; ce qui les eût obligés, contre la décifion du concile, à judaïfer, pour ne demeurer pas féparés des Juifs fidèles. Auffi S. Pierre ne Cypr. epift. 71. fe prévalut point de fa primauté, & ne regarda point que S. Paul étoit plus nouveau dans l'apoftolat, & avoit perfécuté l'églife; mais il reçut fon confeil, qui contenoit la vérité, & fe rendit volontiers aux raifons pertinentes qu'il alléguoit.

Aug. ad Hier. ep. 40. c. 3. & ep.

82.c.6.

ad Quint.

Aug. de bapt.

cont.

Don. lib. 2. c. 2.

XXXIV. Voyages de S. Paul avec S. Luc,

Silas, Timothée.

Act. xv. 36.

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Quelque tems après, S. Paul dit à S. Barnabé : Retournons vifiter les freres par toutes les villes où nous avons prêché, pour voir comment ils fe conduifent. S. Barnabé vouloit prendre avec eux Jean-Marc: mais S. Paul le prioit de le laiffer, parce qu'il les avoit quittés en Pamphylie. S'étant trouvés de différens avis, ils fe féparérent. S. Barnabé prit Marc avec lui, & paffa en Chipre: S. Paul prit Silas, & partit, après avoir été recommandé à la grace de Dieu par les freres. Cette conteftation fut avantageufe à Marc, dont en effet S. Paul fe fervit utilement enfuite : & le fruit de leur féparation fut de prêcher l'évangile en plus de lieux.

S. Paul avec Silas parcouroit la Syrie & la Cilicie, & affermiffoit les églifes, leur faifant garder les ordonnances des apôtres & des prêtres de Jérufalem. Il vint à Derbe & à Lyf tres où il trouva un disciple nommé Timothée, dont tous les freres de Lyftres & d'Icone rendoient un bon témoignage. Il étoit fils d'un Gentil, mais fa mere Eunice étoit Juive fidelle,

& fon eule Lois avoit auffi fuivi la vraie foi. Paul voulut le prendre avec iui, & auparavant il le circoncit, à caufe des Juifs du pays qui fçavoient tous que fon pere étoit Gentil, & qui n'auroient pu fe réfoudre à recevoir les inftructions d'un incirconcis. Ses parens maternels, qui étoient Juifs, auroient pu croire que S. Paul avoit averfion pour les cérémonies de la loi : & il vouloit leur montrer que fi les Gentils ne s'en chargoient pas, ce n'eft pas qu'ils les cruffent mauvaises, mais qu'elles n'étoient plus néceffaires. S. Paul connoiffant par efprit de prophétie, que Timothée étoit élu de Dieu pour le faint miniftére, lui impofa les mains avec les prêtres de l'églife, & la grace lui fut ainfi communiquée.

S. Paul, accompagné de Silas & de Timothée, continuant fa visite, traversa la Phrygie & la Galatie: & le S. Efprit leur défendit de prêcher dans la Province particuliére d'Afie. Etant venus en Myfie, ils vouloient aller en Bythinie, & l'efprit de Jefus ne leur permit pas. Ils vinrent à Troade, ville d'Afie fur la mer, autrement nommée Antigonie. Là S. Paul eut une vifion la nuit, d'un Macédonien qui le prioit de paffer en Macédoine. Auffitôt il chercha à le faire, étant affuré de la vocation de Dieu, & s'embarqua à Troade avec Silas & Timothée. On croit que S. Luc commença alors à le suivre: parce que c'eft ici où il commence à fe compter dans l'hiftoire des actes des apôtres qu'il a écrite. Il étoit d'Antioche, médecin de profeffion, & fut le compagnon inféparable de S. Paul en fes voyages.

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XXXV.

S. Paul en Ma

A&t. xvI. 13.

De Troade ils allérent en droiture à Samothrace, le lendemain à Naples, de-là à Philippi, qui étoit une colonie Ro- cédoine. maine en Macédoine, & ils y demeurérent quelques jours. Le jour du fabbat ils allérent hors la porte de la ville près de la riviére, où il y avoit une profeuque ou lieu d'oraison, comme les Juifs avoient accoutumé d'en avoir, outre les fynagogues qui étoient dans les villes. Là S. Paul & fes compagnons s'étant affis, parloient aux femmes qui s'étoient affemblées, & convertirent Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire en Afie. Elle fut baptifée, & toute fa maifon, & obligea les apôtres à loger chez elle.

Comme ils alloient à l'oratoire, une fille qui devinoit par un malin efprit, dont elle étoit poffédée, crioit après eux:

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Ces hommes font les ferviteurs du Dieu très-haut, qui vous annoncent la voie du falut. Elle continua pendant plufieurs jours. S. Paul en eut de la peine, & fe retournant il dit à l'efprit: Je te commande, au nom de Jesus-Christ, de fortir de cette fille, & il fortit à la même heure. Les maîtres de la fille qui tiroient un grand profit de fes réponfes, voyant leur espérance perdue, prirent S. Paul & Silas, & les menérent à la place, devant les magiftrats, difant : Voici des Juifs. qui troublent la ville, & enfeignent une maniére de vivre, qu'il ne nous eft pas permis de recevoir à nous qui fommes Romains. Le peuple accourut contre eux, & les magiftrats les firent battre de verges après avoir déchiré leurs habits: puis on les mit en prison, & on les recommanda au geolier, qui leur mit les pieds dans des ceps.

A minuit S. Paul & Silas prioient & louoient Dieu, & les prifonniers les entendoient. Auffitôt il furvint un tremblement de terre : les fondemens de la prison furent ébranlés, les portes s'ouvrirent, les chaînes fe rompirent. Le geolier vouloit fe tuer, croyant que tous les prifonniers s'étoient enfuis. S. Paul lui cria: Ne vous faites point de mal, nous voici tous. On apporta de la lumière. Le geolier fe jetta en tremblant aux pieds de S. Paul & de Silas, demandant ce qu'il devoit faire pour être fauvé. Ils l'inftruifirent & le baptiférent la nuit même avec toute fa maison. Lui de fon côté lava leurs plaies, leur donna à manger, & fe réjouit avec eux. Le lendemain, les magiftrats envoyérent des licteurs ou huiffiers, portant des faisceaux de verges, avec ordre de les délivrer. Mais S. Paul dit: Ils nous ont écorchés en public fans forme de procès, puis nous ont envoyés en prifon, nous qui fommes citoyens Romains: & maintenant ils nous mettent dehors en cachette. Il n'en fera pas ainfi. Qu'ils viennent nous en tirer eux-mêmes. Les magiftrats ayant appris qu'ils étoient citoyens Romains, eurent peur, & vinrent leur faire excufe & les prier de fe retirer de la ville. Au fortir de la prifon ils allérent chez Lydie, confoler les freres, & partirent.

De Philippi, S. Paul & fes compagnons pafférent à Amphibolis & à Apollonie: & vinrent à Theffalonique, capitale 1.Theff.c.11.2. de la Macédoine. Les mauvais traitemens qu'ils avoient foufferts à Philippi, ne les empêchérent pas de prêcher avec confiance à Theffalonique. Les Juifs y avoient une fynago

gue, Paul y entra felon fa coutume, & durant trois jours
de fabbat, il leur expliqua par les écritures le mystére de
Jefus-Chrift. Sa prédication étoit foutenue par les miracles &
par les marques du faint Efprit: auffi ne fut-elle pas vaine.
Non-feulement les Juifs, mais un grand nombre de Gentils
qui adoroient déjà Dieu, & plufieurs femmes de qualité fe
convertirent. Ces nouveaux fidèles reçurent la prédication
des apôtres, non comme la parole des hommes, mais com-
me la parole de Dieu : ils imitoient les églifes de la Judée,
& fervirent de modèle à celle de Macédoine & d'Achaïe,
confervant la joie du faint Esprit au milieu des afflictions. Les
apôtres leur avoient prédit qu'ils en auroient de grandes à
fouffrir car ils ne les flattoient point, & ne cherchoient ni
la gloire, ni le profit. Ils fe rendoient petits au milieu d'eux
comme une nourrice qui careffe fes enfans: & quoiqu'ils puf-
fent, comme apôtres de Jesus-Christ, se faire donner les cho-
fes néceffaires à la vie, ils aimoient mieux travailler jour &
nuit, pour n'être à charge à perfonne, & pour donner
l'exemple d'éviter l'avarice, l'oifiveté & l'inquiétude. Il n'y
eut que
la feule église de Philippi, dont S. Paul reçut quel-
que fecours temporel : & ils lui en envoyérent deux fois à Thef-
falonique. C'eft ainsi que S. Paul & Silas fe conduifoient en
Macédoine.

Les Juifs, jaloux de leurs progrès, .excitérent du tumulte à Theffalonique, par les plus méchans de la populace; & vinrent à la maifon de Jafon, chez qui les apôtres logeoient, pour les livrer au peuple. Ne les trouvant point, ils prirent Jafon lui-même, & quelques-uns des freres; & les traînérent devant les magiftrats, difant: Il eft venu ici des gens qui troublent le monde, & que Jafon a reçus. Ils contreviennent aux ordonnances de l'empereur, difant qu'il y a un autre roi nommé JESUS. Par ces paroles ils émurent le peuple & les magiftrats, qui toutefois fe contentérent de faire donner caution à Jafon & aux autres de fe représenter, & les laifférent aller.

Mais les freres envoyérent promptement & de nuit Paul & Silas à Bérée, où ils entrérent dans la Synagogue. Les Juifs de Bérée étoient d'un meilleur naturel que ceux de Theffalonique, & reçurent l'évangile avec une grande affection, examinant tous les jours les écritures, pour voir fi ce qu'on leur difoit y étoit conforme. Il y en eut plufieurs qui

1. Theff. I. 5.

1. The. III. 4. Ibid. 11. 5.6.

Phil. IV. 15.

Al, XVII.

A.XVII. FOL

Chryf, hia

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